Codex Amiatinus

Le Codex Amiatinus est un manuscrit de la traduction Vulgate de la Bible en latin, copié en Northumbrie[1] entre 692 et 716[2]. Il est aujourd'hui conservé à la Bibliotheca Laurentiana de Florence sous la cote "Amiatinus, cod. 1".

Portrait d'Ezra, folio 5r du Codex Amiatinus.

L'Amiatinus est un des plus anciens témoins conservés des traductions latines de saint Jérôme réunies en un seul volume. Son texte contient très peu de leçons uniques, ce qui fait dire aux éditeurs critiques de la Vulgate que "tout l'intérêt de l'Amiatinus réside donc dans les leçons qu'il partage avec les manuscrits de son groupe ou des groupes voisins" [3]. Il a servi, avec d'autres manuscrits, à la reconstitution critique du texte des traductions de la Bible effectuées par saint Jérôme, dont les manuscrits originaux - déjà corrompu de son vivant par l'incurie des copistes - n'a pas survécu. L'Amiatinus est désigné dans les apparats des éditions critiques par le sigle A [4].

Description

Il contient 1 029 feuilles de vélin fort et lisse, d'aspect frais en dépit de leur grande antiquité, disposées en feuille de papier de quatre feuilles, ou quaternions. Le format de ce volume est 50,5 cm sur 34 cm, et épais de 21 cm. Il est écrit en onciale, deux colonnes par page, et 43 ou 44 lignes par colonne. Un peu d'espace est souvent laissé entre les mots, mais l'écriture est en général continue. Le texte est divisé en sections, ce qui correspond dans les Évangiles aux sections d'Ammonian. Il n'y a aucune marque de ponctuation, mais le lecteur est guidé dans la lecture par stichométrique, ou comme-vers, arrangement dans le coda et commata, qui délimitent grossièrement les prépositions principales et dépendantes d'une phrase. Cette façon d'écrire à la pointe à tracer est censée avoir été modelée sur la grande Bible de Cassiodorus, mais elle remonte peut-être même à saint Jérôme.

Historique

Un bibliothécaire florentin, Angelo Maria Bandini, avait avancé l'hypothèse que l'auteur aurait pu être un nommé Servandus, disciple de Benoît de Nursie, et que cette copie aurait pu être effectuée au Mont Cassin aux alentours de 540. Cette théorie a été abandonnée dans la seconde moitié du XIXe siècle. Des chercheurs allemands avaient en effet remarqué que cette copie présentait beaucoup de similitudes avec des textes du IXe siècle. Et surtout, en 1888 Giovanni Battista de Rossi parvint à lire sous un grattage la dédicace originale du manuscrit citant Ceolfridus ("Ceolfrith" dans sa forme moderne), abbé des monastères de Wearmouth et Jarrow dans le Northumberland :

"Corpus ad eximii venerebile Petri/ Quem caput ecclesiæ dedicat alta fides/ Ceolfridus Anglorum extremis de finibus abbas/ Devoti affectus pignora mitto mei (...)"[5]

À l'origine trois copies de la Bible avaient été commandées par Ceolfrith, en 692. Cette date est connue car les moines avaient obtenu le don de pâturages destinés à nourrir 2000 moutons afin de confectionner les feuilles de vélin nécessaires pour effectuer les copies. Bède a été très probablement impliqué dans la compilation.Dans son ouvrage Histoire ecclésiastique de l'Angleterre, l'érudit et historien anglais Bède le Vénérable (673–735) indique que le moine bénédictin Ceolfrid (642–716), abbé de Wearmouth et de Jarrow, également professeur de Bède, commanda trois grandes bibles au scriptorium de l'abbaye de Wearmouth–Jarrow. Deux d'entre elles furent placées dans les églises jumelles de Wearmouth et de Jarrow, tandis que la troisième était un présent pour le pape. Les bibles furent copiées à partir du Codex Grandior, du VIe siècle, aujourd'hui disparu. Des trois textes, seul l'exemplaire qui fut plus tard appelé Codex Amiatinus[6] est parvenu jusqu'à nous. Exécuté par sept scribes, le manuscrit fut offert au pape Grégoire II par les compagnons de voyage de Ceolfrid, qui mourut sur la route de Rome le 25 septembre 716 à Langres[7]. Le codex réapparaît au IXe siècle, à l'abbaye San Salvatore installée sur le flanc est du Mont Amiata au sud de Sienne, (d'où le nom Amiatinus qui lui a été donné). Il y restera jusqu'en 1786, date à laquelle il est transféré à la Bibliothèque laurentienne.

Notes

  1. La thèse de la copie du manuscrit en Italie défendue jadis, notamment par H.J. White, "The Codex Amiatinus and its Birthplace", in : Studia biblica et ecclesiastica Essays chiefly in biblical and patristic Criticism, vol. 2, Oxford, Clarendon Press, 1890, p. 273-308 est abandonnée par la critique paléographique contemporaine, cf. Jean Vezin, "Ecritures imitées dans les livres et les documents du Haut Moyen Âge (VIIe-XIe siècle)", Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. 165,2007, p. 47-66, ici p. 51-52. .
  2. R. Marsden, The Text of the Old Testament in Anglo-Saxon England, Oxford, 1995, p. 106.
  3. Dom H. Quentin, Mémoire sur l'établissement du texte de la Vulgate, Rome-Paris, 1922, p. 438-452, ici p. 452.
  4. Wordsworth, Editio maior de la Vulgate (typis polyglottis vaticanis, 1926-1995), Edition minor (Weber-Gryson. Le sigle Am a aussi été utilisé par Dom Quentin dans ses travaux préparatoire cité plus haut.
  5. Cité par Samuel Berger, Histoire de la Vulgate pendant les premiers siècles du Moyen Âge, Paris, Hachette, 1893, p. 37.
  6. « Bibliothèque numérique mondiale »
  7. H.J. White, "The Codex Amiatinus and its Birthplace", 1890, p. 283.

Liens internes

Sources

  • Walter Cahn, La Bible romane, Office du livre, Fribourg, 1982.
  • (en) John Chapman, Notes on the early history of the Vulgate Gospels, Oxford, Oxford University Press, (lire en ligne), « The Codex Amiatinus and the Codex Grandior », p. 2-8.
  • (en) Richard Marsden, The Text of the Old Testament in Anglo-Saxon England (lire en ligne), « The Codex Amiatinus, a sister pandect and the Bibles at Vivarium », p. 106-120

Liens externes

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