Dassault Mirage 2000N/2000D

Le Mirage 2000N est une version du Mirage 2000 conçue à la fin des années 1980 pour servir dans la force de dissuasion nucléaire française ; à ce titre, il a d'abord emporté le missile nucléaire ASMP puis, par la suite, sa version améliorée ASMPA au sein des Forces aériennes stratégiques.

Pour un article plus général, voir Dassault Mirage 2000.

Le Mirage 2000D, conçu au début des années 1990 sur la base du précédent, est son homologue d'attaque conventionnelle.

Mirage 2000N

Mirage 2000N

Constructeur Dassault Aviation
Rôle Bombardier stratégique
Premier vol
Mise en service
Date de retrait
Dimensions
Longueur 14,94 m
Hauteur 5,20 m

Version spécialisée dans la frappe nucléaire en service de 1988 à 2018, emportant le missile ASMP-A. La défense primordiale de l'appareil est assurée par le brouilleur électronique Caméléon, des leurres électromagnétiques et infrarouges Spirale, ainsi qu'un système d'alerte radar Serval, puis fin 1995, ils sont également doté en urgence d'un détecteur de départ missile infrarouge Matra[1]. Appareils stationnés à l'origine sur la base aérienne Luxeuil-Saint-Sauveur, jusqu'en 2010, et sur la base aérienne d'Istres-Le Tubé :

  • Mirage 2000N K1 : version initiale, armée uniquement du missile ASMP (31 avions, par la suite portés au standard K2) ;
  • Mirage 2000N K2 : version capable également d'assaut conventionnel tout temps (44 avions) ;
  • Mirage 2000N K2+ : version intermédiaire modifiée en vue de l'utilisation du missile ASMP retiré du service en 2011 ;
  • Mirage 2000N K3 : version armée du missile ASMP-A ; la dernière à entrer en service (30 avions sont portés à ce standard dont 23 restaient encore en service en ).

Leur retrait commence le [2],[3].

Le , les derniers Mirage 2000N, dont le Mirage 2000N 357 - 125-CO qui a reçu une livrée spéciale[4] créée par Régis Rocca, ont décollé de la base d’Istres pour rejoindre l’Élément air rattaché 279 de Châteaudun. Étant donné leur mission nucléaire, ces avions ne pourront pas être revendus et ils seront « déconstruits », leurs pièces détachées étant réutilisés pour les autres Mirage 2000.

Trois sont remis au DGA Essais en vol[5].

Mirage 2000D

Mirage 2000D

Rôle Chasseur-bombardier
Premier vol
Mise en service
Date de retrait 2035-2040 (prévisions)
Équipage
1 pilote + 1 navigateur officier système d'armes
Motorisation
Moteur Snecma M53 P2
Nombre 1
Poussée unitaire 9,7 t
Dimensions
Envergure 9,13 m
Longueur 14,36 m
Hauteur 5,30 m
Masses
À vide 7 800 kg
Maximale 16 500 kg
Performances
Vitesse maximale >1 000 km/h (Mach 1.4[6])
Plafond 15 000 m

Il s'agit d'une version biplace air-sol d'assaut conventionnel tout temps spécifique à la France. Cette version est dérivée du Mirage 2000N et destinée à l'assaut conventionnel. Elle est demandée à la fin des années 1980, à la suite des retards du programme du Dassault Rafale, et initialement désignée Mirage 2000N' (à lire : "Mirage 2000N prime"). Les appareils sont stationnés sur la base aérienne de Nancy-Ochey (escadron de chasse 1/3 Navarre, escadron de chasse 2/3 Champagne et escadron de chasse 3/3 Ardennes, escadron de transformation Mirage 2000D 4/3 Argonne, tous rattachés à la 3e escadre de chasse). 78 exemplaires en service au , 71 au [7]. :

  • Mirage 2000D VI : dernière version du Mirage 2000D en cours de développement (2009) chez Dassault Aviation pour intégrer la liaison 16, comme pour le M2000-5F.

