Centre de la France

Le centre de la France est le point constituant le centre géographique de la France. À défaut de détermination officielle, il peut correspondre à plusieurs interprétations.

Anciens centres de la France

Selon les Commentaires sur la Guerre des Gaules de Jules César, le centre de la Gaule est situé sur la frontière du territoire des Carnutes : « À une certaine époque de l'année, [les druides] s'assemblent dans un lieu consacré sur la frontière du pays des Carnutes, qui passe pour le point central de toute la Gaule »[1]. Ce lieu était peut-être situé près de l'actuelle abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire dans le Loiret[2], mais selon l'historienne Anne Lombard-Jourdan, il s'agirait du lieu-dit Montjoie dans la plaine du Lendit, entre Paris et Saint-Denis.

Aux XIVe et XVe siècles, les avis divergent : certains affirment que le centre est Chartres, d'autres, comme Jean de Jaudun, qu'il s'agit de Paris. Pour Gilles Le Bouvier, héraut de Charles VII, la Loire coule au milieu du royaume, assimilé à un losange[3].

Divers centres selon les modes de calcul

Il peut être le centre du plus petit rectangle/cercle/autre figure géométrique dans lequel entrerait entièrement la France, ou du plus grand cercle entièrement inclus dans le territoire de France continentale. Une autre méthode consiste à fixer un centre pour chaque commune puis à déterminer le barycentre des 36 500 centres ainsi trouvés assortis chacun d'un coefficient selon la superficie communale. On peut y inclure la Corse (France métropolitaine) ou non (Hexagone).

La borne à Bruère-Allichamps.

Contrairement à d'autres pays (comme les États-Unis, cf. centre géographique des États-Unis), il n'existe pas en France de repère officiel indiquant un centre géographique précis. La plus ancienne mention d'un « centre de la France » se trouve à Bruère-Allichamps, où une borne romaine du IIIe siècle, évidée et transformée en sarcophage, est exhumée en 1757 du cimetière puis plantée au centre de la commune par le duc de Béthune-Charost en 1799. À son sommet flotte un drapeau tricolore et un texte indique : « La tradition désigne ce monument comme le centre de la France », chose confirmée par le géographe Adolphe Joanne dans son dictionnaire, choix pourtant par la suite contesté[4].

En 1968, le maire de Saulzais-le-Potier fait installer à la sortie de son village une stèle dans laquelle a été scellée une lettre plastifiée reproduisant la lettre de l'abbé Moreux, qui avait conclu que le centre de la France se trouvait ici. La stèle porte l'inscription : « Ce serait ici que les calculs de l'éminent mathématicien et astronome l'abbé Théophile Moreux auraient déterminé le centre géographique de la France ». Pourtant, l'IGN est une première fois sollicité afin de trancher cette question et conclut en faveur d'un autre village, Chazemais, qui détient ce « titre » pendant une trentaine d'années[4].

En 1993, l'IGN est à nouveau sollicité : contrairement à autrefois, où l'on calculait à partir d'une carte plane, cette étude de l'IGN prend en compte la courbure de la Terre. Si l'on ne compte pas la Corse, il conclut à La Coucière (46° 32′ 23″ N, 2° 25′ 49″ E ), un endroit situé dans la ville de Vesdun, il y existe une mosaïque multicolore édifiée en 1985 par le maire Jean-Marie Dumontet[5], mais rien à l'emplacement exact, car il se situe sur un champ privé. Prenant en compte la Corse, un autre calcul de l'IGN aboutit une douzaine de kilomètres plus loin, à Nassigny, où le maire a fait construire une borne de pierre avec une carte de France en métal, sur le bord d'un champ[4].

D'autres endroits se prévalent du titre de centre de la France, comme la tour Malakoff (érigée après la guerre de Crimée) à Saint-Amand-Montrond ou une aire de repos sur l'autoroute A71[4].

La question du centre étant contestée (en prenant en compte différents modes de calculs), plusieurs communes disposent chacune d'un monument commémoratif. Le , une émission de l'ORTF est consacrée à ce sujet, faisant se confronter à l'antenne les avis de différents villageois[6],[4].

