Château de Commarque

Le château de Commarque[1] est un ancien château fort, dont l'origine remonte au XIIe siècle, qui se dresse sur la commune française des Eyzies dans le département de la Dordogne, en région Nouvelle-Aquitaine. Le site castral regroupe, à l'intérieur d'une enceinte, un château, une chapelle et des maisons nobles. La grotte de Commarque se trouve en dessous, à l'aplomb du donjon.

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Localisation

Le château de Commarque édifié sur un éperon rocheux au fond de la vallée de la Beune, se dresse entre Sarlat et Les Eyzies, dans le département français de la Dordogne.

Il fait face au château de Laussel, situé sur l'autre rive de la Beune, occupé au Moyen Âge par les Anglais.

L'accès au château s'effectue par un chemin empierré, puis par un sentier d'environ 600 m à travers bois. Cet accès est si peu aisé d'accès qu'on lui donne le nom de « Forteresse oubliée ».

Étymologie

Commarque est un nom de famille existant également ailleurs, parfois écrit Comarque ; un château dans le département de Lot-et-Garonne, par exemple. Ce nom est sans doute à rattacher au latin cōmarchus, maire dans un bourg. Par ailleurs, le radical est marca et il désigne un fief en limite ou limitrophe, une « marche » en français, territoire qui est commis à la garde d'un « marquis ».

La devise des Commarque « Cum Arcâ », (cum arcam) et qu'on traduit « avec l'arche d'alliance » se lit sous des armoiries parlantes (sorte de rébus), mais ne constituent pas l'origine du nom.

Historique

Légende :
1. logis des Beynac
2. logis des Commarque
3. tour des Escars
4. maison du four
5. maison de la tour
6. chapelle Saint Jean
7. tour avec passage
8. porte d'accès
9. ravelin
Gr = fossé

Fondé au cours du XIIe siècle, ou avant, sur la demande des abbés de Sarlat, le château de Commarque, qui n’est alors qu’une simple tour de bois, doit à l'origine assurer la sécurité de la vallée qui voit le croisement de deux routes commerciales importantes de la région : la route de Périgueux à Cahors et celle de Brive à Bergerac. Au XIIe siècle il existe une agglomération, un donjon avec un logis, une chapelle et des maisons-tours : c'est le castrum de Commarque.

Progressivement, après que la famille de Beynac se soit rendue maîtresse du château, la tour en bois est remplacée par un donjon en pierre plusieurs fois rehaussé, en particulier en 1380, et couronné de mâchicoulis[2]. Ainsi, les seigneurs du lieu, les Beynac, logeaient dans le donjon seigneurial.

Plusieurs autres tours sont ensuite construites, accompagnées à chaque fois d'un logis. Les maisons-tours sont tenues par des lignages de petite noblesse dont quelques noms sont connus : les Commarque, les Cendrieux, les Gondrix, les La Chapelle, etc. Chaque maison-tour est constituée d’un enclos, d'accès propres et de fossés.

Pendant la guerre de Cent Ans, les Beynac restent les défenseurs fidèles de la couronne de France. Les Anglais s'emparent néanmoins du château en 1406[3] et le conservent pendant quelques années. Le déclin de la famille de Beynac date de cette époque. Dans les années 1500, il semble que le castrum de Commarque soit déjà déserté par les anciennes familles résidentes. Plus tard, en 1569, le castrum est à nouveau pris pendant les guerres de Religion par les catholiques. C'est sans doute à cette époque que s'est effondrée la salle voûtée.

Guy de Beynac, dernier châtelain de Commarque, y meurt en 1656. Le site est abandonné définitivement au XVIIIe siècle. Un siècle plus tard, le château est en ruine.

En , l'abbé Henri Breuil découvre la grotte préhistorique de Commarque dans la falaise qui soutient le château. Elle renferme 150 dessins gravés par l'homme il y a 15 000 ans, au Magdalénien. La grotte est classée au titre des monuments historiques en 1924[4].

