Château de Tournay

Le château de Tournay est un château situé dans la commune de Pregny-Chambésy, dans le canton de Genève, en Suisse. Le château est classé Bien culturel d'importance régionale [1].

Château de Tournay

Le château de Tournay.
Nom local Château de Tournay
Château de Voltaire
Début construction 1601
Fin construction
Propriétaire initial Pierre de Brosses
(Seigneurie de Tournay)
Destination initiale Habitation
Propriétaire actuel Nicole Propper
Destination actuelle Habitation
Protection Bien culturel d'importance régionale
Objet classé
()

Objet inscrit à l'inventaire genevois
()

Coordonnées 46° 14′ 13″ nord, 6° 08′ 17″ est
Pays Suisse
Région historique Pays de Gex
Canton Genève
localité Pregny - village
Commune Pregny-Chambésy
Géolocalisation sur la carte : canton de Genève
Géolocalisation sur la carte : Suisse

Localisation

Photo satellite, par Swistopo, du château et de son domaine.

Au cours des siècles, Tournay a changé de lieu à maintes reprises, jusqu'à ce que la commune de Pregny devienne un territoire genevois officiellement le 4 juillet 1816 [2].

Le château se situe dans la localité de Pregny - village et se dresse au sud-ouest du domaine de Tournay comprenant les lieux-dits de Chambésy-Dessus, Château de Tournay, Machéry et Monthoux. Le domaine a une surface totale de 335 156 m2, mais le terrain appartenant officiellement au château s'étend sur 331 911 m2.

Histoire

Du XIIe siècle au XVIIIe siècle

Aucune source écrite ne fournit des précisions sur son origine. Après la création, aux XIIe siècle et XIIIe siècle, de plusieurs autres seigneuries foncières, les comtes de Genevois perdent peu à peu le contrôle du territoire, les nouveaux seigneurs ayant réussi à s'assurer une position plus ou moins autonome. C'est à ce processus que la petite seigneurie de Tournay doit son origine. Datant probablement du XIIIe siècle, elle comprenait les villages de Pregny et de Chambésy et était placée sous la suzeraineté des seigneurs de Gex [3].

À l'origine, le château était une maison forte gessienne du XVe siècle. Mais après diverses transformations et restaurations entreprises aux XVIIe siècle et XVIIIe siècle, son caractère défensif a été effacé dans une large mesure. Cependant, la construction recèle aujourd'hui encore bien des traces de murs anciens et le plan de la forteresse primitive est facilement reconnaissable. D'autres vestiges du premier ouvrage sont encore visibles : un fossé sec et herbu, et les restes d'un important donjon carré [3].

Vers la fin du Moyen Âge, le fief change plusieurs fois de mains. En 1353, il passe, avec la seigneurie de Gex, à la maison de Savoie. Au début du XVIe siècle, Tournay appartient à la famille de Brosses, originaire de Haute-Savoie. L'un des plus illustres seigneurs de Tournay, Charles de Brosses (1709-1777), a été président du Parlement de Bourgogne.

Lors de la conquête du pays de Vaud par les Bernois, ceux-ci acquièrent aussi des droits de souveraineté sur la seigneurie gessienne; ils les restituent toutefois au comte de Savoie en 1567. Dès lors, le château-fort sert de base aux comtes lors d'actions militaires contre Genève [3].

Voulant s'emparer de Genève, la Savoie mène en effet une lutte longue et dévastatrice pour parvenir a ses fins. Propriétaire du château de Tournay vers 1590, Jean de Brosses sympathise avec les calvinistes genevois, et cela bien que Tournay soit un fief savoyard. Pour éviter que les parties belligérantes ne mettent la main sur sa propriété, il offre d'en raser les fortifications, de combler les fossés et d'abattre le mur d'enceinte. Ainsi, Tournay ne pourrait plus pu servir de point d'appui aux Savoyards. Son offre est toutefois vaine, car les troupes genevoises incendient le château au cours d'une incursion en pays savoyard. Le conflit est réglé en 1603 par le traité de paix de Saint-Julien et la famille de Brosses fait alors reconstruire leur château, mais renoncent à en réparer les ouvrages fortifiés. Tournay prend dès lors le caractère d'un élégant manoir.

