Constance d'Arles

Constance d’Arles, dite aussi parfois Constance de Provence (née vers 986 - morte au château de Melun le 22 ou ), est reine de France par son mariage avec le roi Robert II le Pieux.

Pour sa grand-mère et homonyme, voir Constance de Provence.

Constance d'Arles

Détail du gisant de Constance d'Arles.
Fonctions
Reine des Francs
vers
(27 ans)
Prédécesseur Berthe de Bourgogne
Successeur Mathilde de Frise
Biographie
Dynastie Bosonides
Date de naissance vers 986
Date de décès 22 ou
Lieu de décès Melun (France)
Père Guillaume Ier de Provence
Mère Adélaïde d'Anjou
Conjoint Robert II de France
Enfants Alix de France
Hugues de France
Henri Ier
Adèle de France
Robert Ier de Bourgogne
Eudes de France
Reines des Francs

Biographie

Enfance et éducation

Constance est la fille de Guillaume Ier (†993) comte de Provence et de sa seconde épouse Adélaïde d'Anjou (†1026).

Selon une pratique commune à l'époque qui consiste à attribuer à une fille le nom de sa mère ou de sa grand-mère, Constance reçoit le prénom de sa grand-mère paternelle, la comtesse Constance, épouse du comte de Provence Boson[1].

Mariage

Le mariage eut lieu vers 1003 avec Robert II Le Pieux[2], après que ce dernier fut contraint de se séparer de Berthe de Bourgogne. En effet, le roi des Francs vivait en concubinage avec Berthe de Bourgogne depuis qu'il avait répudié en 991 sa première épouse Rozala d'Italie. Le pape avait déclaré cette union illégale, et avait excommunié les deux amants. De plus, comme Berthe de Bourgogne ne peut lui donner d'enfant, Robert épouse Constance d'Arles.

Reine des Francs et scandales

Cependant, Constance est une étrangère chez les Capétiens et ses manières, son entourage et sa conduite en irritent beaucoup[3]. Elle est peu aimée à la cour à cause de ses intrigues et de sa cruauté — elle aurait aveuglé elle-même son confesseur accusé d'hérésie ce qui paraît douteux puisqu'une seule source sur les cinq dont nous disposons mentionne la présence de la reine —, et Robert tente à plusieurs reprises de la répudier pour reprendre Berthe de Bourgogne comme épouse — n'ayant jamais cessé de l'aimer ni de la voir ou peut-être aussi pour ses intérêts politiques du moment. En 1008, Robert II et Berthe se rendent à Rome et tentent vainement de faire annuler par le pape le mariage avec Constance, celle-ci étant soupçonnée d'avoir fait assassiner un favori du roi[4]. De ce fait, la cour se divise bientôt en deux camps : d'un côté pour Constance, de l'autre pour Berthe au moins jusqu'au décès de celle-ci en 1010.

Constance donne néanmoins des enfants au roi, dont le futur Henri Ier, et Robert. Elle préfère Robert et veut qu'il règne, mais son époux choisit Henri pour lui succéder. À la mort du roi, elle va jusqu'à tenter de tuer Henri, mais la tentative échoue et il monte sur le trône. Robert devient quant à lui duc de Bourgogne.

Femme de tête, bonne administratrice reconnue par son mari le roi Robert II, Constance a participé à la construction du palais et de la collégiale Notre-Dame-du-Fort d'Étampes. Dans une dotation du roi à l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, il dit « Elle que je chéris pour sa façon d'être, grâce à une agréable fréquentation et à sa vivacité dans l'administration des affaires qui lui reviennent... ».

Décès

Éloignée de la Cour, Constance meurt au château de Melun, le 22 ou . Son gisant, sculpté au XIIIe siècle, se trouve à la basilique de Saint-Denis.

Témoignages

De contemporains

Constance d’Arles, nouvelle reine des Francs, dépeinte comme une forte personnalité du XIe siècle.
Gravure de la fin du XIXe siècle.

D'après les écrits de ses ennemis tels Raoul Glaber ou Helgaud de Fleury, la troisième épouse de Robert II est décrite comme cupide, cruelle et ambitieuse. Un de leurs témoignages raconte que Constance rejoint un maigre cortège des femmes au fort caractère de l'an mille et en rend son époux transparent. Selon Glaber, en effet, la reine « avait la main haute sur son mari ». Fleury lui dépeint les accès de colères de Constance où il joue sur son nom « Constante et forte, Constance qui ne plaisante pas ». Même son mari Robert qui n'aime pas son comportement met en garde un de ses amis en lui disant : "Ami Ogier, va-t'en d'ici, pour que Constance l'inconstante, mon épouse, ne te dévore pas."

