Crochet de Poisson
En mécanique hamiltonienne, on définit le crochet de Poisson de deux observables et , c'est-à-dire de deux fonctions sur l'espace des phases d'un système physique, par :
Pour les articles homonymes, voir Poisson (homonymie).
où les variables, dites canoniques, sont les coordonnées généralisées et les moments conjugués .
C'est un cas particulier de crochet de Lie.
Propriétés
- Le crochet de Poisson est antisymétrique :
- Le crochet de Poisson apporte une structure d'algèbre à l'ensemble des observables, qui en mécanique classique sont des fonctions sur l'espace des phases :
- Le crochet de Poisson satisfait à l'identité de Jacobi :
Les trois propriétés précédentes font du crochet de Poisson un cas particulier de crochet de Lie.
- Le crochet de Poisson satisfait de plus à l'identité de Leibniz :
- Les variables canoniques sont liées par les relations :
- car les dérivées partielles commutent.
Équations canoniques
Soit le hamiltonien du système considéré. Les équations canoniques de Hamilton se réécrivent à l'aide du crochet de Poisson sous la forme :
et :
ou encore, de manière unifiée :
où est l'espace des phases associé à la formulation hamiltonienne.
Évolution d'une observable quelconque
Cas général
Soit une observable , c’est-à-dire une fonction sur l'espace des phases dépendant des moments et des coordonnées généralisées. Il résulte des relations précédentes que :
où désigne la dérivée partielle de par rapport à une éventuelle dépendance explicite de par rapport au temps.
Cas de l'énergie totale
On obtient pour l'énergie totale du système :
puisque par antisymétrie.
Théorème de Poisson
Si et sont deux « intégrales premières » du système[1], c'est-à-dire si , alors en est une aussi.
- Démonstration :
- Dans le cas où et ne dépendent pas explicitement du temps : d'après l'identité de Jacobi, on a .
- Or et , donc .
- Comme ne dépend pas non plus explicitement du temps, on a .
- D'où la conclusion pour ce cas.
- Dans le cas général : on a
- En utilisant l'identité de Jacobi et l'égalité utilisant les dérivées partielles, on obtient
- La conclusion dans le cas général est alors évidente.
Quantification canonique
L'intérêt du crochet de Poisson est qu'il permet de passer facilement à la quantification dans le formalisme algébrique de Heisenberg de la mécanique quantique. Il suffit en général de faire une substitution :
où désigne le commutateur, pour obtenir les relations de commutation des opérateurs dans le formalisme de Heisenberg à partir des crochets de Poisson des observables classiques. La même stratégie est applicable à la quantification d'un champ classique.
Notes
- On dit aussi « constante du mouvement ».
Bibliographie
- R. Campbell, La Mécanique analytique, Coll. Que Sais-Je ?, Presses Universitaires de France
- Lev Landau et Evgueni Lifchits, Physique théorique, t. 1 : Mécanique [détail des éditions]
- Lev Landau et Evgueni Lifchits, Physique théorique, t. 3 : Mécanique quantique [détail des éditions]
- A. Messiah, Mécanique quantique, Dunod
Voir aussi
Articles connexes
- Algèbre de Poisson
- Crochet de Lie
- Mécanique hamiltonienne
- Mécanique quantique
- Système intégrable
- Théorie de Hamilton-Jacobi
- Théorie quantique des champs
- Transformation canonique
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