Battance

La battance est en édaphologie, pédologie et écologie du paysage, le caractère d'un sol tendant à se désagréger et à former une croûte en surface sous l'action de la pluie ou d'un piétinement important. C'est une des expressions de la régression et dégradation des sols qui voit la disparition des agrégats et donc des pores et la formation d'une croûte superficielle imperméable sur laquelle l’eau ruisselle rapidement, sous la forme de filets diffus.

Croûte de battance sur un sol biné.

Mécanismes

Sur sol surpiétiné à la suite de la surfréquentation par le bétail ou l'homme, une croute superficielle se forme et empêche la pénétration de l'eau, tout en favorisant une déstructuration des horizons superficiels du sol. Une érosion accrue, la mauvaise circulation verticale de l'eau et de la vapeur d'eau, ainsi que de l'oxygène et du CO2 produits par les organismes du sol, entretiennent ce phénomène.

Sur sol labouré, avec la pluie, la pression interne des mottes augmente (bulles d'air piégées dans les pores qui se remplissent par capillarité) et la cohésion de la motte diminue, l'impact dû à l'énergie cinétique des gouttes casse les mottes. À chaque pluie importante, il y a un excès d'eau en surface qui dilue la terre fine en une boue fine qui va cimenter en séchant les entrées capillaires du sol.

Avant tout, la sensibilité à la battance dépend des composants du sol. Les limons ont une faible stabilité structurale, ce qui fait des sols limoneux les plus sensibles à la battance. À l'inverse, l'argile, la matière organique et les ions calcium augmentent la stabilité structurale du sol, augmentant sa résistance à la battance.

Il est possible de calculer un indice de battance, issue des travaux de l'INRA de Laon, suivant les formules suivante[1] :

-si le pH eau du sol est supérieur à 7

-si le pH eau du sol est inférieur ou égal à 7

où LF est la teneur du sol en limons fins, LG la teneur en limons grossiers, A la teneur en argile, MO la teneur en matière et organique et pH le pH eau.

Plus l'indice est élevé, plus le risque de battance est fort.

Symptômes

La battance se traduit par le colmatage, souvent visible à l'œil nu, de la porosité de la partie superficielle du sol, qui s'oppose à l'infiltration de l'eau, à la circulation de l'air, et favorise l'érosion hydrique. La stagnation anormale d'eau, la présence d'une fine croute sont des indices de battance[2].

Impacts

La battance freine la circulation de l'eau et de l'air dans le sol, au détriment de leur vie biologique et de la croissance végétale. Elle augmente et contrarie la levée des plantules, lorsque la croute se forme entre le semis et la germination. De plus, elle accentue le phénomène d'érosion, en favorisant le ruissellement au détriment de l'infiltration de l'eau.

Elle modifie fortement les conditions thermohygrométriques de la strate herbacée et l'albédo du sol.

Prévention et remédiation

Pour lutter contre la battance des sols, après un diagnostic affiné (qui nécessite souvent de creuser une fosse pédologique), il convient de reconstituer un stock de matière organique suffisant dans le sol. Ceci peut se faire par la restitution au sol des résidus de culture, l'implantation d'engrais verts, l'installation d'une jachère vraie, d'un apport significatif de compost et/ou de bois raméal fragmenté… Il est également possible de jouer sur le pH et sur la teneur en calcium échangeable. Il convient aussi — préventivement — de ne pas cultiver ou surpiétiner des terres limoneuses trop fines, surtout sur les pentes, en y entretenant toujours un couvert végétal (pouvant supporter des fauches et un pâturage extensif). Les cultures en interrang large (ex. : maïs) favorisent la battance, de même que le labour et le maintien de sols nus sur de longues périodes. Il est conseillé de ne pas travailler trop finement les sols sensibles à la battance, ce qui implique d'éviter de travailler des sols secs (formation de terre fine), et de laisser des mottes en surface. La suppression du labour (en permettant l'accumulation des résidus végétaux à la surface du sol) ou un semis sous couvert végétal permettent de réduire considérablement le phénomène de battance[3]

Notes et références

  1. Schvartz, Christian., Muller, Jean-Charles., Decroux, Jacques. et Comité Français d'Etude et de Développement de la Fertilisation Raisonnée., Guide de la fertilisation raisonnée : grandes cultures et prairies, Paris, France Agricole, , 414 p. (ISBN 2-85557-120-0, OCLC 636664856, lire en ligne)
  2. « Processus écologiques - Battance », sur www.supagro.fr (consulté le )
  3. PROSENSOLS, Caractériser la stabilité structurale et la battance, Théorie A4, https://www.yumpu.com/fr/document/view/16755327/caracteriser-la-stabilite-structurale-et-la-battance-prosensols

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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