Charlotte Aïssé

Charlotte-Élisabeth Aïcha (dite Mlle Aïssé), née en 1693 en Circassie, baptisée à Lyon, paroisse d'Ainay, le [1], et morte à Paris le , est une épistolière française surtout connue pour sa correspondance : Lettres de mademoiselle Aïssé à madame C***[2].

Biographie

Fille d’un chef circassien dont le palais avait été attaqué et pillé par les Turcs, mademoiselle Aïssé fut achetée à un marchand d’esclaves, à l’âge de quatre ans et demi, par le comte de Charles de Ferriol, beau-frère de Mme de Tencin et ambassadeur de France à Constantinople, homme d'une personnalité complexe, qui l’amena très jeune à Paris, lui fit donner une brillante éducation. Dans ses Lettres, Aïssé témoigne de sa reconnaissance à son bienfaiteur, malgré les accusations de certains sur la droiture des intentions de ce dernier.

Introduite dans le monde, sa position dans la société de son temps en ébullition, ses aventures romanesques et ses vives passions lui ont donné la célébrité. Sa beauté et son charme excitent des passions qui font du bruit. Elle résiste aux avances du Régent Philippe d'Orléans (1674-1723), s'engage dans une liaison passionnée avec le chevalier d’Aydie ; elle en a une fille, baptisée sous le nom de Célénie Leblond, dont elle accouche clandestinement en [3]. Mais le chevalier ne peut l'épouser, du fait de son appartenance à l'ordre de Malte[3] ; de son côté, elle fut toujours tiraillée entre ses aspirations vertueuses et ses entraînements passionnés. Ses relations avec divers personnages et les femmes les plus distinguées de son temps, donnent le plus vif intérêt au recueil de ses Lettres à madame Calandrini, publiées d’abord avec des notes de Voltaire (1787, in-12), puis réunies aux Lettres de mesdames de Villars, de La Fayette et de Tencin (1805, in-12). Une nouvelle édition annotée en a été donnée par J. Ravenel (1846, in-18, 2 portraits). À part de précieux renseignements sur les contemporains, ses Lettres plaisent par la grâce touchante et l’abandon passionné du style.

Influence

L’histoire d’Aïssé et du comte de Ferriol inspira l’Histoire d'une Grecque moderne à l’abbé Prévost. Elle a également fourni le sujet de trois pièces, La Circassienne par Alexandre de Lavergne (1854), par Louis Bouilhet (1872) et par Dejoux (1898).

Publications

Les Lettres de Mlle Aissé ont été publiées en 1787 avec des notes de Voltaire, et en 1846 par Sainte-Beuve et Jules Ravenel .

Les Lettres de Mademoiselle Aïssé ont été réédités en 1943 aux Éd. Stock dans la collection « À la promenade » dirigée par Marcel Arland. Cette édition contient une étude de Sainte-Beuve sur Aïssé.

Source

  • Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littératures, Paris, Hachette, 1876, p. 42

Bibliographie

  • E Saman, « Mlle Aïssé. Du marché d'esclaves de Constantinople aux Salons littéraires parisiens de la Régence », Mémoires de l'Académie des sciences et arts de Marseille, années 1983-1984, Marseille, 1989.
  • E.et J. Goncourt, La Femme au XVIIIe siècle, P. Didot, 1887.
  • Émile Couvreu, Lettres et portraits de Mlle Aïssé, Mercure de France, LXXX, 1909, p. 458-468.

Note

  1. Acte de baptême à Lyon (Ainay), n° 2411, vue 209/252.
  2. à Madame Calandrini. Il s'agit de Julie de Pellissary, fille de Georges de Pellissary de Chiavennes, seigneur de la Bourdaisière, trésorier-général de la marine, des galères et des fortifications des places maritimes de France. Elle avait épousé en décembre 1690, Jean-Louis Calandrini résident de Genève à Paris. À l’âge de huit ans, elle avait été célébrée par le poète Étienne Pavillon. «Ses lettres furent recueillies et publiées par Mlle Rieu, petite-fille de Madame Calandrini, après les avoir longtemps auparavant communiquées à Voltaire»
  3. Émile Bouvier, « La genèse de l' "Histoire d'une Grecque moderne" », Revue d'Histoire littéraire de la France, vol. 48, no 2, , p. 113–130 (lire en ligne, consulté le )

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