Constance Teichmann

Constance Teichmann, née le et morte le à Anvers (Belgique), est une philanthrope et mécène belge. Elle a soutenu des musiciens et écrivains en Flandre et consacré sa vie à l'amélioration de la santé des enfants en créant des hôpitaux. Elle a également soigné les malades durant les épidémies de choléra et les victimes de la guerre de 1870.

Biographie

Constance Teichmann est la troisième des quatre filles de Théodore Teichmann, gouverneur d'Anvers. La famille est prospère, principalement grâce aux activités de la mère, Marie-Antoinette Cooppal, qui dirige la société familiale, Koninklijke Buskruitfabriek Cooppal, à Wetteren[1]. Sa mère s'occupe aussi activement d’œuvres sociales[2].

Son éducation, qui se fait principalement faite à domicile, est excellente. Son père, bon violoniste, inculque à ses filles l'amour de la musique. Elle-même est une musicienne accomplie. Elle chante comme soliste soprano dans des oratorios classiques et modernes, notamment le Lucifer de Peter Benoit. Elle participe au festival de l'été mosan et chante lors de concerts pour des œuvres caritatives[3]. Elle tient l'orgue de l'église St-Laurent à Liège et joue du piano[4].

Mécénat

Elle forge un lien particulier avec les musiciens Edgar Tinel (qui lui dédie son oratorio François d'Assise) et avec Peter Benoit (elle est l'une des cinq femmes qui racontent son histoire au Musée municipal Peter Benoit de Harelbeke[5]). Elle s'efforce de faire nommer le premier à la tête de l'Institut Lemmens et le second à la direction du Conservatoire d'Anvers[6]. Émile Wambach lui dédie son oratorio Yolande. Elle s'engage dans la promotion de la musique religieuse, prônant un retour aux traditions du Moyen Âge et de la Renaissance, un retour à une pratique authentique du spectacle. Elle cofonde la Société Saint Grégoire, qui promeut le chant grégorien.

Elle soutient aussi des écrivains comme Hendrik Conscience (qui la décrit dans son roman Wat eene moeder lijden kan), Prudens van Duyse, Eugeen Zetterman et Auguste Snieders[2].

Hôpitaux

Au XIXe siècle, les rares hôpitaux vivent de la charité ou de subsides communaux, ils soignent peu les enfants qui ont des besoins particuliers et souffrent souvent de maladies infectieuses très contagieuses[4].

En 1845, Constance Teichmann, intègre la Société des dames de la charité[2] qui se consacre aux pauvres. Un an plus tard, elle donne un concert de gala au profit des indigents qui remporte un tel succès qu'elle propose de consacrer la recette à la création d'un hôpital pour enfants indigents[4]. Elle loue un immeuble rue du rempart St-Georges et fonde l'«Hôpital des enfants» qui compte rapidement plus de trois cents lits[2]. C'est la première institution pédiatrique du pays. En 1851, l'hôpital déménage pour des bâtiments plus spacieux dans la Meisstraat et prend le nom de Louise-Marie, d'après la première Reine belge. Il accueille alors plus de 500 enfants par an[4]. Les consultations et vaccinations sont gratuites. Constance Teichmann elle-même y travaille comme infirmière[4].

Le , elle fait l'acquisition de bâtiments plus spacieux et crée une clinique ophtalmologique et une clinique pour les affections otorhinolaryngologiques[2].

Épidémies de choléra

Pendant les épidémies de choléra qui frappent Anvers à plusieurs reprises, en 1848, 1853, 1859 et 1866, Constance Teichmann s'engage activement dans l'aide aux malades, sans crainte de la contagion.

Ainsi, le , une épidémie de choléra se déclare à bord d'un navire allemand « Agnes » dans le port d'Anvers et se répand dans tous le pays. A Anvers elle fait 4 892 victimes parmi les 123 000 habitants. Constance Teichmann se rend à bord du navire pour soigner les malades puis s'occupe de trois cents enfants atteints eux aussi du choléra. C'est cet épisode qui lui vaut le surnom d'Ange d'Anvers donné par la population reconnaissante[2].

Croix-Rouge

En 1867, Constance Teichmann rejoint la Croix-Rouge qui vient d'ouvrir une section à Anvers. En 1870-1871, elle se rend à Trèves, Sarrebruck, Metz et Cambrai pour soigner les soldats blessés des deux camps pendant la guerre franco-prussienne. A la fin de la guerre, le , elle rentre en Belgique[2].

Fin de vie

Elle meurt le , à l'âge de 72 ans, d'une maladie cardiaque. Le 17 décembre, lors des funérailles, une foule de citoyens de toutes les couches de la société lui manifestent leur gratitude.

Elle est enterrée au cimetière Saint Frédégand à Anvers-Deurne[7]. Le monument porte l'inscription « Door de volksmond genoemd de Antwerpse goede engel » (« Appelée le bon ange d'Anvers par le peuple »).

Honneurs

Constance Teichmann est nommée Chevalier de l'Ordre de Leopold Ier, le , à l'occasion du quarantième anniversaire de le l'hôpital Louise-Marie. En 1896, lors du cinquantième anniversaire de l'hôpital, elle est promue au grade d'officier[3] et un cortège traverse alors la ville rendant hommage, selon le programme, à « son abnégation, sa douceur, son talent, son dévouement, sa ténacité, son héroïsme, son amabilité, sa persévérance, son courage, sa modestie »[2].

