Catastrophe de Ghislenghien

La catastrophe de Ghislenghien désigne l'explosion d'une conduite de gaz à Ghislenghien (une section de la ville d'Ath en Belgique) survenue le . Elle fut provoquée par une fuite de gaz naturel causée par un engin de chantier, a tué 24 personnes (principalement des travailleurs et des pompiers) et fit 132 blessés ou brûlés.

Catastrophe de Ghislenghien
Type Explosion de gaz
Pays Belgique
Localisation Ghislenghien
Coordonnées 50° 40′ 07″ nord, 3° 52′ 03″ est
Date
Bilan
Blessés 132
Morts 24

Géolocalisation sur la carte : Hainaut
Géolocalisation sur la carte : Belgique

Il s'agit de la catastrophe industrielle la plus meurtrière en Belgique depuis celle du Bois du Cazier en 1956.

Contexte

Les gazoducs (il y en a deux) relient la Norvège à Paris en passant par Zeebruges et permettent d'alimenter la France, l'Espagne et l'Italie en gaz.

L'accident

Quelques semaines avant la date de l'explosion, lors de la construction d'une usine dans la zone industrielle de Ghislenghien, un engin de chantier griffe une conduite de gaz naturel à haute pression (pression maximale 80 bars) appartenant à la société Fluxys. Le , à 8h56, à la suite d'une augmentation normale de pression pendant l'exploitation de la conduite, la conduite de gaz explose, alors que les pompiers et des techniciens d'Electrabel étaient en train d'intervenir sur un début de fuite.

Une colonne de flammes, haute de plusieurs dizaines de mètres (presque 100 mètres), s'élève dans le ciel[1]. Elle est visible à plus de 15 kilomètres à la ronde. Un tronçon de la conduite de gaz, mesurant 11 mètres et pesant plusieurs tonnes, est projeté à près de 200 mètres.

Sous l'effet de la chaleur, les circuits électriques de bâtiments, situés à plusieurs centaines de mètres de l'explosion, fondent. La chaleur est ressentie à près de deux kilomètres. Des morceaux des bâtiments sont projetés à six kilomètres.

Une vibration du sol de plus de dix minutes a été enregistrée et s'est propagée en aval du conduit au moins jusqu'à Sirault, à 20,2 kilomètres de là. Le bruit de l'explosion a été entendu par de nombreux témoins jusqu'au sud-est de Bruxelles (Uccle, Linkebeek, Watermael, ...)[réf. nécessaire].

Le , le roi Albert II revient de Suède pour se rendre au chevet des victimes. La veille, son fils, le prince Laurent de Belgique et le Premier ministre Guy Verhofstadt s'étaient rendus sur place.

Parmi les victimes on compte des travailleurs du chantier, des pompiers, un policier, un agent d'Electrabel ainsi que des automobilistes circulant à proximité. Certains corps ont été retrouvés jusqu'à cent mètres de l'explosion.

Les procès

Le procès, visant à déterminer les responsabilités dans la catastrophe, s'est déroulé du au , au tribunal correctionnel de Tournai. Onze des quatorze prévenus ont été acquittés, dont la commune d'Ath, Fluxys, et Husqvarna, le commanditaire des travaux[2]. Les trois personnes condamnées, en première instance, pour « homicide involontaire par défaut de prévoyance ou de précaution », sont : l'architecte responsable des travaux, Tramo, la société réalisant les travaux et le conducteur des travaux[3].

Le mardi , la Cour d'appel de Mons, présidée par Jean-François Jonckheer, a rendu son jugement sur cette affaire. Ce jugement révise bon nombre de positions prises en première instance et bouscule en plusieurs points la jurisprudence[4], car la Cour d’appel a jugé Fluxys coresponsable de la catastrophe[5], ainsi que Diamant Boart (aujourd'hui Husqvarna Belgique)[6]. À l'inverse, la société Tramo a été acquittée[6]. Fluxys a introduit un pourvoi en cassation[5].

Victimes

La catastrophe fit 24 morts (21 ressortissants belges et 3 Français) et 132 blessés. Parmi les décès, on compte 5 pompiers de la caserne d'Ath (dont le Commandant, Eddy Pettiaux[7]) et un policier d'Ath[8], l'Inspecteur de Police Pierre Dubois[9].

Les 5 pompiers, le policier et l'agent d'Electrabel eurent des funérailles nationales.

La dernière victime est morte en juin 2005 des suites de ses brûlures.

Conséquence sur la réglementation

En Belgique, la mise en place d'un cadastre du sous-sol et des câbles aériens est envisagée depuis 2007[10]. En France, la réglementation de l'exécution de travaux - DT-DICT - a été renforcée en 2012[11].

En France, l'arrêté multifluide du 4 août 2006 impose une révision de la sécurité des canalisations de gaz, notamment par la conduite d'études de danger et la pose de plaques PEHD pour protéger ces canalisations des agressions dues aux travaux tiers[12].

Notes et références

  1. www.dailymotion.com Vidéo de la colonne de flammes.
  2. « Drame de Ghislenghien: le parquet fera appel », sur LCI, (consulté le )
  3. Lydia Magnoni, « Ghislenghien, un verdict jugé décevant », L'Essentiel, (consulté le )
  4. Jacques Laruelle, « Ghislenghien: Changement total de cap et de ton », sur La Libre.be (consulté le )
  5. www.fluxys.com Fluxys – Rapport financier semestriel au 30 juin 2011.
  6. www.lesoir.be Ghislenghien : Diamant Boart et Fluxys coupables.
  7. « Ghislenghien: la décision invraisemblable du commandant Pettiaux », sur 7sur7.be (consulté le )
  8. « Ghislenghien - 30 juillet 2004: une explosion sans précédent », sur Lavenir.net (consulté le )
  9. DH Les Sports+, « La police d'Ath aussi en deuil », sur DH Les Sports +, (consulté le )
  10. Vers un cadastre du sous-sol et des câbles aériens, 04 octobre 2007 http://www.rtl.be/info/belgique/societe/vers-un-cadastre-du-sous-sol-et-des-cables-aeriens-19598.aspx
  11. Arrêté du 15 février 2012 (lire sur Légifrance)
  12. Arrêté du 4 août 2006 portant règlement de la sécurité des canalisations de transport de gaz combustibles, d'hydrocarbures liquides ou liquéfiés et de produits chimiques.

Voir aussi

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