Cystite

Une cystite est une inflammation de la vessie. Infection urinaire la plus courante, elle est le plus souvent d'origine bactérienne (colibacilles, naturellement présents dans l'intestin), mais peut aussi être due à un agent toxique : traitement anti-cancéreux ou radiothérapie. C'est une infection fréquente chez la femme, car elle possède un urètre court et une faible distance ano-génitale, ce qui augmente le risque d'infection urinaire (alors que les sécrétions de la prostate des hommes contiennent des substances qui ralentissent la multiplication des bactéries dans l’urètre[1]). Il convient de ce fait de toujours s'essuyer d'avant en arrière.

Cystite
Spécialité Urologie
CISP-2 U71
CIM-10 N30
CIM-9 595
DiseasesDB 29445
MeSH D003556
Symptômes Inflammation
Médicament Méthénamine, DL-ofloxacine, carboprost (en), gatifloxacine, amphotéricine B, norfloxacine, ciprofloxacine, moxifloxacine, nitrofurantoin, fosfomycine, Sulfamethoxazole / Trimethoprim (d), lévofloxacine hémihydratée (d), enoxacine, cefpodoxime, tosufloxacin (en), Marbofloxacin (en) et orbifloxacin (en)

Mise en garde médicale

S'il y a risque de complications (femme enceinte, diabète, geste chirurgical), cette infection doit être traitée rapidement pour éviter qu'elle ne se propage vers les circuits rénaux (pyélonéphrite) puis par voie sanguine avec urosepsis mettant la vie en danger[2].

Étiologie

  • Cystite infectieuse (bactéries intestinales[3] qui sont nombreuses à la marge de l’anus/périnée, bilharziose urinaire, tuberculose urogénitale) ;
  • Cystite radique après irradiation du bassin (radiothérapie) ;
  • Cystite à champignon, plus rare, mais peut être créée, par exemple, par une vaginite à mycoses où les champignons auraient migré dans l'urètre puis la vessie ;
  • Cystite allergène, la réaction allergène créant une irritation de l'urètre qui devient alors propice à l'infection ;
  • Cystite de blessure, après, par exemple, l'installation d'un cathéter dans l'urètre, créant alors des lésions propices à l'infection ;
  • Cystite d'origine médicamenteuse : signes cliniques de cystite, examens cytobactériologiques sans germe mais avec leucocyturie. Il s'agit notamment de l'acide tiaprofénique et de certains cytotoxiques comme le cyclophosphamide et l'ifosfamide[4] ;
  • Cystite à urine claire ou cystite interstitielle, une affection chronique des voies urinaires basses. Elle est extrêmement douloureuse et ses causes sont inconnues. Elle entraîne la dégradation des muqueuses du système urinaire. C’est une maladie insidieuse et dévastatrice de la qualité de vie.

Diagnostic

Clinique

Les symptômes sont différents selon la cause de la cystite, le patient (ou la patiente) peut se plaindre de :

  • brûlures mictionnelles (douleurs plus ou moins intenses au moment, à la fin ou après le passage de l'urine) ;
  • pollakiurie (émission excessivement fréquente d'urine en faible quantité) ;
  • impériosité urinaire (besoin d'aller uriner dans l'immédiat, et ce, même s'il n'y a pas d'urine) ;
  • tiraillement voire douleurs hypogastriques et du bassin ;
  • hématurie (présence de sang dans l'urine) ;
  • pyurie (présence de pus dans l'urine).

Il n'y a pas de fièvre dans la cystite.

Cystite compliquée

On parle de cystite compliquée si au moins un des facteurs de risque suivants est retrouvé : insuffisance rénale, immuno-dépression, grossesse, sexe masculin, sujet âgé, anomalies organiques ou fonctionnelles de l'arbre urinaire (malformation, acte urologique récent, tumeur, lithiase, résidu post-mictionnel)

Cystite récidivante

Elle est définie par 4 épisodes sur une période de 12 mois consécutifs : Il s'agit d'infections survenant en dehors de toute uropathie ou anomalies gynécologiques et l'on retrouve fréquemment : boissons insuffisantes, constipation, mictions rares.

Examens complémentaires

Le diagnostic est clinique et peut être confirmé par une bandelette urinaire détectant :

  • une leucocyturie, témoin d'une réaction inflammatoire de l'appareil urinaire ;
  • une bactériurie, avec plus de 105 germes dans les urines prélevées à mi-jet.

Traitement

Il est important de soigner rapidement une cystite, car l'infection peut se compliquer et atteindre le rein et causer une pyélonéphrite. Une pause de l'activité sexuelle est préconisée afin de faciliter au mieux la guérison.

