Coaching

Le coaching ou accompagnement est un accompagnement personnalisé cherchant à améliorer les compétences et la performance d'un individu, d'un groupe ou d'une organisation, grâce à l'amélioration des connaissances, l'optimisation des processus et des méthodes d'organisation et de contrôle. Le terme s'est développé à l'origine dans le milieu du sport (le coach pouvant être entraîneur ou venir en complément de celui-ci pour un encouragement de type plus moral), mais son usage a débordé de ce contexte à partir de la fin du XXe siècle pour apparaître dans le milieu de l'entreprise puis du développement personnel de manière moins cadrée et souvent contestée.

Le coaching est le métier de l'accompagnement fondé sur un dialogue entre le client et son coach. Il permet au client, par la construction de ces échanges, de trouver les solutions les plus adaptées à ses capacités, croyances et représentations, à sa situation et ses enjeux.

La notion de coaching manquant d'un encadrement légal précis, elle peut être revendiquée par tout un chacun sans condition de qualification professionnelle ni de compétence réelle. À titre d'exemple, le coaching en « développement personnel », qui rencontre un certain succès commercial, a suscité une offre pléthorique, qui souffre de l'absence d'un cadre institutionnel et d'un adossement scientifique. Ce terme donne donc lieu à de nombreuses dérives, et peut être utilisé comme outil de manipulation[1].

Terminologie

L'entreprise américaine de transport Tallyho Coaching en 1889

Le sens premier de « coach », « grande voiture à chevaux » fabriquée à Kocs en Hongrie au XVIe siècle, appelée coche en français, a amené, vers 1830, le sens figuré « instructeur / formateur », dans l'argot de l'Université d'Oxford, pour désigner un tuteur, un mentor, qui « transporte » l'élève vers un examen ; le sens « entraîneur sportif » serait apparu vers 1861[2].

En France, la Commission générale de terminologie et de néologie recommande l'usage des termes « guidance » dans le domaine « santé, médecine et psychologie », « mentorat » dans le domaine « économie et gestion d'entreprise », et « instructions par signes » dans le domaine du sport[3],[4]. Pour sa part, le Grand dictionnaire terminologique québécois propose en outre, selon les domaines, les termes « accompagnement », « pilotage », « direction d'athlètes »[réf. nécessaire].

Selon les contextes, les termes « conseiller » (ex. : « conseiller emploi »), « consultant » (ex. : « consultant en développement professionnel »), « coach », « mentor »[5][réf. incomplète] ou encore « entraîneur »[6] peuvent être utilisés pour parler de la personne menant le coaching.

Histoire

Milton Hyland Erickson : actif entre 1930 et 1980. Il intervenait outre son activité de psychiatre dans ce qui ressemble fortement à des coachings de vie, comme augmenter la performance sportive ou bien aider un jeune homme ayant du mal à trouver un travail[7]. Il n’utilisait l’hypnose formelle que dans 50% de ses séances[8]. Selon ses exégètes (Ernest Rossi, Jay Haley) il utilisait une conversation anodine, appelée hypnose sans hypnose ou hypnose conversationnelle sans transe pour aider le changement de son client. Cette conversation pouvait d’ailleurs porter sur des sujets anodins. De nombreux écrits relatent ses dialogues de coaching durant des séances transcrites qui permettent d’apprécier les stratégies de coaching mise en place.

Le coaching est apparu aux États-Unis au début des années 1960. Il plonge ses racines dans la cybernétique (à partir de 1942), l'école de Palo Alto (à partir de 1953) et le New Age (à l'Institut Esalen en Californie, à partir de 1961)[9] et l'observation de thérapeutes comme Milton Erickson, Virginia Satir, Fritz Perls.

Le paradigme de l'exercice de la position d'accompagnateur a été expérimenté et théorisé très tôt par Jacques Ardoino.

