Charles de Brouckère

Charles-Marie-Joseph-Ghislain de Brouckère, plus connu sous le nom de Charles de Brouckère, est un homme politique belge, de tendance libérale. Il est né le à Bruges et est mort le à Bruxelles.

Pour les articles homonymes, voir de Brouckère et Charles de Brouckère (1757-1850).

Pour les autres membres de la famille, voir Famille de Brouckère.

Charles de Brouckère

Charles de Brouckère
Fonctions
Ministre des Finances

6 jours
Monarque Léopold Ier
Ministre des Finances

2 mois et 2 jours
Ministre de l'Intérieur

13 jours
Ministre de la Guerre

6 mois et 28 jours
Bourgmestre de Bruxelles
Prédécesseur François-Jean Wyns de Raucourt
Successeur André-Napoléon Fontainas
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Bruges (Première République française)
Date de décès
Lieu de décès Bruxelles (Belgique)
Nationalité belge
Parti politique libéral
Père Charles de Brouckère
Fratrie Henri de Brouckère

Biographie

Famille « politisée »

Charles de Brouckère grandit bercé dans une famille déjà fortement impliquée dans la politique. Son père, Charles de Brouckère, a été, lors de la période autrichienne, échevin du Franc de Bruges. Il devint ensuite président de la Cour impériale de Bruxelles (ancêtre de la Cour d’appel) en 1811, après avoir siégé comme magistrat depuis 1801. Il fut aussi membre du Corps législatif pour le département de la Lys, lors de la période française. Sa mère, Charlotte Marie Anne Colette de Stoop[1], était la fille de M. de Stoop, receveur général des États de Flandre[2].

Charles de Brouckère est aussi le frère de Henri de Brouckère, également homme politique[3].

Jeunesse et études

Charles de Brouckère, de son nom entier Charles-Marie-Joseph-Ghislain de Brouckère, naquit le à Bruges[4]. Il suivit ses parents à Bruxelles, et fréquenta le lycée de cette même ville, où il étudia les sciences exactes, ainsi que la littérature[2].

Afin de poursuivre son envie de réaliser une carrière militaire, il décida de rentrer dans l’armée du Royaume uni des Pays-Bas en 1815 en tant que cadet. Après 15 jours, il fut promu et devint sous-lieutenant. De 1819 à 1820, il fut canonnier au 4e bataillon d’artillerie, jusqu'à atteindre le grade de lieutenant. Il donna sa démission en 1820 afin de se consacrer à l’administration publique[5].

Débuts en politique

Après l’armée, Charles de Brouckère rejoignit les rangs de la politique. S’étant déjà rendu en 1817 dans la résidence du gouverneur du Limbourg, il fut nommé chef de la division à l’administration provinciale du Limbourg de 1820 à 1824, pour devenir ensuite, en 1824, membre des États provinciaux du Limbourg, car un canton rural l’y avait envoyé[6].

Sous la période hollandaise (1824-1830), tout changea. En effet, de 1826 à 1829, il fit partie de la Seconde Chambre des États généraux pour la province du Limbourg. Étant d’idéologie libérale, il se plaça sur les bancs de la minorité belge et marqua sa nette opposition contre Guillaume Ier d’Orange. En 1828, les États du Limbourg intégrèrent un autre jeune libéral : Surlet de Chokier, qui devint son fidèle ami. En 1828, Charles de Brouckère fut nommé commandant de la garde urbaine[7].

Vers la fin de l’année 1828, Charles de Brouckère marqua les États généraux de par sa volonté d’instaurer la liberté de la presse. Après cet épisode, il gagna en influence et fut réélu par l’opinion publique[8].

Toutefois, il démissionna de son poste de commandant de la garde urbaine fin 1829 afin d’affirmer son opposition à l'occupation hollandaise[9], et ce, à la suite du message royal adressé le et tendant à établir une adhésion formelle des fonctions publiques au roi Guillaume Ier[10].

Son attitude lors du début de la Révolution belge

Alors que les premiers soulèvements eurent lieu le 25 août 1830 à Bruxelles, Charles de Brouckère se réjouit. Il voulut que cette révolution aboutisse à la séparation administrative entre le Nord et le Midi, étant donné que le Sud était considéré comme la Belgique constituée sous la vice-royauté du prince d'Orange. Le 3 septembre, Charles de Brouckère fut un des 7 signataires de la proclamation qui soutenait la volonté de la séparation administrative[7].

