Crotale (missile)

Le missile Crotale est un missile sol-air français à courte portée, composé d'une batterie comportant une unité d'acquisition et deux ou trois unités de tir ou embarqué à bord de navires militaires.

Pour les articles homonymes, voir Crotale (homonymie).

Crotale R-440

Véhicules Crotale durant le défilé du 14 juillet 2003 a Paris.
Présentation
Type de missile Missile sol-air à courte portée
Constructeur Thales et MBDA
Déploiement 1971 (en Afrique du Sud)
Caractéristiques
Moteurs Moteur à poudre
Masse au lancement 85 kg
Longueur 2,89 m
Diamètre 150 mm
Envergure -
Vitesse Mach 2,3 / Mach 3,5 pour le VT1
Portée 13 000 m / 15 000 m pour le VT1
Altitude de croisière >6 000 m / 9 000 m pour le VT1
Charge utile 13,9 kg pré-fragmentée à gerbe focalisée qui explose juste après avoir croisé sa cible en lançant environ 75 % des éclats vers l'arrière
Guidage Radar et infrarouge
Détonation Fusée de proximité
Plateforme de lancement Véhicule lanceur P-4 R
Navire de guerre

Histoire

L'origine du Crotale remonte à la volonté de l'Afrique du Sud de se doter d'un système antiaérien mobile en tout temps en 1964. À la suite du refus du gouvernement britannique de lui fournir un tel système d'arme, l'Afrique du Sud demanda à Thomson-CSF de le développer, Pretoria assurant 85 % des coûts de développement.

Il fut conçu par une équipe dirigée par Jean Galipon de la Division Systèmes Électroniques de Thomson-CSF située à Bagneux. Après une série d'essais au centre d'essai des Landes, les premières unités furent livrées à l'armée sud-africaine en 1971, sous le nom de Cactus. L'Armée de l'air française, intéressée, commanda une unité d'acquisition et deux unités de tir puis, après une série de tests concluants, passa commande de 20 batteries[1].

Les premières versions de missiles sont capables d'atteindre une cible mobile à 8 500 mètres de distance en vingt secondes de vol.

Engagements

L'Afrique du Sud l'emploie durant la guerre de la frontière sud-africaine

La Libye a déployé une unité durant la guerre du Kippour en 1973. Lors de l'Opération El Dorado Canyon dans la nuit du 14 au 15 avril 1986, un General Dynamics F-111 Aardvark aurait été abattu par une batterie de Crotale.

La France l'a déployé au Tchad. Lors d’une attaque le 7 septembre 1987 par un Tupolev Tu-22 libyen contre la base aérienne d'Abéché, 4 missiles sont tirés sans le toucher, mais cela l'a empêché de viser les installations militaires[2].

L'Irak l'utilise lors de sa guerre contre l'Iran[3] et durant la guerre du Golfe.

Il est mis en œuvre également par la France lors de ce conflit mais qui ne l'a pas été utilisé au combat. L'Arabie saoudite l'a déployé lors de la libération de la capitale du Koweït en février 1991.

Versions

Sisu XA-180 des forces finlandaises avec des Crotale NG en 2007.

Le Crotale a été constamment amélioré, et compte de nombreuses versions, dont certaines embarquées sur des navires de guerre.

  • Crotale 3000 : système tout temps destiné à combattre en ambiance de guerre électronique, contre des avions évoluant à basse et très basse altitude et à grande vitesse.
  • Crotale évolué : performances et résistance aux contre-mesures électroniques améliorées.
  • Système Shahine : ensemble d'acquisition et de tir de Crotale amélioré, monté sur châssis AMX 30, livré à l'Arabie saoudite.
  • Crotale NG : Crotale Nouvelle Génération, destiné à lutter contre les aéronefs évoluant à basse altitude et à faible vitesse, y compris les hélicoptères en vol stationnaire. Il est composé, pour l'armée de l'air française, d'une unité d'acquisition et de tir montée sur remorque shelter.

