Denier de Saint-Pierre

Le denier de Saint-Pierre (en latin denarius Sancti Petri) est d'abord un tribut annuel versé par l'Angleterre du VIIIe siècle à 1534 au Saint-Siège. Sous le pontificat de Pie IX, le nom est repris pour désigner une contribution volontaire des fidèles à la papauté.

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Peter's Pence

Le Peter's Pence (ou Romescot) naît au VIIIe siècle dans les royaumes anglo-saxons. Plusieurs traditions fantaisistes expliquent l'origine de cette contribution. D'après l'une d'elles, le roi de Mercie Offa s'y serait engagé en expiation du meurtre d'Æthelberht II d'Est-Anglie commis à l'instigation de sa femme Cwenthryth en 794. L'institution est abolie sous Henri VIII, en 1534.

Le denier moderne

Son origine remonte au VIIIe siècle, quand les Anglo-Saxons commencèrent à envoyer un tribut annuel au pape[1].

Le denier de Saint-Pierre moderne naît en 1860 de l'initiative de fidèles catholiques, d'abord anglais puis belges, français et autrichiens : ils font parvenir au Saint-Siège, par le biais des nonces apostoliques, des fonds destinées à aider la papauté. En effet, celle-ci voit ses finances gravement affectées par le Risorgimento italien et la perte progressive des États pontificaux. Il est reconnu et institutionnalisé le 5 août 1871 par Pie IX dans l'encyclique Sæpe venerabilis. Placé sur un compte du ministère des Finances, le « denier de Saint-Pierre », versé annuellement, évite ainsi à ces États la banqueroute. En 1876, Pie IX nomme le cardinal Simeoni, cardinal secrétaire d'État, administrateur des biens du Saint-Siège, afin de gérer cette source de revenus.

Jusqu'aux accords du Latran, la gestion du denier de Saint-Pierre reste néanmoins assez peu rigoureuse : le pape utilise une partie de ces sommes à titre personnel, et l'administration chargée officiellement de veiller sur les finances varie beaucoup. Ainsi, en 1880, Léon XIII adjoint au secrétaire d'État une commission de cardinaux. En 1891, Mgr Flochi, son secrétaire, se voit contraint de démissionner par suite de sa gestion hasardeuse. Pie X, pour sa part, réunit l'administration du Patrimoine et celle des finances sur la tête du jeune secrétaire d'État, Rafael Merry del Val. Enfin, en 1942, le denier de Saint-Pierre tombe sous la coupe de l'Institut pour les œuvres de religion (IOR), créé en 1887 pour recueillir les dons et legs aux associations religieuses et rénové par Pie XII.

Jusqu'au pontificat de Jean-Paul II, les montants versés au titre du denier de Saint-Pierre ne sont pas connus. En 1981, le montant global s'élève à 30 millions de lires. En 1992, il passe à 240 millions de lires et à 51,71 millions de dollars américains en 2004. Actuellement, le denier de Saint-Pierre est collecté le 29 juin (en France, c'est le 1er dimanche de mars) qualifié de « journée mondiale de la charité du Pape. »

En 2015, d'après les journalistes Emiliano Fittipaldi (it) et Gianluigi Nuzzi, la moitié des offrandes versées par les fidèles (soit la somme de 400 millions d'euros) ne serait pas consacrée à des œuvres de bienfaisance et financerait en réalité les dépenses somptuaires de certains cardinaux. Ainsi, selon Fittipaldi, quelque 200 000 euros furent détournés d'une fondation dépendant de l'hôpital catholique Bambino Gesu (« l'enfant Jésus ») afin de financer la rénovation de l'appartement de 700 m2 de Mgr Tarcisio Bertone, ancien cardinal secrétaire d'État du Saint-Siège[2],[3].

Notes et références

  1. Jean Picq, Une histoire de l'État en Europe, Presses de Sciences Po, , p. 67
  2. « Vatican : la moitié des offrandes aux pauvres vont à la curie », sur Le Journal du dimanche, (consulté le )
  3. « "Vatileaks 2" : 400 millions d’euros de dons détournés au profit des hauts dignitaires ? », sur Sud Ouest, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • F.-C. Uginet, « Finances pontificales (époque contemporaine) », Dictionnaire historique de la papauté, s. dir. Philippe Levillain, Fayard, Paris, 2003 (ISBN 2-213-61857-7).
  • Histoire des 25 premières années du Denier de Saint-Pierre, 1860-1885, depuis sa restauration dans le diocèse de Gand, G. Poelman, imprimeur, Gand, 1886.

Lien externe

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