Drone de combat

Un drone de combat (en anglais UCAV : Unmanned Combat Air Vehicle) est un type particulier de drone (en anglais UAV : Unmanned Air Vehicle). Il est équipé de matériel d'observation et/ou d'armements divers. Il doit être distingué du drone suicide, qui est également un drone de combat, mais constitue lui-même la munition principale.

Pour les articles homonymes, voir Drone (homonymie).
Predator[1] tirant un missile Hellfire. Premier drone de combat de série utilisé de façon intensive, il sera retiré du service en 2018[2].

Historique

L'utilisation de drone de combat a débuté durant la Seconde Guerre mondiale. Le STAG-1 (Special Task Air Group One) de la United States Navy utilisa un total de 42 drones Interstate TDR-1[3], considéré comme l'un des premiers missiles de croisière[4], armé d'une bombe ou torpille d'une tonne au combat guidé par un avion mère Grumman TBF Avenger, 37 d'entre eux ont atteint leur zones affectées cibles et au moins vingt et un ont réussi leur attaque[5]. La première mission de combat a eu lieu le 27 septembre 1944 contre des navires marchands japonais à l'ancre. Il organisa quatre missions en octobre 1944 utilisant quatre engins à chaque fois. Le 5, ils attaquent avec succès des installations antiaériennes à Rabaul lors de la campagne de Bougainville[6], deux autres missions le 9 et 15 sur Matupi furent des échecs et la quatrième le 26 sur Rabaul réussit[7].

Durant la guerre froide et la guerre du Vietnam, l'effort de reconnaissance et de guerre électronique voire de leurre pour la défense antiaérienne prime mais des tests de drones armés continuent ; en 1971, le premier missile air-sol AGM-65 Maverick lancé par un aéronef téléguidé Ryan Firebee (en)[8] réussit à détruire une cible d’essai dans le désert de Mojave. Des versions améliorées furent testées par la suite mais leur développement fut stoppé en partie à cause de certains responsables de l'USAF, qui ont vu les drones de combat comme une « concurrence » à l'avion piloté conventionnel[9] et les négociations sur la limitation des armements stratégiques.

Durant la guerre Iran-Irak, les forces armées iraniennes équipent vers la fin du conflit des Ghods Mohajer-1, développés à l'origine à des fins de reconnaissance des lignes adverses et guidés à vue, de 6 roquettes de RPG-7 et les utilise pour des frappes sur le champ de bataille contre l'armée irakienne[10],[11].

En 1995, le Predator développé aux États-Unis commence à opérer des missions de surveillance durant la guerre de Bosnie. Durant la guerre du Kosovo début 1999, on décide d'en équiper en urgence de désignateur laser pour guider les frappes des avions de combat de l'OTAN mais le conflit se termine un jour après leur première mission de ce type. Il est décidé ensuite de combiner la fonction de « capteur » et de « tireur » pour réduire considérablement le temps de réaction.

Le , un Predator tire avec succès pour la première fois un missile antichar AGM-114 Hellfire en vol lors d'essais. Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, les trois premiers Predator armés sont embarqués dans un McDonnell Douglas C-17 Globemaster III à destination du Moyen-Orient.

Le a lieu le premier combat aérien d'un drone lorsqu'un Predator en mission de reconnaissance en Irak tire deux missiles Stinger sans succès contre un MiG-25 irakien l'attaquant. Le MiG abat le Predator par un missile mais en démontrant une capacité d’autodéfense des drones, cela a évité que ceux-ci soient attaqués par la suite[12].

D'autres États utilisent depuis les années 2010 des drones de combat, ainsi le 7 septembre 2015, l'aviation pakistanaise annonce sa première frappe d'un camp terroriste depuis un drone de conception locale[13] tandis que des drones de combat d'origine chinoise tels le Wing Loong et le CH-4 Rainbow de CASC Rainbow sont opérés par l'Arabie Saoudite, l’Égypte, le Nigeria et l’Irak entre autres.

Organisation d'une mission aux États-Unis

L'US Air Force est dans les années 2000/2010 et de très loin le premier utilisateur mondial de drones de combat, principalement ceux de la famille Predator.

