Cospas-Sarsat

Le système Cospas-Sarsat est un système mondial d'alerte et de localisation de radiobalise de localisation des sinistres (EPIRB activées sur un bateau, ELT activées dans un avion, ou PLB activées par des individus, comme des alpinistes).

Satellite en vue des stations au sol.

L'acronyme russe COSPAS signifie Cosmicheskaya Sistyema Poiska Avariynich Sudow (« système spatial pour la recherche des navires en détresse ») ; l'acronyme anglais SARSAT veut dire Search and Rescue Satellite-Aided Tracking (« localisation par satellite pour les opérations de recherche et sauvetage » (SAR)).

Histoire

Après la disparition en 1970 de deux représentants du Congrès américain en Alaska lors d'un accident d'avion, une loi fut adoptée aux États-Unis qui obligea tous les avions à être équipés d'une balise de détresse. Les balises à l'époque opéraient sur la fréquence d'urgence aéronautique, 121,500 MHz, ou militaire, 243,000 MHz[1]. Dans les années 1970, ce type de balises était aussi souvent utilisé sur les navires.

À cause des nombreuses difficultés avec ce mode d'exploitation (comme un délai non défini pour la réception du signal, une localisation trop imprécise, près de 99 % de fausses alarmes), les États-Unis, le Canada et la France commencèrent à développer le système SARSAT pour créer une autre solution technique, plus sûre. Parallèlement, le système COSPAS fut développé par l'Union des républiques socialistes soviétiques.

Entre 1979 et 1988, à la fin de la Guerre froide, les deux systèmes furent combinés pour former le système COSPAS-SARSAT : le premier satellite commun fut lancé en 1982, et le système fut déclaré opérationnel en 1984. Le 1er janvier 1988, la fusion des deux systèmes fut formellement achevée par la signature de l’'International COSPAS-SARSAT Programme Agreement à Paris.

Aujourd'hui, la partie COSPAS du système est dirigée par la Russie, tandis qu'aux États-Unis, la responsabilité pour la partie SARSAT a été transmise de la NASA à l'Agence américaine d'étude de l'atmosphère et de l'océan (NOAA). Beaucoup d'autres nations ont rejoint le programme COSPAS-SARSAT aujourd'hui (au total quarante pays et deux organisations en 2016). Cospas-Sarsat est dirigé par un Conseil international, présidé alternativement par l'un des quatre États fondateurs : États-Unis, Russie, Canada et France[2].

Présentation générale

Le système a été dérivé du système Argos. Mis en place par les États-Unis, le Canada, l'URSS et la France entre 1979 et 1988, il fournit une aide précieuse aux opérations de recherche et de sauvetage (SAR), qu'elles soient maritimes, aéronautiques ou terrestres.

Depuis sa création, le système Cospas-Sarsat a permis de sauver des milliers de vies humaines : environ 1 500 vies sont épargnées chaque année (65 % dans le domaine maritime, 23 % dans le domaine aéronautique et 12 % dans le domaine terrestre). Les médias rapportent souvent, à tort, qu'un navigateur en détresse déclenche sa balise Argos, alors qu'il s'agit de ce système.

Principe de fonctionnement

Mode d'opération du système COSPAS-SARSAT après le déclenchement d'une balise de détresse

COSPAS-SARSAT est composé de trois systèmes complémentaires : LEOSAR (Low-Earth Orbiting Search and Rescue) consiste en six satellites météorologiques à orbite basse traversant les pôles, GEOSAR (Geostationary Search and Rescue) avec cinq satellites en orbite géostationnaire et MEOSAR (Medium-Earth Orbit SAR), consistant en l'ensemble des satellites des systèmes GPS, Gallileo et Glonass.

Tous ces satellites permettent de recevoir un signal sur la bande de détresse internationale de 406,0 MHz à 406,1 MHz[3]. Dès que possible, le signal est transmis à une station de réception au sol (Local User Terminal, LUT). Les signaux de 406 MHz sont mémorisés jusqu'à ce qu'une station de réception sol soit visible.

À partir de la LUT, les informations de détresse sont envoyées par le Centre de Contrôle de Mission (MCC) responsable du satellite qui a reçu les signaux, au MRCC responsable de la zone dans laquelle se trouve la balise ainsi qu'au MRCC référent du pays d'origine de la balise. Pour la France, le CROSS Gris-Nez reçoit ainsi toutes les balises de détresses des navires français à travers le monde.

