Charles Loyson

Charles Loyson, né le à Château-Gontier et mort le à Paris, est un poète, journaliste et écrivain français. Il était l'oncle[1] de son homonyme parfait, Charles Loyson, plus connu sous son nom religieux de père Hyacinthe.

Pour les articles homonymes, voir Loyson.

Origine

Fils du sellier Julien Loyson et de Théodose-Sainte Lesuc, il fréquente le collège de Beaupréau. Il se voua à la carrière de l'instruction publique, et professa successivement les humanités et la rhétorique dans plusieurs collèges de département. À 17 ans, il est professeur à Doué-la-Fontaine puis, il continue d'enseigner dans d'autres collèges provinciaux.

Malgré les succès de son enseignement, il sollicita comme une faveur d'être admis, pour y compléter ses études, à l'école normale que venait de fonder Napoléon Ier, en créant son université impériale. En 1809, il y entre, après trois années d'études, il se consacre à sa thèse de doctorat sur « la manière de traduire les poètes anciens ». Loyson fut bientôt nommé répétiteur de l'école, et professeur d'humanités au lycée Bonaparte. Tout en reconnaissant lui-même que son opinion comporte quelques paradoxes, il décide que les poètes doivent être traduits en vers et, pour donner l'exemple, il traduit Tibulle.

Parcours

Il est considéré comme le précurseur de Lamartine. Il enseigne dans divers collèges et lycées puis il chante la naissance du Roi de Rome dans une ode qui obtint quelque succès et, après l'abdication de Fontainebleau, il écrit « plus éloquemment et plus sincèrement la chute du tyran et le retour à la royauté ». Loyson n'hésita pas à chanter le retour de Louis XVIII dans une nouvelle Ode sur la chute du tyran et le rétablissement de nos rois légitimes, 1814, in-8°. Chargé, au mois d'août 1814, de prononcer le discours à la distribution des prix de son lycée, devenu le collège Bourbon, il y fait l'éloge du roi et de sa race.

Pendant cette période, il fut alors admis à donner des articles littéraires au Journal des Débats et Journal Général de France. Vivement protégé par MM. Royer-Collard et Guizot, il entra dans l'administration et fut attaché à la direction de la librairie en qualité de chef du secrétariat.

Puis les Cent-Jours lui ayant fait perdre cet emploi, l'obligent à « changer d'air », et il vient passer quelques jours dans sa ville natale. Il décide d'aller rendre visite à son ami Louis-Guillaume Papin[2] à Saumur. Il y écrira sa brochure royaliste qu'il fit imprimer à Angers sur « la déclaration de la chambre des représentants ».

La fibre royaliste

Dès le retour de Louis XVIII sur le trône de France, sa fidélité aux Bourbons, lui permet d'avoir un poste de chef de bureau au ministère de l'Intérieur ; il était en même temps maître de conférences des élèves de deuxième année à l'école normale, où il contribua par ses leçons à former des professeurs distingués, tout en continuant de collaborer au Journal Général de France.

Il fit paraître le un écrit intitulé De la conquête et du démembrement d'une grande nation, ou Lettre écrite par un grand d'Espagne à Bonaparte, au moment où celui-ci venait de faire arrêter Charles IV et Ferdinand VII dans les murs de Bayonne, où il les avait attirés sous prétexte de concilier leurs différends[3].

Au cours du printemps de 1816, son état de santé se détériore et l'oblige à venir prendre du repos dans sa ville natale. Il y étudiera l'anglais, une langue indispensable pour mener à bien son projet de traduction du Tableau de la constitution anglaise.

Loyson concourut en 1817 pour le prix de poésie proposé par l'Académie française ; son Discours sur le bonheur de l'étude n'obtint que l'accessit. Cet essai fut imprimé avec quelques autres poésies dé l'auteur, 1 vol. in-8° ; et Louis XVIII, qui agréa la dédicace de ce volume, n'avait pas, dit-on, dédaigné d'y faire quelques corrections[4]. Son travail lui vaut aussi cette épigramme de Delatouche[5], rendue célèbre par un passage des Misérables :

« Même, quand l'oison vole ; on sent qu'il a des pattes »

.

Presque en même temps, Loyson donna la traduction du Tableau de la constitution d'Angleterre, par Georges Custance, 1817, 1 vol. in-8°[6] En 1817 il prit encore une part active à la rédaction des Archives philosophiques, politiques et littéraires, journal fondé par M. Guizot, et qui avait pour but de maintenir et de développer les conséquences de l'ordonnance du 5 septembre.

