Caroline-Mathilde de Hanovre

Caroline-Mathilde de Grande-Bretagne (en danois : Caroline Mathilde ; en anglais : Caroline Matilda of Great Britain[1] ; - ) était de naissance une princesse de Grande-Bretagne et membre de la Maison de Hanovre et par mariage reine consort de Danemark et de Norvège entre 1766 et 1772.

Caroline-Mathilde de Hanovre
Portrait de la reine Caroline-Mathilde de Danemark, Château de Glücksburg.

Titre

Reine consort de Danemark et de Norvège


(5 ans, 4 mois et 29 jours)

Prédécesseur Juliane-Marie de Brunswick
Successeur Marie-Sophie de Hesse-Cassel
Biographie
Titulature Princesse d'Angleterre et d'Ecosse
Dynastie Maison de Hanovre
Nom de naissance Caroline Matilda of Hanover
Naissance
Londres,  Grande-Bretagne
Décès
Celle, Électorat de Brunswick-Lunebourg
Sépulture Château de Celle
Père Frédéric de Galles
Mère Augusta de Saxe-Gotha-Altenbourg
Conjoint Christian VII de Danemark
Enfants Frédéric
Louise Augusta
Résidence Château de Christiansborg
Château de Rosenborg
Château de Celle
Religion Luthéranisme danois

Caroline-Mathilde était la fille posthume du prince de Galles Frédéric et de son épouse Augusta de Saxe-Gotha-Altenbourg. Elle fut élevée dans une atmosphère familiale isolée, loin de la cour royale. À l'âge de quinze ans, elle fut mariée à un premier cousin, le roi Christian VII du Danemark et de Norvège, âgé de dix-sept ans et qui, souffrant d'une maladie mentale, entretint une relation froide avec son épouse tout au long de leur mariage. Elle eut deux enfants : le futur Frédéric VI et Louise Augusta, dont le père biologique pourrait être le médecin Johann Friedrich Struensee.

En 1769, Struensee entra au service du roi de Danemark. Initialement Caroline-Mathilde porta peu d'attention à son égard, mais il sut rapidement gagner le cœur de la reine et commença une relation amoureuse. Struensee gagna de plus en plus de pouvoir et institua une série de réformes soutenues par la reine. Les réformes de Struensee et ses relations avec Caroline-Mathilde lui ont attiré de puissants ennemis, encouragés par la belle-mère et reine-mère de Christian VII, Juliane-Marie de Brunswick, et son fils, le Prince Frederick. Juliane-Marie dirigea le complot pour renverser les amants, qui aboutit à l'exécution de Struensee, au divorce du couple royal et au bannissement de la reine Caroline-Mathilde. Celle-ci décéda à Celle, dans l'électorat de Brunswick-Lunebourg, à l'âge de vingt-trois ans, atteinte de la scarlatine.

Biographie

Jeunes années

Caroline-Mathilde dans les bras de sa mère, la princesse Louise-Augusta; d'une série de portraits de groupe de George Knapton : The Children of Frederick, Prince of Wales. (1751)

Caroline-Mathilde de Hanovre, princesse d'Angleterre et future reine consort de Danemark est née à Leicester House à Londres[2], le 22 juillet 1751[3]. Elle est la neuvième et le plus jeune enfant du prince de Galles Frédéric, et de la princesse Augusta de Saxe-Gotha-Altenbourg[3],[4]. Son père meurt subitement environ trois mois avant sa naissance, le 31 mars 1751[2],[5]. Elle reçoit dès ses premières respirations les titres de Son Altesse Royale, la princesse Caroline-Mathilde, fille du prince de Galles. Cependant, au moment de sa naissance, le titre de prince de Galles était passé à son frère George (devenu le roi George III en 1761). Elle conserva tout de même ses deux noms, utilisés pour la distinguer de sa tante paternelle, la princesse Caroline.

La princesse a été baptisée dix jours après sa naissance, le 1er août 1751, dans la même maison, par l'évêque de Norwich Thomas Hayter. Ses parrains étaient son frère George, sa tante Caroline et sa sœur Augusta[6].

