Dschang

Dschang est une ville historique et universitaire du Cameroun située dans la région de l'Ouest, en pays Bamiléké. Elle est la deuxième grande ville de la région Ouest après Bafoussam et devant Foumban, Mbouda, Bangangté.

Dschang

Pont du plaisir près du lac municipal et de l'Alliance franco-camerounaise de Dschang
Administration
Pays Cameroun
Région Ouest
Département Menoua
Démographie
Population 301 385 hab.[1] (2019)
Densité 1 339 hab./km2
Géographie
Coordonnées 5° 27′ nord, 10° 04′ est
Altitude 1 500 m
Superficie 22 500 ha = 225 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Cameroun
Dschang
Géolocalisation sur la carte : Cameroun
Dschang

    Étymologie

    En 1895, après l'arrivée dans la localité d'une mission coloniale allemande conduite par Eugen Zintgraff, une région militaire dirigée par le colonel Hunter y est installée. En 1903, Dschang devient une ville administrative et civile dirigée par le commissaire de district Emil Rausch (1877-1914[2]).

    Auparavant le territoire portait le nom de Fo-lekeu (Foréké), du nom du roi Fo-Lekeu-ane, mort en 1886 et dont la disparition déclencha une guerre de neuf ans entre les Foreké et leurs voisins, les Foto. Le mot n-tsang, qui signifie « querelle » en yemba, la langue locale, fut d'abord retenu par le colonisateur, en référence à ce conflit territorial[3].

    Plusieurs options s'offraient aux Allemands pour la dénomination officielle de la ville[3].

    Le nom du royaume Fo-lekeu aurait pu être conservé, puisque le préfixe fo est présent dans de nombreux toponymes de la région[4] : Foréké, Foto, Fongo-Tongo, Fotetsa ou Fongo-Ndeng.

    La seconde option était Ba-me-lekeu, d’autres noms de royaumes possédant le préfixe ba, qui signifie « les gens de quelque part, d’un lieu précis[4] », par exemple Baleveng, Bamendjou, Bamenda, Bafoussam, Batcham ou Bafut. Cependant ce terme fut plutôt choisi pour désigner l’ensemble des populations de la région de l’Ouest-Cameroun (Bamiléké[3]).

    Le choix s'est finalement porté sur la troisième possibilité, Tsan, pour des raisons à la fois linguistiques et historiques[3].

    Le mot yemba Tsan présente en effet une similitude avec les mots allemands Zank et Zange, avec une prononciation proche. De fait, en allemand, Zank signifie aussi « querelle », alors que Zange désigne la « pince » ou la « tenaille ».

    Un phénomène inédit de triangulation favorisa le choix du mot Zange plutôt que Zank. Pour cette station militaire, on peut y voir l’intention de saisir l’ennemi dans ses serres, l’aigle allemand étant le symbole l’armée impériale[5].

    Le passage de Tschang à Dschang traduit aussi une volonté de moderniser la germanisation du mot, preuve de l’importance stratégique, militaire et administrative que représentait la ville aux yeux des Allemands[3].

    Géographie

    Localisation de la commune

    La commune de Dschang située dans le département de la Menoua, Région de l’Ouest Cameroun, a été créée par décret no  2007 / 117 du 24 avril 2007 du Président de la République portant création des communes[6]. Elle s étend sur une superficie de 262 km2 répartie dans son espace urbain qui compte 20 communautés et dans la zone rurale qui en compte 96. Les cinq groupements qui la composent sont Foto : 99 km2 ; Foréké-Dschang : 86 km2 ; Fongo-Ndeng : 31 km2 ; Fossong Wentcheng : 18 km2 ; Fotetsa : 11 km2 ; Centre urbain : km2.

    La ville de Dschang se situe à 45 minutes de route de Bafoussam (60 kilomètres), quatre heures de Douala (300 kilomètres) et cinq heures de Yaoundé (400 kilomètres)[7].

    La superficie de l’espace urbain de Dschang est évalué à 5655 ha et se situe dans l’intercession du territoire des chefferies Foto et Foréké-Dschang. La Commune de Dschang est limitée au nord par la Commune de Nkong-Zem ; au sud par la commune de Santchou ; à l’ouest par la Commune de Fongo-Tongo ; à l’est par la Commune de Fokoué ; au sud-ouest par la Commune de Fontem.

    La ville est traversée par un axe routier à grande circulation. Elle est à 46 km de Bafoussam capitale régionale, 54 km de Mbouda, 26 km de la frontière avec le Sud-Ouest, 46 km de Melong et 84 km de Nkongsamba dans le Moungo.

    Histoire

    Les terres occupées par Dschang aujourd'hui n'étaient pas un lieu important d'habitation, mais un domaine disputé par deux chefferies voisines. Le Dschang nom se traduit par « différend » dans la langue locale.

    L'histoire documentée de Dschang a commencé en 1895, quand elle a été « découverte » par une mission militaire allemande.

    Sous contrôle britannique de 1919 à 1920, et sous administration française jusqu'à l’accession du Cameroun à l’indépendance (1960).

