Canicule européenne de fin juillet 2019

La canicule européenne de fin est la deuxième période de chaleur estivale inhabituelle qui affecte l'Europe en 2019. Elle survient seulement quatre semaines après la canicule européenne de . De nombreux records absolus de température sont battus au cours de cette canicule intense qui se déplace vers le nord. Elle ne dure que quelques jours dans chaque pays mais affecta l'Europe durant 11 jours et rehausse les températures même au Groenland.

Cette canicule s'est produite durant le mois de juillet le plus chaud jamais mesuré dans le monde jusqu'alors selon le service européen Copernicus sur le changement climatique et l'Organisation météorologique mondiale. La température planétaire dépassait de 0,04 °C le précédent record de juillet 2016 et de 0,56 °C la moyenne de la période 1981-2000[4]. Elle sera suivie un an plus tard par la canicule de 2020.

Situation météorologique

Carte météorologique du 23 juillet.

Pour la deuxième fois en moins d'un mois, une période de canicule touche l'Europe. L'air très chaud vient cette fois-ci de la péninsule ibérique, et non du Sahara, comme ce fut le cas lors de la précédente vague de chaleur[5].

La canicule en Europe est due à un anticyclone dans un bloc Omega typique qui est venu se positionner sur la France, à l'avant d'un système dépressionnaire sur l'Océan Atlantique (voir la carte météorologique ci-contre)[6]. À partir du 22 juillet, c'est au tour des pays plus au nord de l'Europe d'être frappés durement par la canicule. La chaleur va circuler jusqu'au Groenland, où les températures augmentent et font accélérer la fonte des glaces[7].

Bien que la canicule dure 11 jours sur l'Europe, son centre se déplace et affecte chaque pays un nombre moins élevé de jours. Les plus fortes températures furent notées la semaine du 21 au 27 juillet comme le montre la carte dans la boîte d'introduction. Des records sont battus, aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne et au Royaume-Uni[6].

Espagne

La vague de chaleur frappe en premier l'Espagne. Les villes les plus touchées sont Madrid et Séville avec 39 °C[8].

Italie

Une vague de chaleur frappe l'Italie à partir du 23 juillet. Les villes les plus touchées sont au nord de la péninsule, comme Florence et Turin, où le thermomètre affiche de 36 à 38 °C[9].

Europe de l'Ouest

Anomalie de températures durant la semaine du 21 au 27 juillet montrant les zones avec de +5 à +9 degrés en rouge.

Allemagne

Le 24 juillet, l’Allemagne a enregistré des températures supérieures à 40 °C, certaines régions dépassant les 35 °C. À Geilenkirchen, le Deutscher Wetterdienst (DWD) a enregistré 40,5 °C, ce qui est un nouveau record de température nationale tous mois confondus (le record précédent étant de 40,3 °C le à Kitzingen)[10],[11]. Sarrebruck dépasse également les 40 °C, d’après le DWD, la température ayant atteint 40,2 °C[12]. Cependant, le record tient seulement un jour, puisque le 25 juillet, 42,6 °C sont enregistrés à Lingen[13].

Lors de la fin de la canicule, le au soir, le niveau d'alerte maximal, violet, supérieur au rouge, est déclenché pour orages exceptionnellement violents[14], dans trois arrondissements du Land de Bade-Wurtemberg qui sont l'arrondissement de Freundenstadt, l'arrondissement de Böblingen et l'arrondissement de Calw.

Belgique

La Belgique passe pour la première fois en alerte rouge canicule[15]. Le 24 juillet, le record de température nationale absolue tous mois confondus est battu : il est de 40,2 °CAngleur)[16],[17]. Il s’agit alors de la température la plus élevée relevée en Belgique depuis le début des observations en 1833[18] ; le précédent record national belge était de 38,8 °C (1947[19],[20]). Cependant, le record est battu dès le lendemain, avec 40,6 °C à la base militaire de Kleine-Brogel[21], dépassé le même jour avec 40,7 °C à Beitem (nl)[22]. Enfin, ce record provisoire est à nouveau battu en fin de journée avec 41,8 °C à Begijnendijk[23] en Région flamande et 41,6 °C à Houyet[23] en Région wallonne.

