Constance Lloyd

Constance Lloyd, journaliste et féministe, est surtout connue comme l'épouse d'Oscar Wilde, née à Londres, Angleterre, le et décédée à Gênes, Italie, des suites d'une intervention chirurgicale, le .

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Biographie

Années de jeunesse

Fille d'Horace Lloyd un avocat anglais, Constance Lloyd, est une jeune femme belle, intelligente, sensible, maîtrisant plusieurs langues européennes et dotée d’un sens aigu de la justice. Elle épouse Oscar Wilde, un jeune poète-écrivain au début de sa carrière qui s’annonce prometteuse, le . Ils s’aiment, partagent la même passion pour la littérature et se découvrent un point de vue commun sur l’art et la beauté. Ils s’installent dans la « maison merveilleuse » à la décoration subtile, lumineuse et raffinée qui tranche avec la mode victorienne en vigueur.

Bien que timide et réservée, Constance s’acquitte, avec de plus en plus d’assurance, de sa tâche d’organisation de réceptions où se côtoient des invités de marque principalement issus des milieux artistiques et littéraires, et où l’élégance et l’originalité de ses robes (élaborées par son mari) comptent parmi les principaux sujets de conversation.

Vie de famille et engagements militants

Oscar et Constance Wilde ont deux enfants : Cyril (1885-1915) et Vyvyan (1886-1967). La naissance de ces deux fils produit une première brèche dans l’harmonie du couple. Constance s’investit sans compter dans sa fonction de mère, comme pour compenser son enfance marquée par trop peu de lien affectif avec ses propres parents, tandis qu’Oscar découvre son homosexualité et se fait de plus en plus rare, préférant la compagnie de ses amants et ses activités mondaines.

Bien qu’elle souffre de ces absences, Constance profite du temps et de la liberté que lui laisse cette situation pour se consacrer à d’autres passions : elle organise ses propres sorties, s’essaie à l’écriture, devient critique dramatique. Elle s’investit dans la mode où elle milite en faveur d’une mode féminine « fonctionnelle » qui s’oppose aux contraintes vestimentaires en vigueur à l’époque victorienne que sont le corset, les chaussures empêchant la marche, les robes au poids exagéré et autres accessoires entravant les mouvements des femmes. Grâce à ses connaissances poussées en histoire de la mode, elle devient rédactrice au journal de son mari « The Woman's World » puis directrice de la « Gazette ». Révoltée par la condition ouvrière, elle s’engage en politique, soutient assidûment les premières femmes (dont Margaret Sandhurst) qui tentent de se faire élire bien que ne disposant pas du droit de vote et est largement introduite dans les clubs intellectuels féminins (qui donnent naissance aux suffragettes quelques années plus tard) où le fait d’être « Madame Oscar Wilde » est un atout. Elle participe aux manifestations de dockers, milite activement au point d’enfreindre les traditions victoriennes qui interdisent aux femmes d’adresser la parole à un étranger dans un train, dépense une grande énergie dans des associations d’aide aux pauvres.

Constance Wilde est adepte du spiritualisme ainsi que de la théosophie quand en 1888, elle devient adepte de la Golden Dawn. Elle gravit rapidement les échelons de l'ordre pour atteindre les sommets dès 1889. Cependant, elle s'en éloigne ensuite peu à peu[1].

Le procès d'Oscar Wilde

La rupture surgit au moment des procès impliquant son mari qui révèlent au grand jour son homosexualité et pour laquelle il est condamné à deux ans de travaux forcés. Il semble que, malgré la réputation de plus en plus sulfureuse entourant Oscar Wilde les années précédant sa condamnation, Constance n’ait pas eu conscience de la nature particulière des relations qu’il entretenait avec ses amis, en particulier avec son amant Alfred Douglas, ou qu'elle n'y ait pas attaché d'importance.

L'exil

Constance 1896

L’emprisonnement de Wilde puis sa banqueroute et la vente de tous leurs biens dans des conditions les plus humiliantes et pour des prix scandaleusement bas, brisent définitivement leur vie. Constance, à la santé devenue fragile à la suite d'une chute, est contrainte à l’exil et se réfugie en Allemagne. Dans leur intérêt, elle impose à ses fils de changer de nom en faveur de Holland. Elle est pourtant toujours profondément attachée à son mari et résiste aux pressions de son entourage qui l’incitent à divorcer. Elle rend visite à Wilde en prison, entretient une correspondance avec lui, tentant de préserver au mieux l’intérêt de ses enfants, espérant secrètement pouvoir refonder une famille normale après sa libération. Mais son vœu ne se réalise pas. Pour une raison inexpliquée, elle n’attend pas Oscar à sa sortie de prison. Puis l’entourage respectif de chacun des époux envenime les fragiles tentatives de renouer le contact. Le poids de l’exil, les soucis financiers, les problèmes de santé et, peut-être surtout la solitude, auront raison d’eux. Elle est, de plus, atteinte d'une sclérose en plaques, maladie neurologique évoluant par poussée et qui la handicape progressivement. Constance décède le des suites d’une opération d'ablation d'un fibrome utérin[2], sans avoir revu son mari. Oscar se rend sur sa tombe au cimetière de Gênes en 1899, puis décède à son tour à Paris un an plus tard.

Notes et références

  1. Owen 2004, p. 62-63
  2. Robins AH, Holland M, The enigmatic illness and death of Constance, wife of Oscar Wilde, Lancet, 2015;385:21–22

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Anne Clark Amor, Madame Oscar Wilde, traduit de l'anglais par Jean-Claude Eger, Paris, Librairie Académique Perrin, 1985 (ISBN 2-262-00343-2)
  • (en) Alex Owen, The Place of Enchantment : British Occultism and the Culture of the Modern, Chicago, University of Chicago Press, , 335 p. (ISBN 0-226-64201-1)

Liens externes

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