Childéric III

Childéric III, né vers 714 et mort vers 755, est roi des Francs, de Neustrie, de Bourgogne et d'Austrasie de 743 à 751.

Childéric III

Pépin le Bref couronné par le pape Étienne II tandis que Childéric III est déposé.
Enluminure des Chroniques de Saint-Denis, Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, ms. 782, fo 107 ro, XIIIe siècle.
Titre
Roi des Francs
Prédécesseur Interrègne (Thierry IV)
Successeur Pépin le Bref
Biographie
Titre complet roi des Francs
Dynastie Mérovingiens
Date de naissance vers 714
Date de décès vers 754/755
Enfants Thierry

Bien que sa filiation ne soit pas connue, il est considéré comme le dernier membre régnant de la dynastie mérovingienne.

Filiation

Aucun texte contemporain ne donne sa filiation. Cette indigence de sources vient d'une part de ce que le Liber historiæ Francorum s'achève en 725, et d'autre part que la continuation de la Chronique de Frédégaire, écrite par Childebrand, un oncle de Pépin le Bref, passe avec une grande discrétion sur cet événement[1].

Cette absence de source contemporaine a donné lieu par la suite à maintes discussions[2],[3]. Plusieurs filiations ont été proposées :

  • Childéric III serait le fils de Thierry IV selon le premier texte qui fait état de sa filiation, la Chronique des abbés de Fontenelle, rédigée autour de 830[4]. C'est à Fontenelle, où fut rédigée la chronique, que fut relégué le fils de Childéric III et son auteur a pu le connaître personnellement ou du moins approcher des gens qui l'avaient connu[5]. Le renseignement est d'ailleurs confirmé par une généalogie des rois francs du Xe siècle suivie par d'autres textes postérieurs de même nature[6]. Le nom du fils de Childéric III, Thierry, confirmerait cette filiation[7] ;
  • Childéric III serait le fils de Dagobert III et le frère de Thierry IV selon Adémar de Chabannes[8] ;
  • Childéric III serait le fils de Chilpéric II selon Jean Mabillon qui se fonde sur le fait que, dans un de ses diplômes, Childéric III parle de Thierry IV comme son parens et non son genitor. Cette thèse a été majoritairement reprise[9],[10]. Cependant, aucun texte ne permet de justifier que son père serait Chilpéric II[11] ;
  • Childéric III serait le fils de Clotaire IV selon Jules-Stanislas Doinel qui se fonde sur des diplômes dans lesquels Childéric parle de son sobrinus le roi Dagobert III[12]. Léon Levillain contesta vigoureusement cette thèse au motif que sobrinus ne signifiait pas nécessairement cousin germain, et que les diplômes invoqués sont des reprises d'un acte de Chilpéric II et c'est à ce roi qu'il conviendrait d'attribuer la parenté invoquée avec Dagobert III[7] ;
  • Childéric III serait le fils de Chilpéric II d'après Jean Favier[13].

Biographie

Le Dernier des Mérovingiens par Évariste-Vital Luminais, Musée des Beaux-Arts de Carcassonne, XIXe siècle.

Après la mort de Thierry IV, en 737, le maire du palais austrasien Charles Martel se refuse à installer un hypothétique descendant de Clovis Ier sur le trône et le laisse vacant. Pendant les sept années d'interrègne, tous les documents officiels sont datés de l'année 737.

Charles Martel a sans doute l'intention de faire traîner les choses le plus longtemps possible jusqu'à ce qu'il se sente suffisamment fort pour franchir le pas et se proclamer roi, mais il meurt en 741 avant d'accomplir ce dessein[1].

Ses deux fils, Pépin et Carloman en sont réduits à proclamer un nouveau roi en la personne de Childéric III qu'ils trouvent dans un couvent, sans doute Sithiu[9],[12],[14] (actuellement Saint-Omer) où certains historiens supposent que Charles l'aurait relégué[1].

Childéric est donc placé sur le trône entre le 15 février et mars 743 par Pépin le Bref, sans doute pour plaire à l'aristocratie partisane de l'ancienne dynastie franque, car le clergé et plusieurs peuples, qu'il tient en soumission, mettent en cause sa légitimité.

