Manul

Otocolobus manul  Chat de Pallas, Chat des steppes

Pour les articles homonymes, voir Mission d'appui des Nations unies en Libye et Pallas.

Otocolobus manul
Un Chat de Pallas
Classification
Règne Animalia
Sous-embr. Vertebrata
Super-classe Tetrapoda
Classe Mammalia
Cohorte Placentalia
Ordre Carnivora
Sous-ordre Feliformia
Famille Felidae
Sous-famille Felinae

Genre

Otocolobus
Brandt, 1842

Espèce

Otocolobus manul
(Pallas, 1776)

Répartition géographique

Statut de conservation UICN


LC  : Préoccupation mineure

Statut CITES

Annexe II , Rév. du 04/02/1977

Le Manul (Otocolobus manul) ou Chat de Pallas est un félin de la sous-famille des félinés. C'est la seule espèce du genre Otocolobus.

Description

Corps

Le Manul a un corps compact et trapu avec des pattes courtes et une queue courte et épaisse[1]. La fourrure, très longue et épaisse, le fait paraître plus gros qu'il n'est. Le poil présent dans les parties inférieures (ventre, intérieur des pattes et de la queue) est presque deux fois plus long que celui sur les flancs ou le dos, ce qui lui permet de marcher ventre à terre quand il chasse tout en étant protégé des températures hivernales[2]. Le Manul s'enroule dans sa queue pour se coucher, celle-ci lui permettant de garder sa chaleur corporelle[3]. La fourrure est de couleur grise au nord de son aire de répartition à fauve à roux pour le sud. La couleur peut varier saisonnièrement. Certains individus ont des rayures sombres verticales sur les flancs[4]. L'extrémité des poils est blanche, ce qui lui donne une apparence argentée. Le menton, la poitrine et le ventre sont blancs. Les pattes sont marquées de bandes noires indistinctes[5]. La queue est annelée de sept à neuf marques noires étroites[4]et son extrémité est noire. La couleur de la robe permet un excellent camouflage dans son environnement naturel[5].

Le Chat de Pallas mesure entre 50 et 65 cm de long et la queue mesure de 21 à 31 cm[6],[7]. La hauteur au garrot est de 28 à 30 cm[1]. Le poids varie de 2,5 à 4,5 kg en moyenne[6],[7]. Les mâles sont généralement plus lourds que les femelles.

La tête est aplatie et large. Les oreilles sont courtes, arrondies et placées bas sur la tête : elles dépassent à peine de la fourrure[5]. Le profil très bas de la tête est adapté à la chasse dans les milieux ouverts avec peu de couverture végétale[5],[8]. La petite taille des oreilles évite une trop grande déperdition de chaleur[8]. Le front est tacheté de petits points noirs. Les joues sont marquées de rayures foncées et blanches[5]. Les vibrisses sont blanches[4] et les yeux sont bordés de lignes blanches et noires[5]. Le Manul est également doté d'une troisième paupière qui sert de protection contre les vents froids et les tempêtes de poussières[5]. Les pupilles sont rondes[8]et la mâchoire est plus petite que celle des autres félins puisqu'il n'a pas de pré-molaires supérieures[réf. nécessaire].

Comportement

Comportement

Cet animal est très territorial, agressif et solitaire, ce qui fait que c'est l'un des chats les moins étudiés[9],[10]. Le Manul escalade facilement les rochers et falaises[1]. Il n'est pas adapté à la marche dans la neige et se déplace dans les vallées lorsqu'il neige sur les hauteurs[11].

Le Manul possède le plus petit territoire parmi les félins. Le domaine de ce félin peut se limiter aux environs immédiats de sa tanière (déplacements entre 500 et 1 000 mètres)[12], pour une superficie d'un kilomètre carré[13]. En Russie, la taille moyenne du territoire est estimée à 1,5 km2[13].

Par sa petite taille, le chat de Pallas est une proie pour de nombreux prédateurs (rapaces, renards...). Cette menace l'oblige à se cacher régulièrement et à éviter les milieux ouverts (prairies).

Le Manul possède une longévité de 11 ans et demi[7].

Régime alimentaire

Comme tous les félins, le Manul est un carnivore. Il se nourrit de petits mammifères  tels que les pikas, les marmottes, les écureuils terrestres[1], les petits rongeurs comme le campagnol[12]  et d'oiseaux comme les perdrix et les alouettes[12]. Au Népal, des fèces contenaient 76 % de poils de pika, 18 % de poils de Lièvre laineux (Lepus oiostolus), 4 % de végétaux et divers débris[14]. En Iran, un spécimen femelle percuté par un véhicule avait dans son estomac les restes d'un Pika afghan (Ochotona rufescens) et une Perdrix choukar (Alectoris chukar)[15].