Élevée par sa mère, par une éducation stricte loin de la cour anglaise et décrite comme naturelle et informelle[5]et c'est pour cette raison qu'elle n'était pas intéressée par la politique et les intrigues de la cour en tant qu'adulte[5]. Elle a passé la plupart du temps avec sa famille à Leicester House, mais aussi Kew Palace, résidence d'été de la famille. Caroline-Mathilde pratiquait l'équitation et, malgré les irrégularités de son éducation, elle fut considérée comme une jeune fille douée pour la musique, une chanteuse accomplie avec une belle voix. Elle parlait couramment quatre langues : allemand, anglais, français et italien[7].

Mariage

En 1764, fut suggéré le mariage entre la Maison danoise d'Oldenburg et la Maison britannique de Hanovre, ainsi entre Christian, le Prince héritier du Danemark et une princesse britannique. Le Prince héritier danois était le fils aîné du roi Frédéric V et de sa première femme, la princesse Louise de Grande-Bretagne et par conséquent les deux familles étaient cousines[2]. Le mariage fut jugé approprié car les deux familles royales étaient protestantes et de même rang, et avaient donc le même statut au regard de la religion. En outre, la défunte Reine Louise avait été très populaire au Danemark. Initialement, les négociations de mariage étaient destinées à la plus âgée des filles non mariées de Waleses, la princesse Louise Anne, mais après que le représentant danois à Londres, le comte de Bothmer, a été informé de sa constitution faible, c'est sa sœur cadette, Caroline Mathilde, qui fut choisie à sa place[8]. Les fiançailles officielles furent donc annoncées le 10 janvier 1765[2],[9].

Portrait de Christian VII, alors prince héritier de Danemark; peintre inconnu. (1749)

Le 14 janvier 1766, au milieu des préparatifs pour le mariage, le roi Frédéric V meurt subitement, laissant place à son fils de 17 ans devenu le roi Christian VII[5]. Le 1er octobre de cette année, dans la chapelle royale du Palais de St James (ou selon d'autres sources, à Carlton House[3]), le mariage a été célébré par procuration : le marié était représenté par Prince Edward, le duc d'York et Albany. Deux jours plus tard, Caroline Mathilde quitta Harwich à l'âge de quinze ans pour Rotterdam, laissant derrière elle sa famille et ses proches, en Grande-Bretagne, pour se rendre au Danemark y épouser son cousin, Christian VII de Danemark, alors âgé de dix-sept ans. Après trois semaines de voyage, elle arriva à Altona, accueillie par ses dames d'atours choisies par la cour danoise. Douze jours plus tard, Caroline Mathilde arriva à Roskilde, où elle rencontra pour la première fois son futur mari. La cérémonie officielle de mariage eut lieu le 8 novembre 1766 dans la chapelle royale du Palais Christiansborg à Copenhague[2]. La célébration de mariage est considérée comme l'une des plus fastueuses de la monarchie danoise. Les différentes cérémonies et bals ont duré un peu plus d'un mois. Son frère aîné, devenu à l'époque le roi Georges III, est préoccupé par ce mariage, bien qu'il ne soit pas encore parfaitement conscient de la maladie mentale de son beau-frère. Le 1er mai 1767, Caroline Mathilde fut couronnée reine du Danemark et de Norvège à Copenhague[3].

Très vite la jeune reine fut décrite comme particulièrement capricieuse, mais nul n'ose dénier sa vivacité et son charme ainsi que ses capacités intellectuelles[7]. Considérée trop folle (à cause de ses prises de positions politiques et de son intérêt pour les idées françaises des Lumières) pour être décrite comme une beauté, elle fut décrite comme attirante : il fut rapporté que « son apparence lui permettait d'éviter les critiques des femmes, tout en captivant l'œil masculin »[7]. Cependant, sa nature et sa forte personnalité souvent décrite comme nonchalante, ne la rendit pas populaire au sein d'une cour danoise stricte, malgré le fait qu'elle avait été particulièrement bien reçue lors de son arrivée à Copenhague[7]. Le manque de volonté, l'auto-centrisme, et la folie mentale [b] rendait Christian VII froid envers sa femme et peu enclin de consommer le mariage[7]. Les raisons de cette attitude à l'égard de Caroline-Mathilde pourrait être parce qu'il fut effectivement forcé de se marier par la cour, qui croyait que par le sacrement du mariage ses problèmes mentaux s'amélioreraient. En outre, une partie de la cour estimait que Christian VII préférait la compagnie des hommes à celle des femmes[7]. Malgré ces rumeurs d'homosexualité, le roi eut une maîtresse dès l'été 1766 à Holstein et visitait des courtisanes à Copenhague, dont la plus célèbre était Anna Katrina Bentgagen, surnommée Støvlet-Cathrine[10].

