Caroline Branchu

Rose Timoléone Caroline Branchu, née Caroline Chevalier de Lavit à Cap-Français le et morte à Passy le , est une soprano française.

Formation

Ses remarquables dispositions musicales lui valent la protection du chevalier de Saint-George, célèbre violoniste qui la fait entrer au Conservatoire de Paris le . Elle en sort avec le premier prix de chant en et celui de déclamation lyrique en . Elle y a notamment pour professeurs Dugazon et Garat. Ce dernier, qui la tient en haute estime, écrit en  : « Cette enfant a un instinct étonnant de la scène. Elle dépassera Madame de Saint-Huberty. C’est une âme de feu, ayant à son service une voix dont le timbre réveillerait Gluck. »

Débuts à l’Opéra

Engagée à l’Opéra, alors théâtre de la République et des Arts, elle débute le dans Œdipe à Colone de Sacchini, puis dans Iphigénie en Aulide de Gluck. Très vite, elle devient la coqueluche du public, suscitant l’inquiétude de ses rivales. Ainsi Mme Maillard, première chanteuse de l’Opéra : « Les voilà qui font jouer des sujets de leurs écoles et nous restons là. En effet, le 8, il doit y en avoir une, la nommée Chevalier, une mulâtre qui chante assez bien, a-t-on dit. » Peu de temps après, la future duchesse d’Abrantès écrit en effet : « L'orchestre avait commencé son sabbat harmonique, donnant le diapason à Laforest et Laîné qui criaient tous deux à qui mieux mieux, tandis que Mme Maillard leur tenait tête avec des poumons dignes d’une Romaine des temps antiques, nous faisant regretter que Mlle Chevalier n’occupât point la scène. »

En , elle épouse le danseur Isaac Branchu. En , elle se trouve à la 5e place, après Mmes Maillard, Latour, Henry et Armand, dans l’ordre des préséances des cantatrices.

Maîtresse de Napoléon ?

Ce serait dans le rôle d’Iphigénie, le , tout de suite après la paix d'Amiens, que Caroline aurait attiré l’attention de Napoléon et serait devenue sa maîtresse. En tout état de cause, sa carrière connaît alors une belle accélération : elle passe du 5e au 2e rang parmi les cantatrices de l’Opéra, derrière Mme Maillard.

Le , elle devient officiellement cantatrice de la musique particulière de Napoléon, puis première chanteuse de la Chambre impériale, avec 3 000 francs de traitement, et 2 000 à son mari, danseur intégré dans le corps de ballet. À la retraite de Mme Maillard en , Caroline passe enfin au premier rang des cantatrices de l’Opéra.

Une diva avant l’heure

Elle tient durant sa carrière pas moins de 91 rôles et s'illustre dans ses interprétations de Gluck, Piccinni, Paisiello, Cherubini, Spontini. On compte parmi ses plus belles créations La Vestale, pour laquelle elle joue Julia lors de la première en [1], Fernand Cortez, Les Bayadères, Les Abencérages, La Jérusalem délivrée, Olympie.

Retraite

Caroline prend sa retraite le avec une représentation d’Olympie (recette : 12 300 francs environ). Elle s’enflamme alors pour un aventurier désargenté, de dix ans son cadet, Claude-Charles Pierquin de Gembloux. On connaît le déroulement et la fin malheureuse de l’idylle par les billets échangés par les amants, qui se piquaient tous deux de poésie, et par la correspondance entre Caroline et son amie Marceline Desbordes-Valmore, quand son compagnon l’eut abandonnée. Les deux femmes sont en effet très liées et logent même ensemble, 20 rue Coquenard, après 1834.

Elle est inhumée dans la 23e division du cimetière du Père-Lachaise à Paris[2]. Son buste se trouve à l’Opéra, où se trouvait également, entre 1859 et l’incendie de 1873, un portrait peint par Isidore Péan du Pavillon, élève de David.

Jugements

  • Berlioz qui voyait en elle « la tragédie lyrique incarnée », louait « le type de ces voix de soprano, pleines et retentissantes, douces et fortes, capables de dominer les chœurs et l’orchestre et pouvant s’éteindre jusqu’au murmure le plus affaibli de la passion timide, de la crainte et de la rêverie. »
  • Le critique musical François-Joseph Fétis écrit, en 1860 : « Toutes les qualités se trouvaient réunies en elle… la puissance, l’étendue de la voix, un large et beau mécanisme de chant, un sentiment expressif et dramatique, enfin un jeu de physionomie intelligent et passionné, tels étaient les avantages par lesquels elle conquit d’abord la faveur du public. L’impression qu’elle produisait était irrésistible dans son rôle de début (Didon), dans ceux d’Alceste, de la Vestale, d’Ipermestre dans les Danaïdes. Quels que fussent ses succès, elle ne les considéra que comme des engagements envers le public. Ses études ne se ralentirent pas et jusqu’à la fin de sa carrière, elle reçut les conseils de Garat qui lui avait transmis ses belles traditions. »

Sources

  • Francis Ambrière, Le Siècle des Valmore, Seuil, Paris, 1987.
  • Francis Ambrière, Marceline Desbordes-Valmore et les siens, Seuil, Paris, 1987.
  • Patrick Barbier, La Vie quotidienne à l’opéra au temps de Rossini et Balzac, Hachette, Paris, 1987.
  • André Rouanet de Vigne-Lavit, Caroline Branchu de Lavit, diva de l’Opéra et amie de Napoléon, Centre de généalogie et d’histoire des Isles d’Amérique, Cahier no 40, .

Notes et références

  1. Piotr Kaminski, Mille et un opéras, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 1819 p. (ISBN 978-2-213-60017-8), p. 1443
  2. Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Paris, Mémoire et Documents, Versailles, , 870 p., 25 cm (ISBN 978-2-91461-148-0, OCLC 470550471), p. 146

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