    Période coloniale

    Station militaire vers 1915.
    Armes utilisées par les colons à Dschang.

    Sous l’autorité allemande de 1884 à 1916,la ville a remplacé Fontem en tant que capitale d'un district militaire allemand en 1909.

    Après la défaite de l'Allemagne dans Première Guerre mondiale, le Cameroun fut placé sous tutelle de l'Empire britannique en 1917, ensuite de la France en 1920, qui a déclaré Dschang capitale de la Province Ouest. Il se développe dès lors des lieux de villégiature de la ville dans les années 1940. Cette ville est également connue pour avoir accueilli le premier congrès de l'Union des populations du Cameroun en 1950.

    Le centre climatique de Dschang en est le symbole. Cette station constitue désormais la base de plans DSH pour promouvoir Dschang en tant que destination touristique.

    Période post coloniale

    Le , le Cameroun est devenu un État indépendant, et l'administration régionale a été déplacée à la ville de Bafoussam. Dschang a souffert de ce changement, puisque beaucoup plus d'efforts ont été investis dans les infrastructures à Bafoussam.

    Après l'institution de l'Université de Dschang en 1993, l'intérêt et les investissements étrangers au développement de la ville a commencé à augmenter, et le tourisme et l'exploitation de gisements minéraux contribueront au développement de la ville.

    Population

    L'évolution démogaphique de la population urbaine de la ville de Dschang est relevée par les recensements de la population[8].

    Évolution démographique
    1976 1987 2005
    17 80035 80080 475

    Économie et infrastructures

    Plantation d'oignon à Dschang.

    Dschang est un centre agricole important depuis le temps des colonies. L'élevage de porc est important dans la ville.

    À 1 400 mètres d’altitude, sur le versant sud-est des monts Bamboutos, Dschang dispose d’un microclimat (moyenne de 16 °C à 21 °C, maximum de 31 °C durant le mois le plus chaud en avril), qui en fait une zone de villégiature par excellence ; c’est après Foumban la première destination touristique de la province de l'Ouest.

    La commune urbaine de Dschang a ouvert depuis juillet 1998 un office du tourisme[9], le premier créé au Cameroun, en collaboration avec celui de Nantes (France) ; corrélativement la coopération décentralisée Nantes-Dschang a financé un projet assainissement de la ville et l'approvisionnement de certains quartiers en eau.

    Enseignement

    Écoles maternelles

    1. École maternelle du marché B
    2. École maternelle du camp gendarme
    3. École maternelle de Banki

    Écoles primaires

    1. École publique groupe 2
    2. École publique groupe 4
    3. École publique du centre 1A
    4. École publique de Foto groupe 2 A
    5. Ecole publique de Foto groupe 2 B
    6. Ecole publique de Fonakeukeu 1
    7. Ecole publique de Fonakeukeu 2

    Liste des établissements d'enseignement secondaire à Dschang

    1. Lycée classique de Dschang
    2. Lycée Bilingue de Dschang
    3. Lycée de Fonakeukeu
    4. Menoua espoir collège
    5. Collège Albert camus
    6. Collège notre Dame de l'immaculée conception
    7. Collège Intellexi
    8. Lycée de Nzenmeh
    9. lycée de Foto-Livounli
    10. Lycée de Ligang-Foto
    11. Lycée de Fongo-Ndeng
    12. Lycée Technique de Dschang
    13. Lycée Technique de Foréké-Dschang
    14. Collège Privé Laic La Renaissance
    15. Lycée Bilingue de Toula-Nzong
    16. Lycée de Makon
    17. Cetic de Zempouet

    Enseignement supérieur

    1. Université de Dschang (UDs)
      Université de Dschang.
    2. Institut Supérieur des Sciences et Technologies Nanfah (ISSTN)
    3. Institut d’Enseignement Supérieur Foyaguem (IESF)[10]

    Commune urbaine de Dschang

    La commune de Dschang est une commune urbaine. Elle a actuellement 41 conseillers municipaux et pour maire Jacquis Gabriel Kemleu Tchabgou (mandature 2020-2025)[11],[12].

    Les anciens maires sont : Vougmo Fidèle à Momo Bernard en passant par Guetsop Paul, Guetsa Pascal, Momo Bernard Ernest, Ndongson René, Tsobgny Panka Paul, Sonkin Etienne.

    Elle comprend également les villages suivants[13] : Balessé, Foto, Fotsouli, Lefè, Legang, Leng, Letsa, Mefet, Ndenkwop, Ngui, Panto.

    Transport

    Transport terrestre interurbain à Dschang.

    La ville est accessible toute l'année par des routes asphaltées ou carrossables souvent pleines de poussières en saison sèche ou boueuses en saison des pluies.

    Il y a des liaisons régulières de bus vers Mbouda, Bafoussam, Bafang, Douala et Yaoundé. Il y a aussi une piste d'atterrissage[14] (5° 27′ N, 10° 04′ E ).

    Culture

    Musée des civilisations.

    La population de Dschang parle principalement Yemba.