Le 13 septembre, Guillaume Ier ouvrit à La Haye la session extraordinaire des États généraux où Charles de Brouckère s’était rendu après de nombreuses hésitations. Mais il dut, avec ses compatriotes libéraux, partir au plus vite afin de sauver leur vie qui était menacée[7].

Le 28 septembre, Charles de Brouckère défendit dans un discours son avis formel sur les deux questions qui lui avaient été soumises à la représentation nationale. La révolution belge s’intensifia encore plus à la suite du bombardement d'Anvers et sortit victorieuse par la création de la dynastie belge[7].

Sous le gouvernement provisoire

L’arrêté adopté par le gouvernement provisoire du 6 octobre 1830 avait nommé Charles de Brouckère membre de la Commission chargée de présenter un projet de constitution. En plus de cela, Charles de Brouckère obtint le grade de colonel d'artillerie et géra gouvernement militaire de Liège[11].

Le 10 novembre de cette même année, il fut désigné par le district de Hasselt, qui le choisit pour faire partie du Congrès national[11].

Congrès national

Charles de Brouckère fit donc ses débuts dans l’assemblée du Congrès national présidée par son ami Surlet de Chokier, et ce, avec fracas. En effet, il refusa de s’annexer à la France et tint ce discours :

« Restons Belges, et ne voyons pas l'avenir dans le présent. Restons donc Belges, et si l'on essayait de détruire notre indépendance par le fer, appelons la France à notre secours : alors les deux peuples réunis sur le champ de bataille, quoique divisés par leurs frontières, sauront faire respecter par la force les principes qu'ils ont fait triompher, là en juillet, ici en septembre... »[12]

M. Constantin Rodenbach introduisit une autre proposition : exclure la maison d’Orange-Nassau de tout pouvoir en Belgique. Charles de Brouckère se rattacha à la majorité et la proposition fut adoptée le 24 novembre[13].

Charles de Brouckère eut une grande importance dans la rédaction de la Constitution belge, notamment par son idée de titre intitulé : « Des Belges et leurs droits ».

Pour nommer un souverain, la majorité vota tout d’abord le duc de Nemours, fils du roi Louis-Philippe, roi de France. Charles de Brouckère fut désigné afin de l’annoncer au roi Louis-Philippe, mais ce dernier refusa que son fils devienne roi de Belgique[14].

Après l’échec de cette mission actant l’impossibilité de trouver rapidement un roi, le Congrès décida de constituer une régence. Cette haute magistrature fut conférée à Surlet de Chokier, avec le soutien de Charles de Brouckère. Le régent décida de conserver auprès de lui Charles de Brouckère qui devint ministre des Finances[15].

Cependant, Charles de Brouckère proposa de nombreuses fois sa démission à son ami, car cette double mission le mettait dans une position délicate vis-à-vis du Congrès national. Le régent refusa de nombreuses fois, pour finir par l’accepter à la suite du désaccord de Charles de Brouckère quant à l’élection immédiate du prince de Saxe-Cobourg[15].

Charles de Brouckère combattit donc cette élection, ainsi que les 18 articles proposée par la Conférence de Londres. Cependant, après l'adoption de ces 18 articles, il adhéra sincèrement, par loyauté patriotique, à la combinaison qui venait de triompher[15].

Le 21 juillet 1831, il fit partie de la députation chargée de conduire l’élu du Congrès, Léopold, prince de Sax-Cobourg, jusqu’au trône[16].

Sous le roi Léopold Ier

Buste de Charles de Brouckère

Peu après que Léopold Ier fut désigné comme le nouveau roi des Belges, Charles de Brouckère devint alors ministre de l’Intérieur le . Il ne le resta cependant que durant une période assez courte de 13 jours, puisqu’il a été nommé ministre de la Guerre le , dans le contexte de la tentative de reconquête de la Belgique par les troupes hollandaises. C’est ainsi que Charles de Brouckère fut chargé de réorganiser l’armée entière. Il fit un travail des plus laborieux pendant cette période de sa vie, ce qui lui valut d’ailleurs de nombreuses critiques jusqu’à la Chambre des représentants, en raison notamment de son caractère relativement brusque et impétueux. Il présenta et obtint, lassé de ces critiques, sa démission, en mars 1832[17].

