Erich Ollenhauer

Erich Ollenhauer (né le à Magdebourg, décédé le à Bonn, à l'âge de 62 ans) était un homme politique allemand qui fut, de 1952 à 1963, président du SPD (Parti social-démocrate d'Allemagne).

Les années de formation

Erich Ollenhauer était l'aîné de quatre enfants, son père Wilhelm était maçon et adhéra au SPD l'année de la naissance d'Erich. À la fin de sa scolarité en école publique, en 1915, le jeune Erich voulait devenir instituteur, mais, pour des raisons financières, il dut achever des études commerciales dans une imprimerie.

Adhésion au SPD

En 1918, Ollenhauer s'inscrit au SPD. Après une période de bénévolat (en raison de son manque de formation) à la revue social-démocrate Volksstimme (Voix du peuple) à Magdebourg, sa carrière politique commence un an plus tard : après l'unification en 1922 de VAVJ, Verband der Arbeiterjugendvereine Deutschlands (Fédération des associations de jeunes travailleurs d'Allemagne) et SPJ, Sozialistischen Proletarierjugend (Jeunesse prolétaire socialiste), Ollenhauer devient secrétaire du SAJ Sozialistischen Arbeiter-Jugend (Jeunes travailleurs socialistes) sous la présidence de Max Westphal. Ce dernier demeura président jusqu'en 1928 et mena le SAJ comme une organisation de jeunes fidèles au SPD.

La vie sous le troisième Reich

Le , peu de temps après la prise de pouvoir des national-socialistes avec Adolf Hitler dans la République de Weimar, Ollenhauer est élu au comité directeur du SPD. Dès après l'incendie du Reichstag et les élections qui suivirent, les nazis avaient commencé leur politique d'oppression systématique à la résistance. Le , des maisons syndicales sont occupées et le comité directeur du parti décide que certains de ses membres, particulièrement menacés, doivent rester hors de portée des nazis. Ollenhauer en fait partie. Ils auront la mission de créer, à l'étranger, un comité directeur du parti en exil. Le , comme beaucoup d'autres fonctionnaires de partis, il émigre avec Otto Wels, chef du parti de l'époque, et Hans Vogel à Prague. Ils vont y fonder avec Paul Hertz (de), Friedrich Stampfer (de) et quelques autres le Sopade (équivalent du SPD). La nationalité allemande lui a été retirée en 1935 mais un passeport temporaire tchécoslovaque lui a été donné. Un an avant l'invasion des forces nazies en Tchécoslovaquie, le SoPaDe s'enfuit à Paris. Ollenhauer quitte Prague avec sa famille et arrive en France via la Pologne et le Danemark.

Alors que l'invasion du Nord-Est de la France par la Wehrmacht approchait, il fut incarcéré en tant qu'Allemand dans un stade parisien et fut libéré grâce à l'intervention de Léon Blum. Après sa libération, Ollenhauer va se réfugier quelque temps à Vichy, en zone libre, jusqu'à ce qu'il s'enfuit avec sa famille en septembre 1940 - maintenant pourvu de passeports temporaires américains, car la Tchécoslovaquie n'existait plus - en compagnie de Hans Vogel et sa famille vers l'Espagne et Lisbonne. Un an plus tard, la famille Ollenhauer arrivait à Londres, où le SoPaDe s'était installé pour les dernières années de guerre ; Erich Ollenhauer devint le plus proche collaborateur d'Hans Vogel, président du SoPaDe. Avec l'appui du Labour Party britannique, il fut possible à Ollenhauer d'enrayer la désorganisation des émigrants, de préparer la reconstruction du SPD et de maintenir le contact avec des politiciens britanniques. En 1945, Ollenhauer fut le seul représentant du SoPaDe à recevoir des Britanniques une autorisation de participer à la conférence du SPD à Hanovre.

L'action du SPD après la guerre

Ollenhauer rentra en Allemagne en février 1946. Il devint secrétaire dans le bureau fondateur du SPD dirigé par Kurt Schumacher à Hanovre. Lors de la première Journée du parti d'après-guerre, la même année, il fut choisi comme représentant de Schumacher. Les fréquentes absences, parfois de plusieurs mois, de Schumacher, dues à son état de santé, amenèrent Ollenhauer, en sa qualité d'organisateur de la centrale du parti, à gérer le parti. Après les élections au Bundestag libre le , Ollenhauer fut élu au Bundestag et choisi comme vice-président du groupe parlementaire SPD au Bundestag.

Après le décès précoce de Schumacher le , Ollenhauer considéré comme perfekte Nummer 2 (parfait numéro 2) fut élu, le , lors d'un congrès du parti, président du SPD ainsi que président du groupe parlementaire au Bundestag, succédant ainsi à Schumacher dans les deux fonctions.

