Carrières de Confrécourt

Les carrières de Confrécourt sont un ensemble d'anciennes carrières de pierre à bâtir souterraines situées à proximité de Vic-sur-Aisne, en France[1], sur la commune de Nouvron-Vingré. L'une d'elles est accessible à la visite[2] avec les guides de l'association Soissonnais 14-18[3].

Construit au bord du plateau du Soissonnais, Confrécourt désigne le lieu où se dressait avant 1914 une ferme en activité, d'origine monastique dont la présence est attestée depuis l'époque carolingienne. C'était une vaste exploitation fortifiée, placé sur le rebord du plateau de la rive droite de l'Aisne. Cette position lui valut d'être, à la fin de la bataille de la Marne une des lignes de front où se déroulèrent des combats intenses.

Occupation durant la Première Guerre mondiale

En , la région est disputée entre bataillons français et allemands : la 6e armée pour les Français, les 1re et 2e armées von Kluck et von Bülow pour les Allemands. Le recul des Britanniques à la fin septembre va définitivement fixer le front dans la région : Confrécourt se situe alors en retrait derrière la première ligne française, à un kilomètre et demi du feu. Ensuite les Français tenteront des offensives durant l'automne, notamment en octobre et novembre, mais sans résultat significatif.

De part et d'autre, les belligérants se mettent alors à consolider leurs organisations défensives : les tranchées sont aménagées et on utilise les carrières accessibles pour se protéger des bombardements qui se succèdent régulièrement à partir du . La ferme est à la fin de la guerre totalement détruite. Il ne reste aujourd’hui que les contreforts du soubassement au Sud-Ouest.

Ce secteur restera calme jusqu'en , où l'armée allemande se rabat sur la ligne Hindenburg entraînant vers l'avant les Français qui quittent alors les carrières jusque . Ils ne les réinvestiront que quand les Allemands, après l'offensive « Michael », regagnent Noyon et se replacent sur l'ancien front après une offensive sur le Chemin des Dames. C'est à partir d' que Confrécourt sort définitivement de la zone de combat.

Les lieux ont donc connu une occupation presque constante durant toute la guerre et les carrières furent rapidement utilisées. Elles sont pour la plupart assez anciennes et ont servi à l'extraction de la pierre depuis plusieurs siècles. Mais il est difficile de préciser la date d'ouverture de ces exploitations qui ne sont pas les seules dans le secteur puisqu'au moins cinq autres carrières souterraines sont présentes dans un rayon d'un kilomètre. Les carrières auraient été principalement exploitées pour la reconstruction de la ferme à la fin du XIVe siècle dans le contexte de la guerre de Cent Ans. L'exploitation de la pierre (ici un calcaire assez grossier) fut méthodique : les carrières de Confrécourt sont réalisées par la technique des « piliers retournés », qui assure une relativement bonne stabilité au ciel de carrière, et qui leur a permis d'être un asile sûr pour les soldats des zones bombardées.

Description

Ce sont d'anciennes carrières souterraines, dédiées à l'extraction de calcaire depuis le Moyen Âge, qui ont été occupées par des soldats français au cours de la Première Guerre mondiale. Les carrières sont au nombre de quatre sur le territoire de la ferme.

La première est appelée aujourd'hui « carrière du premier Zouaves » car le blason de cette unité en orne l'entrée, en référence au 1er régiment de zouaves qui occupait les lieux. La carrière fait, à partir de son entrée principale, environ 150 mètres de long, et se distingue par de petites salles en enfilade qui permettent l'accès à une autre entrée, plus petite. On compte plus d'une soixantaine de traces laissées par les soldats, dont certaines sont très intéressantes par leur taille importante. Ces traces se trouvent surtout en trois points du site : d'abord son entrée principale où les différents régiments ont voulu marquer leur passage, ensuite au fond de la galerie principale où on trouve la chapelle dite « du père Doncœur » surmontée de l'inscription « Dieu protège la France », et enfin près de la deuxième entrée, plusieurs traces remarquables réalisées par différents soldats. D'autres traces sont quant à elles dispersées dans la carrière et se trouvent isolées sur des parois.

