Douglas Sirk

Douglas Sirk[1], de son nom de naissance Hans Detlef Sierck, né le à Hambourg (Allemagne) et mort le à Lugano (Suisse)[2], est un réalisateur et scénariste allemand d'origine danoise[3].

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Douglas Sirk
Douglas Sirk entouré de Rock Hudson, de Jane Wyman
et d'Agnes Moorehead sur le tournage du film
Tout ce que le ciel permet (1955).
Nom de naissance Hans Detlef Sierck
Naissance
Hambourg (Allemagne)
Nationalité Allemand
Décès (à 89 ans)
Lugano (Suisse)
Profession Réalisateur
Films notables Le Temps d'aimer et le temps de mourir
Tout ce que le ciel permet
Mirage de la vie
Le Secret magnifique
Écrit sur du vent

Il a également été metteur en scène au théâtre. Au cinéma[4], il commence sa carrière en Allemagne puis s'expatrie aux États-Unis, où il réalise des thrillers et des mélodrames[5].

Biographie

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Jeunesse

Né à Hambourg, Douglas Sirk est cependant élevé au Danemark, pays d'origine de sa famille. Adolescent, il rejoint l'Allemagne où son père, journaliste, s'installe définitivement. Étudiant dilettante en droit, philosophie, puis en histoire de l'art (à l'image d'un Mankiewicz, cet excédent de bagage culturel lui conférant plus tard un statut d'aristocrate à Hollywood), il obtient pour financer ses études au début des années 1920 un premier emploi au théâtre de Hambourg où il monte rapidement ses premières pièces.

Fort de quelques succès, il embrasse alors totalement une carrière de metteur en scène au théâtre, en poste successivement à Chemnitz, Brême, Leipzig où il s'installe en 1929. Ses positions lui valent rapidement quelques démêlés avec les nouvelles autorités nazies (sa seconde femme, Hilde Jary, est d'origine juive). Devant le caractère incontournable des complications auxquelles il doit faire face pour monter le moindre projet, et après un premier et dernier coup d'éclat à Berlin, il accepte un poste à la UFA en 1934 où il acquiert au regard des autorités une nouvelle virginité.

Entrant de plain-pied dans ce qui est une industrie, Sierck adapte ses ambitions artistiques à ce média populaire par essence. Il obtient rapidement des succès importants. Bien que fortement courtisé, il fuit littéralement l'Allemagne en 1937, laissant derrière lui un fils issu de son premier mariage avec l'actrice Lydia Brincken, devenue adhérente au parti nazi. À la prise du pouvoir par Hitler, cette dernière obtint un jugement interdisant au réalisateur de voir son fils. Embrigadé dans les jeunesses hitlériennes, le jeune garçon devint une star dans quelques films de propagande. Douglas Sirk rejoint alors sa femme dont il est séparé physiquement depuis plusieurs années. Il s'installe brièvement en Italie, puis en France, avant de gagner les États-Unis.

Carrière à Hollywood

Durant les premières années de ce qu'il conçoit alors comme un exil bien temporaire, Sierck, après l'échec de son premier projet avec la Warner, embrasse une brève carrière d'éleveur puis de fermier (années qu'il considère comme parmi les plus heureuses de sa parenthèse américaine). Rattrapé par l'histoire (l'attaque sur Pearl Harbor et l'entrée en guerre des Etats-Unis ouvrent une période plombée par des ressentiments anti-germaniques sourds mais généralisés), il est contraint d'abandonner son activité et trouve refuge dans sa famille du cinéma où, bien que porté par son pedigree de réalisateur à succès, il débute comme simple auteur sous le nom américanisé de Douglas Sirk.

C'est avec un petit projet indépendant (Hitler's Madman), porté par un groupe d'exilés germaniques et réalisé en une semaine (la version finalement exploitée sera étoffée, à la demande de Mayer, de plans complémentaires tournés par l'auteur) qu'il ravive l'intérêt des studios en tant que réalisateur. Il consolide cette position avec ses réalisations suivantes, premiers films où il dirige George Sanders qui devient un ami. Sa carrière débute alors réellement, carrière type d'un réalisateur sous contrat à Hollywood se traduisant par une filmographie éclectique. Autant de projets, plus ou moins imposés par les pontes des studios, auxquels il tente d'imprimer une touche personnelle.

De fait, éprouvé par l'attitude des grands industriels d'Hollywood (tout particulièrement Harry Cohn, qu'il juge simplement médiocre), désireux aussi de retrouver des traces de son fils (qu'il ne revoit jamais, car tombé sur le front russe), Sirk abandonne en 1949 cette position pendant un an dans l'espoir de renouer avec son Allemagne. Ce retour au pays s'avère non fécond. Déçu, Sirk rejoint la Californie.

