Programme Cosmic Vision

Le programme Cosmic Vision (Vision cosmique) est le programme spatial scientifique de l'Agence spatiale européenne pour la décennie 2015-2025. Il comporte plusieurs missions réparties dans trois classes (mission moyenne, lourde, de petite taille). Courant 2015, quatre missions de classe moyenne (coût intermédiaire) et deux missions de classe lourde ont été sélectionnées ou sont sur le point de l'être avec un lancement programmé entre 2017 et 2025. Les missions sélectionnées sont l'observatoire solaire Solar Orbiter, Euclid, un satellite qui doit étudier l'énergie sombre, JUICE chargée d'observer les satellites de Jupiter et le télescope spatial PLATO détecteur d'exoplanètes. Le programme Cosmic Vision ne comprend pas les projets de l'Agence spatiale européenne d'exploration de la planète Mars et de la Lune.

Programme Cosmic Vision

Bannière du programme
(montage basé sur celle présente sur le site de l'ESA)
Données générales
Pays Europe
Agence Agence spatiale européenne
Constructeur Airbus Defence and Space
Objectifs Exploration du système solaire, astrophysique, observation d'exoplanètes
Statut En cours
Nombre de missions 10
Données techniques
Lanceurs Ariane 5, Ariane 6, Atlas V, Soyouz Fregat
Historique
Début
1er lancement 18 décembre 2019 (CHEOPS)
Résultats
Nombre de lancements 2 (+8 prévus)
Succès 2
Échec(s) 0
Programme spatial européen

Historique

L'Agence spatiale européenne initialise son programme Cosmic Vision en . Celui-ci prend la suite des programmes Horizon 2000 (1984) et Horizon 2000+ (1994-1995) qui avaient constitué le cadre des missions scientifiques de l'agence européenne lancées entre 1990 et 2014[1]. Une importante réunion de travail organisée par le Comité de Conseil scientifique (SSAC) de l'agence rassemble en septembre 2004 près de 400 membres de la communauté scientifique européenne à Paris pour examiner 151 propositions d'objectifs scientifiques portant sur les quatre domaines suivants : Astronomie, Astrophysique, Exploration du Système solaire et Physique. Le programme Cosmic Vision, selon ses initiateurs, doit répondre à quatre grandes interrogations :

  • Quelles sont les conditions de formation d'une planète et d'émergence de la vie ?
  • Comment le Système solaire fonctionne-t-il ?
  • Quelles sont les lois fondamentales de la physique de l'univers ?
  • Comment est apparu l'univers actuel et de quoi est-il fait ?

Les séances de travail permettent de dégager 22 thématiques[2].

Les missions sélectionnées sont rattachées à trois classes qui se distinguent par le budget alloué :

  • Les missions moyennes (classe M) dont le coût est plafonné à 470 millions d'euros.
  • Les missions lourdes (classe L) dont le coût est plafonné à 900 millions d'euros.
  • Les petites missions (classe S) dont le coût est plafonné à 50 millions d'euros. Cette catégorie a été ajoutée au début des années 2010.
Synthèse des missions sélectionnées ou prévues (m-à-j : )
Code mission Type Mission sélectionnée ou candidats Date de lancement Statut Type engin Objectif
L1Mission lourdeJUICE (ex JGO)2022En développementSonde spatiale de type orbiteurÉtude des satellites galiléens de Jupiter
L2Mission lourdeATHENA2031[3]
(initialement 2028)
En développement
(sélectionnée en )
Télescope rayons XThème : l'univers chaud et énergétique
L3Mission lourdeLISA2032[4]
(initialement 2034)
En développement
(sélectionnée en )
Constellation de 3 satellitesMesures des ondes gravitationnelles
M1Mission moyenneSolar OrbiterEn coursSonde spatiale de type orbiteurObservatoire solaire
M2Mission moyenneEuclid2022[5]En développementTélescope lumière visible/infrarougeÉtude de l'énergie sombre
M3Mission moyennePLATO2026En développementTélescopeDétection d'exoplanètes
M4Mission moyenneARIEL2028En développementTélescope InfrarougeAtmosphère des exoplanètes
M5Mission moyenneEnVision2031-2033En développementSonde spatiale de type orbiteurÉtude de Vénus
S1Petite missionCHEOPSEn coursTélescope lumière visible/infrarougeMesure des caractéristiques des exoplanètes. En coopération avec la Suisse.
S2Petite missionSMILEFin 2024[6]En développement
(sélectionnée en )
Orbiteur terrestreÉtude de la magnétosphère. En coopération avec la Chine.