Il décida ensuite de s’éloigner du monde politique pour se lancer dans d’autres projets. Il devient notamment directeur de l’Hôtel des monnaies cette même année, jusqu’en 1846. Il participa également au projet d’élaboration de l’Université libre de Bruxelles en 1834, où il donna dans un premier temps des cours de mathématiques spéciales et d’astronomie, puis, un cours d’économie politique et de statistiques dans la Faculté de droit[18].

En 1835, il fonda la Banque de Belgique et en devint d’ailleurs le premier président. Après avoir quitté ce poste, il accepta encore de prendre la direction des établissements métallurgiques de la Société des Mines et Fonderies de Zinc de la Vieille-Montagne, où il mit de nombreuses choses en place en veillant particulièrement au bien-être de ses travailleurs[19].

En 1847, après avoir quitté ce poste de directeur, Charles de Brouckère fut désigné cette année-là comme président du jury de l’exposition des produits de l’industrie nationale. Il se distingua encore à ce poste en proposant de mettre en place un titre honorifique afin de distinguer les meilleurs travailleurs industriels et agricoles, ce qui fut finalement accepté par le gouvernement[7].

Ville de Bruxelles

Charles de Brouckère décida de revenir en politique, pour obtenir, en 1847, la fonction de conseiller communal à la Ville de Bruxelles. L’année suivante, en 1848, il est nommé bourgmestre par le Roi, succédant à François-Jean Wyns de Raucour[20].

Il a été un de ceux qui a modifié le plus grand nombre de structures administratives et qui aura permis d’énormes modifications urbaines à Bruxelles. Il permit une réorganisation de la Police et du Corps des sapeurs-pompiers[21]. C’est aussi lui qui mit en place un système de distribution d’eau potable à domicile en 1851 (à partir des réservoirs d’Ixelles, eux-mêmes alimentés par les eaux du Broebelaar et par les sources proches de Braine-l’Alleud). Il a encore annexé le quartier Léopold à la capitale en 1853 et a même reconstruit le théâtre de la Monnaie en 1855, ce dernier ayant été détruit pas les flammes[20].

Il faut encore lui être redevable de certaines « qualités civiques »[22], essentiellement lors de la grande crue de la Senne qui inonda de nombreux quartiers de la ville sous l'effet de pluies torrentielles en 1850[22]. Sur le plan social, c’est aussi lui qui permet des progrès, en créant une caisse d’épargne à la faveur des classes moyenne sous garantie de la Ville, ou en permettant une amélioration du salaire des ouvriers.

Charles de Bouckère occupera son poste de bourgmestre jusqu’à sa mort, en 1860. 

Actes d'état civil de la famille royale

En tant que bourgmestre, Charles de Brouckère assume usuellement sa qualité d'officier d'état civil. Et, à ce titre, sont rédigés sous son autorité, au Palais royal de Bruxelles (et non à l'Hôtel de ville de Bruxelles), plusieurs actes concernant la famille royale, même si l'officier d'état civil de Laeken, qui est encore une commune distincte, en office d'autres, à la même époque.

Ce sont :

  • Le à 10 h 30, mariage du Prince Léopold, duc de Brabant et l'Archiduchesse Marie-Henriette d'Autriche, futurs Roi Léopold II et Reine Marie-Henriette des Belges, qui fut précédé par un autre mariage à Vienne le 10 août 1853 précédent.
  • Le à 11 h, mariage de la Princesse Charlotte, Princesse de Belgique (1891) et de l'Archiduc Maximilien d'Autriche, futurs Empereur Maximilien Ier et Impératrice "Carlota" du Mexique, grand-maîtresse de l'Ordre de Saint Charles.
  • Le à 14 h, acte de naissance de la Princesse Louise Marie Amélie (Princesse de Belgique en 1891), fille et enfant ainé du Duc et de la Duchesse de Brabant, née le 18 février 1858 à 14h30 au Palais royal de Bruxelles.
Acte de mariage de Léopold II
Acte de mariage de Léopold II 
Acte de mariage de
l'Impératrice Charlotte
Acte de mariage de
l'Impératrice Charlotte 
Acte de naissance de la Princesse Louise
Acte de naissance de la Princesse Louise 

Remarques :