Il renoue dans les années 1950 avec des succès publics importants (construits en partie autour de l'acteur Rock Hudson qu'il aime comme un fils et dont il fait une star), tout particulièrement une série de mélodrames dans lesquels il finit par imposer une signature. Ces œuvres, aujourd'hui ses plus connues (de Tout ce que le ciel permet à Le Temps d'aimer et le Temps de mourir et Mirage de la vie), sont cependant reçues froidement par les critiques institutionnels. Son œuvre a commencé à être réévaluée à partir de la fin des années 1950, alors que sortaient ses derniers films américains.

Retour en Europe

Après le grand succès de son dernier film Mirage de la vie, dû en partie au scandale auquel est mêlée la star du film, Lana Turner, Douglas Sirk revient en Europe et s'installe en Suisse. Il aurait du être le président du jury du Festival de Cannes 1980 mais le télégramme d'invitation fut mal transcrit et se trouva adressé à Kirk Douglas[6]. Celui-ci accepta et l'erreur ne put être rectifiée[7].

Œuvre

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La structure narrative chez Douglas Sirk

Les mélodrames de Douglas Sirk se fondent principalement sur les antithèses pour souligner le pathétique des situations. Douglas Sirk oppose la ville hypocrite à la campagne naturelle, l'individu à la société, les hommes aux femmes, les Blancs aux Noirs, les riches aux pauvres. Une de ses oppositions fondamentales est celle d'un personnage vacillant et tragique à un personnage stable (comme dans Écrit sur du vent).

L'esthétique sirkienne

Si un trait stylistique est caractéristique de l'œuvre de Sirk, ce sont bien ses couleurs : celles-ci sont baroques, chaudes, excessives, à l'image des bouleversements des personnages et des situations. Ses couleurs de prédilection sont le rose et le rouge (qui représentent pour lui rage de vivre et fringale sexuelle) et le jaune (couleur typiquement artificielle qui évoque l'importance des apparences). À ces couleurs chaudes, Sirk oppose les tons de bleu pour des atmosphères nocturnes. Finalement, il utilise le violet ou le lilas pour ajouter une valeur sentimentale et nostalgique au récit.

Sirk utilise également les décors de manière symbolique. Selon Sirk, les escaliers évoquent le désir des protagonistes de s'élever et de dominer leur vie. Le réalisateur affectionne aussi les miroirs, parce qu'on y voit tomber les masques ou bien parce qu'ils permettent de renvoyer l'image multipliée de la solitude. Il utilise également les fenêtres, qui marquent une pause dans le récit, une ponctuation pathétique dans celui-ci : « la femme à la fenêtre est un témoin passif, situé à la frontalité du monde clos, intérieur, et du monde extérieur, à la limite de la cellule familiale et de l’univers social, mais – quoiqu’elle regarde à l’extérieur – elle ne franchit pas cette limite, elle ne cesse pas d’appartenir au cercle domestique qui simultanément la protège et l’enferme. »[8].

Filmographie

Réalisateur

Scénariste

Autre

Notes et références

  1. « Douglas Sirk », sur IMDb (consulté le )
  2. (en) « Douglas Sirk | German-American director », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  3. Né de parents danois, son père acquiert la nationalité allemande quelques années après sa naissance - Source : 50 ans de cinéma américain, (tome 2 p. 861), Jean-Pierre Coursodon, Bertrand Tavernier, édition Natan, 1991
  4. « Douglas Sirk - Cinémathèque française », sur cinema.encyclopedie.personnalites.bifi.fr (consulté le )
  5. « Dictionnaire du cinéma anglo-saxon|Sirk Douglas », sur Dictionnaire du cinéma anglo-saxon (consulté le )
  6. Héloïse Schillio, « Le festival de Cannes en 5 anecdotes », sur marcfoujols.com, (consulté le )
  7. Gauthier Jurgensen, Festival de Cannes : 7 choses étonnantes à savoir sur le Palmarès, 5 mai 2018, Allociné.
  8. Jean-Loup Bourget, Douglas Sirk, Paris : Edilio, p. 184, 1984

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Loup Bourget, Douglas Sirk, Paris, Édilig, 1984
  • Jean-Loup Bourget, Le mélodrame hollywoodien, Paris, Stock.1985
  • Frédéric Favre, Flamboyance du mélodrame, L’Art du cinéma, n° 42-45 (printemps 2004), p. 135-158.
  • Jon Halliday, Conversations avec Douglas Sirk, Paris, Cahiers du cinéma, 1997.
  • Joshka Schidlow, Douglas Sirk : les mélos sur l’escalier, Télérama, n° 1688 (), p. 26-27.
  • Emmanuel Bonn, Patrick Brion, Gilles Colpart, Dominique Rabourdin, Jean-Claude Biette, ouvrage collectif sur Douglas Sirk édité par la Cinémathèque Française, supplément La petite Quinzaine 1978
  • Denis Rossano, Un père sans enfant, éditions Allary, 2019.

Liens externes

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