    En novembre 2006, une association dénommée CERAMM (Cercle des artistes musiciens de la Menoua) a vu le jour avec pour objectif la promotion de la langue Yemba à travers les chansons de musique contemporaine. De nos jours, la langue Yemba est valorisée à travers les rythmes tels que le mangassa, le club danse, le samali, les variétés. Au début de 2011, le Musée des Civilisations a été inauguré[15],[16], consacré à la découverte de l'origine du peuple camerounais et à la diversité des peuples qui composent le pays.

    Curiosités

    Le Centre climatique de Dschang

    Le centre climatique.

    La ville est connue des Camerounais et des touristes étrangers pour son « Centre climatique », hôtel qui se singularise par sa situation à 1 500 mètres d'altitude sur les flancs de l'une des collines jouxtant la ville, ses pavillons individuels d'une, deux ou trois pièces, et son centre équestre. Créé en 1942, l'établissement fut le premier village de vacances d'Afrique Centrale : il servit en effet de point acclimatation et de repos des colons et militaires français d'Afrique Centrale.Début 1998, l'hôtel héberge pendant plusieurs mois la célèbre compagnie nantaise de théâtre de rue Royal de luxe où est né « l'enfant noir », marionnette de six mètres de haut. La compagnie y peaufine également son spectacle « Petits Contes Nègres, titre provisoire » avant son retour à Nantes pour la Coupe du Monde de Football.[pertinence contestée]

    Les principales attractions touristiques

    Lac municipal.

    Les chutes de Mamy Wata se situent à 22 km et 45 minutes de la ville dans le village voisin de Fongo Tongo ; la légende raconte qu'une sirène, « Mami Wata », y vivrait et sortirait de temps en temps séduire un homme et l'emporterait ensuite dans les profondeurs pour en faire son amant. Cette sirène est la bienfaitrice du village Apouh, un culte lui est rendu chaque année.

    • Les différentes chefferies traditionnelles environnantes (dont Foto, Bafou, Foréké, Fongo-Tongo...).
    • Le marché de Dschang et son pavillon d'exposition d'artistes contemporains de la ville.
    • Le Ngan, le marché qui se tient toutes les semaines.
    • Le panorama de paysages montagneux recouverts de parcelles semées de diverses cultures et entrecoupées de haies d'hibiscus et autres plantes utilisées ici de manière traditionnelle pour délimiter les parcelles et contenir le bétail dans des enclos.
    • Le lac municipal, lac de retenue créé dans les années 1960, d’une superficie d’environ 40 hectares, situé à proximité du siège de l’Alliance Française logé dans un bâtiment colonial datant de l'époque allemande (rénovation à partir de 1998).
    • Le centre artisanal, en face de l’hôpital central.
    • Les cérémonies des Funérailles : de novembre à mai, musiques et danses traditionnelles.

    Personnalités nées à Dschang

    Galerie

    Références

    1. Troisième recensement général de la population et de l'habitat (3e RGPH, 2005), Bureau central des recensements et des études de population du Cameroun (BUCREP), 2010.
    2. (de) Florian Hoffmann, « Emil Rausch », in Okkupation und Militärverwaltung in Kamerun: Etablierung und Institutionalisierung des kolonialen Gewaltmonopols 1891-1914, Cuvillier Verlag, 2007, p. 160-161 (ISBN 9783867274739)
    3. Maurice Nguépé, « Cameroun : De l'origine à la fabrication du mot Dschang », cameroonvoice.com, 11 mars 2018
    4. Jean-Benoît Tsofack, « (Dé)nominations et constructions identitaires au Cameroun », in Cahiers de sociolinguistique, vol. 11, no 1, 2006, p. 101-115, [lire en ligne]
    5. À sa création en 1932, l’équipe de football de Dschang sera ainsi appelée Aigle Royal de Dschang, avec l’aigle impérial allemand présent dans son logo
    6. NotBrorybrody, « Décret no  2007/117 du 24 avril 2007 portant création de communes », sur minatd.cm (consulté le )
    7. (en) « Dschang au Cameroun », sur www.cityzeum.com (consulté le )
    8. Recensements de la population du Cameroun en 1976, 1987, 2005
    9. office du tourisme de Dschang
    10. Ministère de l'enseignement Supérieur
    11. Honoré Feukouo, « Dschang : les 100 premiers jours du maire », Cameroon Tribune, (lire en ligne).
    12. (en + fr) « Arrêté 000028/A/MINDDEVEL du 3 mars 2020, constatant l'élection du maire et des adjoints au maire à l'issue du scrutin municipal du 9 février 2020 dans la commune de Dschang, département de la Menoua, Région de l'Ouest », République du Cameroun.
    13. Mapanet
    14. Airport of Dschang
    15. Inauguration of the Museum of the Civilizations of Cameroon at Dschang
    16. Musée des Civilisations du Cameroun à Dschang

    Annexes

    Bibliographie

    Articles connexes

    Liens externes

    • Portail du Cameroun
    • Portail des Bamilékés
    Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.