La deuxième carrière intéressante est appelée carrière « de l'hôpital », et comprend une quarantaine de traces mais n'est pas proposée à la visite tellement le ciel menace. Des grilles permettent néanmoins d'admirer les blasons médicaux de l'entrée. Comme son nom l'indique, elle a servi de poste de secours lors de la stabilisation du front dans le secteur, et porte par conséquent les organigrammes des services de santé qui s'y sont succédé (216e RI, 404e RI, 238e RI, etc.). On trouve aussi, au fond de la carrière, dans l'une des salles les plus éloignées, une chapelle dite « des Bretons » puisque réalisée en par les soldats du 262e régiment d'infanterie de Lorient. Ladite carrière est aujourd'hui d'un accès assez délicat, car elle est partiellement effondrée et présente des zones menaçantes.

Il y a donc dans ces carrières de nombreuses traces visibles du passage des soldats, montrant que les lieux furent occupés de manière intense et durable. En effet, les unités françaises, qui occupent alternativement les carrières de Confrécourt entre fin et mi-, sont en soutien. À celles-ci viennent s'ajouter des artilleurs et différents services d'intendance. La présence permanente de centaines d'hommes dans les carrières de Confrécourt va vite donner l'allure d'une véritable caserne militaire aux lieux : des espaces aux fonctions bien définies sont créés et organisés à l'intérieur. On trouve les postes de commandements, ainsi que des dortoirs avec des châlits, des cuisines, des salles de distraction, des dépôts de munitions, des salles d'examens médicaux et des postes de police. Cette organisation tend à optimiser l'occupation de l'espace irrégulier que sont les carrières tout en offrant aux soldats un havre de paix avant de rejoindre à l'extérieur le combat qui n'est jamais loin. En témoigne la sortie donnant directement accès au plateau, à la première ligne, au fond de la carrière du 1er Zouaves.

Ces deux carrières, ainsi que les ruines de la ferme de Confrécourt, sont inscrites au titre des monuments historiques depuis 1990[1].

Vie du lieu

Accueil des groupes et des familles des descendants des soldats par les bénévoles de l'Association Soissonnais 14-18, 38 place du Gal de Gaulle à Vic-sur-Aisne, sur RDV et lors des visites mensuelles.

Le , lors de la cérémonie du Centenaire des fusillés de Vingré, Claire de Villaret foule les lieux pour la première fois; sa famille reviendra admirer les graffitis patronymiques en mars 2018.

Commémorations et messes dont la messe d'ouverture du Centenaire en présence de Mgr Giraud, évêque de Soissons, le et la messe de fermeture du Centenaire en présence de Mgr de Dinechin, évêque de Soissons, le .

En août 2013, les carrières, l'ancienne ferme et les alentours de Confrécourt ont été le lieu du tournage du long métrage Le secret de Confrécourt par les Guides et Scouts d'Europe[4].

En , des descendants du peintre-dessinateur, Louis Tinayre, auteur du tableau La messe de minuit 1914, viennent avec le tableau Les carrières du Soissonnais découvrir les lieux dessinés par leur ancêtre en et .

En , la famille du Père Doncoeur, revient sur les lieux, autour de Jean-Paul Doncoeur.

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Le Graffiti des tranchées, édition de l'Association Soissonnais 14-18, 2008, 288 pages couleurs, 400 photographies
  • Les Carrières de Confrécourt, édition de l'association « Soissonnais 14-18 », (édition 2004 épuisée), réédition 2013

Articles connexes

Liens externes

Association qui préserve et met en valeur les carrières en les ouvrant à la visite:http://soissonnais14-18.net/, avec photographies, conditions de visites, articles historiques, manifestations commémoratives, accueil des familles des descendants des fusillés et des soldats

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