Carloman entre dans les ordres en 747. En 751, Pépin se sent assez fort pour se faire élire roi des Francs. Il envoie alors une délégation franque auprès du pape Zacharie, pour lui demander l'autorisation de prendre la couronne à la place de Childéric. Le pape Zacharie autorise la déposition de Childéric en mars 751.

En novembre 751, Pépin dépose donc Childéric III, puis se fait sacrer roi à Soissons par l'archevêque Boniface de Mayence.

Childéric est quant à lui tonsuré et enfermé dans l'abbaye de Saint-Bertin à Saint-Omer entre le et le [15]. Childéric III meurt vers 755. Il est inhumé dans le cloître de l'abbaye, mais les fouilles réalisées au XIXe siècle n'ont pas permis d'identifier sa sépulture.

D'une épouse dont on ignore le nom, Childéric III a un fils nommé Thierry, enfermé encore enfant au monastère de Fontenelle en 753 où l'on perd sa trace ; du fait de son jeune âge, on le fait clerc et non moine[16].

Sources

Childéric III, vue d'artiste de Jean Dassier (1676-1763).
  • Vie du duc Pépin l'Ancien (vers 760) :

« [...] Mais Pépin garda le pouvoir ; et Childéric, le dernier des rois de la race de Clovis qui ait régné sur la France, ayant été déposé, Pépin, par l'autorité et le jugement du pape Zacharie, le premier de sa famille, obtint le nom de roi [...]. »

« [...] Dans cette année, d’après la sanction du pontife romain, Pépin fut appelé roi des Francs, oint pour cette haute dignité de l’onction sacrée par la sainte main de Boniface, archevêque et martyr d’heureuse mémoire, et élevé sur le trône, selon la coutume des Francs, dans la ville de Soissons. Quant à Childéric qui se parait du faux nom de roi, Pépin le fit raser et mettre dans un monastère [...]. »

  • Vie de Charles le Grand d'Éginhard (vers 830) :

« La famille des Mérovingiens, dans laquelle les Francs avaient coutume de se choisir des rois, passe pour avoir duré jusqu’à Childéric, déposé, rasé et confiné dans un monastère par l’ordre du pontife romain Étienne. [...] Lors de la déposition de Childéric, Pépin, père du roi Charles, remplissait, pour ainsi dire, par droit héréditaire, les fonctions de préfet du palais [...]. »

Notes et références

  1. Christian Settipani, La Préhistoire des Capétiens (Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France, vol. 1), Villeneuve-d'Ascq, éd. Patrick van Kerrebrouck, , 545 p. (ISBN 978-2-95015-093-6), p. 126.
  2. (de) Heinrich Hahn, Jahrbücher des fränkischen Reiches 741-752, , p. 164.
  3. (de) Reinhard Schneider, Königswahl und Königsrhebung im Frühmmittelalter. Untersuchungen zur Herrschaftnachfolge bei den Langobarden und Merowinger, Stuttgart, .
  4. Settipani 1993, p. 126-127.
  5. Jules-Stanislas Doinel, Note sur le roi Hilderik III, Carcassonne, , p. 9.
  6. Godefroid Kurth, Histoire poétique des Mérovingiens, Paris, , p. 518-520.
  7. Settipani 1993, p. 128.
  8. Jules Chavanon, Adémar de Chabannes. Chronique publiée d'après les manuscrits, Paris, , p. 55-56.
  9. Léon Levillain, La filiation de Childéric III, , p. 476.
  10. Gabriel Fournier, Les Mérovingiens, , p. 16-17.
  11. Settipani 1993, p. 127.
  12. Doinel 1899, p. 15.
  13. Jean Favier, Charlemagne, Paris, FAYARD, , 769 p. (ISBN 978-2-213-60404-6), p 24
  14. (de) Karl Heinrich Krüger, « Sithiu/Saint-Bertin als Grablege Childerichs III. und der Grafen von Flandern », Frühmittelatlerliche Studien, vol. 8, , p. 71-80.
  15. Settipani 1993, p. 129.
  16. Settipani 1993, p. 130.

Articles connexes

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