Utilisateurs

  • Utilisateurs actuels
  • Retiré du service
Tir depuis un véhicule de l'armée sud-coréenne.
  • Afrique du Sud, 7 unités d'acquisition et 14 unités de tir, retiré du service.
  • Arabie saoudite, 16 unités d'acquisition, 32 unités de tir, 36 systèmes Shahine.
  • Chili, 2 unités d'acquisition et 4 unités de tir.
  • Égypte, 12 unités d'acquisition et 24 unités de tir (Sphinx).
  • Émirats arabes unis, 3 unités d'acquisition et 9 unités de tir.
  • France, 12 unités de Crotale NG en service en 2018[4], au sein des escadrons de défense sol-air (EDSA) 1/950 Crau (BA 125 Istres), 2/950 Sancerre (BA 702 Avord), 5/950 Barrois (BA 113 Saint-Dizier) et 12/950 Tursan (BA 118 Mont-de-Marsan). Les Crotales de première génération ont été retirés du service.
  • Finlande, 21 unités de Crotale NG sur un châssis de Patria Pasi 6x6 depuis les années 1990[5].
  • Grèce, 9 unités de Crotale NG pour la force aérienne sur Patria Pasi depuis 1998, 2 pour la marine.
  • Irak, 20 unités, livrés durant la guerre Iran-Irak et retiré du service depuis la guerre de 2003
  • Libye, 9 unités d'acquisition et 27 unités de tir.
    Lors du conflit au Tchad, l'armée française et l'armée libyenne aligneront toutes deux des missiles Crotale.
  • Maroc, 7e client du Crotale en 1978[6], retiré du service.
  • Pakistan, 12 unités d'acquisition et 24 unités de tir.
  • Portugal
  • Chine, une batterie a été livrée en Chine à des fins d'évaluation. Par ingénierie inversée, elle en a produit le système HQ-7 (en) qui sera lui-même copié par l'Iran.
  • Corée du Sud, 114 unités de tir livrés en 1999 et 2009. Construit avec la participation de Samsung Thales pour l'armée sud-coréenne et opérationnel. Le nom est KM-SAM Chunma ou Pegasus[7].

Batterie Crotale

Camion avec batterie Crotale, en 2021.
Véhicule P-4 R
Équipage 2 hommes
Poids 14,8 t
Longueur 6,22 m
Largeur 2,65 m
Hauteur 2,04 m
Vitesse maximale 70 km/h
Autonomie 500 km
Blindage 3 à 5 mm

La batterie de missiles sol-air Crotale dans l'armée de l'air française est composée d'une unité d'acquisition et de deux ou trois unités de tir. Toutes deux sont montées sur un véhicule spécifique Hotchkiss, le P-4 R (sans rapport avec la Peugeot P4), monté sur vérins hydrauliques en position de tir.

L'unité d'acquisition a pour fonction la détection, l'identification et la désignation des cibles. Pour cela, elle est équipée d'un radar Thomson-CSF Mirador IV Doppler, d'une portée maximale de 18 km. Ce radar est capable de prendre en charge jusqu'à douze objectifs à la fois. La cible repérée est identifiée et, si elle est hostile, est affectée à l'une des unités de tir. La batterie fonctionne donc en réseau.

L'unité de tir porte quatre missiles Crotale R-440. Elle comporte un radar d'acquisition et de poursuite, qui engage la cible dès que l'unité d'acquisition a envoyé le signal d'engagement. Elle est capable de tirer deux missiles à quelques secondes d'intervalle. Elle n'emporte aucun de rechange, mais dispose d'un camion chargé de la ravitailler. Le rechargement des lanceurs peut être effectué en moins de deux minutes par un équipage entraîné.

Crotale naval

Crotale Edir

Le Crotale Edir (Ecartométrie Différentielle Infrarouge) est associé aux radars DRBV 15 et DRBV 51B ou C. Son guidage est assuré par alignement et l'explosion par une fusée de proximité[8].