L'usage du mot coaching est apparu en France et en Europe au milieu des années 1990, en provenance d'Amérique du Nord. Le mot « coaching » désigne un processus pédagogique d'apprentissage. Les précurseurs de cette approche, Tim Gallwey et John Whitmore ont décrit leurs méthodes d'accompagnement spécifique dans le monde du sport dès les années 1980 en évoquant « the inner game ». Le best seller Le guide du coaching écrit par John Whitmore (un des fondateurs de l'EMCC) a fortement contribué à la divulgation du concept dans ces années-là. En France, outre le cabinet Transformation qui a ensuite éclaté en plusieurs structures et a donné naissance à Transformance et Mozaik International en 1995, IFOD et le DÔjÔ ont été les premières écoles de coaching jusque dans les années 2000. De nombreuses autres écoles se sont ensuite développées répondant ainsi à une forte demande de formation.

La première association de coachs en France a été créée en 1996.

Les accords de Bologne ont permis aux fédérations internationales de coaching, de passer une convention avec l’Union Européenne pour une reconnaissance d’un métier auto-régulé.

Le 31 octobre 2019, 2 fédérations internationales (EMCC France, ICF-France), 2 associations professionnelles françaises (Société Française de Coaching (SFCoach) et PSF) et un syndicat (SynPAAC), à travers le Syndicat Interprofessionnel des métiers de l’Accompagnement, du Coaching et de la Supervision, SIMACS, ont intégré la Branche BETIC (Bureaux d’Etudes Techniques, cabinets d’Ingénieurs conseils et sociétés de Conseil) en rejoignant la fédération patronale CINOV (Ingénierie – Conseil – Numérique).

Enjeux du coaching

Le coaching permet de réaliser un accompagnement professionnel[10][réf. incomplète]. On[Qui ?] parle aussi d'accompagnement opérationnel ou encore d'accompagnement personnel au changement, hors de la sphère strictement professionnelle.

Le coaching se distingue clairement du mentorat par le positionnement. En coaching, l'accompagnateur coach ») se situe aux côtés de la personne accompagnée (« coaché ») dans une position d'égalité. Le mentor est généralement un supérieur hiérarchique, a un rôle de guide et agit dans le cadre de fonctions plus spécifiées. Le coach est en position haute sur le processus de changement[11], mais en position basse sur le contenu[pas clair] pour aider la personne coachée à progresser en autonomie, tandis que le mentorat suppose de la part de l'accompagnant une position haute, un statut de guide.

Deux approches distinguent le coaching du mentorat :

La confusion entre ces deux types d'accompagnement est induite par la traduction officielle du terme « coaching », qui est devenu dans sa francisation « mentorat ».

Il faut aussi distinguer le coaching :

  • du conseil, d'une part : le coaching se situe du côté de la personne accompagnée, le conseil se situe du côté de l'organisation ;
  • de la psychothérapie, d'autre part : le coaching travaille généralement une demande[12] clairement identifiée sur le « ici et maintenant » sur une durée courte tandis qu'une psychothérapie (fortement influencé en France par la psychanalyse) travaille sur le passé dans une durée le plus souvent longue.

Cependant, la philosophie est l'une des racines du coaching, dans la mesure où elle est un exercice autonome de la raison, même quand celle-ci est guidée par le dialogue ou par la maïeutique socratique. Savoir poser les problèmes, trouver par soi-même des solutions variées, faire progresser une façon de voir les choses et la vie, font partie intégrante du coaching comme de la philosophie[13].

Le paradoxe du coaching et la déontologie

Malarewicz définit la déontologie[14] comme « l’ensemble des règles de fonctionnement qu’une profession se donne à elle-même, pour tenter de résoudre tout ou partie des problèmes éthiques que peuvent rencontrer ses membres ».

Enjeux déontologiques pour la relation de coaching

Le coaching présente certains dangers potentiels inhérents à toute prestation intellectuelle, mais du fait de la proximité de la relation  et de la méconnaissance même du coaching , ces difficultés se trouvent exacerbées. Le problème le plus évident, qui est commun au conseil, est celui de la confidentialité : le coaché livre souvent des informations très personnelles sur sa personne ou des informations critiques sur ses collègues ou son organisation (cas du coaching tripartite). Ces informations peuvent être utilisées contre la personne coachée si elles ne sont pas gardées confidentielles. La confidentialité est très importante pour le coaché. La question se pose principalement lorsque le coaché n'est pas le payeur (l'entreprise) et lorsque l'entreprise utilise des coachs en interne[réf. souhaitée].