Les missions lourdes

La sélection de la mission L1

En 2007, le processus de pré-sélection de la première mission lourde L1, dont le lancement est planifié vers 2020, est engagé. Trois missions sont pré-sélectionnées en (JGO, LISA et IXO) tandis que la mission TandEM (Titan and Enceladus Mission) est éliminée[7]. Ces missions lourdes devaient, à l'époque, être développées conjointement avec la NASA qui doit participer notamment à hauteur de 50 % à deux d'entre elles (IXO, LISA). Début 2011 des réductions importantes du budget de l'agence spatiale américaine entrainent l'annulation de sa participation à ces missions. Compte tenu du changement de budget disponible l'Agence spatiale européenne demande aux équipes projets d'étudier d'ici 2012 si elles peuvent poursuivre le développement de ces missions avec une participation limitée de partenaires extérieure[8]. Pour JUICE, la participation américaine se traduisait par le développement d'une seconde sonde spatiale, Jupiter Europa Orbiter, chargée d'explorer la lune Europe ; il est demandé à l'équipe de JUICE d'ajouter aux objectifs de la sonde européenne le survol d'Europe

Les trois missions refondues sont alors[9] :

La mission JUICE est retenue en pour être la première mission lourde (L1) de la décennie 2015-2025. Elle doit être lancée en 2022.

La sélection des missions L2 et L3

L'Agence spatiale européenne a émis en un appel à propositions pour les futures missions lourdes L2 et L3 qui seront lancées respectivement en 2028 et 2034. Le processus de sélection comprend deux étapes. Une trentaine de propositions de thèmes scientifiques ont été envoyées en à l'ESA dont deux ont été sélectionnés en novembre de la même année par un comité rassemblant des personnalités du monde scientifique (Senior Survey Committee) présidé par Catherine Cesarsky. Les thèmes de ces deux missions choisis fin par le comité scientifique désigné par le directeur des missions scientifiques sont : l'univers chaud et énergétique pour la mission L2 et l'univers gravitationnel pour la mission L3[10],[11],[12],[13]. C'est le projet ATHENA - Advanced Telescope for High ENergy Astrophysics - qui a été choisi en pour la mission L2[14]. La mission eLISA dont l'objectif est d'identifier les ondes gravitationnelles et de localiser leurs sources est sélectionnée pour devenir la troisième mission lourde. La sélection suit de peu la fin de la mission Lisa Pathfinder chargée de mettre au point les technologies nécessaires et les premières détections d'ondes gravitationnelles par des détecteurs terrestres (projet LIGO). Le lancement de la mission comprendra une constellation de trois satellites mesurant par interférométrie laser les variations du champ de gravité. Son lancement est planifié en 2034[15].

Les missions moyennes

Sélection des missions M1 et M2

En un premier appel à propositions est lancé pour les deux premières missions de classe moyenne M1 et M2, qui doivent être lancées en 2017-2019. Il aboutit à la formulation de 60 propositions de mission dont 19 en astrophysique, 12 dans le domaine de la physique fondamentale et 19 missions d'exploration du système solaire[16],[17]. Six projets puis trois projets sont pré-sélectionnés en pour les deux missions de classe moyenne qui doivent être lancées en 2017/2019 (M1 et M2)[18].

Les 3 missions finalistes étaient[9] :

En , les missions M1 et M2 sont choisies : Solar Orbiter doit être lancée en 2017 tandis qu'Euclid doit l'être en 2019[19].

Sélection de la mission M3

En l'Agence Spatiale européenne pré-sélectionne parmi 47 candidats, 4 projets pour la future mission M3 auquel s'ajoute PLATO finaliste non retenu des missions M1 ou M2 . La mission M3 doit être lancée entre 2020 et 2022[20]. Les quatre candidats sélectionnés sont :