Ce chasseur-bombardier est doté de capacités de pénétration tout temps (ses systèmes d'armes et de navigation lui permettent de voler quelles que soient les conditions climatiques et de visibilité), ainsi que d'une grande précision de navigation, qui en font le fer de lance des avions d'attaque au sol. Il est capable de mettre en œuvre toute la panoplie des armements air-sol en service dans l'Armée de l'air, de la bombe classique au missile de croisière en passant par tout l'éventail des armements à guidage laser, grâce à sa nacelle de désignation (PDLCT-S). Depuis 1999, il participe à la plupart des engagements français sur les théâtres d'opérations, dont les opérations de sécurisation de l'Afghanistan au profit des forces déployées sur le terrain. Il est capable d'emporter et d'utiliser par tous les temps tous les types d'armements conventionnels en service dans l'Armée de l'air française : Mk 82, GBU-12, GBU-16, GBU-22, GBU-49 et GBU-24A/B, ainsi que les nouveaux missiles SCALP-EG et Apache. L'armée de l'air a récemment demandé que l'on conçoive des roquettes à guidage laser pour ce chasseur. La nouvelle configuration de l'armement de ce chasseur pourrait être deux missiles Mica, 6 GBU-12 ou AASM, ainsi qu'une vingtaine de roquettes.

Depuis , il est équipé de la Liaison 16. Tout comme le Mirage 2000N, il est équipé d'un radar Antilope V auquel s'ajoute un système d'autoprotection perfectionné. Le prototype du 2000D fait son premier vol le et la version est mise en service en 1993. À la suite du retrait des Mirage F1 de l'Armée de l'air, le Mirage 2000D a été choisi pour embarquer la nacelle de reconnaissance tactique ASTAC (Analyseur de Signaux TACtiques) développée par Thales[8]. Le Mirage 2000D no 646, immatriculé 118-MQ et appartenant à l'Escadron de chasse et d'expérimentation 1/30 Côte d'Argent, est utilisé pour des essais en vol sur la base aérienne 120 de Cazaux.

Fin 2015, le comité ministériel d'investissement (CMI) du ministère de la Défense décide de procéder à la rénovation de mi-vie d'une partie de la flotte des Mirage 2000D. La direction générale de l'armement (DGA) notifie à Dassault Aviation et au missilier MBDA le marché pour rénover 55[9] appareils sur les 71 que compte l'armée de l'air. Cette rénovation équipe à partir de 2020 le Mirage 2000D d'une nacelle canon DEFA 30 mm nommé CC422[10], dont l'absence jusqu'ici était le défaut principal de cet avion, et qui est pourtant très utile lors de conflits asymétriques (cela obligeait fréquemment les Mirage 2000 D à voler en patrouille mixte avec des Mirage F1 ou 2000C, qui eux étaient dotés d'un tel canon). Pour l'auto-protection, les Mirage 2000D rénovés sont équipés de missiles air-air Mica, qui succèdent aux missiles Magic 2. Le système d'arme est modernisé, pour mettre en place une architecture ouverte acceptant de nouveaux systèmes d'armes.

Le premier Mirage 2000D rénové est remis le au Centre d’expertise aérienne militaire qui doit le tester. L’ambition est de pouvoir le déployer en 2022, après une période d’appropriation au sein des unités de la 3e escadre de chasse[11].

Cette rénovation des Mirage 2000D doit leur permettre de rester en service jusqu'à bien après 2030[12],[13],[14].

Pertes et accidents

Un Mirage 2000N K2 de l'escadron de chasse 2/3 Champagne basé sur la base aérienne 133 Nancy-Ochey est abattu le par un missile sol-air[15], après avoir largué trois bombes sur un dépôt de munitions bosno-serbe dans la région de Pale quelques heures après le déclenchement de la campagne de bombardement de la Bosnie-Herzégovine par l'OTAN en 1995[16].

