Contrainte (biologie)

La contrainte est un concept central en Évolution et développement, dans la discipline de la biologie. Elle permet de relier l’Évolution et le développement. Elle s’oppose à la sélection pour certains et pour d’autres elles sont en interaction. La contrainte essaie de répondre à la question qui de l’Évolution ou du Développement précède l’autre en alliant les deux de manière qu’elle ne puisse être l’une sans l’autre.

une mise en contexte de la contrainte et de son environnement.

Pour les articles homonymes, voir Contrainte.

Évolution-Développement en biologie

Cette discipline émergente est à la croisée de toutes les notions en biologie, que l'on nomme Evo-Devo dans le jargon biologique[1]. Elle se revendique très jeune, avec une approche très large de ce que pourrait être l’Évolution tant dans la biomoléculaire que dans la génétique, l’écologie, etc. Le développement apporte des biais ou des changements génétiques qui peuvent changer le rythme et la direction de l’Évolution, et cela par l’intermédiaire de la contrainte. L’Évolution est quant à elle très intrinsèquement liée au temps. La notion de temps est un concept clé dans cette discipline car elle un sens à l’existence de tous les questionnements posés par Evo-Devo[2].

Contrainte et sélection

Une contrainte peut être vue comme un choix, ou comme le fait d'imposer un choix[3], entre ces deux approches, deux théories se font face.

La contrainte donne une direction, et de fait impose une voie par rapport à une autre, ou peut englober plusieurs choix par rapport à d'autres, une contrainte enfin, peut être vue comme existante car relative à une autre. La sélection découle d’un processus de compétition pour une adaptation toujours plus optimale. Deux théories se font face : la première opposant la contrainte à la sélection et la deuxième assume que l’une ne va pas sans l’autre, et qu’elles sont inter reliées, prônée en Evo-Devo.

Selon la deuxième théorie, la contrainte se manifeste par la sélection. Et la sélection existe de par la contrainte. En d’autres mots, les contraintes peuvent être vues comme les délimitations de voies de changements et la pression sélective comme la force générant ce changement[4].

La contrainte comme cadre d'analyse

En parlant de ce sujet, resituer à chaque niveau d’analyse la contrainte par rapport à une autre, permet de comprendre les mécanismes de patterns sous-jacents, exposé plus bas, pour saisir la pleine dimension que la notion de contrainte peut évoquer dans une discipline. On peut parler de contrainte relatives, absolue, générative, mais aussi de contraintes développementales ou évolutives, de contraintes en Éco-Devo. Ce qui limite les contraintes de manières fonctionnelles sont le temps, l’énergie et les lois physiques. Une contrainte en influence une autre. Une contrainte est générée par une contrainte. Et cela peut se répéter dans un pattern infini, tout dépend de jusqu’où l’on part… du big bang à la molécule! On comprend que la dissociation d’une contrainte par rapport à une autre varie en fonction du sujet et de l’échelle d’analyse. Ainsi une contrainte pourrait Être, exister, et donc se justifier par le fait de la pression qu’une autre contrainte venant d’un autre cadre d’analyse ou d’un autre environnement viendrait appuyer appuyer sur celle-ci[5].

Schémas 2:suite du schéma 1, une contrainte encadre une autre contrainte.

Un exemple : une contrainte phylogénétique, avec un point d’origine différent entre deux espèces est encadrée par une contrainte Eco-Devo, où, en raison de l’évolution convergente des niches (dues certainement aux conditions environnementales et écologiques) nous font aujourd’hui confondre ces animaux dans leur terminologie. On doit donc faire attention à comprendre les processus de l’évolution, et la contrainte peut être un bon fil d’Ariane, avec ses limites de données à elle aussi.

Le labyrinthe : une métaphore de la contrainte

Le labyrinthe est un exemple très parlant de tous ces mécanismes. Il peut aider à mettre une image sur cette notion qu’est la contrainte. L’Évolution serait l’entité perdue dans le labyrinthe, représenté par le point rouge dans les figures 1(la sélection va vers quelque chose, est animée d'un développement), 2 (Une contrainte pose un choix, qui se décide de par la sélection), 3 (Labyrinthe montrant un chemin Évolutif orienté par la sélection). Chaque mur du labyrinthe est une contrainte et le développement est représenté par la flèche rouge, dans la figure 1, c’est le point de départ à la suite d'une première contrainte. Dans la figure 2, on se retrouve devant un choix face à une contrainte. La sélection détermine quel est le mécanisme adaptatif optimal et ceci dans un but de trouver la sortie la plus proche comme Climax, équilibre entre environnement et l’individu, par exemple, en Evo-Devo. On le voit dans la figure 3, où l’Évolution serait le tracé vert. Les « détours » possibles n’ont pas été représentés pour ne pas surcharger le schéma. Le point d’interrogation suggère qu’il n’y a pas de bonne ou mauvaise évolution, et souligne le caractère résolument adaptatif de l’évolution, à travers différents processus de développement générés par les contraintes et les processus de sélection. L’autre flèche rouge sous-entend qu’il peut y avoir des biais dans les voies adoptés, on peut prendre plusieurs chemin peuvent amener à une sortie, et si l’on considère une sortie en particulier par rapport à une autre, alors qu’elles se ressemblent toute (il est difficile de savoir combien il y a de sortie dans un labyrinthe et quelle sortie est différente de l’autre) on pourrait se leurrer, et donc cela illustre les biais en développement, ou encore les changements ou innovations génétique. La contrainte est appliquée à la sélection[6]. Ici, article propose une approche entre l'espace et a contrainte d'un point de vue de l'urbanisme, où comment l'homme progresse dans son environnement.

