Droits LGBT en Argentine

Les personnes lesbiennes, gay, bisexuelles, et transgenres (LGBT) en Argentine peuvent faire face à des difficultés légales que ne connaissent pas les résidents non-LGBT. L'homosexualité féminine et masculine est légale en Argentine, mais les couples homosexuels et les foyers de même sexe ne bénéficient pas des protections offertes aux couples hétérosexuels.

Droits LGBT en Argentine

Marche des fiertés à Buenos Aires en novembre 2018.
Dépénalisation de l'homosexualité  depuis 1887
Sanction  aucune
Interdiction des thérapies de conversion  illégale depuis 2010
Identité de genre  depuis 2012
Service militaire  depuis 2009
Protection contre les discriminations  depuis 2012
Mariage  depuis 2010
Partenariat  depuis 2002
Adoption  depuis 2010
Don de sang  depuis 2015

L'homosexualité dans les lois

L'homosexualité est légale en Argentine depuis 1887[1]. La majorité sexuelle est de seize ans pour les hétérosexuels et les homosexuels[2],[3].

Histoire

Si les relations homosexuelles entre adultes consentants en privé étaient légales depuis 1887, aucune loi ne protégeait les personnes LGBT et l'opinion publique tenait ces personnes en mépris[4].

Au XIXe siècle, les écrits sur l'homosexualité la traitait comme une pathologie médicale, une accusation portée contre les opposants politiques ou une habitude introduite dans le pays par des étrangers[5]. La seule image publique de l'homosexualité était la prostitution urbaine et les lieux de drague. En 1914, une pièce de théâtre sur le thème de l'homosexualité, Los Invertidos, dut s'arrêter, bien que les journaux médicaux soient autorisés à parler d'homosexualité.

Le harcèlement policier contre les homosexuels semble avoir augmenté après le coup d'état militaire de 1930. Les rapports sur les persécutions policières sous Juan Perón sont vagues et contradictoires. En 1936, l'arrestation de grande ampleur d'hommes homosexuels amena la législation à légaliser et réguler la prostitution hétérosexuelle, de peur que les hommes se tournent vers l'homosexualité en l'absence d'autres choix[6]. D'un autre côté, en 1946, Eva Perón a accordé sa protection à Miguel de Molina, et selon certaines sources, Juan Perón avait ordonné à la police et à l'armée de ne pas se livrer à des agressions envers les homosexuels[7].

Les premières organisations pour les droits des LGBT sont Nuestro Mundo (1969) et Safo (1972). Ensemble, elles représentaient le Front de libération homosexuelle qui cherchait une alliance avec la gauche politique pour faire avancer les droits civils. Le coup d'état de 1976 a éradiqué ce mouvement et plusieurs de ses membres firent partie des « disparus »[4]. Le retour à la démocratie en 1983 a permis que se recrée un mouvement pour les droits des LGBT.

Sans reconnaissance officielle jusqu'en 1992, la Comunidad Homosexual Argentina a mené une campagne publique pour les droits des personnes LGBT. Depuis 1987, les droits des femmes homosexuelles et bisexuelles ont été défendus par Cuadernos de Existencia Lesbiana. Des progrès sociaux et légaux significatifs ont eu lieu dans les années 1990.

Du point de vue légal, deux villes, Buenos Aires et Rosario, ont mis en œuvre une législation qui interdit la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle.

Reconnaissance des couples homosexuels

Avant que l'Argentine ne reconnaisse les mariages homosexuels, certaines villes offraient quelques protections aux couples homosexuels.

En appliquant l'institution des unions civiles à Río Negro et dans le district fédéral de Buenos Aires, un juge a ordonné en 2005 que les autorités pénitentiaires de la province de Cordoba accordent des visites conjugales aux prisonniers homosexuels et à leurs compagnons. Le projet de loi fédérale sur les unions homosexuels rencontre cependant la farouche opposition de l'église catholique.

La loi qui autorise l'union civile à Buenos Aires et dans la province de Río Negro a été approuvée en 2003, et dans la ville de Villa Carlos Paz en 2007[8]. Ces unions apportent plusieurs droits et privilèges des couples mariés. Cependant, l'adoption d'enfants n'en fait pas partie.

Une loi a été présentée au Congrès de l'Argentine le pour donner aux couples homosexuels tous les droits du mariage[9]. Un sondage publié en 2007 a montré que 75 % des personnes interrogées dans la capitale pensaient que les gays et les lesbiennes devraient avoir le droit de se marier[10].

Décision de justice de 2009

En , un juge a décidé que l'interdiction du mariage entre personnes de même sexe était inconstitutionnelle et a autorisé un couple d'hommes à se marier. La décision a été saluée comme une « première juridique » par Reuters qui a ajouté qu'elle « représentait un précédent qui pouvait faire de ce pays catholique le premier en Amérique latine à autoriser le mariage entre personnes de même sexe »[11].

