Encéphalomyélite de Powassan

L’encéphalomyélite de Powassan est une maladie virale à tropisme neurologique provoquée par un Flavivirus (virus de Powassan) et transmise par la piqûre de tiques. À partir des années 2010[1] cette maladie est considérée comme « émergente » en Amérique du Nord[2],[3].

Encéphalomyélite de Powassan

Spécialité Infectiologie
CIM-10 A84.8
CIM-9 063.8
DiseasesDB 32923
MeSH D004675
Incubation min 7 j
Incubation max 30 j
Symptômes Fièvre, céphalée, myalgie, frissonnement (en), mal de gorge (en), somnolence (en), vomissement, altération de l'état de conscience (d), ataxie, spasme, hémiparésie, coma et seizure (d)
Maladie transmissible Transmission par les tiques (d)
Causes Virus de l'encéphalite Powassan (en)
Traitement Soins de support (d)

Mise en garde médicale

Épidémiologie

La maladie a été signalée au Canada, aux États-Unis[4] et en ex-URSS (Sibérie) : plus de 40 cas en Amérique du Nord depuis 1958[5]. Elle se manifeste surtout dans les zones forestières avec une survenue saisonnière (transmission maximale de juin à septembre) correspondant à l’activité des tiques (Ixodes cookei, Ixodes marxi, Ixodes spinipalpus) qui transmettent la maladie par leur piqûre lorsqu’elles sont infectées.

Séroprévalence : En 2017, elle est encore mal connue[2].

Réservoir de virus : en dehors de l'homme, de nombreux animaux peuvent héberger cet arbovirus, les marmottes, les lièvres d'Amérique, les coyotes, les renards, les ratons laveurs et les mouffettes, ainsi que les chats et les chiens domestiques.

En plus de la transmission par piqûre de tiques qui est le mécanisme prédominant, il existerait un risque de contamination par consommation de lait cru provenant d’animaux infectés.

Il n’y a pas de transmission directe connue d’homme à homme.

Cycle biologique de la tique et transmission du virus

La tique traverse trois stades de développement durant environ un an et le virus peut être transmis à tous les stades. Les tiques hibernent de préférence dans les sous-bois humides, près des cours d’eau. La femelle pond des centaines d’œufs qui peuvent déjà être infectés. Les larves à six pattes issues des œufs font leur premier repas de sang dès les premières journées chaudes du printemps; attendant leur victime sur un brin d’herbe, elles les accrochent au passage. Au cours de leur repas, elles peuvent transmettre le virus à leur hôte (un petit animal : souris, écureuil, etc.) ou au contraire s’infecter si leur victime est porteuse du virus. Après son repas, la larve se laisse tomber et devient, après métamorphose, une nymphe à huit pattes. Après un autre repas sanguin un à deux ans plus tard, la tique atteint le stade adulte. Elle mesure alors quelques millimètres de longueur et peut escalader les buissons jusqu’à 80 cm de hauteur pour atteindre un animal plus gros (renard, gros gibier). Après son repas sanguin, la tique s’accouple, pond des œufs et le cycle reprend. Les êtres humains sont des hôtes occasionnels qui constituent une impasse pour le cycle puisque dans ce cas, la tique ne retourne généralement pas dans la nature après son repas de sang. Chez l’être humain, la tique remonte généralement le long des jambes pour atteindre une zone cutanée mince, plus facile à piquer où elle se niche : l’ombilic, l’aisselle ou la racine des cheveux au niveau de la nuque et la piqûre est indolore. Après une période de deux à trois jours, la tique commence son repas de sang qui dure un jour puis, repue de sang, elle se laisse tomber au sol. Le virus se multiplie notamment dans les glandes salivaires de la tique, qui le transmet ensuite à ses "proies" lors de son repas de sang[6].

Clinique

Après une incubation de 7 à 14 jours, apparition d’Encéphalite (atteinte inflammatoire aiguë du cerveau des méninges et de la moelle épinière)[4] :

  • formes bénignes avec fièvre, céphalées ou méningite aseptique ;
  • formes graves avec stupeur, désorientation, coma, convulsions et paralysie spastique ;
  • il existe un taux élevé de séquelles neurologiques et un taux de mortalité élevé (de 1 à 60 %).