Du XVIIIe siècle à aujourd'hui

Dessin du château de Tournay par Pierre Zoelly.

Au XVIIIe siècle, la petite seigneurie de Tournay est érigée en comté par la maison de Savoie. En 1758, Voltaire l'achète sous forme de bail à vie avec le titre comtal qui y est attaché. Mais comme il entreprend d'importants travaux et qu’il y donne des représentations théâtrales, il s'attire l'hostilité des calvinistes genevois et préfère finalement aller s'établir à Ferney, où il jouit d'une plus grande liberté de mouvement [4]. Repassé à la famille de Brosses à la mort de Voltaire, Tournay est le siège du comité des Négatifs pendant les troubles de 1782 à Genève. La seigneurie de Tournay est dissoute pendant la Révolution française. Saisi comme bien d'émigré, le domaine est morcelé et vendu en 1794 à Pierre-Jean Pannisod, ancien fermier des de Brosses.

De 1851 à 1896, la famille Panissod laisse le château de Tournay au Comité international de secours aux blessés en cas de guerre. Le château sert alors de pension et reçoit pendant l'été des fillettes faibles, maladives ou convalescentes [5]. En 1915, Alfred Baur (en), négociant et collectionneur d'art asiatique, achète le tout. Trouvant le château en mauvais état, il décide de peu le rénover et préfère se construire une villa, appelée « Villa Baur », sur le coteau du terrain. En 1951, à la mort d'Alfred Baur, le château, le terrain et la « Villa Baur » sont rachetés par la Fondation Baur.

Le château en 1943.

Le 21 octobre 1958, le château est inscrit sur la liste des objets classés par l'Office du Patrimoine et des sites du canton de Genève [6].

Le 16 octobre 1987, le château est inscrit sur la liste des objets inscrits à l'inventaire par le Département des Travaux Publics du canton de Genève [7].

Entre 1990 et 1994, le World Economique Forum avait pour projet de venir installer son siège dans le domaine du château de Tournay et d'y construire un bâtiment de 2 000 m2. À la suite de problèmes budgétaire, le WEF enterre l'idée de s'établir à Pregny-Chambésy [8],[9],[10].

Dans les années 1990, la Fondation Baur décide de louer la « Villa Baur » qui sera rachetée par la République Italienne.

En 2008, le domaine a été divisé en trois lots, le château et la villa avec leurs alentours respectifs constituant chacune un lot destiné à être vendu, le 3e lot composé des terrains agricoles restant aux mains de la fondation créée par les Baur pour gérer le domaine [11].

Entre 2008 et 2009, le château est racheté par un particulier. Il est alors complètement restauré et reçoit son aspect actuel [12]. La villa Baur, elle, est rachetée par la République algérienne démocratique et populaire au prix de 30 000 000 francs suisses afin d'y loger l'ambassadeur de la mission permanente de l'Algérie auprès des Nations Unies à Genève.

Propriétaires du domaine et du château

Le château de Tournay a connu de nombreux propriétaires :

  • XIIe siècle - 1384 : Nobles d'Aguières (ou Anières) [13];
  • 1384 - 1536 : Famille des de Genthod [13];
  • 1536 - 1546 : Jaques de Viry (seigneur de Tournay) [13];
  • 1546 - ? : Nicolas de Flert (seigneur de Tournay) et Antoine Calvin [13];
  •  ? - 1558 : Adrien de Pergrimand ou Briquemanet (seigneur de Villemongis et de Tournay) [13];
  • 1558 - 1562 : François Moncel (seigneur de Tournay) [13];
  • 1562 - 1573 : Antoine Lullin (seigneur de Tournay) [13];
  • 1573 - 1583 : Jean de Brosses (seigneur de Tournay) et Pierre Lullin (seigneur de Tournay) [13];
  • 1583 - 1595 : Jean de Brosses (seigneur de Tournay) [14];
  • 1604 - 1617 : Pierre de Brosses (seigneur de Tournay) [14];
  • 1617 - 1674 : Charles de Brosses (seigneur de Tournay) [14];
  • 1674 - 1741 : Claude de Brosses (seigneur de Tournay) [14];
  • 1741 - 1778 : Charles de Brosses (seigneur de Tournay) [14];
  • 1758 - 1778 : Voltaire [15];
  • 1778 - 8 décembre 1793 : René-Augustin de Brosses (seigneur de Tournay) [14];
  • 10 février 1794 - 1915 : Famille Panissod (pendant quatre générations) [16];
  • 1915 - 9 décembre 1951 : Alfred Baur (en) [17];
  • 27 décembre 1951 - 2009 : Fondation Baur [17];
  • 2009 - : Nicole Propper [18].