Dès ce moment, voué à la politique, Loyson se constitua le défenseur du ministère, soit dans le Spectateur, soit dans une brochure à sensation, ayant pour titre Guerre à qui la cherche, ou Petites lettres sur quelques-uns de nos grands écrivains, par un ami de tout le monde, ennemi de tous les partis, 1818, in-8°. Ce pamphlet, que le ministère fit répandre avec profusion, eut, par ce moyen, trois éditions dans la même année, et fut bientôt suivi de cet autre pamphlet : Seconde campagne de Guerre à qui la cherche, ou Suite des Petites lettres sur quelques-uns de nos grands écrivains, 1818, in-8°. Ces brochures furent répandues à profusion par le Ministère.

Aussi fécond que zélé pour la cause qu'il avait embrassée, il mit encore au jour deux écrits relatifs aux questions qui occupaient alors le gouvernement :

  1. De la proposition de M. le marquis Barthélemy et de la loi des élections, 1819, in-8° ;
  2. De la responsabilité des ministres et du projet de loi présenté sur cette matière dans la séance de la chambre des députés du , in-8°.

Accusé de vénalité et sévèrement inculpé dans la Minerve par le politicien Benjamin Constant, Loyson ne craignit pas d'accepter le combat corps à corps avec un pareil adversaire. Il écrit une Lettre à M. Benjamin Constant, l'un des rédacteurs de la Minerve (1819, in-8°). Il répliqua

« Il n'est point nécessaire d'être payé pour trouver votre invariabilité souvent en défaut. Ce serait un argent trop facile à gagner et la conscience y serait doublement engagé »

. Constant

« qui ne croyait pas ce garçon si fort - quitta le terrain de la discussion »

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Épilogue

Poète, polémiste, conférencier à l'École normale, Charles Loyson occupait dans le même temps le poste de chef de bureau des cultes non catholiques au ministère de l'Intérieur.

Il publie un volume Épîtres et élégies, par Charles Loyson (1819, in-8°, avec quelques élégies (qui font pressentir Lamartine). Ces élégies connurent le succès qu'il espérait. Il a été un des premiers à comprendre Lamartine et à révéler son génie, un génie qu'il rapprochait de son propre talent.

Mais son activité intellectuelle, mise à dure épreuve pour venir à bout de ses multiples travaux, devait finir par user sa constitution plutôt maladive et, dès 1818, ses médecins lui prescrivaient un repos intellectuel complet et un exercice physique d'au moins six heures par jour pour combattre « l'inertie de ses intestins ». À cette époque, il semble qu'il se dépassa davantage encore et, pressentant sa fin prochaine, il se hâta « d'exhaler la poésie qui était dans son âme et de mettre sa plume aux services de ses convictions ».

Une de ses meilleures pièces insérées est l'ode qu'il composa sur l'attentat du , elle fut pour lui le chant du cygne. Une maladie inflammatoire l'enleva le à Paris, dans son appartement de la rue du Bac.

Ses obsèques furent honorées d'un concours nombreux. M. Cousin, son condisciple et son ami, prononça sur sa tombe des adieux. M. Patin lui a consacré dans le Lycée une notice intéressante.

Outre les ouvrages que nous avons cités, il a paru en 1821 un roman attribué à Charles Loyson, intitulé Cécilia Delaville, in-12. Son frère, alors inspecteur de l'académie de Metz, réclama dans le temps contre cette publication apocryphe.

Œuvre

Il est l'auteur de poésies, d'ouvrages de critique littéraire, d'études historiques, de discours et d'articles pour de nombreux journaux. Il publia aussi des Odes ou des Lettres adressées à Chateaubriand, Benjamin Constant, Casimir Delavigne, etc.

Rimes

« Que j'aime à te revoir, tour des siècles gothiques, Et sous tes noirs créneaux, de beaux jardins couverts, Ces voiliers sortant de tes flancs entr'ouverts. Mais où sont ces fossés, où sont ces murs antiques ? Beaux arbres qu'à leur place on a vu s'élever, Nous ne nous sommes point connus dans- mon jeune âge, Et vous m'offrez en vain votre récent ombrage, Où mon cœur et mes yeux n'ont rien à retrouver. (Les Souvenirs de l'enfance) »

Notes et références

  1. Léon Séché, « Études d'histoire romantique: Lamartine de 1816 à 183, Elvire et les "Méditations", p. 289 », (consulté le )
  2. Léon Séché, « Études d'histoire romantique: Lamartine de 1816 à 1830, Elvire et les "Méditations", p. 294 et sq », (consulté le )
  3. Sous ce titre, l'auteur soutenait avec force les droits de l'indépendance nationale ; et comme on parlait alors de démembrer la France, cette brochure, inspirée d'ailleurs par quelques-uns des conseillers de Louis XVIII, était de circonstance.
  4. C'est ce que Loyson fait entendre lui-même dans une note qui accompagne la dédicace au roi.
  5. Voir Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis, 1869 (en ligne).
  6. ouvrage qui offre l'analyse des lois politiques de la Grande-Bretagne. Le traducteur fit précéder cette publication d'une préface où il exposait la théorie de l'histoire des gouvernements représentatifs.

Source partielle

  • « Charles Loyson », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition]

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