Caroline-Mathilde eut deux enfants, tous deux reconnus officiellement comme les enfants de Christian VII :

La reine consort Caroline-Mathilde

La Reine Caroline Mathilde, Pastel de Francis Cotes, 1766

Caroline-Mathilde est décrite comme vive et charmante. Bien que n'étant pas une beauté, elle est considérée comme attirante. Cependant, sa personnalité pleine de naturel et sans affectation n'est guère populaire à la cour du Danemark, à l'étiquette stricte. Elle est proche de sa première dame de compagnie, son Overhofmesterinde, Louise von Plessen, qui considère les amis du roi, Conrad Holck ou Enevold Brandt par exemple, comme immoraux et cherche à isoler Caroline-Mathilde de son mari. Ce qui n'est pas difficile, vu les relations qu'entretenait le couple royal.; des rumeurs courent d'ailleurs sur l'homosexualité du roi de Danemark. Louise von Plessen conseillait d'ailleurs à la Reine de prétendre être indisposée lorsque le roi exprimait le désir d'intimité physique, pensant que la distance réveillerait le désir du roi. Mais au contraire cela ne l'a rendu que plus réticent[11]. Christian VII décide, après avoir été persuadé par son ancien tuteur Reverdil, de consommer son mariage par souci d'assurer la succession. Ainsi après que la Reine eut donné naissance au Prince héritier Frédéric le 28 janvier 1768, il se détourna d'elle au profit des maisons closes de Copenhague[7].

On réussit cependant à convaincre celui-ci de consommer le mariage pour assurer la succession, et, après la naissance d'un fils, il porte son intérêt vers la courtisane Støvlet-Cathrine, avec qui il visite les bordels de Copenhague. Caroline-Mathilde est malheureuse en mariage, négligée et humiliée comme elle l'est par le roi. Lorsque Louise von Plessen est exilée de la cour en 1768, elle perd sa seule confidente, la laissant encore plus isolée.

En mai 1768, Christian VII effectue un long voyage en Europe, en effectuant des séjours à AltonaHambourg), à Paris et à Londres. Durant son absence, Caroline-Mathilde soulève l'attention lorsqu'elle effectue des promenades à pied dans Copenhague ; ce comportement est en effet jugé scandaleux, car les femmes de sang royal comme celles de la noblesse danoise ne se déplaçaient normalement en ville qu'en carrosse. Caroline-Mathilde passe l'été au château de Frederiksborg, avec l'enfant qui vient de lui naître, pour s'en retourner à Copenhague à l'automne[12].

Bien que Caroline-Mathilde ne s'intéresse pas à la politique, elle va progressivement jouer un rôle clé à la cour à la suite de la naissance de son fils[13]. Son aversion pour les favoris de son mari augmenta lorsqu'en 1768, Holck a réussi à exiler Louise von Plessen, isolant encore plus la reine. Elle refusa d'accepter la remplaçante de von Plessen, toujours proposée par Holck, Anne Sofie von Berckentin, qu'elle soupçonnait d'avoir participé à l'exil de Plessen. Ainsi, personne ne fut remplacé jusqu'en 1768 lorsque Margrethe von der Lühe accepte le poste en 1768.