En juin 2010, 108 drones de ces types effectuent en permanence 42 patrouilles aériennes (combat air patrol, CAP) au-dessus des zones de conflit en Afghanistan et Irak. À la fin de l'année 2010, ils en feront 50 et 65 en 2013. Avec 4 drones pour chaque patrouille, un qui survole la zone en altitude, un qui s'en approche, un qui doit rentrer à la base pour entretien et un en réserve. Depuis le 1er avril 2015, face aux manques d'effectifs, on annonce que le nombre de CAP passe de 65 à 60[14].

Au sol, à la Creech Air Force Base située dans le Nevada, chaque patrouille mobilise 43 personnes effectuant les 3 × 8. Il faut, entre autres personnels, sept pilotes, sept opérateurs système et cinq coordinateurs de mission. Chaque équipe est appuyée lors des attaques aériennes américaines au Pakistan par une unité de renseignement de la Special Activities Division basée au siège de la Central Intelligence Agency, à Langley, en Virginie. Chaque unité de la CIA comprend, pour chaque patrouille, 66 personnes, dont 34 opérateurs caméra et 18 spécialistes du renseignement[15]. En 2016, le Département de la Défense reprend la majorité des missions de ce type à la CIA[16].

En février 2017, l'USAF dispose de 97 MQ-1 Predator qui seront retirés d'ici 2018 et de 150 MQ-9 Reaper. À cette date, elle veut disposer de 70 CAP (combat air patrols), contre 60 actuellement. Les dix nouvelles CAPs voleront sur des drones appartenant à l'USAF mais qui seront opérés par des contractors[2].

On annonce que l'US Air Force a formé 350 opérateurs de drones en 2011 contre 250 pilotes d'avions de combat[17].

Prise en compte des lois de la guerre

La plupart des pays ont ratifié les lois de la guerre (telles que les Conventions de Genève). Ces lois définissent la conduite à tenir en cas de guerre et précisent ce qu'est un combattant. Leur objectif est de limiter les dommages collatéraux avec une bonne identification des cibles. Ainsi que de bien différencier combattants et non-combattants. Dans ce cadre, l'usage d'armements totalement automatisés est problématique, car il n'est pas possible de trouver une personne responsable. Dans tous les cas, l'ouverture du feu doit être autorisée par un contrôleur humain. Selon les lois de la guerre, ce contrôleur sera considéré comme un combattant, même s'il s'agit d'une personne civile, ce que permet la technologie. Il est donc préférable que ce contrôleur appartienne à l'armée qui comprend et accepte son rôle et les risques correspondants[18].

Principaux modèles

Projet Joint Unmanned Combat Air Systems (J-UCAS)

Prototype de drone de combat Boeing X-45

USAF Hunter-Killer

Ce programme non officiel de l'US Air Force qui vise à développer un drone de combat de bombardement tactique à long rayon d'action a été révélé par Aviation Week Magazine en septembre 2004[19]. Il est parfois appelé Long Range Strike[20].

Les cinq candidats étaient

  • Scaled Composites : Model 395, version non pilotée du Scaled Composites Proteus
  • Northrop Grumann/Scaled Composites : Model 396, version allégée du Global Hawk
  • General Atomics : MQ-9 Reaper (une nouvelle version du RQ-1 Predator)
  • Aurora Flight Sciences/Israel Aircraft Industries : Eagle/Heron 2
  • Lockheed Martin : Minion

C'est le MQ-9 Reaper qui a obtenu le marché qui serait de 60 appareils.

EADS Barracuda sur la base allemande de Manching

EADS Barracuda

C'est un drone furtif civil ou de combat européen dont le premier vol a lieu en 2006. Son développement a été arrêté.

Dassault Neuron

Le Dassault Neuron est un démonstrateur de drone français de combat furtif se basant sur l'aile volante et dont la maîtrise d'œuvre est confiée à Dassault Aviation. Il reprend une aérodynamique similaire au bombardier Northrop Grumman B-2 Spirit.

Safran Electronics & Defense Patroller

Le Safran Patroller est un drone de type MALE d'observation qui est testé à partir de 2017 et qui doit équiper l'armée de terre française en 2019. Il remplacera le drone Sperwer, conçu par Sagem Défense Sécurité[21].

BAE Taranis

BAe Systems Taranis

Taranis est un prototype français et britannique de drone de combat furtif. Il doit pouvoir emporter une gamme d'armements variés et réaliser sa mission de façon très autonome.

Elbit Hermes 450

Elbit Systems Hermes 450

L'armée de l'air israélienne a transformé des drones Hermes 450 pour les équiper de missiles pour la surveillance et la destruction des sites de lancement de missiles[22].

