Cassienne de Constantinople

Sainte Cassienne de Constantinople (°vers 805-vers 865)[1], en grec Κασσιανή (Kassiani, Kassiane), en russe Кассия (Kassia, Cassia ou Casia), en latin Cassiana (Kassiana), en d'autres langues Ikasia ou Eikasia. Elle était une higoumène (abbesse), une poétesse, une compositrice, une hymnographe de l'Empire byzantin et une sainte. Elle est fêtée le 7 septembre.

Biographie

Elle naquit entre 805 et 810 à Constantinople dans une famille riche et passe pour avoir été exceptionnellement belle et intelligente. Elle reçut une brillante éducation à la cour. Plusieurs chroniqueurs byzantins, dont Syméon Métaphraste, rapportent qu'elle participa au concours de beauté organisé pour le jeune empereur Théophile par sa belle-mère, l'impératrice, Euphrosyne. Frappé par la beauté de Cassienne, l'empereur lui dit en se référant au péché originel et à Ève :

« Εκ γυναικός τα χείρω. (De la femme, le pire) »

À quoi Cassienne répondit en pensant au Christ né de la Vierge Marie :

« Kαι εκ γυναικός τα κρείττω. (Et de la femme, le meilleur) »

Blessé dans sa fierté, l’empereur iconoclaste Théophile lui préféra Théodora comme épouse. Ce choix a satisfait Cassienne qui voulait devenir moniale.

On reparle de Cassienne en 843 quand elle fonda un monastère à l'ouest de Constantinople et en devint la première higoumène.

Elle composa de nombreux hymnes et en particulier le doxasticon idiomèle des apostiches des matines du Mercredi Saint. Selon une tradition, Théophile, en visite au monastère que dirigeait sainte Cassienne aurait composé le dernier vers de cet hymne.

Son œuvre hymnographique

Elle est une des premières compositrices du Moyen Âge dont les partitions ont été conservées et qui peuvent être interprétées par des musiciens modernes. Une cinquantaine de ses hymnes ont été conservés et 23 font partie des livres liturgiques de l'Église orthodoxe. Le nombre exact est difficile à donner car plusieurs hymnes sont attribués à plusieurs auteurs ou sont anonymes.

En outre, 789 de pièces en vers non liturgiques ont été conservées. Beaucoup sont des maximes, comme

« Je hais le riche qui se plaint comme s'il était pauvre »

Elle écrivit de nombreux hymnes pour la liturgie ; le plus fameux est surnommé l'Hymne de Cassienne. Il est inspiré du passage de l'Évangile selon Luc (7 : 36-50), racontant le geste d'amour de la pécheresse pardonnée. Cette hymne est chanté dans les églises de rite byzantin aux matines du mercredi saint qui se célèbrent la veille, dans la soirée du mardi.

La légende dit que l'empereur Théophile, encore amoureux d'elle, voulant la voir encore une fois avant de mourir, se rendit au monastère. Cassienne écrivait son hymne quand elle fut avertie que l'empereur arrivait. Encore amoureuse de lui mais consacrée à Dieu, elle se retira en laissant son travail. Théophile le trouva et y ajouta la ligne "ces pieds dont Ève entendit le son au crépuscule au Paradis et qui se cacha par crainte". Cassienne sortit de sa cachette après le départ de l'empereur et termina l'hymne :

« 

Percevant Ta divinité, ô Seigneur, une femme aux nombreux péchés,
décida de devenir porteuse de myrrhe ;
en larmes elle T'apporta les huiles parfumées
anticipant ta sépulture. Criant :
"Malheur à moi ! car la nuit est pour moi une frénésie de luxure,
un amour sombre et sans lune de péché.
Reçois le flot de mes larmes,
Toi qui rassembles les eaux des océans dans les nuages.
Penche-Toi sur les soupirs de mon cœur,
Toi qui courbes les cieux dans Ton ineffable incarnation.
J'embrasserai Tes pieds immaculés
et les essuierai avec les cheveux de ma tête ;
ces pieds dont Ève entendit le son au crépuscule au paradis
et qui se cacha par crainte.
Qui peut compter la multitude de mes péchés,
et les abîmes de Ton jugement, ô Sauveur de mon âme ?
N'ignore pas Ta servante,
ô Toi dont la miséricorde est infinie.

 »

Notes et références

  1. « L'histoire des compositrices à travers des siècles : de l'Antiquité à la Renaissance », France Musique, (lire en ligne, consulté le )

Annexes

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