Localisation de la balise

Selon le type de satellite recevant le signal

Les méthodes utilisées pour déterminer la position de la balise de détresse varient selon le type de satellite qui reçoit le signal :

  • les satellites du système LEOSAR circulent autour de la terre en à peu près 100 minutes sur une trajectoire qui est incliné de 83° (COSPAS) ou 99° (SARSAT) par rapport à l'équateur. Malgré le champ de visibilité limité de chaque satellite à cause des orbites basses, un lieu donné sur la surface de la terre est balayé par l'un des satellites au moins toutes les quatre heures. Grâce à l'effet Doppler-Fizeau, la fréquence du signal reçu par un tel satellite varie légèrement, ce qui permet de déterminer la position de la source du signal avec une précision de 1 milles marins (1,9 km) à 3 milles marins (5,6 km) (sur 406 MHz) . Comme il faut environ 15 minutes pour mesurer la variation de fréquence avec une précision satisfaisante, le temps entre le déclenchement de la balise et sa localisation varie entre 15 minutes et quatre heures ;
  • les satellites géostationnaires du système GEOSAR profitent d'un champ de visibilité assez vaste (voir la photo), mais ils ne bougent pas par rapport à la balise de détresse. Ils permettent donc de recevoir immédiatement le signal de détresse d'une balise 406 MHz sans toutefois pouvoir les localiser à moins que la balise ne soit associée à un récepteur GPS. Quatre satellites météorologiques géostationnaires sont capables de recevoir les signaux de détresse des balises 406 MHz. Il s'agit des satellites GOES Est et Ouest de la NOAA, du satellite indien INSAT et du satellite Meteosat de seconde génération (MSG) de l'Agence européenne de satellites météorologiques (EUMETSAT).
  • les satellites très nombreux du système MEOSAR couvrent l'ensemble du globe terrestre et peuvent donc trianguler une position instantanément - même si la précision de la position est moindre qu'un positionnement normal par GPS.

Selon la fréquence de la balise émettrice

Types de balises de première génération
Caisson contenant une radiobalise de localisation des sinistres (RLS). (Un largueur hydrostatique permettra de la libérer.)

Les balises émettant sur les fréquences de 121,500 MHz et 243,000 MHz présentent plusieurs inconvénients par rapport à celles utilisant la fréquence de 406 MHz :

  • il n'y a aucune possibilité de vérifier la réalité d'une détresse ;
  • il y a près de 99 % de fausses alarmes, parfois aussi causées par des sources n'ayant rien à voir avec des balises[4] ;
  • aucune information d'identité n'est incluse dans le signal de détresse et la fréquence d'émission est assez instable.

Par contre, les balises émettant à 406 MHz sont enregistrées et associées au bateau au moment de l'achat, ce qui présente plusieurs avantages :

  • des informations telles que l'identité du bateau peuvent donc être transmises avec le signal de détresse ;
  • en achetant la balise, il est également nécessaire de donner le nom d'une personne pouvant être contactée après un déclenchement de la balise, ce qui permet souvent de vérifier assez rapidement s'il s'agit d'une véritable alerte ou non.

Pour ces raisons, depuis le , les balises 121,500 MHz et 243,000 MHz ne sont plus traitées par le système[5]. Toutefois, en France, la détection d'un signal sur ces fréquences donnera lieu à des opérations de recherche. D'autre part, depuis l'entrée en service de MEOSAR, on note un accroissement du nombre de fausses alertes.

Tableau des canaux attribués

Tableau des canaux attribués de la bande 406,000 MHz à 406,100 MHz[6] :

Fréquences Canaux Dates de commercialisation
406,025 MHzBbalises construites de 1982 à 2001
406,028 MHzCbalises construites de 2000 à 2006
406,037 MHzFbalises construites de 2004 à 2012
406,040 MHzGbalises construites depuis 2010
406,049 MHzJbalises construites depuis 2018
406,052 MHzKfutures balises
406,061 MHzNfutures balises
406,064 MHzOfutures balises
406,073 MHzRfutures balises
406,076 MHzSfutures balises

La fréquence de 121,500 MHz toujours présente sert au radioguidage des moyens de secours, une fois ces derniers arrivés sur les lieux du sinistre[7],[8].

Notes et références

  1. Recommandation de l'Union internationale des télécommunications, référence aux dispositions du règlement des radiocommunications RR5.111 ; RR5.256.
  2. Communiqué Cnes, juin 2007.
  3. Résolution 205 (rév.Mob-87).
  4. COMPARISON OF 406 MHz AND 121.5 MHz DISTRESS BEACONS
  5. http://www.cospas-sarsat.org/index.php?option=com_content&view=article&id=165&catid=29&lang=fr
  6. C/S T.012 Issue 1 - Rév. 4, novembre 2007.
  7. Annexe 10 de l'OACI. Arrêté du 26 mars 2008 relatif à l'obligation d'emport, aux fins de recherche et sauvetage des aéronefs, d'une balise de détresse fonctionnant sur 406 MHz. Journal officiel, 3 avril 2008.
  8. Renseignements essentiels à l'intention des intervenants en cas d'urgence.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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