En mai 1768, Christian VII a effectué sa longue tournée en Europe, y compris des séjours à Altona, à Paris et à Londres. Pendant son absence, Caroline-Mathilde prit soin de son fils, exerçant son rôle de mère à la perfection. Elle prend pour habitude de faire de longues promenades à Copenhague[10]. Son modernisme scandalise car les femmes danoises de lignées royales et nobles n'avaient pas habitude de se comporter ainsi[7]. Depuis le début du règne de son mari, Caroline-Mathilde fut l'objet de rumeurs concernant des relations amoureuses illégitimes. En 1768 passant l'été au château de Frederiksborg avec son fils avant de retourner à Copenhague à l'automne, la cour colporte une affaire entre la Reine et un certain La Tour, un bel acteur et un chanteur du Hofteatret de théâtre en langue française[11]. La Tour était connu pour être l'amant de Elisabet von Eyben, sa dame de compagnie, mais il était de notoriété publique qu'il recevait des cadeaux d'une « main supérieure ». Il fut dit que ses visites à répétition dans la chambre de von Eyben étaient en fait des visites rendues à la Reine[11]. Les allégations à l'encontre de La Tour n'ont pas été considérées comme vraies mais il fut tout de même exilé après le retour du Roi, sans doute parce que la rumeur était assez dommageable en elle-même[11]. En plus de von Eyben, Caroline-Mathilde arrive progressivement à ce constituer un entourage d'amies comme Christine Sophie von Gähler, Anna Sofie Bülow et Amalie Sofie Holstein, connues elles aussi pour leurs liaisons amoureuses. Selon le rédacteur de lettres Luise Gramm, elles ont encouragé la Reine à avoir une vie sociale, à participer davantage aux faits et gestes de la cour, aux danses ainsi qu'au flirt[11].

Aventure extra-conjugale

Johann Friedrich Struensee (1737-1772) par Jens Juel.

Le roi rentre à Copenhague le , en ramenant avec lui Johann Friedrich Struensee en tant que médecin du roi, qui devient plus tard également l'un des ministres de sa cour. Il avait rencontré Struensee à Altona au début de ses voyages en Europe. Struensee parvient, semble-t-il, à gérer l'instabilité mentale du roi, ce qui est un grand soulagement pour tous les conseillers de celui-ci, et le roi lui accorde sa confiance.

Struensee encourage le roi à améliorer ses rapports avec Caroline-Mathilde, et Christian VII lui témoigne son attention sous la forme d'une fête de trois jours pour célébrer son anniversaire, le . La reine est parfaitement consciente que c'est à Struensee qu'elle doit ces améliorations, et son intérêt comme son affection pour le séduisant médecin ne fait que croître ; en janvier 1770, on lui attribue sa propre chambre au palais royal, et, au printemps 1770, il devient son amant. Une vaccination couronnée de succès du tout jeune héritier de la couronne accroît encore son influence.

La maladie du roi progressant, le pouvoir de la reine grandit à la cour. Struensee devient conseiller privé du roi le 15 septembre 1770 et dirige de fait le royaume quand le roi perd ses capacités cognitives en mars 1771. En juillet 1771, la reine donne naissance à Louise Augusta, dont la filiation est sujette à question.

Exil

L'interrogatoire de Johann Friedrich Struensee débuta le 20 février 1772, en reconnaissance du « crime de familiarité » à l'égard de la reine, mais il n'a rien admis d'autre pendant les trois jours suivant l'aveu. Plus tard, Struensee tenta à maintes reprises de transférer la responsabilité de l'adultère sur Caroline-Mathilde. Le principal associé politique et ami de Struensee, Enevold Brandt, interrogé en même temps, aurait admis sa connaissance des crimes perpétrés par le favori. À la suite de ces révélations, un comité de quatre nobles fut envoyé à Kronborg pour interroger la reine. Lors de leur première visite, et probablement après l'avis de Robert Murray Keith (diplomate britannique), Caroline-Mathilde refusa de s'entretenir avec eux, répondant que « elle ne reconnaît aucun tribunal autre que la cour du roi »[14]. Dans les dernières visites du comité, la reine a nié toutes relations adultérines avec Struensee dans l'unique espoir de le sauver[7]. Le 9 mars 1772, une confession signée par Struensee fut présentée à Caroline-Mathilde. Dans un dernier élan d'espoir, elle signa également une confession reconnaissant sa culpabilité et portant la faute sur elle-même, espérant ainsi atténuer le sort de son amant, bien qu'elle ait été pressée ou manipulée très probablement pour admettre l'affaire par l'interrogateur du comité[7].