De plus, par la posture du coach, le coaching peut en théorie présenter un risque de manipulation du coaché comme dans toute relation ou message entre des individus[15][source insuffisante]. En principe, ce risque de manipulation est faible puisque la prestation de coaching elle-même est limitée dans son objet (contrat définissant les objectifs) et dans le temps (un coaching se limite en général à 15 à 20 séances, soit moins d’un an, et doit éviter la construction d'une relation de dépendance)[16]. Il est a priori aussi indispensable pour une organisation de faire appel à plusieurs coachs avec des cursus variés afin d’éviter d’être dépendant d’un seul individu. Ces problèmes sont a priori réduits car, contrairement, à une relation asymétrique (celui qui sait et celui qui ne sait pas), la relation coach-coaché est construite sur un lien d’égal à égal, qui vise de plus à donner toute l’autonomie au coaché.

Le coaching présente aussi des limites spécifiques aux relations d’aides ou liées aux psychothérapies, même si le coaching ne doit pas être confondu avec ces pratiques. Les plus connues sont : sentiment de puissance ou transfert/contre-transfert. « En thérapie, c’est le mécanisme par lequel le patient reporte sur le thérapeute les sentiments inconscients de tendresse ou d’affection (transfert positif), de peur ou d’hostilité (transfert négatif) qu’il éprouve pour une autre personne. […] Face au transfert, celui-ci réagit par le contre-transfert qui caractérise les sentiments et émotions qu’il éprouve en retour[17]. »

Formation, diplômes et encadrement

En France, le métier de « coach en développement personnel » et les professions liées ne sont pas réglementés et leur exercice est libre (« accessible sans diplôme particulier » selon la fiche Rome K1103 de Pôle Emploi[18]).

Le coach professionnel intervient en tant qu’expert dans trois directions fondamentales que sont le coaching d’organisation, le coaching d’équipe et le coaching individuel, Un référentiel de compétences est établi et il est recommandé au coach professionnel d'adhérer au code de déontologie d'une fédération[réf. nécessaire].

Au niveau du groupe de pratique, le coach peut bénéficier d’une supervision c’est-à-dire « un coaching de coach »[19].[source insuffisante] Plus généralement, « la supervision peut être définie comme la rencontre qui s’effectue généralement entre deux personnes exerçant la même activité professionnelle et travaillant sur une même situation ». Cela permet d’introduire un tiers dans la relation coach-coaché et donc de limiter certains effets indésirables comme le contre-transfert. Dans certains pays, comme l’Allemagne, les pratiques d’intervision (échange de pratiques à plusieurs) semblent plus développées que celle de supervision.

Dérives et risques

Le coaching n'a aucune définition institutionnelle et le titre de coach n'est pas protégé juridiquement : n'importe qui peut donc se proclamer « coach » et exercer sous cette bannière sans formation particulière, avec tous les risques que cela comporte[1]. Il n'existe aucune régulation de cette activité ni aucune évaluation de son efficacité[1].

Les coachs s'adressant souvent à des personnes vulnérables et induisant une emprise mentale, le risque de manipulation mentale et d'abus de faiblesse est grand : de nombreux charlatans s'attirent ainsi des centaines d'affidés dont ils profitent financièrement en échange d'une gratification narcissique très illusoire[1].

Le coaching est enfin un des terrains de prédilection des mouvances à dérive sectaire : environ 10% à 20% des signalements à la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires concernent le coaching[1]. Par ce biais, des entreprises entières ont pu tomber sous la coupe de gourous dangereux voire de sectes comme la scientologie[1].