Israel Aerospace Industries Eitan (UCAV)

L'armée de l'air israélienne développe un drone de combat à long rayon d'action appelé Eitan. Il a une envergure de 26 mètres et un poids au décollage de 4 tonnes. Il est développé par la société nationale Israel Aircraft Industries. Il est capable de décoller et d'atterrir seul. Ses missions sont la reconnaissance et la destruction de lanceurs de missiles. L'escadre 210 basée à Tel Nof est la première unité à utiliser opérationnellement ce modèle depuis 2010.

TAI Anka

TAI Anka

TAI (Turkish aerospace industries) développe un drone de combat pour l'armée de l'air turque, le Anka-A sera un drone de surveillance, ce drone évolue en Anka-B ou Anka-S qui est la version armée du Anka-A. Le Anka-A est en service depuis 2012/2013. L'autonomie de ce drone est de 24 heures.

Autres programmes

Denel Aerospace Systems Bateleur

Notes

  1. (en) « Predator RQ-1 / MQ-1 / MQ-9 Reaper - Unmanned Aerial Vehicle (UAV), USA », airforce-technology.com
  2. Philippe Chapleau, « Les derniers 93 Predator retirés du service d'ici à 2018 », sur Ouest-France, (consulté le ).
  3. (en) « Interstate TDR Attack Drone », sur http://www.pacificwrecks.com/, (consulté le ).
  4. (en) « TDR-1 Edna III », sur National Museum of Naval Aviation, (consulté le ).
  5. (en) « TDR-1 First Operational US Navy Drone......Successful in Combat in 1944! » [PDF], sur Newport News Shipbuilding Apprentice School Organizations (consulté le ).
  6. David J. Blair et Nick Helms, « La nuée, le nuage et l’importance d’arriver le premier », Air and Space Power Journal, , p. 37 (lire en ligne).
  7. (en) « Lagoon Airfield (Nissan Airfield, Green Island Airfield) », sur http://www.pacificwrecks.com, (consulté le ).
  8. (en) Andreas Parsch, « Teledyne Ryan Q-2/KDA/xQM-34/BGM-34 Firebee », sur http://www.designation-systems.net, (consulté le ).
  9. (en) Thomas P. Ehrhard, Air Force UAVs : The Secret History, The Mitchell Institute Study, , 89 p. (www.dtic.mil/cgi-bin/GetTRDoc?AD=ADA525674).
  10. « Mohajer (1989) d'Ebrahim Hatamikia », (consulté le ).
  11. « http://www.mashreghnews.ir/fa/news/66813/%DA%A9%D8%B1%D8%A7%D8%B1%D9%85%D9%87%D8%A7%D8%AC%D9%85-%D8%AE%D8%B3%D8%AA%DA%AF%DB%8C-%D9%86%D8%A7%D9%BE%D8%B0%DB%8C%D8%B1-%D8%AF%D8%B1-%D8%A8%D8%B1%D8%AF1000-%DA%A9%DB%8C%D9%84%D9%88%D9%85%D8%AA%D8%B1%DB%8C », sur http://www.mashreghnews.ir, (consulté le ).
  12. (en) Walter J. Boyne, « How the Predator Grew Teeth », .
  13. « Première frappe d’un drone armé pakistanais », sur OPEX360, (consulté le ).
  14. « Drones: l'USAF, à court d'effectifs, supprime 5 de ses 65 combat air patrols », sur Ouest-France, (consulté le )
  15. (fr) Les guerres ne se gagnent pas avec la technologie, Fred Kaplan, 12 juin 2010
  16. Edouard Pflimin, « Frappes de drones : la CIA cède du terrain face au Pentagone », sur Le Monde, (consulté le ).
  17. (en) Joe Wolverton, II, « U.S. Air Force Training More Drone, Than Traditional, "Pilots" », sur The New American, (consulté le )
  18. Conséquences légales de l'utilisation de drones de combat, Air Space Power Journal, 2001.
  19. . Aviation Week & Space Technology. 19/9/2004.
  20. Conclusion du programme J-UCAS.
  21. Dominique Gallois, « En choisissant les Patroller pour l’armée, l’État conforte la filière des drones tactiques », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  22. World Tribune, 8 mai 2007
  23. « L'Inde développe des drones de combat »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), The hindu
  24. « http://www.sinodefence.com/airforce/uav/ucav.asp »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?)

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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