  • Exoplanet Characterisation Observatory (EChO). Placé au point de Lagrange L2, ce télescope spatial pourrait utiliser une optique de 1,5 mètre de diamètre équipée de plusieurs spectro-photomètres fonctionnant en lumière visible et en infrarouge. En utilisant la technique de spectroscopie de transit, EChO mesurerait les caractéristiques de l'atmosphère d'un échantillon représentatif d'exoplanètes. Il mesurerait en particulier la composition de celles-ci, les profils de température et de pression et l'albédo. L'objectif est d'améliorer notre connaissance sur la manière dont les planètes se forment et évoluent.
  • Large Observatory For X-ray Timing (LOFT) pourrait étudier les mouvements de matière à proximité des trous noirs et son état à l'intérieur des étoiles à neutrons en analysant les émissions de rayons X et les fluctuations du spectre électromagnétique. LOFT devrait emporter deux instruments : un détecteur de rayons X doté de la plus grande superficie collectrice jamais réalisée et un instrument d'observation grand angle chargé de surveiller une large fraction de la sphère céleste.
  • MarcoPolo-R est un projet recalé lors des pré-sélections de M1 et M2 qui consiste à ramener sur Terre des échantillons d'un astéroïde placé sur une orbite proche de notre planète.
  • STE-QUEST (Space-Time Explorer and Quantum Equivalence Principle Space Test) est une expérience de physique fondamentale consistant à mesurer de manière particulièrement précise l’effet de la gravité sur la matière et le temps et de tester le principe d'équivalence au niveau atomique.

En , les deux missions moyennes qui doivent être lancées dans la décennie 2010 sont confirmées : Euclid et Solar Orbiter avec des lancements respectifs en 2019 et en 2017. Le perdant est le projet PLATO qui est donc intégré à la pré-sélection retenue pour la mission M3[19]. En , l'ESA annonce la sélection de PLATO dont le lancement est planifié en 2024. PLATO est équipé de 34 télescopes qui observent en permanence les étoiles proches d'une partie important de la voute céleste. Les exoplanètes sont détectées en mesurant avec une grande précision les variations de l'intensité lumineuse des étoiles tandis que certaines de leurs caractéristiques sont obtenues par la technique de l'astrosismologie[21].

Sélection de la mission M4

L'appel à propositions pour la mission M4 est lancé en aout 2014[22]. Début l'agence spatiale européenne annonce que trois candidats ont été retenus par le comité de sélection pour cette mission qui doit être lancée en 2025. Ce sont[23]. :

  • ARIEL qui doit analyser l'atmosphère autour de 500 planètes tournant autour d'étoiles proches de notre Soleil et déterminer leur composition chimique et les conditions physiques qui y règnent. L'objectif est de mieux comprendre le processus de formation du système solaire.
  • THOR doit étudier un problème fondamental de la physique des plasmas en étudiant le processus d'échauffement du plasma puis de dissipation de l'énergie accumulée. À cet effet il doit être placé en orbite autour de la Terre et étudier notamment les interactions entre le vent solaire et le champ magnétique terrestre.
  • XIPE est un observatoire spatial qui doit étudier le rayonnement X émis par les supernovae, les jets galactiques, les trous noirs et les étoiles à neutrons pour mieux comprendre le comportement de la matière dans cet environnement extrême.

Le projet ARIEL est sélectionné le [24].

Sélection de la mission M5

A la suite d'un appel à propositions pour la mission M5 qui doit être lancée en 2032, trois projets parmi les 25 proposés sont sélectionnés début . La sélection finale doit intervenir en 2021[25], [26] :

  • SPICA est un projet de télescope spatial infrarouge proposé en collaboration avec l'agence spatiale japonaise JAXA. L'observatoire comprend un télescope d'un diamètre de 2,5 mètres fonctionnant en infrarouge moyen et lointain. Les capteurs refroidis à une température de 5 kelvins sans avoir recours à un liquide cryogénique permettent une sensibilité nettement supérieure à son prédécesseur Herschel. Pour les astronomes japonais, SPICA prend la suite du télescope infrarouge Akari.
  • EnVision doit étudier la nature et l'état actuel de l'activité géologique de Vénus et ses interactions avec l'atmosphère. L'objectif est de mieux comprendre les raisons des divergences entre l'évolution de la Terre et celle de Vénus. La mission est réalisée avec une participation importante de la NASA.
  • THESEUS est une mission d'astronomie des hautes énergies qui doit observer l'ensemble du ciel en effectuant un recensement systématique des sursauts gamma apparus durant le premier milliard d'années de l'univers. L'objectif est de rassembler des informations sur le cycle de vie des premières étoiles. Le recensement des sursauts gamma détectés par Theseus permettra un suivi par d'autres instruments au sol ou dans l'espace observant dans d'autres longueurs d'onde. Theseus doit être également utilisé pour identifier les sources des ondes gravitationnelles observées par d'autres instruments.