Barycentre

En fonction des calculs réalisés et des hypothèses (prise en compte ou non de la Corse ou des petites îles côtières, barycentre des masses émergées tenant compte ou non du volume des montagnes, des surfaces des lacs ou étangs…), plusieurs communes peuvent revendiquer ce titre honorifique[7] :

  • dans le Cher :
    • Bruère-Allichamps (46° 45′ 47″ N, 2° 25′ 29″ E , calculé sur la base du méridien de Paris) est historiquement la première, mais sur la base de calculs anciens du géographe Adolphe Joanne (1813-1881), qui ne tenaient pas compte de la Corse. Il s'agit du centre du plus petit quadrilatère dans lequel tient la France continentale ;
    • Farges-Allichamps (46° 45′ 34″ N, 2° 24′ 04″ E , l'aire de repos Centre de la France de l'autoroute A71 se situant en 46° 45′ 07″ N, 2° 25′ 00″ E ) ;
    • Saint-Amand-Montrond (46° 43′ 17″ N, 2° 30′ 37″ E ), centre du rectangle formé par les parallèles 42°20'00N et 51°05'27N et les méridiens 4°47'47O et 8°01'47E (sommets de ce rectangle : 42° 20′ 00″ N, 4° 47′ 47″ O , 51° 05′ 27″ N, 4° 47′ 47″ O , 51° 05′ 27″ N, 8° 01′ 47″ E , 42° 20′ 00″ N, 8° 01′ 47″ E ) qui correspondent respectivement aux points les plus au sud, nord, ouest et est de la France continentale. En raison de l'allongement créé par la péninsule bretonne, ce point est légèrement plus à l'ouest que les autres ;
    • Saulzais-le-Potier (46° 36′ 21″ N, 2° 29′ 54″ E , sur la base de l'emplacement du monument installé à cet endroit), selon le calcul de l'abbé Moreux[8] ;
    • Vesdun (46° 32′ 23″ N, 2° 25′ 49″ E ), barycentre des centres de l'ensemble des communes françaises continentales (donc sans celles de la Corse), associés d'un coefficient égal à la superficie de la commune ;
  • dans l'Allier :
    • Chazemais (46° 29′ 01″ N, 2° 31′ 35″ E ), barycentre des centres de l'ensemble des communes françaises métropolitaines, associés d'un coefficient égal à la superficie de la commune ;
    • Huriel (46° 22′ 26″ N, 2° 28′ 39″ E )[7], citée au titre de chef-lieu du canton où figurent Chazemais et Nassigny, et dont la commune de Vesdun est limitrophe[9] ;
    • Nassigny (46° 29′ 38″ N, 2° 36′ 10″ E ), selon un calcul prenant en compte la Corse[4].


Centre du cercle minimum

Le centre de la France peut aussi être défini comme le centre du plus petit cercle incluant tout le territoire de France continentale. Ce cercle minimum est unique et a un centre unique. Son rayon est d'environ 543,7 km. Il passe par 3 extrémités :

Son centre se situe sur la commune de Tranzault (Indre) à (46° 36′ 22″ N, 1° 52′ 31″ E ). Ce centre est le seul endroit de France continentale situé à moins de 543,7 km de tous les autres.

Centre du plus grand cercle inclus

Quant au plus grand cercle entièrement inclus dans le territoire de France continentale, le plus grand cercle vide, son rayon est d'environ 291,3 km. Il passe par 3 points rentrants :

Son centre, sorte de pôle d'inaccessibilité, se situe à Saint-Palais (Cher), à (47° 15′ 39″ N, 2° 25′ 08″ E ). Ce point est l'endroit de France continentale situé le plus loin d'une de ses limites[10].

Notes et références

  1. Jules César, La Guerre des Gaules, Livre VI, chap. 13 (10). Hi certo anni tempore in finibus Carnutum, quae regio totius Galliae media habetur, considunt in loco consecrato.
  2. Sylvie Peyret, Des monnaies gauloises aux premières émissions capétiennes, Banque de France 1989
  3. Léonard Dauphant, Le Royaume des Quatre Rivières, L'espace politique français (1380-1515), Seyssel, Champ Vallon, , 430 p. (ISBN 978-2-87673-594-1), p. 170.
  4. Adrien Jaulmes, « France : la quête du juste milieu », Le Figaro, lundi 18 août 2014, page 18.
  5. Pierre Bonte, La France que j'aime, Albin Michel, , 272 p. (ISBN 978-2-226-22247-3, lire en ligne)
  6. « Le centre de la France », ina.fr, 1er janvier 1969.
  7. Éva Simonnot, « Mais où est donc le centre de la France ? », sur www.lasemainedelallier.fr, .
  8. description et photo du monument.
  9. Robert Gomichon, « Centre de la France », sur www.huriel-en-bourbonnais.fr, .
  10. Yassine Azoug, « Selon l’IGN, Vesdun et Nassigny sont identifiées centres de la France », sur www.leberry.fr, .

Voir aussi

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