Chartreuse de Durbon

La chartreuse Notre-Dame de Durbon est une ancienne chartreuse, une des quatre premières de l’ordre des chartreux, située au hameau de Durbon, à 6 km au nord-est du bourg de Saint-Julien-en-Beauchêne, dans le vallon du torrent de Bouriane, dans les Hautes-Alpes. Le monastère de Durbon était propriétaire d'un vaste domaine pastoral.

Chartreuse Notre-Dame de Durbon

Blason et devise des chartreux, gravé sur une maison du bourg.

Identité du monastère
Diocèse Gap
Présentation du monastère
Type moines (1116-1446)
moniales (1446-1601)
moines (1601-1791)
Culte Catholique
Province cartusienne Provence
Origine de la communauté Grande Chartreuse
Date de la fondation 1116
Fermeture 1790
Armes du fondateur
Armoiries du monastère
Blasonnement D'or à la croix ancrée de gueules [1]
Devise Dura bonis sed utilis
« Renforce le bien, mais l'utile »
Architecture
Localisation
Pays France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département Hautes-Alpes
Commune Saint-Julien-en-Beauchêne
Coordonnées 44° 37′ 55″ nord, 5° 45′ 08″ est
Géolocalisation sur la carte : Hautes-Alpes

Histoire

Ruines de la Chartreuse de Durbon

Cette chartreuse est fondée dès 1116, grâce aux donations de la famille de Beldisnar ou Beaudinar et de l'évêque de Gap. Les premiers moines viennent de Grande Chartreuse.

En 1121, ils reçoivent l'Alpe de Petra Galdemar, dans le haut bassin de Rioufroid. En 1126 ils achètent à divers propriétaires toutes leurs possessions, forêts, prés, alpages, pâturages, à Durbon. En 1140, ils achètent à de très nombreux propriétaires l'ensemble des champs, prés, forêts, rochers et eaux, formant le terroir de Rioufroid. Leur domaine pastoral s'accroît surtout lorsqu'ils étendent leurs possessions sur les hauts versants qui dominent la vallée. Ils s'étendent sur la rive droite vers la Tête de Garnesier, vers Chamousset, vers La Jarjatte. Leur domaine cultural rayonne en étoile autour de Durbon et sort même du Bochaine comme le fera largement leur domaine pastoral. En 1145 ils possèdent un cellier à Guignaise près de Châtillon-en-Diois et au XIIIe siècle ils se constituent sur, le territoire d'Aspres un domaine vinicole[2].

Le pape Alexandre III confirme la fondation en 1169[3].

En 1173 un conflit les oppose avec les chevaliers du Temple de Lus-la-Croix-Haute[4],[note 1]au sujet des pâturages de Crosetz et de Gargata (montagnes de la Jarjatte).

La chartreuse demeure très pauvre jusqu’aux donations faites par Frédéric Barberousse en 1178 et Henri VI en 1188. Le domaine se développe, mais dans des terres très incultes.

En 1222, Notre-Dame de Bertaud ayant demandé le passage de ses moutons allant en Dévoluy, sur le territoire de Durbon, les moines acceptent à contre-cœur et réduisent le séjour au maximum d'une nuit. Les chartreux se montrent fort jaloux de leur indépendance et refusent en 1304 de recevoir l'évêque Etienne de Gap en tournée, avant qu'il n'ait signé cette déclaration solennelle « qu'il n'entend point porter atteinte aux droits de la Chartreuse et que ce précédent (l'hospitalité) n'aura aucune influence ». En 1278, à Rioufroid, une bataille s'engage entre les chartreux et les gens de Saint-Julien; les syndics de l'universitas de Saint-Julien accuse le prieur lui-même d'avoir jeté la première pierre. Raynaud de Montauban entraîne à sa suite, le 10 juin 1301, d'Agnielles sur les terroirs des Chartreux à Recours.Ils malmènent le bétail, occupent une grange[5].

Un incendie en 1405 aurait été irrémédiable sans la concession pontificale d’une imposition sur les legs pieux dans toute la province ecclésiastique.