Crépusculaire, il passe ses journées caché dans des cavités. Il sort généralement au crépuscule et à l'aube pour chasser ; toutefois, lorsque ses proies sont diurnes, il sort également en journée comme lorsqu'il chasse la Grande gerboise en Iran[12]. Le Manul pratique la chasse à l'approche : lorsqu'il voit une proie, il s'en approche en rampant et, lorsqu'il est assez près, bondit pour porter le coup fatal[12]. Il peut également attendre au bord des terriers de rongeurs et les dénicher en plongeant une patte dedans[12].

Reproduction

Les vocalises sont décrites comme ressemblant à celles d'un chiot ou au hululement d'une chouette[1] : c'est un cri bref, de moyen à grave en tonalité[12]. Le bruit très distinctif des Manuls lors de l'accouplement permettrait d'anticiper les naissances en captivité[16]. Le Manul est également capable de cracher, de siffler et de grogner[12].

L'œstrus dure de un à cinq jours[7]. Les femelles ont une gestation comprise entre 66 et 74 jours[7]. La tanière est installée dans une grotte, une cavité rocheuse ou dans un terrier abandonné de renard, de blaireau ou de marmotte[12]. La femelle donne naissance à une portée de un à six chatons durant les mois d'avril et de mai. En moyenne, les portées sont de trois à quatre chatons[7]. Le poids à la naissance est de 70 à 100 g[7]. Les jeunes naissent avec un pelage laineux et foncé, distinctement marqué de rayures sur les flancs[12]. Les petits sont revêtus de ce duvet jusqu'à l'âge de deux mois[1]. Ils atteignent l'indépendance à huit mois[1]. La maturité sexuelle de l'espèce est atteinte entre douze et quatorze mois[1].

Répartition

Le Manul se rencontre dans les steppes froides et arides d'Asie centrale et jusqu'à 5 593 mètres[14] d'altitude. Son habitat optimal est constitué de terrains découverts constitué de steppes d'herbes et de broussailles, avec des étendues de rochers, des ravins et des versants de collines[14]. Le Manul habite les déserts de rocailles et rochers[1], les prairies ou encore les versants de montagne avec éboulis[11] : il ne s'accommode pas des déserts de sable, des forêts ou de la neige profonde. Au nord, son aire de répartition est ainsi limitée par la taïga[1]. Le Manul peut vivre dans des zones où la température descend jusqu'à −50 °C[11].

L'espèce a une vaste aire de répartition, qui s'étend à ouest jusqu'à la mer Caspienne et à l'origine à l'Est jusqu'à la Chine occidentale. L'aire de répartition monte au Nord jusqu'en Mongolie, au Kazakhstan et à la Russie, et au Sud en Iran, Pakistan et Népal[4]. Il se retrouve surtout en Mongolie, moins souvent au Tibet, en Afghanistan et au Pakistan. Il n'est plus présent dans l'Est de la Chine[1]. Sa présence au Népal est confirmée pour la première fois en 2014, la limite ouest de son aire de répartition népalaise est située dans le district de Dolpa[14].

Le Manul a été signalé dans le parc national de Khoshyeylag, les réserves du Qomolangma et de Taxkorgan en Chine et la forêt de Ziarat Juniper[7]. Au Népal, il est présent dans l'aire de conservation de l'Annapurna[14]. En Iran, où il est largement distribué tout en étant considéré comme rare, sa présence est confirmée dans l'aire protégée de Parvar[15]. Il a également été vu début 2020 en Arménie[17].

Menaces

Ce félin est une espèce encore peu décrite et mal connue. Le nombre d'individus présents dans la nature n'est pas défini. Le nombre d'individus à l'état sauvage est estimé à 4-6/100 km2, soit seulement 15 000 individus dans toute l'Asie[18].

Cette espèce a été très chassée pour sa fourrure afin de confectionner des chapeaux et des manteaux. Au début du XXe siècle, 50 000 peaux par an étaient vendues par la Mongolie[1]. De même, en Chine, les trappeurs capturent dix mille Manuls par an[12]. Dans les années 1980, le Manul était moins prélevé dans la nature, et, en 1987, 9 000 peaux sont exportées par la Mongolie[12]. Le Manul est à présent protégé par la loi en Chine, en Mongolie, en Inde, en Iran, au Kazakhstan, au Kirghizstan, au Pakistan, en Russie et au Turkménistan[7].

En Asie, la fragmentation des habitats et l'empoisonnement en masse des rongeurs, considérés comme des nuisibles, constitue une importante menace[12]. C'est cette importante perte d'habitats et de proies qui a valu à ce félin d'être classé quasi-menacé par l'UICN, depuis 2002[19], avant d'être finalement classée en "préoccupation mineure" en 2019[20].

Présence en captivité

Début 2019, environ 160 individus étaient présents dans une soixantaine d'institutions zoologiques en Asie, en Europe et en Amérique du Nord[21].