Le maire de Buenos Aires affirma que le gouvernement ne ferait pas appel de la décision[12]. Un autre juge révoqua cependant la décision, ce qui suspendit le mariage entre les deux hommes. Mais finalement, c'est le à Ushuaïa qu'a eu lieu la cérémonie du premier couple homosexuel d'Amérique latine[13]. Ils étaient soutenus par la gouverneure de Terre de Feu, Fabiana Ríos (es), qui a signé un décret approuvé le mariage, en se fondant sur la décision de .

Lois contre les discriminations

La constitution nationale inclut un paragraphe qui interdit toute discrimination, ce qui fournissait une protection aux personnes LGBT. Mais en 2010, aucune loi ne vise explicitement les discriminations fondées sur l'orientation sexuelle, excepté dans deux villes.

En 2010, la présidente Cristina Fernández de Kirchner a annoncé que les homosexuel(le)s pourraient servir ouvertement dans les forces armées sans discrimination[14],[15]

Personnes transgenres

Gay Pride Parade à Buenos Aires en 2007.

Le travestissement est illégal dans certaines villes. Les discriminations et les persécutions liées à l'identité de genre demeurent un problème, même si la communauté transgenre est devenue plus visible et mieux organisée politiquement.

En 1997, Asociación de Lucha por la Identidad Travesti-Transsexual est créée pour défendre les droits des transgenres. L'une de ses premières victoires en 2006 a été l'annulation par la Cour suprême d'une décision de justice qui disait que les transgenres n'avaient pas le droit de s'organiser et de faire campagne pour leurs droits.

En 2007, la Cour suprême a décidé qu'une personne âgée de 17 ans avait le droit de subir une opération de changement de sexe, et le droit de changer ses papiers d'identité afin qu'ils reflètent sa nouvelle identité[16].

En 2009, Marcela Romero a obtenu de pouvoir changer d'identité, et un titre honorifique du gouvernement. Elle a été nommée femme de l'année au Congrès. Marcela Romero est l'une des plus ardentes défenseures des droits des transgenres en Argentine[17].

En mai 2012, le Sénat adopte une loi historique sur l'identité de genre, permettant à tous les argentins, majeurs ou mineurs (avec le consentement de leur représentant légal), de modifier le genre figurant sur leurs papiers d'identité sans avoir recours à des traitements hormonaux ou une chirurgie de réattribution sexuelle. Le , la présidente de l'Argentine Cristina Fernández de Kirchner a remis les premiers documents d'identité délivrés en vertu de cette loi lors d'une cérémonie officielle au palais présidentiel[18].

Depuis le , le changement de sexe est gratuit en Argentine[19].

Le 24 juin 2021, le Sénat argentin adopte une loi imposant un quota de 1 % pour le recrutement de personnes transgenres dans les entreprises et les administrations publiques[20],[21].

Sida/VIH

L'éducation sexuelle complète reste un sujet tabou pour le public argentin[22]. Il est donc difficile de préparer une campagne de prévention qui cible les jeunes, à cause de l'opposition du clergé, des associations familiales et des autorités locales. De même, si l'assurance maladie fait partie des droits de tous les citoyens, elle est moins connue des personnes vivant dans les communautés rurales. La plupart des fonds employés pour l'éducation publique et les traitements proviennent de dons caritatifs privés, d'ONG et d'organisations internationales.

Notes et références

  1. Homosexual rights around the world
  2. A table of worldwide ages of consent, including US states, by avert.org
  3. Argentina, glbtq.com, consulté le 3 février 2010.
  4. ARGENTINA: Back to the Bordello, 10 janvier 1955, consulté le 3 février 2010.
  5. Biography of Juan Perón, Spiritus-Temporis.com, consulté le 3 février 2010.
  6. Cordoba: approve the civil union between homosexuals in Villa Carlos Paz, Clarin.con, consulté le 23 novembre 2007
  7. Argentine Congress considers gay marriage, retrieved on October 30, 2009
  8. Argentina Moving Toward Gay Marriage Rights,consulté le 1er mars 2007
  9. Buenos Aires mayor won't appeal same-sex ruling, CNN, 2009-11-14, consulté le 2009-11-15.
  10. La pareja gay pudo casarse finalmente en un registro civil de Tierra del Fuego, La Nación, 2009-12-28, consulté le 2009-12-28.
  11. Homosexuales podrán ser militares en Argentina, El Universal, Caracas, 27 février 2009consulté le 3 février 2010.
  12. Militares gays no serán penalizados en las Fuerzas Armadas Argentinas, AG Magazine, 27 février 2009, consulté le 3 février 2010.
  13. Argentina autoriza por primera vez una operación de cambio de sexo a un menor, El Mundo, Madrid, 26 septembre 2009, consulté le 3 février 2010.
  14. Fighting stigma against sexual minorities in Latin America, UNAIDS, 19 septembre 2006, consulté le 3 février 2003.
  15. Article du site Yagg - actualités LGBT
  16. Argentine : changer de sexe devient gratuit
  17. « L’Argentine instaure un quota de personnes transgenres dans le service public », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  18. (en) « Argentina to add more transgender people to labor force », sur NBC News (consulté le )
  19. Segal Joshua, Argentina’s fight against HIV and Aids, The Argentimes, no 36, 25 avril 2008, consulté le 3 février 2010.
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