Chapelle Saint-Martin (Assise)

La chapelle Saint-Martin est la première chapelle à gauche de l'église inférieure de la basilique Saint-François d'Assise. Commandée et financée par le cardinal Gentile Partino da Montefiore, elle a été entièrement réalisé à fresque par Simone Martini en 1313-1318. Son cycle de fresques est l'une des œuvres les plus importantes du maître siennois.

Simone Martini, détail de L'Investiture de saint Martin comme chevalier.

Histoire

Résurrection d'un enfant, autoportrait présumé de Simone Martini.

Gentile Partino da Montefiore est le cardinal de la basilique San Martino ai Monti à Rome. Un document daté de témoigne de l'attribution par le cardinal de 600 florins d'or pour la construction et la fresque d'une chapelle dans la basilique inférieure Saint-François. Au printemps de la même année, le cardinal est documenté à Sienne, se rendant à Avignon alors qu'il est chargé de transférer le trésor papal au nouveau siège français. À Sienne, il s'accorde probablement avec Simone Martini pour la fresque de la chapelle. En octobre de la même année, le cardinal meurt à Lucques avant d'arriver à Avignon.

Simone Martini travaille dans la chapelle en au moins trois phases. Il commence les travaux en 1312-1313, laissant suspendu la Maestà du Palazzo Pubblico de Sienne sur lequel il travaille alors. Lors de cette première phase, il réalise les dessins des vitraux d'Assise et commence peut-être les fresques. Il retourne à Sienne vers 1314 pour compléter la Maestà, puis revient à Assise après . Débute alors la deuxième phase avec la création de toutes les fresques de la chapelle. En 1317, il est appelé par Robert d'Anjou à Naples, mais peu de temps après il retourne à Assise pour achever (et dans certains cas refaire) les fresques en pied de saints sous l'arche d'entrée. Les travaux sont probablement été achevés en 1318.

Attribution et datation

Les fresques de la chapelle ne sont pas signées. Aucune documentation écrite n'a non plus été trouvée permettant leur attribution certaine à Simone Martini. L'attribution au maître siennois se fait sur une base purement stylistique, mais fait l'unanimité des nombreux historiens qui se sont penché sur cette question.

La datation des fresques a été davantage débattue. Aujourd'hui, la plupart des chercheurs privilégient une fenêtre temporelle entre 1312 et 1318, avec en appui : le document de attestant la volonté du client de construire la chapelle, la visite du même cardinal au printemps 1312 à Sienne et l'expulsion des Guelfes de la ville d'Assise en 1319, date à laquelle tous les travaux à Assise devaient être achevés.

Les œuvres, comme mentionné ci-dessus, ont été réalisées en trois phases, avec des interruptions au cours desquelles l'artiste se rend d'abord à Sienne puis à Naples, signant dans les deux cas, des œuvres en 1315 (la Maestà ) et en 1317 (Saint Louis de Toulouse couronnant Robert d'Anjou). La certitude que les premiers travaux à Sienne se sont également déroulés en deux phases avec une interruption avant 1315 et la présence de saints chers à la famille d'Anjou dans l'arche de la chapelle d'Assise, suggère que l'achèvement des travaux à Sienne et l'achèvement de ceux de Naples, constituent des moments de pause dans la réalisation de la chapelle Saint-Martin. Outre la présence de saints chers aux Anjou, l'analyse des attaques de plâtre indique que les fresques de la voûte ont été les dernières à être réalisées.

Description

Les murs latéraux de la chapelle présentent un cycle de dix fresques sur la vie de saint Martin, évêque de Tours. Le cycle peut être lu de bas en haut à partir de la première fresque en bas à gauche. Les scènes représentées sont les suivantes :

  • Saint Martin partage son manteau avec les pauvres.
  • Apparition du Christ et des anges en rêve à Saint Martin.
  • Investiture de saint Martin comme chevalier.
  • Renoncement de Martin aux armes.
  • Visite de l'empereur dont le trône a brûlé.
  • Résurrection d'un enfant.
  • Messe miraculeuse lors de laquelle des anges ont couvert les bras du saint sans manteau (donné à un pauvre).
  • Rêve de saint Ambroise lors de la messe coïncidant avec la mort de saint Martin.
  • Mort de saint Martin.
  • Funérailles de saint Martin.

La Dédicace du cardinal à saint Martin est représentée au-dessus de l'arche d'entrée, tandis que sur le mur du fond, dans les coins des trois fenêtres, sont présents des bustes de saints chevaliers (à gauche), de saints évêques ou papes (au centre) et de saints ermites ou fondateurs d'ordres (à droite).

Les huit saints en pied qui figurent par paires sous l'arche d'entrée sont : Sainte Marie Madeleine et Sainte Catherine d'Alexandrie (en bas à droite), Saint Antoine de Padoue et Saint François (en haut à droite), Sainte Claire et Sainte Élizabeth de Hongrie (en bas à gauche), Saint Louis de France et Saint Louis de Toulouse (en haut à gauche).

Les vitraux des trois ouvertures, avec des figures similaires à celles des montants, ont été réalisés par Giovanni di Bonino sur un dessin probable de Simone Martini, en 1312-1317.

Importance politique et religieuse des fresques

Consécration de la chapelle, détail.
Investiture de saint Martin comme chevalier, détail.
Le Renoncement aux armes de Martin, détail.

Le cardinal Gentile Partino da Montefiore, commanditaire de la chapelle, détient le titre cardinalice de Santi Silvestro e Martino ai Monti et pour cette raison, veut donner à la chapelle le nom du saint représenté dans le cycle des fresques.

La consécration du cardinal au saint est entérinée par la fresque au-dessus de l'arche d'entrée dans laquelle on peut voir le vieux cardinal, qui a laissé son galero sur la balustrade, s'agenouiller devant le saint.