En mai 2014, la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) publie le bon usage des antibiotiques dans le traitement des cystites[5].

Dans le cas d'une cystite aigüe simple, le traitement de première intention est la Fosfomycine-Trométamol en dose unique[6]. En cas de suspicion d'un Staphylococcus saprophyticus (5 à 10 % des cystites simples, atteignant classiquement la femme de moins de 30 ans avec absence de nitrites à la bandelette urinaire)[7].

Le premier remède à suivre est une hydratation suffisante, facilitant l'élimination des germes de la vessie.

Classique

Le traitement de la cystite aiguë non récidivante est simple. Il associe un traitement antibiotique (qui peut être pris en une seule dose, en une seule fois : « traitement minute ») à un anti-inflammatoire et à un antispasmodique. Le traitement antibiotique peut être plus long (trois à cinq jours). Il est impératif de boire au moins deux litres d'eau par jour, pour éliminer au maximum.

Des personnes peuvent avoir du mal à supporter certains antibiotiques et risquent d'avoir des réactions allergiques ou digestives. Les antiseptiques urinaires sont prescrits en traitement de fond.

Aux États-Unis, dans la plupart des pays anglo-saxons, et au Danemark, l'Hippurate de Méthénamine est couramment prescrite à une dose de 2 ou 3g par jour[8]. Ce médicament (HIPREX), fabriqué par Sanofi, n'est pas disponible en France.

Lorsque les cystites apparaissent chez une femme n'ayant jamais accouché par voie naturelle, et qu'elles apparaissent après des rapports sexuels, il est possible que les cystites soient liées à la présence de brides hyménales. En effet, des restes d'hymen peuvent persister dans le vagin et favoriser l'ouverture de l'urètre lors des rapports sexuels, favorisant ainsi la remontée de germes vers la vessie. Le traitement consiste alors en une intervention bénigne : la section des brides hyménales sous anesthésie locale le plus souvent. Il faut absolument respecter les règles d'hygiène.

Phagothérapie

En Géorgie, en Russie et dans certains pays de l'est, la phagothérapie est utilisée avec succès contre les cystites bactériennes. Deux approches sont possibles: soit on administre un cocktail de phages standard spécifique à la pathologie ou au type de bactérie pathogène, soit on sélectionne et on cultive des phages lytiques pour la bactérie particulière.

La phagothérapie n'est pas encore reconnue en France ni dans les pays occidentaux mais elle y fait l'objet de nombreuses recherches et essais cliniques[9],[10]. Les médicaments bactériophagiques peuvent être utilisés en France dans le cadre d'une Autorisation Temporaire d'Utilisation nominative (ATUn) délivrée par l'ANSM au cas par cas, notamment dans les infections urologiques sévères[11].

En France la société Pherecydes Pharma développe un cocktail bactériophagique contre Pseudomonas aeruginosa (PP1131) et un contre E. coli (PP0121) dans le cadre du projet Phagoburn[12],[13]. Devant l'absence de solution par le circuit classique de soins, des organisations de patients se sont montées en France pour faciliter l'accès aux bactériophagiques[14],[15],[16].

Non médicamenteux

Des traitements à type de phytothérapie peuvent être adaptés pour le traitement de certaines personnes, en complément d'un traitement « classique », sans preuve d'efficacité cependant.

Le plus étudié est la canneberge. L'actualisation des revues systématiques des publications scientifiques par la Collaboration Cochrane ne permet pas de recommander le jus de canneberge pour la prévention des infections urinaires à répétition[17].

Prévention

  • Pour les femmes, lors du passage aux toilettes, s'essuyer de l'avant vers l'arrière pour éviter que les bactéries intestinales viennent à l'urètre, et de là remontent pour s'installer dans la vessie.
  • Avant et après un rapport sexuel, les deux partenaires doivent se laver. Pour la femme, il convient d'user de produits doux afin de ne pas détruire la flore vaginale.
  • Il est recommandé d'uriner après chaque rapport.
  • Boire beaucoup d'eau
  • Lors des mictions, ne pas faire de pause. C'est-à-dire, uriner d'un seul jet jusqu'à la fin. Les pauses lors des mictions favorisent le dépôt des bactéries sur les parois en plus de favoriser un restant d'urine dans la vessie contenant les dites bactéries.

Cystite d'origine bactérienne

Aux États-Unis, l'Hippurate de Méthénamine est couramment prescrite à une dose de 1g par jour dans un but préventif[8]. Ce médicament (HIPREX), fabriqué par Sanofi, n'est pas disponible en France.