Toponymie

Deux étymologies peuvent expliquer le nom de Tournay : soit le terme gaulois de "toren" (colline) évoquant la topographie des lieux, soit le patronyme romain de "Turnius" indiquant le domaine de Turnius [19].

Architecture

Reconstruit entre 1601 et 1603 à la suite de l'incendie de l'ancien château par les troupes genevoises lors de leurs incursions en pays savoyard, l'actuel château a pris le caractère d'un élégant manoir.

Le château a une surface totale de 521 m2 et 22 mètres de hauteur.

Photos

Notes et références

  1. « Objets B », sur www.babs.admin.ch (consulté le )
  2. Guillaume Fatio et Raymond Perrot, Pregny-Chambésy, commune genevoise, Pregny-Chambésy, Commune de Pregny-Chambésy, 1947 / 1978, 360 p., p. 117-121
  3. « Le château de Tournay », sur swisscastel.ch (consulté le )
  4. Erica Deuber-Pauli, Voltaire chez lui, , p. 29-46
  5. Ernst Anderegg, Hans Anderegg: Assistance et bienfaisance: cahier. Prevoyance appliquee aux malades et aux autres personnes ayant besoin de protection; Institutions de correction, 1912, (Google Book)
  6. « Liste des objets classés », sur https://www.ge.ch, (consulté le )
  7. « Liste des objets inscrits à l'inventaire » (consulté le )
  8. « Journal de Genève - 26.10.1990 - Pages 18/19 », sur www.letempsarchives.ch (consulté le )
  9. « Journal de Genève - 27.02.1991 - Pages 24/25 », sur www.letempsarchives.ch (consulté le )
  10. « Journal de Genève - 14.01.1993 - Pages 16/17 », sur www.letempsarchives.ch (consulté le )
  11. Christine Amsler, « alerte : art public patrimoine », sur patrimoinegeneve.ch, (consulté le )
  12. « Tournay », sur hls-dhs-dss.ch, (consulté le )
  13. Guillaume Fatio et Raymond Perrot, Pregny-Chambésy, commune genevoise, Pregny-Chambésy, Commune de Pregny-Chambésy, 1947 / 1978, 360 p., p. 39-40
  14. Guillaume Fatio et Raymond Perrot, Pregny-Chambésy, commune genevoise, Pregny-chambésy, Commune de Pregny-Chambésy, 1947 / 1978, 360 p., p. 41-50
  15. Guillaume Fatio et Raymond Perrot, Pregny-Chambésy, commune genevoise, Pregny-Chambésy, Commune de Pregny-Chambésy, 1947 / 1978, 360 p., p. 51-71
  16. Guillaume Fatio et Raymond Perrot, Pregny-Chambésy, commune genevoise, Pregny-Chambésy, Commune de Pregny-Chambésy, 1947 / 1978, 360 p., p. 73-77
  17. Guillaume Fatio et Raymond Perrot, Pregny-Chambésy, commune genevoise, Pregny-Chambésy, Commune de Pregny-Chambésy, 1947 / 1978, 360 p., p. 77-78
  18. « ETAT DE LA PROPRIETE », sur ge.ch, mis à jour tous les 24 heures (consulté le )
  19. « NOMS GÉOGRAPHIQUES DU CANTON DE GENÈVE : Avenue de Tournay », sur ge.ch, (consulté le )

Bibliographie

  • G. Fatio, Pregny-Chambésy, commune genevoise, 1978 (2000)
  • E. Deuber-Pauli, J.-D. Candaux, dir., Voltaire chez lui, 1994.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

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