Emmeran de Ratisbonne

Saint Emmeran de Ratisbonne (autres formes : Emmeramus, Emmeram, Emeran, Heimrammi, Haimeran, ou Heimeran), né à Poitiers[1], fut un évêque chrétien et un martyr. Mort assassiné vers 652 et enterré à Ratisbonne, il donna son nom à l'abbaye Saint-Emmeran. Dans le calendrier catholique, il est fêté le 22 septembre.

Apostolat

L’évêque de Poitiers[2] Emmeran entreprit vers le milieu du VIIe siècle un voyage missionnaire. Parti d'Aquitaine, et ayant fait nommer l'évêque Ansoald[3] pour lui succéder, il se fit ermite pour évangéliser la Bavière. Remontant la vallée du Danube, il se rendit auprès du prince Agilolfing de Ratisbonne, le duc Théodon Ier. Aux honneurs de la cour, il aurait préféré poursuivre son voyage pour évangéliser la Hongrie[4], mais à l'invitation du duc, il demeura dans le pays pour y enraciner la foi chrétienne.

Trois ans plus tard, la fille du duc, Uta, vint se confesser auprès de lui : amante d'un ministériel, elle venait de donner le jour à un enfant qu'elle supplia le prélat de reconnaître comme son fils à lui. Emmeran se rendit donc à Rome pour répondre de ce crime, puis repartit à Ratisbonne pour demander la clémence du duc.

Le martyre de saint Emmeran (église de Spalt).

Mais entre-temps la princesse Uta avait révélé toute l'affaire à son père. Pour sauver l'honneur de sa sœur, le prince Lantpert (appelé Landfried dans de nombreuses sources documentaires) entreprit de poursuivre l'ermite Emmeran, dont la fuite à l'étranger lui semblait un aveu de culpabilité. Le , Lantpert et ses hommes mirent la main sur l'évêque franc dans le village d'Isinisca, un peu au sud-est de Munich, le long de la Via Julia, qui est la voie romaine SalzbourgAugsbourg. Il le fit attacher, démembrer vif puis décapiter[5].

Mais selon l'hagiographie, ses compagnons Vitalis et Wolflete l'auraient retrouvé agonisant dans son sang et auraient tenté de le ramener à Aschheim pour le sauver : Emmeran serait mort alors qu'ils traversaient Feldkirchen. La légende ajoute que juste après l'enterrement du prélat à Aschheim, un déluge de quarante jours se serait abattu sur le pays.

Lorsqu'il apprit le fin de mot de l'histoire, le duc Théodon ordonna qu'on exhume les cendres d'Emmeran pour les déposer solennellement dans l'église Saint-Georges de Ratisbonne. Cent ans plus tard, l'évêque Gaubald (ou Gawibald, † 761) fit déposer son sarcophage dans la nouvelle crypte de l’abbaye royale Saint-Emmeran, qu'il consacra par la même occasion. La tradition ecclésiastique rapporte que le sarcophage ayant été chargé sur un radeau pour descendre l'Isar, l’embarcation aurait miraculeusement remonté le courant comme pour retourner à Ratisbonne.

L’Abbaye Saint-Emmeran fut un sanctuaire actif jusqu'à la Sécularisation. Ce monastère bénédictin fut pendant des siècle un haut-lieu du savoir (surtout pour les sciences naturelles) en Occident. L'un de ses plus illustres moines est l'érudit Aventinus.

L'ermitage de Feldkirchen

Un ermitage actif pendant près d'un millénaire a vu le jour autour d'une chapelle à l'intitative d'un moine du nom de Stiftinc. Il donnait l'école aux enfants des villages voisins : Feldkirchen, Heimstetten, Aschheim, Hausen, Kirchheim et Oberndorf. On leur enseignait à lire, écrire et calculer. Le dernier ermite, Maître Humpmayr, est mort d'une thrombose en 1804 à 81 ans ; après lui, l'ermitage Saint-Emmeran disparut par suite de la Sécularisation. Les bâtiments conventuels furent revendus pour 300 florins à un carrier. Une petite chapelle subsiste, qui avait été édifiée en 1842 à l'emplacement réputé de la mort de Saint Emmeran. L'église Saint Laurent d'Oberföhring possède un autel consacré à Saint Emmeran. L'église Saint-Pierre-et-Paul d'Aschheim commémore l'apôtre par un ex voto et le Walhalla, près de Ratisbonne, lui consacre une plaque.

Notes

  1. Arbéon de Freising, Arbeonis episcopi Frisingensis vitae sanctorum Haimhrammi et Corbiniani, Hanovre, B. Krusch, coll. « MGH SRM », , p. 1-99.
  2. Sur le pontificat d’Emmeran et son contexte politique à Poitiers dans la seconde moitié du VIIe siècle, cf. C. I. Hammer, « Arbeo of Freising’s Life and Passion of St Emmeram », Revue d’Histoire ecclésiastique, no 101, , p. 5-36.
  3. Cf. K. Debus, « Studien zu merowingischen Urkunden und Breifen. Untersuchungen und Texte », Archiv für Diplomatik, no 14, , p. 96-106 et 186-189.
  4. Karl Hausberger, Geschichte des Bistums Regensburg. I. Mittelalter und frühe Neuzeit., Ratisbonne, Friedrich Pustet, (ISBN 3-7917-1188-1), p. 22.
  5. Edina Bozoky (dir.) et Thierry Lesieur, Saints d'Aquitaine : Missionnaires et pèlerins du Haut Moyen Âge, Pr. Universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 236 p. (ISBN 9782753567672, DOI 10.4000/books.pur.131775, lire en ligne), « Emmeran de Ratisbonne : image d’un saint aquitain en Bavière », p. 127-143.

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