la sélection va vers quelque chose, est animée d'un développement
Un contrainte pose un choix, qui se décide de par la sélection
Labyrinthe montrant un chemin Évolutif orienté par la sélection

La question clé sur la direction de l'Évolution

La sélection naturelle, au niveau des populations et le développement au niveau inter et intra spécifique, sont parmi les facteurs qui guident le sens de l’Évolution.

Paysage adaptatif

Cet exemple est inspiré du modèle de paysage adaptatif introduit par Sewall Wright. On modélise la contrainte comme chemin emprunté par l’Évolution et orienté par le développement. Le chemin tend vers des vallées qui sont le point de climax et d’équilibre. Celui-ci est d’ailleurs toujours en perpétuel mouvement, car inhérent à la variable temps. Ce point de climax est une image factice vers laquelle l’évolution tend en s’adaptant toujours de manière à son environnement et aux contraintes imposées par cet environnement. Le chemin est donc la contrainte ou encore, en d’autres mot, e vecteur ou la voie de changement du développement par un processus de sélection. À travers ce modèle on peut présenter brièvement les 4 grands types de contraintes qui reviennent en Evo-Devo :

  • La contrainte absolue : où le fait même de l’existence du chemin est par le fait d’un ensemble de contraintes qui agissent sur ce chemin[7].
  • La contrainte relative : une contrainte existe par rapport à une autre contrainte d’un même point focal. Les deux chemins sont des contraintes relative l’une à l’autre[7].
  • La contrainte en Eco-Devo : Rassemble l’ensemble des facteurs environnementaux et écologiques qui pourraient s’illustrer ici par la texture du chemin versus la bordure autour de ce chemin. On note un changement sur les lois physiques[7].
  • La contrainte développementale : subit les biais et changements génétique. Cette contrainte peut s’opposer à une contrainte d’un autre type comme une contrainte de l’environnement. On assiste à un effet de pression de changements évolutifs de l’environnement sur un individu par exemple.
  • La contrainte Évolutive : c’est la contrainte associée au processus de l’évolution. Elle encadre cette Évolution, la bordure du chemin dans l’exemple du paysage[7].

La contrainte peut se voir comme un support, une structure donnant forme aux choix évolutifs, aux changements génétiques. Elle peut également se comprendre comme assujettie à une notion de mouvement, avec l'Évolution qui apporte a dimension temporelle.

La contrainte comme variable limitante

La contrainte peut être aussi un mécanisme ou processus limitant la variabilité infinie de l’évolution de caractères, au moment de la création de Vie. Mais aussi au fil des générations au sein d’une population. La contrainte peut biaiser ou limiter la réponse évolutive. Par des interférences venant des processus de sélection par exemple. En effet, sélection et contrainte agissent l’une envers l’autre. Ainsi, l’observation au niveau des phénotypes peut être biaisée, car on n’est pas capable de remonter e processus de contrainte en question. On ne peut connaitre exactement les conditions environnementales et la période temporelle exacte où l’événement a eu lieu, pour définir la genèse de cette contrainte et sa causalité. En outre, c’est dans l’environnement que nous comprenons les processus de sélection au sein d’une population. Le mécanisme de sélection permet aux plus adaptés de survivre et de maintenir le fitness de l’espèce. Une des causalités de la contrainte est d’affecter la réponse évolutive d’un trait due à des facteurs de sélection extérieurs. La majorité des contraintes agissent à un stade précoce de développement pour contrôler à variabilité génotypique, afin de maintenir un phénotype particulier, qui est sélectionné pour se maintenir au sein de la population. La contrainte, en fonction du point de focal, peut avoir comme but de limiter les changements génétiques que la pression de sélection apporte à un trait génétique par exemple. La contrainte maintient le génotype de l’espèce ou de l’individu face à d’autres contraintes extérieures.

