Consonance (harmonie tonale)

Dans la musique tonale, on appelle consonance un type particulier d'intervalle harmonique s'opposant à la dissonance.

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En particulier, c'est un intervalle qui sonne juste ou qui sert à la résolution d'une dissonance[1].

Les intervalles consonants sont classés en[1] :

La quarte pouvant être selon son utilisation une dissonance, on l'appelle aussi « consonance mixte »[2].

Généralités

En harmonie tonale, quel que soit le système de justesse choisi, la dissonance est vécue et traitée comme une tension, qui est aussi un moment expressif privilégié, que la consonance, sous certaines conditions, va d'abord préparer avant de l'apaiser ou de la résoudre (c'est le terme technique) en apportant la détente. Toute la musique repose sur des rapports de tension. Ceux-ci ne sont pas spécifiques à l'harmonie, ils existent partout dans la musique, dans la mélodie, dans le rythme et dans le timbre. Les intervalles harmoniques dissonants sont plus difficiles à chanter que les consonances, cela explique aussi l'attention portée à la spécificité de chacun des intervalles à la naissance de la polyphonie.

Cette distinction entre les consonances et les dissonances doit être relativisée, chaque intervalle a sa spécificité, que la tierce majeure et la quinte soient deux consonances n'empêchent pas qu'elles sonnent fort différemment: il faut toujours garder à l'esprit que cette opposition est en partie de nature culturelle et qu'elle peut - dans une certaine mesure - varier. La perception des consonances et des dissonances varie en effet selon le contexte musical, et, en ce qui concerne plus particulièrement la musique occidentale, cette perception a évolué au cours des siècles. Par exemple, la septième mineure non préparée placée sur la dominante, qui paraît familière et bien banale à l'auditeur depuis le XVIIIe siècle, était sans doute perçue comme une hardiesse par l'auditeur du XVIe siècle, ou comme une faute de goût par l'auditeur du XIVe siècle. Si l'on maintient cependant la distinction entre consonances et dissonances, c'est que c'est une tentative de décrire notre perception des sons simultanés qui sert de fondement à l'harmonie tonale et qu'elle explique un aspect essentiel de la composition. Ajoutons, pour terminer sur ce point, que ce principe n'a jamais été remis en question même au XXe siècle, Schönberg a introduit l'émancipation de la dissonance, c'est-à-dire le traitement égal de tous les intervalles. Dans la pratique à partir de ce moment-là la polyphonie est dominée par les intervalles qui étaient soumis jusque-là à la consonance : les septièmes surtout majeures, les secondes et neuvièmes mineures, les tritons sont au premier plan dans la polyphonie. On peut dire ce faisant que ces compositeurs ont déplacé le centre de gravité de la musique de la hauteur des notes vers le timbre, vers les effets sonores, et que traiter tous les intervalles de la gamme chromatique de manière indifférenciée, comme dans la série dodécaphonique par exemple, revient à se débarrasser, à évacuer, à ignorer leurs rapports de tensions respectifs, pour mieux souligner et mettre en valeur les rapports de tension créés par le timbre, et son monde expressif spécifique. Schönberg disait au début du XXe siècle qu'on sifflerait dans cent ans ses mélodies atonales dans la rue, avec la même facilité qu'on y fredonnait à son époque les airs d'opérette alors en vogue. Il y a là une méconnaissance du phénomène de la hauteur du son assez curieuse. Même les musiciens professionnels peuvent avoir aujourd'hui des difficultés à chanter des mélodies atonales…

Classement des consonances

Une consonance peut être parfaite, imparfaite ou mixte. Tout autre intervalle est considéré comme une dissonance, à savoir : les secondes, leurs renversements et redoublements, ainsi que tout intervalle augmenté ou diminué.

Consonance parfaite

Une consonance parfaite est un intervalle harmonique produisant une impression de stabilité, de détente et d'accomplissement, mais également, un effet dur ou plat.

Sont considérés comme des consonances parfaites : l'unisson juste, l'octave juste, la quinte juste et leurs redoublements.

L'unisson, la quinte et l'octave sont les premiers intervalles harmoniques à avoir été expérimentés dans les polyphonies primitives médiévalesorganum, notamment. Ceux-ci correspondent aux trois premiers harmoniques du son. À noter qu'à l'époque baroque, Rameau, dans son traité (table alphabétique des termes au mot "octave"), a suggéré d'ajouter aux termes de consonance et dissonance celui d'équisonance pour décrire l'octave et l'unisson. Une différenciation parfaitement justifiée qui ne s'est pas imposée à l'usage malheureusement : en doublant une mélodie à l'octave, on renforce celle-ci, mais dire que les deux voix vont bien ensemble comme le fait le mot "consonance" est en fait abusif : elles n'ont aucun mérite à cela, elles sont équivalentes. C'est à peu près aussi abusif que de dire que les couleurs de deux brins d'herbe de la même espèce sont bien assorties : les deux brins sont en réalité de la même couleur. L'équisonance traduit donc la réalité sonore perçue de l'octave avec plus d'acuité que la consonance[réf. nécessaire].