La guérison confère une immunité définitive. Il n’existe aucun traitement spécifique.

Prophylaxie

Il n’existe aucun vaccin. Pour éviter les piqûres et l'infection par les tiques, les experts conseillent les précautions suivantes :

  • Éviter les zones infestées par les tiques, particulièrement pendant les mois les plus chauds.
  • Porter des vêtements de couleur claire pour que les tiques soient plus facilement visibles. Porter une chemise longue, un chapeau, un pantalon long, et remonter les chaussettes par-dessus les jambes du pantalon.
  • Marcher au centre des sentiers pour éviter l'herbe et les buissons.
  • Vérifier régulièrement au bout de quelques heures l’absence de tiques sur votre corps quand vous passez beaucoup de temps dehors dans des zones infestées par les tiques. Les tiques sont trouvées le plus souvent sur les cuisses, les bras, les aisselles et les jambes. Les tiques peuvent être très petites (pas plus grosses qu'une tête d'épingle). Inspecter soigneusement toute nouvelle « tache de rousseur ».
  • Utiliser un répulsif d'insecte contenant du DEET sur votre peau ou de la perméthrine sur les vêtements.
  • Extraire immédiatement les tiques piquées dans la peau.

Extraction d’une tique

Les tiques devraient être enlevées rapidement et soigneusement avec des pinces brucelles et en appliquant une traction régulière et douce. Le corps de la tique ne devrait pas être écrasé au moment de l’extraction et les brucelles devraient être placées aussi près de la peau que possible pour éviter de laisser des morceaux de la bouche de la tique dans la peau. Les tiques ne devraient pas être extraites à main nue. Les mains devraient être protégées par des gants et/ou une étoffe et être soigneusement lavées à l'eau et au savon et après l’opération. Cette manœuvre doit être exécutée avec le plus grand soin.

Notes et références

  1. Update on Powassan virus: emergence of a North American tick-borne flavivirus. Ebel GD1.| Send to Annu Rev Entomol. 2010;55:95-110. doi: 10.1146/annurev-ento-112408-085446.| résumé
  2. Frost H.M, Schotthoefer A.M, Thomm A.M & Dupuis A.P (2017). Serologic Evidence of Powassan Virus Infection in Patients with Suspected Lyme Disease. Emerging infectious diseases, 23(8), 1384 |URL:https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5547799/.
  3. Hermance ME, Thangamani S. (2017), Powassan Virus: An Emerging Arbovirus of Public Health Concern in North America. | Vector Borne Zoonotic Dis. | Jul;17(7):453-462. | doi: 10.1089/vbz.2017.2110. Epub 2017 May 12.
  4. (en) Raval M, Singhal M, Guerrero D, Alonto A. « Powassan virus infection: case series and literature review from a single institution » BMC Res Notes 2012;5:594. PMID 23111001 DOI:10.1186/1756-0500-5-594
  5. (en) Centers for Disease Control and Prevention (CDC): « Notifiable diseases and mortality tables, 2013 » MMWR Morb Mortal Wkly Rep. 2013;62(22):ND-297-ND-310
  6. Hermance ME, Thangamani S. (2015), Tick Saliva Enhances Powassan Virus Transmission to the Host, Influencing Its Dissemination and the Course of Disease J Virol.|Aug;89(15):7852-60. |doi: 10.1128/JVI.01056-15.

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

  • Frost H.M, Schotthoefer A.M, Thomm A.M & Dupuis A.P (2017). Serologic Evidence of Powassan Virus Infection in Patients with Suspected Lyme Disease. Emerging infectious diseases, 23(8), 1384 |URL:https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5547799/.
  • Deardorff ER, Nofchissey RA, Cook JA, Hope AG, Tsvetkova A, Talbot SL, Ebel GD. () Powassan virus in mammals, Alaska and New Mexico, U.S.A., and Russia, 2004-2007 | Emerg Infect Dis. 2013 Dec;19(12):2012-6. doi: 10.3201/eid1912.130319. | PMID 24274336
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