Il est constitué[8] de trois éléments. Une tourelle de lancement est équipée d'un télépointeur Thomson en bande Ku et d'une rampe de 8 missiles en conteneurs. Un local sous la tourelle assure la mise en œuvre du système formé du radar, du traitement d'information, d'un calculateur digital et d'une console d'exploitation. Un stockage sous le pont contient 18 missiles en réserve et d'un élévateur chargeant la rampe de lancement. Un délai de 30 minutes est nécessaire pour la recompléter entièrement[8].

Caractéristiques techniques[8]
CaractéristiquesDonnées
Longueur2,93 m
Diamètre0,15 m
Envergure0,54 m
Poids85,1 kg
Charge militaire14 kg
Vitessemach 2,4
Portée13 km
Volume d'interception150 à 12 000 pieds

Il équipe ou a équipé les frégates de Classe Tourville[9], de Classe Georges Leygues[10] et de Classe Al Madinah[11].

Crotale modulaire sur la frégate Jiaxing de Type 053H3 de la Marine chinoise.

Crotale modulaire

Le Crotale modulaire diffère de l'EDIR par une séparation entre le lanceur et la conduite de tir multi-senseurs (radar, optique et infrarouge), les performances étant identiques. Il équipe les frégates Type 052[12], Type 053H3[13] et Type 054A[14] de la Marine chinoise, et les corvettes classe Muray-Jib de la Marine des Émirats arabes unis[15].

Crotale CN2

Le Crotale CN2 est armé de missiles VT 1 et équipe les frégates de Classe La Fayette[16] et les corvettes de classe Qahir de la Marine du Sultanat d'Oman[17].
Un développement mené en 2007 vise à augmenter le domaine de tir du Crotale VT1, avec une portée amenée à 15 km[18].

Crotale CN2 sur la frégate Surcouf de la Marine nationale française.
Caractéristiques techniques[8]
CaractéristiquesDonnées
Longueur2,34 m
Diamètre0,16 m
Poids95 kg
Charge militaire13 kg
Vitessemach 3,5
Portée11 km
Plafond30 000 pieds

Crotale VT1-VL

Le Crotale VT1-VL[19] est testé en octobre 2008 et lancé depuis un système de lancement verticalSylver A 35[20].

Notes et références

  1. « Crotale Système d’arme sol-air à courte portée (France) », sur Communauté sol-air nationale (consulté le ).
  2. http://www.air-insignes.fr/article-36–defense-sol-air-2.html
  3. « La défense sol-air dans un conflit de haute intensité. L’exemple de la guerre Iran-Irak [1980-1988] », sur areion24.news (consulté le ).
  4. « Chiffres clés 2018 », sur ministère de la Défense, (consulté le ).
  5. (en) David Donald, « New eyes for Finnish Crotale », sur Jane's, (consulté le ).
  6. « La France livrera au Maroc un système de défense antiaérienne », sur Le Monde, (consulté le ).
  7. (en) « K-SAM Pegasus », sur Missile Defense Advocacy Alliance, (consulté le ).
  8. Prézelin 2012, p. 3, Crotale
  9. Prézelin 2012, p. 26, France
  10. Prézelin 2012, p. 28, France
  11. Prézelin 2012, p. 147, Arabie saoudite
  12. Prézelin 2012, p. 306, Chine
  13. Prézelin 2012, p. 311, Chine
  14. Prézelin 2012, p. 312, Chine
  15. Prézelin 2012, p. 439, Émirats arabes unis
  16. Prézelin 2012, p. 30, France
  17. Prézelin 2012, p. 1025, Oman
  18. Air&Cosmos 2007
  19. (en) « Thales Carries Out First Successful Vertical Firing of VL-VT1 Naval Crotale », sur www.defense-aerospace.com, (consulté le ).
  20. « Les missiles surface-air européens », sur Mer et Marine, (consulté le ).
  • Air&Cosmos 2007 : Air et Cosmos, "Thales double le domaine de tir de son Crotale", 23 mars 2007, no 2700, p. 22.
  • Prézelin 2012 : Bernard Prézelin, Flottes de combat 2012, combats fleets of the world, Éditions maritimes & et d'outre-mer, Édilarge S.A., (ISBN 978-2-7373-5021-4).

Voir aussi

Articles connexes

  • Armée et histoire militaire françaises
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