Le 24 mars 1772, un acte d'accusation contre la reine fut présenté au tribunal, composé de trente-cinq membres de la noblesse. Le 2 avril, elle reçut un avocat qui déclara que la reine était innocente et que ses confessions avaient été signées sous pression[7] uniquement pour protéger Struensee[14]. Le jugement fut rendu le 6 avril[15]. Deux jours plus tard, la reine fut informée des décisions prises : son mariage avec Christian VII a été dissous[4], bien que les motifs dynastique ou moral ne furent utilisés[16], additionnant l'interdiction de prononcer le nom de la reine durant les services religieux. Struensee et Brandt ont été condamnés à mort et exécutés le 28 avril 1772. Comme le rappela plus tard Caroline-Mathilde, elle a intuitivement connu la mort de son amant[14].

En Grande-Bretagne, les nouvelles de l'arrestation de Caroline-Mathilde ont été reçues avec beaucoup d'enthousiasme. Après le divorce, et sur les ordres de son frère le roi George III, Robert Murray Keith commença les négociations de sa libération[17], sans succès. À la même époque, George III avait fourni des preuves concluantes contre sa sœur, et il fut signalé que le monarque britannique avait été informé que sa sœur ne pouvait pas rester à la cour danoise. Après la mort de Caroline-Mathilde, il fut découvert que les Danois proposaient d'envoyer Struensee et ses alliés en exil à Aalborg dans le nord du Jutland, mais le gouvernement britannique a fermement refusé de consentir à cette idée et a même menacé de rompre les relations diplomatiques avec le Danemark et d'entamer une intervention militaire[16]. Un escadron britannique est arrivé sur les rives de Copenhague, mais quelques heures avant son arrivée, George III reçut la nouvelle que le gouvernement danois garantissait la liberté de la reine[18]. Keith a également pu obtenir le retour de sa dot[16], une pension et le droit de Caroline-Mathilde de conserver son titre royal[18].

En mai 1772, les gouvernements britannique et danois avaient pu constater où habitait Caroline-Mathilde. À la suggestion de George III, la nouvelle résidence de sa « sœur criminelle » devait être le château de Celle, situé en Hanovre[16]. Le 3 mai 1772, la reine, accompagnée de Keith et d'une délégation de nobles danois, partit de Helsingør dans deux frégates. Quant à ses deux enfants, le prince héritier Frederick et Louise Augusta, elle dut les abandonner à Copenhague et ne les a jamais revus. Le 5 juin, elle arriva dans le district de Stade (où la délégation danoise l'a finalement quittée) et où elle fut accueillie par une cérémonie élaborée, suivie le lendemain d'une réception en son honneur. De Stade, l'ancienne reine est allée à Göhrde, et est restée là pendant quelques mois dans cet état électoral réputé pour la chasse, puis s'est enfin rendue à Celle. Le 20 octobre, Caroline-Mathilde fit une entrée solennelle dans la ville, où une cour fut organisée pour elle. Par la suite, elle a rarement quitté Celle, avec seulement quelques visites à Hanovre[18].

La vie au château de Celle

Monument en l'honneur de Caroline-Mathilde de Danemark, à Celle en Allemagne.

À Celle, Caroline-Mathilde eut une vie paisible. Elle s'y est finalement retrouvée avec son ancienne maîtresse des robes et amie la comtesse Louise von Plessen. La reine était souvent visitée par de nombreux parents et amis, parmi lesquels sa sœur Augusta, la duchesse de Brunswick-Wolfenbüttel, considérée par de nombreux contemporains comme une façon de la surveiller. Le divertissement principal de Caroline-Mathilde à Celle était un petit théâtre, construit spécialement pour elle dans le château, ainsi qu'une bibliothèque constituée de nombreux ouvrages allemands et anglais. De plus, elle était connue pour sa grande âme charitable envers les enfants et les orphelins pauvres. Robert Murray Keith, qui a visité Caroline Mathilde en novembre 1772, a ensuite signalé à Lord Suffolk, qu'il avait trouvé la reine dans une ambiance satisfaite et qu'elle ne voulait pas avoir de relations avec la cour danoise, sauf celles qui affectent directement le bien-être de ses enfants[18].