En juillet 2020, au zoo de Novossibirsk nommé d'après R. A. Shilo, 3 femelles de manula ont apporté une progéniture, 16 petits.[27]

Taxonomie

Deux sous-espèces ont été proposées[5] :

Dans la culture

Étymologie

« Manul » est un mot mongol qui désigne directement le félin[2].

L'un des noms vernaculaires de cette espèce, « Chat de Pallas », commémore le zoologue allemand Peter Simon Pallas (1741-1811) qui a décrit l'espèce en 1776. La longue fourrure de ce félin lui fait alors penser que le Manul est l'ancêtre sauvage du chat persan[2].

Le nom latin du genre Otocolobus signifie « oreilles coupées »[4].

Notes et références

  1. Rémy Marion, Larousse des félins, p. 103.
  2. Jackson et Farrell Jackson 1996, p. 147.
  3. Jackson et Farrell Jackson 1996, p. 7.
  4. Jackson et Farrell Jackson 1996, p. 148.
  5. (en) « Pallas's cat », sur http://www.catsg.org, Cat Specialist Group (consulté le ).
  6. Peter Jackson et Adrienne Farrell Jackson (trad. Danièle Devitre, préf. Dr Claude Martin, ill. Robert Dallet et Johan de Crem), Les Félins : Toutes les espèces du monde, Turin, Delachaux et Niestlé, coll. « La bibliothèque du naturaliste », , 272 p., relié (ISBN 978-2603010198 et 2-603-01019-0), « Manul », p. 147-152.
  7. Jackson et Farrell Jackson 1996, p. 152.
  8. Jackson et Farrell Jackson 1996, p. 14.
  9. [PDF] Manul facts.
  10. « Manul, le chat le plus Méchant du monde. Faits intéressants sur les Manuls. » (consulté le )
  11. Jackson et Farrell Jackson 1996, p. 149.
  12. Jackson et Farrell Jackson 1996, p. 150.
  13. Rémy Marion, Larousse des félins, p. 163.
  14. (en) Géraldine Werhahn, Naresh Kusi, Dibesh Karmacharya, Adarsh Man Sherchan, Prajwol Manandhar, Sulochana Manandhar, Tarka Raj Bhatta, Jyoti Joshi, Susmita Bhattarai, Ajay Narayan Sharma, Jennifer Kaden, Muhammad Ghazali et Helen Senn, « Eurasian lynx and Pallas's cat in Dolpa district of Nepal: genetics, distribution and diet », Cat News, no 67, , p. 34-35 (ISSN 1027-2992).
  15. (en) Mohammas Ali Adibi, Mohammad Reza Shirazi et Ehsan M. Moqanaki, « A Pallas's cat roadkill in Iran », Cat News, no 68, , p. 21-22 (ISSN 1027-2992)
  16. Virginie Ballet, « Où l'on découvre que le chat de Pallas mord madame pendant l'acte sexuel », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
  17. « Découverte en Arménie d’une espèce rare de félin le Manul ou chat de Pallas 100 (...) - Nouvelles d'Arménie en Ligne », sur armenews.com (consulté le ).
  18. Liste rouge de l'UICN, Otocolobus manul.
  19. (en) Référence UICN : espèce num {{{1}}}.
  20. (en) « IUCN Red List of Threatened Species: Otocolobus manul », sur IUCN Red List of Threatened Species, (consulté le )
  21. (en) « ZIMS - Species holding - Otocolobus manul », sur zims.species360.org (consulté le ).
  22. « Félins du Circuit asiatique », sur http://www.parc-des-felins.com, Parc des Félins (consulté le ).
  23. Rémy Marion, Larousse des félins, p. 209.
  24. « Première naissance 2015 chez les félins : de nouveaux bébés manuls », sur http://www.parc-des-felins.com, Parc des Félins, (consulté le ).
  25. « Животные зоопарка - Новосибирского зоопарка имени Р.А. Шило », sur www.zoonovosib.ru (consulté le )
  26. Jackson et Farrell Jackson 1996, p. 263.
  27. « Новости зоопарка - Новосибирского зоопарка имени Р.А. Шило », sur zoonovosib.ru (consulté le ).

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Peter Jackson et Adrienne Farrell Jackson (trad. Danièle Devitre, préf. Dr Claude Martin, ill. Robert Dallet et Johan de Crem), Les Félins : Toutes les espèces du monde, Turin, Delachaux et Niestlé, coll. « La bibliothèque du naturaliste », , 272 p., relié (ISBN 978-2603010198 et 2-603-01019-0)
  • Rémy Marion (dir.), Cécile Callou, Julie Delfour, Andy Jennings, Catherine Marion et Géraldine Véron, Larousse des félins, Paris, Larousse, , 224 p. (ISBN 2-03-560453-2 et 978-2035604538, OCLC 179897108).

Genre Otocolobus

Espèce Otocolobus manul

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