Il n'y a pas de consensus sur la prévention par la canneberge :

  • Boire du jus de canneberge (Vaccinium macrocarpon) diminuerait de 20 % les infections urinaires[18],[19]. En effet, ce fruit originaire d'Amérique du Nord est le seul à posséder des molécules (les proanthocyanidines de type A, ou PAC) qui empêchent les bactéries de s'accrocher à la paroi urinaire.
  • L'actualisation des revues systématiques des publications scientifiques par la Collaboration Cochrane ne permet pas de recommander le jus de canneberge pour la prévention des infections urinaires à répétition[17].
  • En 2004, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) a publié dans un avis : « La consommation quotidienne de 36 mg de PAC contribue à diminuer la fixation de certaines bactéries Escherichia coli sur les parois des voies urinaires. »[réf. nécessaire]

Cystite d'origine allergique

Prévention pour la cystite allergique :

  • Utilisation de papier hygiénique hypoallergique ;
  • Ne pas utiliser de parfum pour les parties génitales ou pour les vêtements ;
  • Dans le cas d'allergies alimentaires dont le symptôme est la cystite, cibler l'aliment responsable des cystites.

Notes et références

  1. À un âge avancé, les hommes sont également touchés, souvent en conjonction avec une hypertrophie bénigne de la prostate.
  2. L. Amrouche, T. Ghoneim, Néphrologie - Urologie, Pradel, , p. 87.
  3. L'infection microbienne est en règle générale monomicrobienne et implique Escherichia coli dans 60 à 75 % des cas. D'autres microbes peuvent être en cause, des Gram négatif (Klebsiella, Enterobacter, Serratia, Citrobacter, Proteus) ou Gram positif (Enterococcus faecalis, Staphylococcus saprophyticus). Cf. Bernard Lobel, Claude Soussy, Les infections urinaires, Springer Science & Business Media, , p. 114.
  4. Revue Prescrire, Le Guide 2008, décembre 2007, no 290 (supplément)
  5. SPILF, « Infections urinaires communautaires », sur infectiologie.com, (consulté le ).
  6. « Diagnostic et antibiothérapie des infections urinaires bactériennes communautaires de l’adulte », sur http://www.infectiologie.com/, (consulté en )
  7. « Infections à Staphylococcus saprophyticus Infections caused by Staphylococcus saprophyticus », sur http://www.em-consulte.com, (consulté en )
  8. (en) « DailyMed - HIPREX- methenamine hippurate tablet », sur DailyMed - base de données des médicaments approuvés par la FDA (consulté le )
  9. « phagothérapie », Institut Pasteur, (lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Wilbert Sybesma, Reinhard Zbinden, Nino Chanishvili et Mzia Kutateladze, « Bacteriophages as Potential Treatment for Urinary Tract Infections », Frontiers in Microbiology, vol. 7, (ISSN 1664-302X, PMID 27148173, PMCID PMC4826877, DOI 10.3389/fmicb.2016.00465, lire en ligne, consulté le )
  11. Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, « Compte rendu de séance du CSST Phagothérapie en date du 24 mars 2016 » [PDF], sur ansm.sante.fr (consulté le )
  12. « Phagoburn: Evaluation of phage therapy for the treatment of burn wound infections », sur www.phagoburn.eu (consulté le )
  13. « http://fr.pherecydes-pharma.com/developpement.html », sur fr.pherecydes-pharma.com (consulté le )
  14. « Phages-Sans-Frontières – Ensemble nous pouvons tenter de changer le destin ! », sur phages-sans-frontieres.com (consulté le )
  15. « Association PHAG ESPOIRS », sur Association PHAG ESPOIRS (consulté le )
  16. « EuroPhages - Sauver les vies de milliers de Français grâce aux bactériophagiques », sur EuroPhages (consulté le )
  17. (en) Jepson RG, Williams G, Craig JC., « Cranberries for preventing urinary tract infections », Cochrane Database Syst Rev., no 10, , CD001321 (PMID 23076891, DOI 10.1002/14651858.CD001321.pub5)
  18. (en) Randomised trial of cranberry-lingonberry juice and Lactobacillus GG drink for the prevention of urinary tract infections in women , Tero Kontiokari, Kaj Sundqvist, M Nuutinen, T Pokka, M Koskela, M Uhari, BMJ 2001;322:1571
  19. Jepson RG, Craig JC, Cranberries for preventing urinary tract infections, Cochrane Database of Systematic Reviews 2008, Issue 1. Art. No.: CD001321. DOI:10.1002/14651858.CD001321.pub4

Voir aussi

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