Bien qu'elle ne soit plus la reine, Caroline-Mathilde a toujours joué un rôle important dans la politique danoise, puisqu'elle était la mère du futur roi[16]. En septembre 1774, elle a été visitée par le voyageur et aventurier Nathaniel Wraxall. Au cours de cette visite, il a recueilli beaucoup d'informations sur la vie de Caroline-Mathilde au Danemark, ce qui a permis ensuite de constituer la base de ses mémoires. Il fut reconnu en tant qu'agent secret d'un groupe de nobles danois réitérés. Certains ont été exilés à Hambourg pour leur soutien à l'ancienne reine (notamment le baron Frederik Ludvig Ernst Bülow (épouse d'Anna Sofie Bülow) et le comte Ernst von Schimmelmann (fils de Caroline von Schimmelmann[11]) et l'autre est resté à Copenhague. Désireux de changer le pays par le retour de Caroline-Mathilde en tant que régente et gardien du prince héritier[7],[18]. Caroline-Mathilde était prête à agir, mais seulement avec le consentement de son frère George III, craignant pour la vie de ses enfants. George III était prêt à soutenir sa sœur et le complot, mais à la condition que les conspirateurs devaient d'abord gagner le pouvoir au Danemark[19]. Wraxall a rendu visite à l'ancienne reine à Celle pour discuter avec elle des détails du complot. Il jouait le rôle de messager entre George III et sa sœur[18].

Avec lui, Caroline-Mathilde a envoyé une lettre à son frère, dans laquelle elle apporta son approbation pour la conspiration[19] qu'elle nomma « ce plan pour le bonheur de mon fils »[7]. Mais au cours du mois de mai 1775, en attendant une audience avec le roi à Londres, Wraxall apprit la mort de Caroline-Mathilde[18].

Caroline-Mathilde est morte subitement de la scarlatine le 10 mai 1775[4],[6],[7],[18],[20]. Sur son lit de mort, elle a écrit une lettre à son frère dans laquelle elle a réclamé son innocence. Elle est enterrée dans la crypte de la Stadtkirche St. Marien près de son arrière-grand-mère paternelle Sophia Dorothea de Brunswick-Lüneburg, également divorcée et exilée à Celle[21].

Ascendance

Titres et honneurs

Titulature

  • 22 juillet 1751 — 8 novembre 1766 : Son Altesse royale la princesse Caroline-Mathilde de Grande-Bretagne
  • 8 novembre 1766 — 10 mai 1775 : Sa Majesté la Reine de Danemark et de Norvège

Armes et monogramme

Postérité

Royal Affair, film danois tourné par Nikolaj Arcel et sorti en 2012, rend compte tant de la liaison de la reine Caroline-Mathilde, interprétée par l'actrice suédoise Alicia Vikander, avec le comte Struensee[22], de leur relation complexe avec Christian VII, que du conflit entre Struensee et l'aristocratie danoise.