Notes et références

  1. « Les dérives du coaching », France Inter, .
  2. OnlineEtymology.com.
  3. « Le mot « coach » sur le site de France Terme », sur culture.fr (consulté le ).
  4. « Recommandation (officielle) sur les équivalents français du mot coach », sur legifrance.gouv.fr, (consulté le ).
  5. Terme recommandé en France par la DGLFLF Journal officiel, 26 mars 2004, voir FranceTerme.
  6. Grand Dictionnaire Terminologique.
  7. Cas 316 et 305 in Thérapie hors du commun, W.H.O'Hanlon et A.L.Hexum
  8. J.A. Malarewicz, 14 leçons de Thérapie Stratégiques, 1998, ESF éditeur.
  9. Baptiste Rappin, « Essai philosophique sur les origines cybernétiques du coaching », Communication et organisation, n° 46, 2014, lire en ligne.
  10. DGLF, base de données CRITER et Grand dictionnaire terminologique.
  11. Patrice Fornalik, « Coaching : la courbe du changement », Ekilium, (lire en ligne, consulté le ).
  12. « De l’importance de la demande en coaching – Le métier de coach », sur www.ekilium.fr.
  13. Coaching et philosophie, Joël Figari, Diotime, Revue internationale de didactique de la philosophie, no 42, octobre 2009, CRDP de Montpellier (http://www.educ-revues.fr/diotime/Acheter.aspx?iddoc=39041&pos=3).
  14. Malarewicz, Systémique et entreprise, Village Mondial, (ISBN 2-7440-6161-1), p. 146.
  15. Joule et Beauvois, Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens, Presses Universitaires de Grenoble, 2004, (ISBN 2706110449).
  16. Foire aux questions, International Coach Federation France, items 8 et 15.
  17. Le coaching, Caby, 2002, De Vecchi., p. 171.
  18. « Fiche Rome K1103 - Développement personnel et bien-être de la personne », sur chambre-syndicale-sophrologie.fr, .
  19. Higy-Lang C. et Gellman C., Le coaching, 2000, Éditions d’Organisation.

Annexes

Bibliographie

Années 2000

  • "De « l’accompagnement », en tant que paradigme" (Numéro de la revue Pratiques de Formation/Analyses(Université Paris 8, Formation Permanente,
  • L'accompagnement : une posture professionnelle spécifique (Maela PAUL) Éditions L'Harmattan (). Collection : Savoir et formation.
  • L'empire des coachs. Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Albin-Michel, 2006 (ISBN 978-2226174987)
  • Dictionnaire des coachings, Pierre Angel, Patrick Amar, Émilie Devienne, Jacques Tencé, éd. Dunod, 2007 (ISBN 978-2100496563)
  • L'accompagnement professionnel ? : Méthode à l'usage des praticiens exerçant une fonction éducative (Michel Vial, Nicole Caparros-Mencacci, Jean-Marie De Ketele). De Boeck (2007). Collection : Pédagogies en développement.
  • Etre Coach: De la recherche de la performance a l’éveil, Robert Dilts, éd. Dunod, 2008 (ISBN 978-2100502462)
  • Savoir être coach : Un art, une posture, une éthique, Reine Marie Halbout, éd. Eyrolles, 2009 (ISBN 978-2212542349)
  • Guide pour l'accompagnement professionnel d'un changement (Louise Lafortune). Presses de l'Université du Québec (2009). Collection : Fusion.

Années 2010

  • Les responsables porteurs de sens : culture et pratique du coaching et du team building, Vincent Lenhardt, Insep Consulting, 2010 (ISBN 978-2914006965)
  • Au cœur de la relation d’aide – Réflexion sur des fondamentaux de la thérapie et du coaching, Vincent Lenhardt, InterEditions, 2013 (ISBN 978-2729613396)
  • Le Coaching, Patrick Amar et Pierre Angel, Presses Universitaires de France – PUF, 2012 (ISBN 978-2130594833)
  • Le Livre d’Or du Coaching : Nouvelles pratiques et perspectives, Frank Bournois et Thierry Chavel avec préface de Jacques Salomé, Eyrolles, 2013 (ISBN 978-2212556964)

Articles connexes

Coachings spécialisés

Liens externes

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