Dunkleosteus

Dunkleosteus est un genre éteint de grands placodermes arthrodires ayant vécu au Dévonien supérieur, il y a entre environ 382,7 et 358,9 millions d'années.

Caractéristiques

Reconstitution et taille de Dunkleosteus terrelli.
Dessin de Dunkleosteus terreli, vue d'artiste de Dimitri Bogdanov.

Les plus grands représentants du genre atteignaient environ 8 à 10 m de long et pesaient aux alentours d'une tonne[1]. La mâchoire de cet animal était deux fois plus puissante que celle d'un grand requin blanc actuel et pouvait exercer jusqu’à 55 mégapascals. Ceci étant possible, il mangeait probablement des céphalopodes à grosse coquille et peut-être tout ce qu'il pouvait trouver, incluant d'autres Dunkleosteus. La tête de ce poisson était couverte de plaques osseuses d'environ cm d'épaisseur chacune. Il se peut que la structure du corps de cet animal ait été de nature cartilagineuse, car son épine dorsale ou sa queue n'ont pas été retrouvées, et seuls les crânes cuirassés nous sont parvenus. Ces poissons étaient probablement les plus grands prédateurs marins de leur temps. Le genre s'est éteint lors de l'extinction du Dévonien.

Découverte

Les premiers restes de Dunkleosteus ont été découverts par le géologue Jay Terrell en 1867. Il a ensuite été décrit par Newberry en 1874.

Étymologie

Dunkleosteus a été appelé ainsi en l'honneur de David Hosbrook Dunkle, ancien conservateur du département de paléontologie des vertébrés au musée d'Histoire naturelle de Cleveland, et du grec osteos qui signifie « os » en raison de ses plaques osseuses.

Description

Crâne de Dunkleosteus terrelli.
Vue de côté droite d'un crâne de Dunkleosteus.

Dunkleosteus était le plus grand représentant des placodermes, une classe de poissons cuirassés. Les placodermes ont commencé à apparaître au Silurien et ont entièrement disparu pendant la transition du Dévonien au Carbonifère, ne laissant aucun descendant.

En raison de sa cuirasse naturelle et malgré sa puissance formidable, Dunkleosteus était probablement un nageur relativement lent. Il habitait probablement diverses zones d'eaux côtières, mais on ignore s'il était aussi en partie pélagique, c'est-à-dire s'il pouvait nager librement en haute mer. La fossilisation a eu tendance à ne préserver que les parties frontales, surtout cuirassées, des individus ; c'est pourquoi on ne sait pas exactement à quoi ressemblaient les parties arrière de ce poisson. Pour cette raison, leurs reconstitutions se fondent souvent sur les arthrodires qui sont apparentés mais plus petits.

Un crâne de Dunkleosteus figure dans les vitrines du musée d'Histoire naturelle de New York et au musée du Queensland à Brisbane, Queensland, ainsi qu'au Muséum national d'histoire naturelle de Paris.

Pour un poisson du Dévonien, Dunkleosteus était très évolué. Il ne possédait pas de vraies dents, mais deux paires de plaques gnathales, tranchantes comme des lames de rasoir, qui formaient un bec redoutable capable de trancher la chair et de broyer les os et même de briser pratiquement n'importe quoi d'organique. Après avoir étudié un modèle biomécanique des mâchoires de ce poisson, les chercheurs du musée Field d'Histoire naturelle et de l'Université de Chicago ont conclu que Dunkleosteus avait un pouvoir de morsure plus puissant que celui de n'importe quel poisson, supérieur même à celui des requins, y compris le grand requin blanc. Dunkleosteus pouvait exercer une pression allant jusqu'à 55 mégapascals[Passage contradictoire] à l'extrémité de sa bouche, ce qui le met au même rang que Tyrannosaurus rex et les crocodiles actuels quant à la puissance de la morsure. Dunkleosteus pouvait également ouvrir la bouche en un cinquantième de seconde, ce qui provoquait une succion puissante qui tirait la proie dans la profondeur de sa bouche, une technique pour capturer les proies réapparue chez un grand nombre de poissons téléostéens très avancés d'aujourd'hui.

La découverte de cuirasses de Dunkleosteus portant des marques de morsures non guéries suggère nettement qu'ils recouraient au cannibalisme quand l'occasion se présentait. Souvent, les fossiles de Dunkleosteus livrent des bols alimentaires comprenant des arêtes et des restes semi-digérés et partiellement mangés d'autres poissons. Tout cela indique qu'ils pouvaient de façon normale régurgiter les os de leurs proies plutôt que les digérer.

Pour certains, les placodermes tels que Dunkleosteus ont été supplantés dans la compétition évolutive par des poissons plus petits mais plus rapides, comme Cladoselache, le premier requin. C'est oublier que les prédateurs placodermes n'occupaient pas les mêmes niches écologiques que les premiers requins au cours du Dévonien. En fait, prétendre que Cladoselache était un poisson prédateur plus efficace que Dunkleosteus parce qu'il semble avoir été plus rapide que lui n'aurait pas plus de sens que d'affirmer que l'orque est un prédateur marin supérieur à l'espadon parce qu'il possède des dents.

Dunkleosteus, comme la plupart des autres placodermes, peut avoir aussi été parmi les premiers vertébrés à connaître une fécondation interne des œufs, semblable au processus moderne de viviparité qu'on observe chez quelques requins actuels. Le plus ancien dimorphisme sexuel connu caractérise Rhamphodopsis, placoderme ptyctodontide du Dévonien moyen, dont les mâles possédaient des organes externes de copulation, ce qui indique nettement des rapports sexuels avec intromission et fécondation interne. Ces organes sont des structures modifiées à la base des nageoires pelviennes et qui transmettent le sperme directement à l'intérieur de la femelle. Les femelles avaient de larges plaques basales pelviennes.

Des restes de Dunkleosteus ont été découverts dans des strates du Dévonien supérieur au Maroc, en Belgique, en Pologne et en Amérique du Nord.

Liste d'espèces

Selon Paleobiology Database (27 février 2021)[2] :

  • Dunkleosteus amblyodoratus
  • Dunkleosteus belgicus
  • Dunkleosteus denisoni
  • Dunkleosteus magnificus
  • Dunkleosteus marsaisi
  • Dunkleosteus missouriensis
  • Dunkleosteus newberryi
  • Dunkleosteus raveri
  • Dunkleosteus terrelli

Dans la culture

Les Dunkleosteus ont inspiré une créature de la licence de jeux vidéos Pokémon : Hydragon (Dracovish en anglais), à la mâchoire redoutable[3].

Voir aussi

Références taxinomiques

Notes et références

(en)/(es) Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en anglais « Dunkleosteus » (voir la liste des auteurs) et en espagnol « Dunkleosteus » (voir la liste des auteurs).

Liens externes

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