Notes et références

  1. Weir 2011, p. 285.
  2. Ward 1887, p. 145.
  3. Weir 2011, p. 282.
  4. Michael A. Beatty, The English Royal Family of America, from Jamestown to the American Revolution, McFarland, , 261 p. (ISBN 978-0-7864-1558-8, lire en ligne).
  5. Clarissa Campbell Orr, Queenship in Europe 1660-1815 : The Role of the Consort, Cambridge University Press, , 419 p. (ISBN 978-0-521-81422-5, lire en ligne), p. 350.
  6. (en) Yvonne Demoskoff, « Yvonne's Royalty Home Page » [archive du ] (consulté le ).
  7. (da) « Caroline Mathilde (1751 - 1775) » (consulté le ).
  8. (da) Michael Bregnsbo, Caroline Mathilde. Magt og skæbne, Lindhardt og Ringhof, (ISBN 978-8-7113-9265-2, lire en ligne).
  9. (en) « Westminster, January 10 », London Gazette, no 10486, , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  10. Adolphus William Ward, « Caroline Matilda », sur Dictionary of National Biography, 1885-1900, Londres, Smith, Elder, & Co., , p. 146
  11. (de) August Fjelstrup, Damerne ved Karoline Mathildes Hof, Hermann-Petersens, .
  12. http://www.kvinfo.dk/side/597/bio/591/origin/170/
  13. Clarissa Campbell Orr, Queenship in Europe 1660-1815 : The Role of the Consort, Cambridge University Press, , 419 p. (ISBN 978-0-521-81422-5, lire en ligne), p. 351-352.
  14. Adolphus William Ward, « Caroline Matilda », sur Dictionary of National Biography, 1885-1900, Londres, Smith, Elder, & Co., , p. 148
  15. Weir, 2011, p. 282.
  16. Clarissa Campbell Orr, Queenship in Europe 1660-1815 : The Role of the Consort, Cambridge University Press, , 419 p. (ISBN 978-0-521-81422-5, lire en ligne), p. 353.
  17. (da) August Fjelstrup, Skilsmisseprocessen imellem kong Christian den Syvende og dronning Karoline Matilde, A. Christiansen, (lire en ligne).
  18. Adolphus William Ward, « Caroline Matilda », sur Dictionary of National Biography, 1885-1900, Londres, Smith, Elder, & Co., , p. 149
  19. Clarissa Campbell Orr, Queenship in Europe 1660-1815 : The Role of the Consort, Cambridge University Press, , 419 p. (ISBN 978-0-521-81422-5, lire en ligne), p. 354.
  20. Weir, 2011, p. 283.
  21. Adolphus William Ward, « Caroline Matilda », sur Dictionary of National Biography, 1885-1900, Londres, Smith, Elder, & Co., , p. 150
  22. Dramatisk romance ved hoffet skildres i ny film, 16. februar 2011 Un nouveau film pour dépeindre une histoire d'amour dramatique à la cour », article paru dans le Politiken du 16 février 2011").

Bibliographie

  • Michael A. Beatty, The English Royal Family of America, from Jamestown to the American Revolution, McFarland, , 261 p. (ISBN 978-0-7864-1558-8, lire en ligne), p. 35, 41, 49
  • Clarissa Campbell Orr, Queenship in Europe 1660-1815 : The Role of the Consort, Cambridge University Press, , 419 p. (ISBN 978-0-521-81422-5, lire en ligne), p. 349–354
  • Lars Stevnsborg, Kongeriget Danmarks ordener, medaljer og hederstegn. Kongeriget Islands ordener og medaljer, Syddansk Universitetsforlag,
  • Stella Tilliyard, A Royal Affair : George III and his Scandalous Siblings, Londres, Chatto & Windus, (ISBN 978-0-7011-7306-7)
  • (de) Hans Wagener, Robert Neumann : Biographie, Munich, Wilhelm Fink Verlag, , 294 p. (ISBN 978-3-7705-4465-3, lire en ligne)
  • Adolphus William Ward, « Caroline Matilda », sur Dictionary of National Biography, 1885-1900, Londres, Smith, Elder, & Co., , p. 145–150
  • Alison Weir, Britain's Royal Families : The Complete Genealogy, Random House, , 400 p. (ISBN 978-1-4464-4911-0, lire en ligne), p. 282–283, 285
  • William Henry Wilkins, A Queen of Tears : Caroline Matilda, Queen of Denmark and Norway and Princess of Great Britain and Ireland, Library of Alexandria, (ISBN 978-1-4656-0740-9, lire en ligne)
  • Thomas Willement, Regal Heraldry : The Armorial Insignia of the Kings and Queens of England, from Coeval Authorities, (lire en ligne), p. 104–106
  • C. F. Lachelles Wraxall, Life and Times of Her Majesty Caroline Matilda, Lewis And Son, (lire en ligne)

Liens externes

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