Postérieurs

  • « Constance est certainement l'une de ces femmes noires, comme le XIe s. en connu [sic] quelques-unes »[5] (Jan Dhondt, historien belge, 1964)

Descendance

Constance et Robert ont six ou sept enfants :

Hypothèse généalogique

Voir aussi

Bibliographie complémentaire

  • (en) Penelope Ann Adair, « Constance of Arles: A Study in Duty and Frustration », dans Kathleen Nolan, éd., Capetian Women, Palgrave Macmillan, (ISBN 978-1-349-63509-2 et 978-1-137-09835-1, DOI 10.1007/978-1-137-09835-1_2), p. 9-26. [résumé]
  • Jan Dhondt, « Sept femmes et un trio de rois », Contributions à l'histoire économique et sociale, Bruxelles, Université libre de Bruxelles, t. 3, 1964-1965, p. 35-70.
  • Jan Dhondt, « Une crise du pouvoir capétien, 1032-1034 », dans Miscellanea Mediaevalia in memoriam Jan Frederik Niermeyer, Groningue, J. B. Wolters, , p. 137-148.
  • Emmanuelle Santinelli-Foltz, « Le couple dans les stratégies compétitives de la Francie occidentale du XIe siècle », Médiévales, no 65, (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Florian Mazel, « Noms propres, dévolution du nom et dévolution du pouvoir dans l'aristocratie provençale (milieu Xe-fin XIIe siècle) », Provence historique, vol. 53, no 212, , p. 137, 139 et 144 (lire en ligne)
  2. Jiri Louda et Michael MacLagan, Les Dynasties d'Europe - Tableau 64, Bordas, 1995. (ISBN 2-04-027115-5)
  3. Le moine Raoul Glaber, un proche du roi, lui reproche ainsi d'avoir amené de jeunes Provençaux dont le costume, la tête à demi rasée et le visage sans barbe convenaient mieux dit l'historien,
    à des baladins et à des bouffons qu'à de nobles seigneurs qui accompagnent leur reine.
    Le chroniqueur en dresse alors une description physique puis, à partir de ces éléments, établit un jugement moral :
    Leurs cheveux descendaient à peine au milieu de la tête. Vrais histrions chez qui le menton rasé, les hauts-de-chausse, les bottines ridicules, terminées par un bec recourbé, et tout l'extérieur mal composé annonçaient le dérèglement de l'âme. Hommes sans foi, sans loi, sans pudeur, dont les contagieux exemples corrompirent la nation française, autrefois si décente, et la précipitèrent dans toutes sortes de débauches et de méchancetés.
  4. Christian Bouyer, Dictionnaire des Reines de France, Librairie Académique Perrin, 1992 (ISBN 2-262-00789-6)
  5. Dhondt 1964-1965, p. 70
  6. Europäische Stammtafeln, vol III, page 676
  7. L'identification de cette Constance est problématique. Selon les règles onomastiques, il est quasiment certain que cette Constance soit une descendante du comte Charles-Constantin de Vienne, qui tenait son prénom de son ascendance maternelle, byzantine. Les seuls descendants connus de Charles-Constantin sont les comtes de Provence et leurs parents, parmi lesquels Constance d'Arles, femme du roi de France Robert le Pieux. Comme il est plus probable que la femme de Manassès soit issue de rois installé en Île-de-France, plutôt que des comtes de la lointaine Provence, des historiens ont déduit que Constance de Dammartin descendait de Robert le Pieux et de Constance d'Arles. Chronologiquement, elle ne pouvait être que leur fille. À l'appui de cette thèse, le roi et la reine sont présents lors d'une donation faite par Mannassès. Le problème de cette reconstruction est que le chroniqueur Raoul Glaber pourtant bien renseigné, ne mentionne que deux filles nées du couple royal, Avoye et Adèle. Il existe une autre possibilité : Charles-Constantin a eu deux fils, Richard et Hugobert, dont on ignore la destinée et la postérité. Il est tout à fait possible que la comtesse de Dammartin Constance soit une descendante de l'un d'entre eux.
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