Diane de France

Diane de France, duchesse d'Angoulême et d'Étampes, née à Paris le , morte à Paris le , est une princesse française contemporaine des guerres de Religion.

Fille légitimée du roi Henri II et de Filippa Duci, et épouse de François de Montmorency, sa vie se trouve étroitement liée au destin de la famille royale et à la maison des Montmorency. Elle constitue un appui important de la monarchie durant le soulèvement de la Ligue. Elle meurt à Paris à l'âge de 80 ans. C'est son personnage qui apparaît dans le livre d'Alexandre Dumas, Les Deux Diane.

Biographie

Elle est fille naturelle du Dauphin Henri (le futur Henri II) et de Filippa Duci, une Piémontaise. Elle est élevée par la favorite Diane de Poitiers[1], ce qui fait dire à certains qu'elle est sa fille et celle du roi (c'est l'opinion de Brantôme)[2]. Elle profite d'une éducation soignée, parle plusieurs langues (espagnol, italien, latin), joue de plusieurs instruments et danse « fort bien ».

En juin 1547, son père Henri II signe un contrat avec les agents du Pape dans lequel il promet la jeune Diane à Horace Farnèse (1531-1553), fils de Pierre-Louis Farnèse et de Gerolama Orsini), et petit-fils du pape Paul III, élevé à la cour de François Ier. En échange, Horace (Orazio en italien) reçoit le duché de Castro et une rente annuelle de 25 000 écus.

Diane est légitimée en 1548 (elle a 10 ans) et titrée duchesse de Châtellerault en 1563, d'Étampes en 1573 et d'Angoulême en 1582 ainsi que dame de Cognac et de Merpins.

Elle épouse le 13 février 1553 à Paris Horace Farnèse, alors investi du duché de Castro, qui meurt au combat à la Bataille d'Hesdin le 18 juillet suivant, tué par un arquebusier, la laissant veuve après seulement cinq mois de mariage.

Le roi la remarie le 3 mai 1557 à Villers-Cotterêts à François de Montmorency (né le et décédé le ), fils du connétable Anne de Montmorency. Le connétable dira d'ailleurs de sa belle-fille à Henri II que « c'était la seule de ses enfants qui lui ressemblât ».

À la mort de François de Montmorency en 1579, elle se fait construire à l'angle de la rue des Francs-Bourgeois et de la rue Pavée un bel hôtel connu de nos jours sous le nom d'« hôtel Lamoignon ». Veuve, de mœurs irréprochables, très appréciée par son demi-frère Henri III, celui-ci lui donne le duché d'Angoulême en apanage en 1582.

Après l'exécution sommaire du duc de Guise et de son frère le cardinal de Guise (décembre 1588), elle négocie la réconciliation d'Henri III de France avec son héritier, le roi Henri III de Navarre.

Elle possède une propriété à Civray-de-Touraine, le fief du Petit Champ, et s'installe en Touraine en 1589 après l'assassinat de son demi-frère le roi Henri III. Elle achète une grande propriété près de Notre Dame La Riche où elle demeure jusqu'en 1594 (évitant ainsi Paris et les luttes de pouvoir entre la Ligue et Henri de Navarre, devenu le roi Henri IV de France). En 1594, elle quitte la Touraine pour s'installer à Vincennes.

Elle jouit d'un grand crédit auprès d'Henri IV, et se voit chargée de l'éducation du Dauphin, le futur Louis XIII. En 1609, c'est elle qui rapatrie la dépouille de Catherine de Médicis de Blois à la Basilique de Saint Denis auprès de son époux, le roi Henri II, père naturel de Diane.

Diane de France, duchesse d'Angoulême meurt le 11 janvier 1619, âgée de 80 ans, sans descendance, sa fille Anne et son fils François, nés de son deuxième mariage étant morts jeunes.

Le 8 février suivant, son corps est inhumé dans l'église du couvent des Minimes de la place Royale à Paris, où une épitaphe est dressée. Une plaque de cuivre sur le cercueil portait l'inscription « Diane de France, fille et sœur légitime du Roy, duchesse d'Angoulesme, douairière de Montmorency, décédée à Paris en janvier 1619. »[3].