Les deux membres d'équipage, le capitaine Frédéric Chiffot et le lieutenant José Souvignet, 28 ans tous les deux, s'éjectent, mais se cassent chacun une jambe et sont arrêtés par les forces serbes de Bosnie[17]. Les deux hommes sont libérés 104 jours plus tard.

Le jeudi à 7 h 56, un Mirage 2000N K3 sort de la piste au décollage de l'Aéroport international de N'Djaména. Les deux pilotes s'éjectent et sont légèrement blessés. L'aéronef est détruit[18]

Le mercredi vers 11 h, un Mirage 2000D disparaît des radars ; après 24 heures de recherches sur la zone du crash à Mignovillard dans le département du Jura, le décès des deux militaires de l'armée française qui s'entraînaient à son bord est confirmé[19].

Le , un Mirage 2000D opérant au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane s’écrase dans la région de Mopti à la suite d’une avarie, sans dommage pour l’équipage qui a pu s’éjecter[20],[21].

En bande dessinée

Dans la bande dessinée Les Chevaliers du Ciel Tanguy et Laverdure, tome 6 et 7 (Diamants de sable et Sabre du Désert), les deux protagonistes utilisent des Mirage 2000N pour leur mission au royaume de Dahman (allié français fictif au Moyen-Orient).

Références

  1. Jacques Isnard, « Les Mirage 2000 bientôt capables d'échapper aux missiles serbes< », sur Le Monde, (consulté le ).
  2. Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, « La nécessaire modernisation de la dissuasion nucléaire », sur Sénat français, (consulté le )
  3. Laurent Lagneau, « Un nouvel escadron de chasse a temporairement été créé à Saint-Dizier », sur opex360.com, (consulté le ).
  4. « Terminus pour le Mirage 2000N », sur aerobuzz.fr, (consulté le )
  5. Laurent Lagneau, « L’histoire du Mirage 2000N n’est pas encore tout à fait terminée », sur OPEX360, (consulté le ).
  6. https://www.defense.gouv.fr/content/download/559579/9683699/fiche_technique_Mirage_2000D_BD.pdf
  7. Helen Chately, « Les chantiers 2016 pour les matériels aéronautiques », sur Journal de l'Aviation (consulté le ).
  8. « L'intégration de la nacelle ASTAC sur les Mirage 2000D passe aux mains des experts du CEAM », sur Defens'Aero, (consulté le ).
  9. Michel Cabirol, « L'armée de l'air aura enfin des Mirage 2000D rénovés », sur latribune.fr (consulté le ).
  10. Laurent Lagneau, « Destinée au Mirage 2000D, la nacelle « canon » CC422 a passé ses derniers essais avec succès », sur OPEX360, (consulté le ).
  11. « Arrivée du premier Mirage 2000D rénové », sur Ministère des armées, (consulté le )
  12. Laurent Lagneau, « Les premiers Mirage 2000D « rénovés » seront livrés en 2019 », sur OPEX360, (consulté le )
  13. Michel Cabirol, « Le Mirage 2000D volera encore dans l'armée de l'air en 2030 », sur latribune.fr, La Tribune, (consulté le )
  14. https://theaviationist.com/2021/08/02/faf-mir2000-test-djibouti/
  15. Ludovic Bassand, « Nancy : l’indéfectible amitié des héros », sur L'Est Républicain, (consulté le ).
  16. Roger Trinca, « Les deux pilotes peu loquaces sur leur détention. Détenus pendant 104 jours par le général Mladic, ils ont été accueillis vendredi à Nancy. », sur Libération, (consulté le ).
  17. « Bosnie : libération des deux pilotes français » [archive du ], L'Humanité, .
  18. « A-2017-013-A », sur Ministère des Armées,
  19. Crash d'un mirage 2000 dans le Jura : les deux membres de l'équipage sont morts.
  20. « Communiqué — Éjection d’un équipage de Mirage 2000 au Mali », sur defense.gouv.fr
  21. « Barkhane : Un Mirage 2000D s’est écrasé au Mali »
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