Château des ducs d'Alençon

Le château des ducs d'Alençon est un ancien château fort, de la fin du XIIe siècle, aujourd'hui détruit, dont les vestiges se dressent sur la commune française d'Alençon dans le département de l'Orne, en région Normandie. L'ensemble des bâtiments subsistant construit, vers 1400, par Jean Ier sera transformé à la Révolution en prison, fonction qu'il conservera jusqu'en 2010[1]. Le château fut le centre du comté puis du duché d'Alençon.

Le château fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862[2].

Localisation

Les vestiges du château sont situés dans le centre ville d'Alençon, dans le département français de l'Orne. Il était un des éléments essentiels pour la défense du duché de Normandie sur sa frontière sud, contre d'éventuelles attaques angevines, et empêcher l'accès aux plaines de Normandie moyenne[3].

Historique

Château vu du parc Simone Veil.

Le premier château d'Alençon, qui a complètement disparu, est construit au IXe siècle, sous le règne du duc de Normandie Richard Ier, et confié à la garde de la famille de Bellême[4], dont les deux premiers seigneurs connus de la ville, sont Yves de Bellême et son fils Guillaume Ier. Sous Robert Ier (c. 1010–1035), le château essuie un premier siège afin d'affirmer l'autorité et les droits du duc sur la forteresse[5].

Vers 1050, Guillaume le Conquérant vint assiéger le château des Bellême dont s'était emparé Geoffroy Martel[5]. Il est décrit : « Avait a cel terms un fossé, Haut e parfont e réparé ; Sur le fossé ont hériçon, E dedenz close une maison ; Entor ont bretesches levées, Bien planchies e Kernelées »[note 1],[6]. Lors de l’assaut, Guillaume, fit combler le fossé et incendier les défenses « Li bois fu secs, li feu s'esprent. Que par le feu qu'il alluma, Que par l'assaut qu'il lor dona, Les uns sont ars (brulés), li altre pris, E tel i a hunte occis[7] ». En 1087, Robert de Bellême alors qu'il chevauche vers Brionne, apprenant la mort du duc Guillaume, tourne bride et se dirige sur Alençon, surprenant la garnison locale et l'expulse[8].

En 1113, lorsque Henri Ier Beauclerc, roi d'Angleterre, duc de Normandie et troisième fils de Guillaume le Conquérant, prit Alençon, il élève un grand donjon roman[note 2] carré, analogue à ceux d'Arques, de Caen ou de Falaise. Le donjon Henri Ier Beauclerc sera ensuite intégré à un second château, construit par Pierre II, comte d'Alençon de 1361 à 1404. En 1220, le château et le comté d'Alençon, sont rattachés au domaine royal à l'extinction de la famille de Bellême[5]. Saint Louis (1214-1270) les donnera à son cinquième fils, Pierre Ier d'Alençon, qui prendra par la suite le titre de duc d'Alençon. Mort en 1283 sans descendants, le duché d'Alençon, deviendra un apanage du royaume, dont le dernier à porter le titre ducal sera Louis-Stanislas, comte de Provence et futur Louis XVIII[5].

En 1285, c'est Charles de Valois, frère du roi de France Philippe IV le Bel, qui reçoit l'apanage et dont les descendants se maintiendront à la tête du duché jusqu'en 1525 à la mort de Charles IV d'Alençon[5]. Parmi eux se sont illustrés Jean Ier, mort en 1415 à Azincourt, Jean II (1409-1476), compagnon de Jeanne d'Arc et Charles IV d'Alençon (1489-1525) dont la veuve Marguerite de Valois-Angoulême (1492-1549), sœur de François Ier et reine de Navarre à la suite de son remariage avec Henri II entretient pendant un certain temps au château d'Alençon une cour de poètes avec notamment Clément Marot[5].