La statue funéraire de Diane de France, duchesse d'Angoulême, par Thomas Boudin

Thomas Boudin : Statue funéraire de Diane d'Angoulême, marbre, 1623 (Bibliothèque historique de la Ville de Paris)

Le tombeau de Diane de France, duchesse d'Angoulême, placée dans la chapelle d'Angoulême de l'église du couvent des Minimes de la place Royale fut ornée d'une statue funéraire en marbre, exécutée par le sculpteur Thomas Boudin en 1623[4]. Cette œuvre est le seul élément du monument funéraire de la duchesse qu'Alexandre Lenoir parvint à soustraire à la fureur destructrice des révolutionnaires.

La disposition de la statue dans la chapelle ainsi que la configuration et la décoration somptueuse de cette dernière sont connues par la description qu'en a fait Sauval, et par deux dessins, l'un de la collection Gaignières[5], l'autre de l'album Lenoir (fol. 4)[6].

Diane de France est représentée en position traditionnelle d'orante, mais il est possible que la commande ait particulièrement voulu évoquer une de ses attitudes familières, telle qu'elle est citée dans la Harangue funèbre[7] que lui a consacrée Mathieu de Morgues : "Son oraison estoit humble, et servante: lorsqu’elle prioit, la composition de son visage &  de ses mains tesmoignoit une grande attention intérieure, & il estoit aisé de lire dans ses yeux les affections de son ame".

L'œuvre, sauvée par Alexandre Lenoir, fut répertoriée et attribuée à Boudin dans le Catalogue du Musée des monuments français (n° 118). Lorsque ce musée, installé depuis 1795 dans l'ancien couvent des Petits-Augustins, fut fermé en 1816 afin de libérer les lieux pour la nouvelle École des Beaux-Arts de l'Académie, ses collections furent dispersés. La statue échoua alors dans une crypte de la nécropole royale à Saint-Denis, où elle se trouvait encore en 1897, traînant, selon Paul Vitry, « sans socle, sans piédestal d'aucune sorte, à contre-jour, presque invisible, entre le Charlemagne de Gois et les énormités de Dupaty et de Cortot[8]. » Propriété de l'Etat, et classée monument historique au titre d'objet en 1906[9], la statue a été déposée par le Musée du Louvre à l'Hôtel d'Angoulême Lamoignon en 1956. Depuis 1969 elle est installée, ensemble avec la statue funéraire de son neveu Charles d'Angoulême exécuté en 1661 par Pierre II Biard, dans une aile moderne créée dans la cour de cet ancien hôtel particulier parisien qui fut la demeure de Diane de France et abrite aujourd'hui la Bibliothèque historique de la ville de Paris.

Notes et références

  1. D'après M. Capefigue, Diane de Poitiers, Paris, Amyot, (lire en ligne), « XXX.- Les arts sous Henri II 1545-1557. ».
  2. Dezobry et Bachelet, Dictionnaire de biographie, t.1, Ch. Delagrave, 1876, p. 793
  3. Augustin Jal : Dictionnaire critique de biographie et d'histoire : errata et supplément pour tous les dictionnaires historiques, Henri Plon, Paris, 1867, p. 52 (voir en ligne).
  4. Bibliothèque nationale de la Ville de Paris : L'hôtel Lamoignon, dépliant édité par la Mairie de Paris (voir en ligne
  5. BnF, Estampes et photographie, RESERVE Pe-11a-Pet. fol., Gaignières 4768 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6907910h/f1.item
  6. Tombeau de Diane de France, Duchesse d'Angoulême, en l'église des Minimes, Musée du Louvre, Département des arts graphiques, RF 5284.3, Recto : http://arts-graphiques.louvre.fr/detail/oeuvres/1/20315-Tombeau-de-Diane-de-France-Duchesse-dAngouleme-en-leglise-des-Minimes-max
  7. Mathieu de Morgues, Harangue funebre, sur la vie, et trespas de tres-haute, & tres-vertueuse princesse, Diane legitimee de France, duchesse d'Angoulesme, contesse de Ponthieu, doüairiere de Montmorency, &c., Paris, Claude Percheron, [1619].
  8. Paul Vitry : Les Boudin et les Bourdin : deux familles de sculpteurs de la première moitié du XVIIe siècle, Gazette des Beaux-Arts, Paris, 1897, p. 9 (voir en ligne).
  9. Base Palissy

Liens externes

Source

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