Le projet EnVision est sélectionné le [27].

Les petites missions

Un premier appel à propositions a été lancé en [28]. 74 lettres d'intentions ont été reçues[29] et 26 projets ont été présélectionnés. La première mission doit être lancée en 2017.

La mission S1 : CHEOPS

En , la mission CHEOPS, destinée à l'étude d'exoplanètes connues a été sélectionnée[30]. Il s'agit d'un développement conjoint de l'ESA et d'instituts de recherche suisses.

La mission S2 : SMILE

La deuxième mission de cette famille est comme CHEOPS, développée conjointement avec un autre pays, la Chine. La mission SMILE a été sélectionnée en et doit être lancée en 2023[31]. Le satellite est destiné à l'étude des interactions de la magnétosphère terrestre et du vent solaire[32].

Notes et références

Notes

    Références

    1. (en) « Cosmic Vision 2015-2025 What are the themes for space science? », sur http://sci.esa.int, ESA,
    2. (en)[PDF] « Cosmic Vision Space Science for Europe 2015-2025 », sur http://sci.esa.int, ESA,
    3. « Athena », sur CNES.fr, (consulté le )
    4. « Une recherche structurée autour de grands instruments scientifiques », sur in2p3.cnrs.fr, (consulté le )
    5. (en) « ESA's exoplanet watcher CHEOPS reveals unique planetary system », sur sci.esa.int/,
    6. (en) « Smile », sur sci.esa.int, (consulté le )
    7. (en) « NASA and ESA prioritize outer planet missions », sur http://sci.esa.int, ESA,
    8. (en) « New approach for L-class mission candidates », sur http://sci.esa.int, ESA,
    9. (en) « Candidate Missions for Cosmic Vision 2015-2025 Assessment Studies », sur http://sci.esa.int, ESA,
    10. (en) « Call for White Papers for the definition of the L2 and L3 missions in the ESA Science Programme », ESA,
    11. (en) « Senior Survey Committee (for selection of science themes for L2 and L3 missions) », ESA (consulté le )
    12. (en) « Presentation Meeting 2013 - L2 and L3 science themes Announcement and registration », ESA,
    13. (en) « Report of the Senior Survey Committee on the selection on science themes for the L2 and L3 missions », ESA,
    14. (en) « Timeline for selection of L-class missions », sur ESA,
    15. (en) « Gravitational wave mission selected, planet-hunting mission moves forward », Agence spatiale européenne,
    16. (en) « Cosmic Vision 2015-2025 Call for Proposals », sur http://sci.esa.int, ESA,
    17. (en) « Briefing Meeting Cosmic Vision 2015-2025 Call for Proposals », sur http://sci.esa.int, ESA,
    18. (en) « ESA chooses three scientific missions for further study », sur http://sci.esa.int, ESA,
    19. ESA, « Timeline for Selection of M-class Missions », sur http://sci.esa.int (consulté le )
    20. (en) « Four candidates selected for the next medium-class mission in ESA's Cosmic Vision », ESA,
    21. (en) « ESA selects planet-hunting Plato Mission », ESA,
    22. (en) « Call for proposals; missions selected » (consulté le )
    23. (en) « Three candidates for ESA's next medium class science mission », ESA,
    24. (en) ESA, « ARIEL exoplanet mission selected as ESA’s next medium-class science mission », sur Site de la mission ARIEL,
    25. Stefan Barensky, « Cosmic Vision : Trois candidats pour M5 », sur Aerospatium,
    26. (en) Stefan Barensky, « ESA selects three new mission concepts for study », Agence spatiale européenne,
    27. (en) « ESA selects revolutionary Venus mission EnVision », sur www.esa.int, (consulté le )
    28. http://sci.esa.int/science-e/www/object/index.cfm?fobjectid=50119 ESA Call for S-class missions
    29. ESA Science & Technology: S-class mission Letters of Intent
    30. ESA Portal - France - La toute nouvelle petite mission du Programme scientifique de l’ESA étudiera les « super-Terres »
    31. (en) « SMILE Mission | NSSC », sur english.cssar.cas.cn (consulté le )
    32. (en) « ESA and Chinese Academy of Sciences to study SMILE as joint mission », sur Agence spatiale européenne,

    Bibliographie

    Voir aussi

    Articles connexes

    Les six missions du programme Cosmic Vision :

    Liens externes

    • Portail de l’astronautique
    • Portail de l’astronomie
    Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.