Enzo Mari

Enzo Mari, né le à Novare en Italie et mort le à Milan, est un designer, architecte et illustrateur italien.

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Les deux designers Izica Gaon (he) et Enzo Mari, en 1995.
Une cocotte « Le Creuset », série dessinée par Enzo Mari.

Biographie

Enzo Mari naît en 1932 à Novare, commune de la province de Novare. Sa mère Carolina est originaire du village de Cerano. Son père Luigi est originaire de Spinazzola dans les Pouilles, où son grand-père exerçait la profession de cordonnier[1].

Il étudie l'art et la littérature à l'Académie de Brera, à Milan, de 1952 à 1956, où il s'intéresse au design et à la psychologie de la vision[2]. Il doit travailler pendant ses études, et se forge durant ces années une « vision des ouvriers comme une aristocratie des temps modernes »[3]. Il défend par la suite que : « le projet intelligent, c'est travailler ensemble dans une usine, discuter des projets avec les ouvriers, comme des témoignages de la société : une langue commune des formes ! »[3].

Il rejoint la maison Danese à la fin de ses études, séduit par la proposition de l'entreprise récemment créée, consistant à « insuffler de l’art dans la vie de tous les jours »[2].

En 1955, il épouse Gabriella Ferrano (1931-2014), connue sous le nom Iela Mari, designer elle aussi. Ils ont deux enfants, Michele et Agostina. Ensemble, ils ont publié plusieurs classiques du livre pour enfants, tels La Pomme et le papillon et La Poule et l'œuf.

En 1972, il fait partie de l’exposition collective organisée au MoMA à New York, « Italy: the New Domestic Landscape[2]. »

En 1974, au cours d'une exposition à la Galleria Milano, Enzo Mari provoque une révolution dans le domaine du design avec Proposta per un’autoprogettazione, un livre-manifeste du design anti-consumériste en do it yourself[4]. Il y propose des plans de meubles fonctionnels et esthétiques à réaliser soi-même avec des matériaux simples : il postule qu'en deux jours, on peut meubler un appartement avec tables, chaises, bancs, armoires, bibliothèque, bureau et lits[5]. Il estime « qu’en réalisant ces objets, les ébénistes amateurs prendront conscience de la pensée « cachée derrière » et s’affranchiront des diktats de la société de consommation »[2].

Enzo Mari est un partisan du travail manuel : « Je défends le travail fait à la main, pas dans l'artisanat forcément, aussi dans l'industrie. Il ne doit pas y avoir de séparation entre l'intelligence et la main, entre l'élaboration mentale et la technique. Même un avion est fait à la main ! »[3].

Il collabore avec plusieurs marques internationales, comme Magis, Thonet, Artémide et Muji[3].

Interrogé par le journal Libération, il livre sa définition du design : « C'est la réponse à nos besoins, mais quels besoins ? C'est ne pas être uniquement fonctionnel. C'est se rapprocher de l'art, mais sans l'imiter »[3].

Il se déclare lui-même ouvertement communiste, sans avoir jamais adhéré au Parti communiste italien[6].

Il reçoit à cinq reprises le prix Compasso d'Oro, la plus haute distinction du design italien.

En 2020, il fait l'objet d’une importante rétrospective dirigée par Hans-Ulrich Obrist à la Triennale de Milan[2].

Il meurt le à Milan, à l'âge de 88 ans[7]. Sa femme, l'historienne de l'art et commissaire d'exposition, Lea Vergine[8] meurt le lendemain[9].

Il laisse derrière lui, après plus de cinquante ans de carrière, près de 2 000 objets[2].

Réception

Pour la designer Matali Crasset, « Il réinventait souvent son design et ses dessins dans d’autres matières, montrant que la forme, la matière ne sont pas tout mais que l’intention du projet reste première »[2].

Selon Alice Rawsthorn, autrice de Design As an Attitude, « Enzo Mari était un designer brillant, au sens conventionnel du terme, c’est-à-dire qu’il créait des objets formellement élégants et techniquement ingénieux qui remplissaient leur fonction avec efficacité tout en étant drôles, originaux et pleins d’esprit ». Elle ajoute : « Mais sa plus grande contribution au design a été sa détermination à en faire un champ politique, en y manifestant son anticonsumérisme, sa sensibilité aux droits des travailleurs et à l’environnement. Mari était un vrai personnage, véhément, sans compromis et souvent en proie à des accès de rage violente. Je l’ai entendu, un jour dans une conférence, accuser Rem Koolhaas, qui était dans la salle, de ne pas être un architecte mais "un décorateur de vitrines pornographique…" »[2].

Distinction

Notes et références

  1. (it) Valentina Bernabei, « Enzo Mari racconta sé stesso. Dal primo chiodo in poi », La Repubblica, .
  2. « Enzo Mari, dernier géant du design «made in Italy» », sur Libération.fr, (consulté le )
  3. « Enzo Mari : «Le design, c'est stimuler les consciences» », sur Libération.fr, (consulté le )
  4. Véronique Lorelle, « Design de partage », sur Le Monde,
  5. Augustin, « Autoprogettazione – Enzo Mari », sur Index Grafik, (consulté le )
  6. (it) Francesca Esposito, « Enzo Mari : «Sono comunista» », Klat Magazine, .
  7. (it) « È morto il designer Enzo Mari », sur ilpost.it,
  8. (it) Angela Puchetti, « Lea Vergine ed Enzo Mari lotta continua con l'amore - Milano - Repubblica.it », sur Milano - La Repubblica (consulté le ).
  9. (it) « Covid, morta Lea Vergine un giorno dopo il marito Enzo Mari », sur Adnkronos (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Enzo Mari et Iela Mari, La pomme et le papillon, L'École des loisirs, (ISBN 978-2-211-02183-8)
  • Enzo Mari et Iela Mari, L'œuf et la poule, L'École des loisirs, (ISBN 978-2-211-01112-9)
  • Enzo Mari, Autoprogettazione?, Corraini, , 61 p. (ISBN 978-88-87942-67-5). Le livre d'origine, intitulé Proposta per un’autoprogettazione, avait été compilé par le Centre Duchamp (Bologne) et imprimé en 1974 par la Galleria Milano.

Liens externes

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