  • Léopold est cité comme Duc de Brabant et "Prince héréditaire de Belgique" (titre réglementairement inexistant) dans les 2 actes le concernant, et correctement comme Duc de Saxe dans l'acte de naissance de Louise. Il est, par contre, cité erronément comme "duc de Saxe-Cobourg-Gotha" (au lieu de "Duc de Saxe, Prince de Saxe-Cobourg et Gotha") dans son acte de mariage. Cette qualité de duc (souverain) de Saxe-Cobourg-Gotha appartient en 1853 à son cousin germain, le Duc Ernest II de Saxe-Cobourg et Gotha (1818-1844-1893)
  • Une autre cérémonie de mariage ayant eu lieu à Vienne le 10 août 1853 précédent, Marie Henriette est déjà cité dans son acte bruxellois de mariage comme Duchesse de Brabant. Elle l'est également dans l'acte de naissance de Louise ainsi que Duchesse de Saxe.
  • Lors de son mariage, la princesse Charlotte sera qualifiée dans l'acte de "Princesse Royale de Belgique". Sans doute comme parallèle avec les titres de son époux "Prince Impérial et Royal, Archiduc d'Autriche". Mais, en réellement, comme tous les membres de la famille royale, Charlotte ne portera un titre réglementaire de "Princesse de Belgique" qu'aux termes de l'arrêté royal du 14 mars 1891 comme cela est inscrit en marge de son acte de naissance.

Hommages

Ses nombreuses actions lui ont permis de se voir ériger un monument fontaine à la porte de Namur, après sa mort, en 1866, ce dernier ayant ensuite été déplacé à Laeken.

La place de Brouckère, au centre-ville, porte toujours son nom, ainsi que la station de métro s'y trouvant.

Il est inhumé au Cimetière de Bruxelles à Evere.

Annexes

Notes et références

  1. « Charles de Brouckere », sur geni_family_tree (consulté le )
  2. Théodore Juste, Charles de Brouckère (1796-1860), Bruxelles, Muquardt, , p. 2
  3. Jean-Luc De Paepe, Christiane Raindorf-Gérard, Patrick Gillard et René Brion, Le Parlement belge 1831-1894 : Données biographiques, Bruxelles, Académie royale de Belgique, , p. 115
  4. (nl) « Charles DE BROUCKERE », Vlaamse Stam, jg. 36, nr. 3-4, maart-april 2000 (lire en ligne)
  5. Théodore Juste, Charles de Brouckère (1796-1860), Bruxelles, Muquardt, , p. 3-4
  6. Théodore Juste, Charles de Brouckère (1796-1860), Bruxelles, Muquardt, , p. 4
  7. « Congrès national de Belgique. Charles de Brouckere », sur unionisme.be (consulté le )
  8. Théodore Juste, Charles de Brouckère (1796-1860), Bruxelles, Muquardt, , p. 8-10
  9. Théodore Juste, Charles de Brouckère (1796-1860), Bruxelles, Muquardt, , p. 13
  10. L'Écho des vrais principes, (lire en ligne)
  11. Théodore Juste, Charles de Brouckère (1796-1860), Bruxelles, Muquardt, , p. 31
  12. Théodore Juste, Charles de Brouckère (1796-1860), Bruxelles, Muquardt, , p. 32
  13. « Congrès national de Belgique. Séance du 24 février 1831 », sur unionisme.be (consulté le )
  14. « Charles de Brouckère », sur www.reflexcity.net (consulté le )
  15. Théodore, Charles de Brouckère (1796-1860), Bruxelles, Muquardt, , p. 37-55
  16. Théodore Juste, Charles de Brouckère (1796-1860), Bruxelles, Muquardt, , p. 55
  17. Théodore Juste, Charles de Brouckère (1796-1860), Bruxelles, Muquardt, , p. 57-64
  18. Eugène Bochart, Biographie de M. Charles de Brouckère, Bruxelles, , p. 12
  19. Théodore Juste, Charles de Brouckère (1796-1860), Bruxelles, Muquardt, , p. 66-67
  20. « L'histoire des bourgmestres bruxellois - Ville de Bruxelles », sur www.bruxelles.be (consulté le )
  21. Eugène Bochart, Biographie de M. Charles de Brouckère, Bruxelles, , p. 13
  22. Louis Starck-Claessens et Oscar Starck, Les bourgmestres de Bruxelles de l’an 1100 à nos jours, Bruxelles, Lojipe, , p. 160

Articles connexes

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