Les trois rangées de saints représentés en buste, présents sur le mur du fond de la chapelle dans les montants des trois fenêtres (Saints chevaliers, Saints évêques ou Papes et Saints ermites et Fondateurs d'ordres) suggèrent les trois phases différentes de la vie du saint qui devint évêque de Tours, puis fonda des monastères.

Les huit saints sous l'arche d'entrée sont un hommage à l'ordre franciscain (dans les figures de saint François, et des deux saints franciscains, Antoine de Padoue et Louis d'Anjou), à leur homologue féminine d'Assise (sainte Claire), aux saints qui, comme saint Martin, ont vécu une vie de renoncement (sainte Catherine d'Alexandrie et sainte Marie Madeleine) et enfin, aux saints de la famille d'Anjou de Naples, où Simone Martini s'est rendue en 1317 avant d'achever ces fresques (saint Louis de France, saint Louis de Toulouse et sainte Élisabeth de Hongrie). Cette visite à Naples a été décisive pour ces dernières fresques de l'arche d'entrée. Les saint Louis et sainte Élisabeth de Hongrie actuels ont remplacé saint Nicolas de Bari et sainte Ursule préexistants, peints par Martini lui-même. Le franciscain, puis évêque de Toulouse, saint Louis, canonisé en 1317, et donc d'une grande importance politique pour la famille d'Anjou, remplace saint Antoine de Padoue. La simple toison franciscaine de saint Louis est frappante, alors que Simone Martini l'a représenté à d'autres occasions avec la mitre et la chape : le saint Louis de cette chapelle est clairement une transformation d'un saint Antoine préexistant. Et comme un saint populaire et franciscain comme Saint Antoine ne pouvait pas manquer à Assise, Simone Martini décide d'en faire un autre en remplaçant un saint Martin. Les figures de saint Martin et saint Nicolas sont encore visibles sous les fresques actuelles. Dans l'ensemble, les huit saints de la sous-arcade constituent un cycle autonome repensé après la rencontre de Simone Martini avec la famille d'Anjou, célébrant la famille et l'ordre franciscain, à laquelle appartenait le nouveau saint angevin saint Louis.

Une curiosité concerne la scène de La Renonciation aux armes de saint Martin. L'empereur, qui jette un regard sévère et pointe son sceptre vers le saint l'accusant de lâcheté est, selon toute vraisemblance, Frédéric II de Souabe, empereur du Saint-Empire romain germanique, comme en témoignent les armoiries avec l'aigle noir sur son campement. Saint Martin semble cependant marcher vers l'ennemi, mais avec seulement la Croix, répondant ainsi aux accusations de lâcheté. De cette façon, l'empereur est chargé d'une image négative. Ce n'est pas un hasard si l'ennemi, barricadé derrière les rochers, porte l'insigne du lion rampant sur fond rouge, symbole du capitaine du peuple de la ville de Sienne. Dans ce contexte, Sienne, qui ces dernières années fait face à l'empereur Henri VII du Saint Empire romain, acquiert une image positive.

Style

Le style de Simone Martini, lors de ces dernières années, est réaliste et plus raffiné dans la manière dont les personnages, leurs visages, leurs postures, le toucher de leurs mains sont représentés. Simone est extrêmement habile à rendre les lignes physionomiques des visages pour leur donner un caractère naturaliste et vraisemblable, jamais stéréotypé. Cela se voit particulièrement dans les visages des personnages secondaires des fresques tels que les musiciens de la cour dans la scène de L'Investiture du saint en chevalier ou du garde qui se tient entre l'empereur et le saint dans la scène de La Renonciation aux armes ou le visage du personnage perplexe dans la scène du Miracle de l'enfant ressuscité. Ce réalisme est visible également dans le soin avec lequel les tissus et les objets sont représentés. Simone est un peintre courtois, profane même dans la représentation de sujets religieux, presque chevaleresque.

Dans ces fresques, l'influence de Giotto est également visible, qui, dans ces années, peignait des fresques sur le transept droit de la même basilique. Il résulte de cette influence le placement des scènes dans des contextes architecturaux rendus avec une perspective appropriée et une plus grande attention aux véritables sources de lumière dans le rendu des ombres. Les volumes des saints en pied dans l'arche d'entrée, les dernières fresques peintes par Simone dans l'ordre chronologique dans cette chapelle, sont une nouvelle approche du style de Giotto. Cependant Simone ne s'est pas passivement adapté à l'école florentine, au contraire il existe un fossé très net entre sa manière de peindre et celle de Giotto à partir du même thème de peintures : Simone ne peint pas les histoires d'un saint populaire comme saint François, mais d'un saint chevalier raffiné, dont il souligne quelques aspects édulcorés de la légende. Par exemple, dans la célèbre scène de L'Investiture de saint Martin, l'action se déroule dans un palais, avec les musiciens de la cour magnifiquement vêtus et avec un domestique avec un faucon chasseur à la main. Le contexte de Simone est plus fabuleux, son étude réaliste des costumes et des poses est absolument remarquable ; l'identification physionomique dans les visages est inégalée dans toute la peinture de l'époque, y compris chez Giotto. Le rendu des couleurs bénéficie également de l'usage d'un plus grand répertoire.

En résumé, avec ces fresques, Simone s'affirme comme un peintre laïc, courtois et raffiné. C'est au cours de ces années que sa capacité à représenter des éléments naturels s'est concrétisée, jetant les bases de la naissance du portrait.

Bibliographie

  • Marco Pierini, Simone Martini, Silvana Editore, Milan 2002.
  • Pierluigi Leone de Castris, Simone Martini, Federico Motta Editore, Milan 2003.

Crédits

Articles connexes

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