Le temps, les patterns et la contrainte

Les contraintes interagissent avec d’autres contraintes. Mais on observe également un pattern de contraintes qui se maintiennent plus ou moins dans le temps. Comme une contrainte peut en encadrer une autre, on peut supposer qu’il en est de même pour les patterns de contraintes retrouvés dans la Nature. Un pattern consiste en une répétition de même schéma à l’infini. Cela sous-tend à une certaine dynamique, un rythme dans les apparitions de ces contraintes. Ces fréquences de contraintes sont très certainement liées aux variations génétiques, phénotypiques et aux innovations génotypiques également.
Un des gros débats en Evo-Devo, est à propos de la raison des variations dans le génome observés au cours de l’Évolution. On pose véritablement la question de qui est venu en premier de l’œuf ou la poule. Comment apparaissent les innovations génétiques, est-ce que ce sont les variations génétiques qui provoquent les changements phénotypiques à cause d’une pression de sélection ou est-ce déjà programmé ? Ou mathématiquement prévisible ? Peu d’analyses sont encore faites à ce sujet. On peut supposer qu’il y a une sorte de ratio entre des contraintes fixes et des contraintes aléatoires, et qu’ils s’alternent à une certaine fréquence et redondance dans le temps. L’alternance de nouvelles contraintes dans un pattern de contraintes déjà fixées pourrait être à l’origine d’innovations ou changements génétiques. Ainsi on perd l’équilibre, le point de climax se déplace à nouveau vers un autre équilibre et provoque de fait une cascade de variations dans l’environnement impliquant une nouvelle dynamique de sélection et l’apparition de nouvelles contraintes. Par exemple, le changement de taille des pinces de crabes, elles furent un moment plus grandes du côté droit par rapport au côté gauche, puis à un moment précis, ce fut l’inverse. On appelle cela une allométrie phénotypique. Le mystère est ici de connaitre les raisons de ce soudain changement phénotypique, cela passe par la connaissance de l’environnement à cette période de changement. La logique évolutive semble tendre vers une logique où certains changements ont une valeur adaptative nettement plus efficace que d’autres et se conservent dans le temps. Les patterns se répètent par rapport à ces traits que l’on veut conserver et tout le mécanisme de l’évolution repart, dans ce cercle, parsemé de fractures, innovations, et nouveaux cycles. La contrainte suit ce même rythme, à une échelle autant macroscopique que microscopique, individuelle ou populationnelle. Nous retrouvons la contrainte dans beaucoup de cadres et notions d'Évo-Devo, elle peut s’impliquer dans chaque exemple de la discipline. Cette notion est large et plutôt abstraite, mais elle est partie de la pierre angulaire de cette discipline qu’est l'Evo-Devo[8].

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Paul M. Brakefied, Evo-devo and constraints on selection, Leiden University, Netherlands, TRENDS in Ecology and Evolution, , 362-367 p.
  • (en) Paul M. Brakefied, The power of evo-devo to explore evolutionary constraints : experiments with butterfly eyespots, Evolution and development, , 283-290 p.
  • (en) Giuseppe Fusco, How many processes are responsible for phenotypic evolution, Evolution and development, , 279-286 p.
  • (en) Paul M. Brakefield et J.C Roskam, Exploring Evolutionary Constraints Is a Task for an Integrative Evolutionary Biology, The American Naturalist, , S4-S13 p.
  • (en) Stevan J. arnold, Constraints on Phenotypic Evolution, The American Naturalist, , S85-s107 p.
  • (en) Wendy M. Olson et Brian K. Hall, Keywords and concepts in evolutionary developmental biology, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, , 476 p. (ISBN 0-674-00904-5)
  • (en) Wallace Arthur, A Theory of the Evolution of Development, Chichester/New York/Brisbane etc., John Wiley & Sons Canada, , 94 p. (ISBN 0-471-91974-8)

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. (en) Wallace Arthur, A Theory of the Evolution of Development, , 94 p. (ISBN 978-0-471-91974-2, lire en ligne).
  2. (en) J C Roskam, « Exploring evolutionary constraints is a task for an integrative evolutionary biology - PubMed », The American naturalist, vol. 168 Suppl 6, , S4–S13 (ISSN 1537-5323, PMID 17109328, DOI 10.1086/509049, lire en ligne, consulté le ).
  3. http://www.implications-philosophiques.org/ethique-et-politique/labyrinthes/les-labyrinthes-face-au-nihilisme/
  4. (en) Paul M Brakefield, « The power of evo-devo to explore evolutionary constraints: experiments with butterfly eyespots - PubMed », Zoology (Jena, Germany), vol. 106, no 4, , p. 283–290 (ISSN 0944-2006, PMID 16351914, DOI 10.1078/0944-2006-00124, lire en ligne, consulté le ).
  5. https://www.jstor.org/stable/2828504
  6. Liégeois, Laurence, « Espace labyrinthique et contrainte », sur revues.org, Géographie et cultures, Laboratoire Espaces, Nature et Culture (ENEC), (ISBN 978-2-296-10874-5, ISSN 1165-0354, consulté le ), p. 37–56.
  7. PM Brakefield, « Evo-devo and constraints on selection », Trends Ecol Evol., vol. 21, no 7), , p. 362-368 (PMID 16713653).
  8. (en) « Keywords and Concepts in Evolutionary Developmental Biology — Brian K. Hall, Wendy M. Olson », sur harvard.edu (consulté le ).
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