Consonance imparfaite

Une consonance imparfaite est un intervalle harmonique produisant une impression de douceur, de détente, mais d'inachèvement.

Sont considérés comme des consonances imparfaites : la tierce majeure ou mineure, la sixte majeure ou mineure et leurs redoublements.

Les tierces et les sixtes n'ont été considérées comme des consonances qu'à la fin du Moyen Âge, au moment de l'apparition du contrepoint.

Consonance mixte

Une consonance mixte est un intervalle harmonique dont l'effet varie en fonction de son emploi. Selon sa situation en effet, une consonance mixte peut être analysée, soit comme une consonance, soit comme une dissonance.

Sont considérés comme des consonances mixtes : la quarte juste et ses redoublements. À noter que la consonance de la quarte juste est qualifiée de "mixte" uniquement dans le contexte d'un accord. Elle rend l'accord dissonant quand elle est en basse et consonant dans le cas contraire.

Réalisation des consonances parfaites

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Les consonances imparfaites — auxquelles on peut ajouter la quarte juste lorsque celle-ci n'est pas à la basse — ne posent pas de difficulté particulière de réalisation, puisqu'elles peuvent être amenées par n'importe quel mouvement harmonique. Au contraire, les consonances parfaites, même si elles n'ont besoin ni de préparation, ni de résolution — contrairement aux dissonances —, doivent cependant respecter un certain nombre de contraintes.

Consonances parfaites consécutives

Les consonances parfaites consécutives — c'est-à-dire, les intervalles justes — doivent être évitées, que ce soit par mouvement parallèle, ou par mouvement contraire.

Bien entendu, la doublure à l'octave ou à l'unisson d'une partie quelconque — une partie extrême le plus souvent — afin de renforcer celle-ci, ne doit pas être considérée comme fautive.
  • Les quintes justes consécutives sont interdites quant à elles, à cause de la dureté produite. Par mouvement contraire, elles sont plus difficiles à déceler : elles sont d'ailleurs souvent surnommées « quintes cachées » pour cette raison (exemple G).
  • Un changement de position de l'accord, peut faire apparaître des quintes ou des octaves consécutives fautives (exemple H), c'est pourquoi, lorsqu'on fait évoluer une partie, il convient de surveiller les intervalles harmoniques qui se produisent avec les autres parties qui restent en place. On admet toutefois deux quintes ou octaves consécutives résultant d'un changement de position de l'accord si elles ne se produisent pas sur la même mesure, et si la deuxième n'est pas placée sur le temps fort (exemple I).
  • Exemples :

Consonances parfaites par mouvement direct

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L'unisson juste par mouvement direct doit toujours être évité. La seule exception tolérée est celle qui se produit entre la basse et le ténor qui atteignent la tonique à l'unisson dans une cadence parfaite, par mouvement ascendant (exemple J). Pour éviter toute faute de consonance parfaite par mouvement direct, il convient de surveiller l'intervalle harmonique qui précède le changement d'accord. En effet, en cas de simple changement de position, les quintes et octaves directes sont permises, seul l'unisson direct est prohibé (exemple K).

  • Exemples :

Les octaves et quintes justes directes sur changement d'accord peuvent être permises sous certaines conditions, conditions qui sont plus sévères si l'intervalle en question se produit entre les parties extrêmes.

Rappelons que les règles suivantes ne concernent que les octaves et les quintes justes. Les quintes augmentées et diminuées — qui doivent être analysées comme des dissonances — peuvent être introduites par mouvement direct.

Quintes directes permises

  • Entre partie intermédiaire et partie quelconque, sur tous les degrés :

Octaves directes permises

  • Entre parties extrêmes :
    • sur les trois meilleurs degrés, si la partie supérieure procède par mouvement conjoint.
  • Entre partie intermédiaire et partie quelconque, sur tous les degrés :
    • si l'une des deux parties procède par mouvement conjoint ;
    • même par mouvement disjoint dans les deux parties, mais en montant seulement, si la note de l'octave est commune aux deux accords qui s'enchaînent.

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Claude Abromont et Eugène de Montalembert, Guide de la théorie de la musique, Librairie Arthème Fayard et Éditions Henry Lemoine, coll. « Les indispensables de la musique », , 608 p. [détail des éditions] (ISBN 978-2-213-60977-5)
  • Philippe Gouttenoire et Jean-Philippe Guye, Vocabulaire pratique d'analyse musicale, DELATOUR FRANCE, , 128 p. (ISBN 978-2-7521-0020-7)
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