Malgré son manque de charisme, il continua, il travailla, souvent en coulisses, pour transformer le SPD, simple parti de travailleurs, en un véritable parti populaire.

En 1951, il était devenu membre de l'Assemblée commune de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) ; il cessa cette coopération à la suite des élections législatives de 1953.

À ces élections de 1953, Ollenhauer se présentait pour la première fois comme candidat à la fonction de chancelier fédéral pour le SPD et ne put s'imposer avec seulement 28,8 % des voix (soit une baisse de 0,4 %) contre le chancelier sortant Adenauer, sous la conduite duquel l'alliance CDU/CSU améliorait son pourcentage de 31 % à 45,2 %. Avec ce résultat, le SPD resta dans l'opposition.

Bien qu'il fit participer le SPD à nombre de lois importantes proposées par Adenauer et la CDU tels que les ressources des victimes de guerre, la réforme des pensions et la participation à la CECA, la continuation par Ollenhauer de la politique étrangère de Schumacher a été principalement perçue ainsi dans le public : Non à l'intégration au bloc de l'Ouest, Oui à la réunification de l'Allemagne. Mais surtout la politique économique du gouvernement fédéral et du ministre de l'Économie Ludwig Erhard, le « miracle économique » (Wirtschaftswunder) rencontrait un écho favorable dans l'opinion publique. Ollenhauer et le SPD, au vu de l'essor économique évident, avaient peu à lui opposer. C'est en tout cas ainsi que la vision historiographique rétrospective rend compte des (relatifs) échecs électoraux du SPD dans les années 1950.

Aux élections législatives de 1957, le SPD conduit par Ollenhauer, candidat chancelier pour la seconde fois, put certes améliorer ses résultats de 3 points en atteignant 31,8 % des voix ; cependant, ce gain relatif ne fut rien à côté du résultat de l'alliance CDU/CSU qui, dans le même temps, gagnait 5 points et atteignait la majorité absolue avec 50,2 % des suffrages.

Après cette nouvelle défaite électorale, Ollenhauer renonça à une troisième candidature. Commencèrent alors les premiers processus de réorientation dans le SPD, dont Ollenhauer accepta la modération. Entre autres, il soutint Willy Brandt qui ne faisait pas partie du comité de direction un an seulement avant les élections. La réorientation de programme et d'organisation du SPD aboutit finalement au programme de Godesberg en 1959.

Ce programme imposé par les réformateurs autour de Willy Brandt, Fritz Erler et Herbert Wehner rompait très nettement avec la ligne de parti précédente : Ainsi, parallèlement à la politique étrangère d'Adenauer (intégration au bloc de l'Ouest), le réarmement de l'Allemagne fut aussi prôné et l'économie à gestion centralisée a été rejetée. Plus particulièrement, le parti s'est dit détaché du marxisme. Dans ce processus de réorientation de fond, Ollenhauer a joué un rôle important, puisque, en tant que chef du parti et représentant de la génération des anciens du parti, il fut garant de la modération de cette transformation sans exclusion des différentes tendances du parti.

En novembre 1960, sur une proposition de Carlo Schmid et avec le soutien d'Ollenhauer, le comité directeur du parti désignait Willy Brandt, alors maire de Berlin-Ouest, comme nouveau candidat du parti à la fonction de chancelier.

Trois mois avant son décès, le , Ollenhauer fut élu à la présidence de l'Internationale socialiste. Le 14 décembre, il mourait, à Bonn, d'une embolie pulmonaire.

Héritage

Ollenhauer est considéré comme l'archétype du militant droit. Il consacra toute sa vie au SPD en ayant toujours dans l'esprit que parti politique et syndicat sont la seule voie capable d'améliorer le sort de la classe ouvrière.

Son successeur à la tête du parti fut Willy Brandt et la présidence du groupe parlementaire fut assurée par Fritz Erler.

Cinq jours après son décès, le , la République fédérale d'Allemagne lui rendit hommage lors d'une manifestation en séance plénière du Bundestag. Le président du Bundestag de l'époque, Eugen Gerstenmaier, qui lui avait épinglé sur la poitrine le ruban pourpre de l'ordre allemand le plus élevé, mit l'accent sur le personnage d'Erich Ollenhauer dans son discours d'hommage : ...imprégné et dévoué à ce qu'il servait, soutenu et aimé par la grande communauté du Parti social-démocrate d'Allemagne, raisonnable, équitable et plein d'humour aussi dans les relations avec ses adversaires politiques...

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