Discours de Phnom Penh

Le discours de Phnom Penh est un discours prononcé par le président de la République française Charles de Gaulle dans le stade olympique de la capitale du Cambodge, Phnom Penh, le , devant une foule de plus de 100 000 personnes.

Charles de Gaulle, en 1963.

Contexte

Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (octobre 2016). 
Pour l'améliorer, ajoutez des références vérifiables [comment faire ?] ou le modèle {{Référence nécessaire}} sur les passages nécessitant une source.

Durant sa brève existence, la Quatrième République a tenu une politique étrangère en grande partie atlantiste. Depuis son retour au pouvoir en 1958, Charles de Gaulle a revendiqué la souveraineté et l'indépendance française, voulant constituer une alternative aux deux blocs dominés par les États-Unis et l'URSS. Et cela dans une logique similaire de celle de la conférence de Belgrade de 1961, du Mouvement des non-alignés, le Cambodge en étant d'ailleurs partie prenante.

De Gaulle cherche à soutenir les États qui, comme lui, souhaitent une alternative à la domination des deux « Grands ». À ce propos, le , Norodom Sihanouk, chef d'État du Cambodge, interrogé par le journaliste français François Chalais pour l'ORTF, déclare que « depuis le retour au pouvoir du général de Gaulle, la France accorde un soutien résolu à notre politique d'indépendance, de paix et de non-alignement, ainsi qu'à la défense de notre intégrité territoriale. Elle consent, en outre, une aide inconditionnelle généreuse à notre édification nationale. C'est l'unique puissance occidentale qui reconnaisse sans réticence ni équivoque l'authenticité de notre neutralité et les progrès que nous avons réalisés par nos propres efforts et sacrifices ».

Depuis 1959, les États-Unis combattent au Viêt Nam, ancienne région de l'Indochine française, eux qui avaient critiqué l'intervention militaire française dans ces territoires quelques années auparavant. Ce discours est donc l'occasion pour de Gaulle de montrer, d'une part, que la France s'intéresse toujours à ses anciennes colonies et d'autre part, que la France n'adhère pas nécessairement à la politique étrangère des États-Unis. Comme une revanche, de Gaulle critique à son tour l'intervention américaine au Viêt Nam.

Dans ce discours, de Gaulle affirme "le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes", une déclaration rendue possible par la décolonisation de l'Algérie et qui constitue une rupture avec la politique étrangère française précédente qui était basé sur un fort attachement à l'Empire. Après avoir connu un isolement diplomatique pendant la guerre d'Algérie, de Gaulle peut cette fois affirmer l'attachement au principe de la décolonisation.

Conséquences

Si le discours eut un certain retentissement en France, il est difficile de lui trouver une incidence sur le cours des événements qui allaient suivre[1]. Les Américains, premiers visés par l'allocution, ne témoignèrent qu’un léger agacement et ne modifièrent en rien leur position sur la guerre au Viêt Nam[2]. La période qui suit correspond à une perte progressive de l’influence de Sihanouk sur les affaires du Cambodge. Alors que la présence des troupes du Việt Cộng se faisait de jour en jour plus sentir à l’est, les élites pro-américaines prenaient une importance croissante à Phnom Penh, jusqu’à déposer le prince en 1970, choisissant l’alignement sur Washington qui allait déclencher un engrenage précipitant le pays dans la guerre[3].

À la suite de cette déclaration, le gouvernement de Saigon, conscient qu'il ne pourrait pas résister militairement au Nord, choisit de rompre ses relations diplomatiques avec Paris. Il fut ensuite interdit à tout ressortissant vietnamien de se rendre en France, notamment pour y poursuivre des études[4].

Bibliographie

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. (fr) Pascale Fabre et Danièle Fabre, Histoire de l'Europe au XXe siècle, t. 4 : 1945-1974, Éditions Complexe, coll. « Pays et populations », , 275 p. (ISBN 978-2-87027-594-8, lire en ligne), p. 120.
  2. (en) David Porter Chandler, The Tragedy of Cambodian History : Politics, War, and Revolution Since 1945, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 9780300057522, présentation en ligne), chap. 4 (« Cambodia clouds over, 1963-1966 »), p. 150-151.
  3. Alain Forest (dir.) et al., Cambodge contemporain, Les Indes savantes, , 525 p. (ISBN 9782846541930), partie I, chap. 1 (« Pour comprendre l'histoire contemporaine du Cambodge »), p. 66-82.
  4. Trinh Xuan Thuan, Le Cosmos et le lotus : confessions d'un astrophysicien, Paris, Le livre de poche, , 260 p. (ISBN 978-2-253-17546-9), p. 29
  • Portail du Cambodge
  • Portail des années 1960
  • Portail de la politique française
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.