En 1446, les moniales de la Chartreuse de Bertaud, sinistrée, sont transférées à Durbon, dans une maison voisine de celle des chartreux. Elles y sont fixées en 1453. En 1463, le chapitre général de l'ordre uni et incorpore les biens du monastère de Bertaud à ceux de la chartreuse de Durbon, l'indépendance du monastère de Bertaud n'existe plus. Durbon administre les biens de Bertaud comme les siens, il n'y a plus de distinction entre les deux monastères[6]. La communauté y reste jusqu’en 1601, date à laquelle le chapitre général transfère la dernière moniale à Prémol et rétablit une maison de moines à Durbon.

Pendant ce temps, la maison n’héberge pratiquement plus de moines, et le prieur est aussi vicaire des moniales. Les biens des moniales sont attribués à Durbon. Les guerres de religion l’éprouvent beaucoup, mais le XVIIe siècle est une époque de prospérité, avec exploitation de mines et hauts fourneaux. La chartreuse crée sur le territoire de l'actuelle forêt domaniale un haut fourneau à Rioufroid, où se développe un véritable complexe métallurgique, avec plusieurs martinets et forge à la catalane.

Le , l'Assemblée constituante prononce l'abolition des vœux monastiques et la suppression des congrégations religieuses. La communauté est dispersée en 1791. Les biens de la chartreuse sont confisqués, puis dispersés ou vendus.

Des fouilles archéologiques de la maison haute de la chartreuse ont eu lieu de 2002 à 2007[7].

Prieurs

Le prieur est le supérieur d'une chartreuse, élu par ses comprofès ou désigné par les supérieurs majeurs.

Prieures

D'après Guillaume[6] :

  • 1462 : Guigonette de Montorsier.
  • 1478 : Marguerite de La Font de Savines.
  • 1482-1497 : Georgette de Saint-André.
  • 1513 : Judith.
  • 1515-1516 : Huguette Putrain.
  • 1531 : Jeanne Marquet.
  • 1532 : Claude Guiffrey.
  • 1572-1583 : Artaude Grinde.
  • 1583-1592 : Jeanne Franc.

Notes et références

Notes

  1. La commanderie des templiers est connue depuis 1155; lors de la suppression du Temple elle est donnée aux chevaliers de Saint-Jean de- Jérusalem et unie à la fin du XVe siècle, à la Commanderie de Valdrôme.

Références

  1. Joseph Roman, Sigillographie du diocèse de Gap, coll. XIX, 2016, 244 p.
  2. Arbos 1915.
  3. Joseph Roman, Sigillographie du diocèse de Gap, Collection XIX, , 244 p. (présentation en ligne).
  4. Ancienne commanderie des Templiers à Lus-la-Croix-Haute
  5. Sauvan 1942.
  6. Guillaume 1888.
  7. Nicolas 2007.
  8. Anonyme, Maisons de l'Ordre des Chartreux : Vues et notices, t. 4, Parminster, Sussex, Chartreuse de Saint-Hugues, , 318 p. (lire en ligne), p. 127-129

Bibliographie

  • Charronnet, Ch., « Note historique sur les monastères de Durbon et Berthau », Grenoble, Merle, 1863, 90 p.
  • Lefebvre, F.A., Saint Bruno et l’Ordre des chartreux, t. 2, Paris, Librairie catholique internationale, , 682 p. (lire en ligne), p. 218.
  • Auguste Bouchayer, « Les Chartreux, maîtres de forges », Éditions Didier et Richard, Grenoble, 1927, 245 pages.
  • Arbos, Philippe, « Les moines pasteurs de Durbon », Recueil des travaux de l'institut de géographie alpine, t. 3, no 2, , p. 145-161 (lire en ligne, consulté le ).
  • Sauvan Suzanne, « Le Haut-Bochaine (du Col de la Croix-Haute au Pont-La-Dame). Etude géographique », Revue de géographie alpine, t. 30, no 2, , p. 225-364 (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Images externes

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    Tisane des Chartreux de Durbon Laboratoires Labaz Ambarès
    Collection BIU Santé
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