En 1908, un mausolée en marbre blanc est érigé en hommage dans l'église Saint-Éligius, d'après un dessin d'Aloïs De Beule. Il est achevé en 1915. Deux reliefs montrent les points culminants de sa vie : l'aide aux malheureux, souffrant du choléra sur l'Escaut, et sa mission à la Croix-Rouge durant la guerre franco-allemande de 1870-1871[8],[2].

Anvers a une rue Teichmanns et une place Constantia Teichmann[9].

Constance Teichmann est la tante et l'inspiratrice de Marie-Elisabeth Belpaire qui lui consacre une biographie et fonde le Constance Teichmannbond, une association de femmes néerlandophones qui se consacre aux femmes de la classe ouvrière[6].« La Ligue a pour but de relever la femme au point de vue matériel, intellectuel et moral. Toutefois, elle ne crée et ne dirige pas elle-même aucune œuvre particulière. Elle se borne à favoriser des œuvres déjà existantes ou à en susciter de nouvelles, auxquelles elle laisse leur indépendance. Elle accorde son concours à toutes les initiatives intéressant la femme » ( Ligue Constance Teichmann. L’action féminine en marche) »[10].

Publication

  • Gesprekken met de Bruidegom, anthologie de textes tirés du journal de Constance Teichmann, compilé par August Van Cauwelaert, 1939.

Notes et références

  1. « Généalogie de Constance TEICHMANN », sur Geneanet (consulté le )
  2. Carl Vandekerckhove, « Une noble figure de la Croix-Rouge, Constance Teichmann », Revue Internationale de la Croix-Rouge, 03-1975, (lire en ligne)
  3. Biographie nationale, 24 (1926-1929) | http://lib.ugent.be/fulltxt/MEM01/000/000/244/MEM01-000000244_BN.pdf
  4. Suzanne Van Rokeghem, Jeanne Vercheval-Vervoort, Jacqueline Aubenas, Des femmes dans l'histoire en Belgique, depuis 1830, Bruxelles, Luc Pire, , 303 p. (ISBN 2874155233, lire en ligne), p. 18
  5. (nl) « Collectie », sur Harelbeke (consulté le )
  6. « Teichmann, Constance - NEVB Online », sur nevb.be (consulté le )
  7. « Teichmann », sur www.schoonselhof.be (consulté le )
  8. (nl) « Parochiekerk Sint-Eligius en pastorie », sur inventaris.onroerenderfgoed.be (consulté le )
  9. (nl) « Constantia Teichmannplaats », sur inventaris.onroerenderfgoed.be (consulté le )
  10. « BELPAIRE Marie-Élisabeth, dite Mamieke. - Maitron », sur maitron.fr (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Antwerpens Goede Engel Mejuffrouw Constance Teichmann. Bestuurster sedert 1846 van het Kindergasthuis Louise-Marie. Gedenkenis van haar Vijftigjarig Jubelfeest gevierd den 16den Mei 1896, Anvers, Drukkerij Liv. Van den Broeck, 1896.
  • Marie-Elisabeth Belpaire, Constance Teichmann, dans: Dietsche Warande en Belfort, 1904.
  • Marie-Elisabeth Belpaire, Constance Teichmann, Anvers, 1908.
  • Commission pour l'établissement d'un mémorial à Constance Teichmann (le bon ange d'Anvers), à la population caritative et amateur d'art d'Anvers - Appel à la population charitable et philotechnique d'Anvers, Anvers, 1905.
  • Eef Depoortere, Een netwerk van vrouwen : de katholieke vrouwenbeweging in België vanuit transnationaal perspectief, met de focus op Marie Elisabeth Belpaire en de vrouwenbond Constance Teichmann, mémoire pour le master en histoire, Lire en ligne
  • Rosel, Pasteur de Saint Augustin, Lijkrede van mejufvrouw Constance Teichmann, Anvers, 1897.
  • Cyriel Verschaeve, Constance Teichmann, dans: Dietsche Warande et Belfort, 1914.
  • Pja Nuyens, Constance Teichmann, dans: Dictionnaire Biographique National, T.V, Bruxelles, 1972.
  • Carl Vanderkerckove, Vie et œuvres de Constance Teichmann, Sint-Kwintens Lennik, 1973.
  • Ludo Helsen, Nele Bracke, Constance Teichmann, dans: Nouvelle encyclopédie du mouvement flamand , Tielt, 1998.
  • Paul Albert Naudts, Trois rencontres. Avec l'infirmière et artiste anversoise Constance Teichmann, avec les bienheureuses docteurs suisses Adrienne von Speyr et avec la sœur missionnaire albanaise et travailleuse des bidonvilles Mère Teresa, Brasschaat, 1998.
  • LvM, Constance Teichmann, in: Dictionnaire des femmes belges, XIXe et XXe siècles, Bruxelles, 2006.
  • Hedwige Baeck-Painters, Constance Teichmann (1824-1896) et la vie musicale à Anvers, dans: Annuaire XVIII (2006-2007) de la Commission provinciale d'histoire et de folklore, Province d'Anvers, 2008.

Liens externes

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