Avant la Première Guerre mondiale, un gentilhomme germanique rachète le château et s'en sert de carrière de pierres pour construire les ailes néogothiques de son château, situé près de Sarlat[4].

En 1968, Hubert de Commarque, descendant de la famille originelle, achète les ruines du château. Le site est, à l'époque, entièrement recouvert par la végétation. Il entreprend de consolider les parties les plus abîmées. Depuis 1994 se succèdent des campagnes de consolidation et de restauration.

Le castrum a fait l'objet dans les années 1990 d'une étude approfondie, par Gilles Séraphin, et dans les années 2000 par le bureau Hadès. Les relevés du bâti ont mis en évidence les nombreuses reprises de maçonnerie, s'échelonnant du XIIe au XVIIe siècle[5].

Protection

Le château de Commarque est classé monument historique par arrêté du [6].

Visite

Le château est ouvert au public depuis l'an 2000. Afin de financer la restauration, des activités ludiques, des concerts, des animations médiévales ou encore des séminaires y sont organisés[4], ainsi que des expositions d'artistes.

Le château dans la littérature et l'art

En littérature

L'écrivain Robert Merle s'inspire partiellement de ce site pour divers lieux figurant dans certains de ses romans : ainsi Malevil, décrivant la survie d'un petit groupe humain dans le Périgord après la bombe[7] (la rivière Beune devient les Rhunes) et toute la série des romans historiques Fortune de France qui décrit la résistance d'un groupe de huguenots lors des guerres de Religion.

Lieu de tournages

En 1977, Ridley Scott a tourné le duel final du film Les Duellistes[4],[8],[9] au sein des ruines, ainsi que certaines scènes au pied du château, dans la vallée de la Grande Beune.

D'autres productions cinématographiques ou télévisuelles ont utilisé le château comme lieu de tournage :

Début , des scènes de la mini-série Sauver Lisa (adaptation de la série japonaise Mother) sont tournées à Commarque sous la direction de Yann Samuell[12].

Notes et références

  1. Gilles Séraphin, Le castrum de Comarque, p. 161-193, dans Congrès archéologique de France. 156e session. Monuments en Périgord. 1999 - Société Française d'Archéologie - Paris - 1999.
  2. André Châtelain, Châteaux forts - Images de pierre des guerres médiévales, Paris, Rempart, 2003, (ISBN 2-904-365-001), p. 50.
  3. Prise de Commarque par Archambaud d'Abzac, dans Le Chroniqueur du Périgord et du Limousin, 1854, p. 182 (lire en ligne).
  4. Ghislain de Montalembert, « Château de Commarque. Les 12 travaux d'Hubert », Le Figaro Magazine, semaine du , p. 58-66.
  5. Christian Rémy, « Les multiples facettes du château », Dossiers d'archéologie, no 404, , p. 11 (ISSN 1141-7137).
  6. « Château de Commarque », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  7. [Delluc et al. 1981] Brigitte Delluc, Gilles Delluc, Jean Chaline, Jacques Evin, B. Galinat, A. Leroi-Gourhan, Cécile Mourer-Chauviré, Thérèze Poulain et F. Schweingruber, « La grotte ornée de Comarque à Sireuil (Dordogne) », Gallia préhistoire, no 1, , p. 1, note 1 (DOI 10.3406/galip.1981.1666, lire en ligne [sur persee]).
  8. Les Duellistes sur le site L2TC.com, consulté le 9 novembre 2020.
  9. Franck Delage, « Quand Commarque fait son cinéma », Sud Ouest édition Dordogne, , p. 22.
  10. Jean-Luc Aubarbier, Michel Binet et Guy Mandon, Nouveau guide du Périgord-Quercy, p. 411-412, Ouest-France, 1987, ( (ISBN 2-85882-842-3)).
  11. Les films tournés en Dordogne (archive), Dordogne cinéma, consulté le .
  12. Franck Delage, « Une série dans le château », Sud Ouest édition Dordogne, , p. 22.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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