En 1592, le château d'Alençon est en grade partie détruit sur la volonté d'Henri IV qui voyait d'un mauvais œil l'érection d’importantes forteresses, symboles du pouvoir individuel des seigneurs et de l'hétérogénéité du royaume, d'autant plus que la France venait d'être déchirée par les guerres de religion. Dès lors, depuis le XVIIe siècle, les ducs d'Alençon abandonnent le château pour résider dans l'hôtel Louis XIII[note 3]. Il ne resta alors que le donjon et le pavillon d'entrée. En 1782, le donjon était à son tour détruit. Il ne reste alors du château des ducs d'Alençon que le pavillon d'entrée.

En 1804, l'implantation de la maison d'arrêt d'Alençon dans l'édifice entraîna d'importants travaux liés à cette nouvelle affectation modifiant le bâtiment et ses abords (distribution intérieure et création de murs d'enceinte accueillant les cours de promenade). En 2010, la maison d'arrêt est transférée sur le site des Croisettes à Coulaines, près du Mans[9].

En 2018, la ville d'Alençon rachète le château à l'État après quatre ans de négociations[10]. L'année suivante, la ville commence l'aménagement des lieux afin de rendre l'accès au château et à un parc urbain à aménager[11].

Description

Vue septentrionale, avec au fond, la Tour couronnée.
Bras de la Briante passant au pied de la « Tour couronnée ».

L'impression que peut laisser le châtelet d'entrée, avec ses deux tours jumelles, témoigne de la grandeur et de la somptuosité de l'ancien château. Il ne reste plus rien de la tour Giroye, des fossés formés par la Briante, ou encore bien peu du parc gigantesque qui s'étendait jusqu'à la forêt d'Écouves, réduit aujourd'hui au parc des Promenades de 4 hectares.

Le château avant sa destruction se composait d'une enceinte fortifiée, englobant deux îles de la Briante, flanquée de grosses tours rondes, dont la tour Giroie[note 4], la tour salée faisant office de magasin à sel, de la barbacane[note 5]. De cet importante forteresse, il subsiste de nos jours, la tour Couronnée, le corps de logis attenant à la tour, et le châtelet d'entrée avec ses deux tours rondes jumelles à mâchicoulis.

Notes et références

Notes

  1. Le château construit en bois, est constitué d'un donjon que protègent des ouvrages en saillies crénelés, les bretèches, entouré d'une levée de pieux, le hérisson, et d'un fossé haut, profond et bien tranché.
  2. Il n'en subsiste de nos jours aucun vestiges. Épargné par Henri IV, sous Louis XIII, il doit servir comme carrière de pierre, mais la Chambre des comptes donna son refus. En 1744, à la suite de l'incendie de l'église Notre-Dame on utilisa pour sa reconstruction les pierres de couronnement du donjon. Sa destruction sera suspendue, car en 1780 on aménage à l'intérieur des cachots qui ne serviront qu'un an, les murs s'étant lézardés à la suite de la poussée des voûtes construites à l'occasion. Les prisonniers furent évacués et le donjon démoli. Aux archives de l'Orne, sont conservés des plans et des gravures de celui-ci[1].
  3. L'hôtel sera ensuite donné aux intendants de la généralité d'Alençon puis aux préfets de l'orne.
  4. C'est dans cette tour que Guillaume de Bellême aurait émasculé Guillaume Giroie (fils-Géré), son rival amoureux[5].
  5. Elle se dressait à l'emplacement du square de la Sicotière.

Références

  1. Beck 1986, p. 94.
  2. « Ancien château », notice no PA00110691, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  3. Stéphane William Gondoin, « Les châteaux forts au temps de Guillaume le Conquérant », Patrimoine normand, no 94, juillet-août-septembre 2015, p. 41 (ISSN 1271-6006).
  4. Bernard Beck, Châteaux forts de Normandie, Rennes, Ouest-France, , 158 p. (ISBN 2-85882-479-7), p. 93.
  5. Beck 1986, p. 93.
  6. Beck 1986, p. 23.
  7. Wace ; Le roman de Rou. Vers 4305-10 et 3442-46.
  8. Beck 1986, p. 31.
  9. « Ouest-france.fr - La prison fermée, que faire du château d’Alençon ? » (consulté le ).
  10. Les travaux dans le parc du château.
  11. Alençon. La première porte pour le parc du château des Ducs a été posée.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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