La canicule prit fin le vendredi 26 juillet en Belgique[24].

France

Vigilance météorologique de Météo France pour les journées du 24 et 25 juillet 2019.

Le 23 juillet 2019, 80 départements sont mis en vigilance orange canicule par Météo-France, un record historique[25].

Lors d'un épisode bref mais intense, le 24 juillet, 20 départements sont mis en vigilance rouge canicule par Météo-France, un record[26].

Plusieurs centaines de records pour juillet sont battus :

le
Des records de température, tous mois confondus, sont battus dans l'Ouest et en Bretagne intérieure avec 40,1 °C relevés à Rennes[27], et localement dans le Sud-Ouest avec jusqu'à 42,1 °C à Brive[28].
le 24 juillet 2019
Des records de température, tous mois confondus, sont battus dans le Centre et le Nord-Est de la France[29].
Le
la température à Paris atteint 42,6 °C[30] alors que la température record de la capitale était auparavant de 40,4 °C en juillet 1947[31]. De nombreux records de température sont également battus dans le Nord de la France[32], avec par exemple 41,5 °C à Lille, où le dernier record datait de juillet 2018 avec 37,5 °C, soit une hausse de 4 °C. C'est la journée la plus chaude à égalité avec le [33].

Selon les calculs[34] d'un groupe de scientifiques publiés le , sans la part des effets des activités humaines sur le climat, cette canicule n'aurait pas été si intense ; les températures auraient été environ 1,5 à 3 °C moins élevées, selon les chercheurs du réseau World Weather Attribution, qui rappellent « La probabilité qu'un tel événement se produise a été multipliée par au moins dix » alors que pour la canicule de fin juin 2019, elle avait été selon le même calcul rendue « au moins cinq fois plus probable » que si l'humain n'avait pas altéré le climat[35].

La canicule a engendré :

  • un pic de consommation d'électricité (à cause de la climatisation) avec 59 715 MW consommés pour la journée de à 12 h 45. Chaque degré supérieur aux températures de saison est associé à une augmentation de 500 MW[36] ;
  • « Le premier bilan de Santé publique France fait état de 1435 décès ... Cela représente une hausse de 9,1% par rapport au taux de mortalité normalement attendu à cette période[37] » ;
  • des incendies, notamment dans les champs ;
  • une pollution supplémentaire par les fumées d'incendies et envols de poussière ;
  • des perturbations des transports ferroviaires (tout comme en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et au Royaume-Uni) ;
  • une exacerbation du stress hydrique : 79 départements ont connu des restrictions d'eau...

Luxembourg

Le Luxembourg a battu son record national de température, tous mois confondus, qui était précédemment de 37,9 °C en août 2013, en atteignant 40,8 °C dans le village de Steinsel[38].

Pays-Bas

Aux Pays-Bas, les températures montent jusqu'à 38,8 °C dans le Sud du pays, à Gilze en Rijen, et jusqu'à 39,2 °C à Eindhoven. Le dernier record était de 38,6 °C, selon l'Institut royal météorologique des Pays-Bas (KNMI), et datait de l'année 1944.

La chaleur est telle que sur certains ponts d'Amsterdam et de Haarlem, le métal se dilate, rendant la circulation difficile. Ils sont aspergés d'eau par des employés municipaux pour les refroidir[39].

Le record national tous mois confondus est de nouveau battu le 25 juillet, le thermomètre ayant grimpé jusqu'à 40,7 °C à Gilze en Rijen[40].

Finlande

L'alerte à la canicule est déclenchée[7]. Le 28 juillet, le mercure atteint 33,2 °C à Helsinki, la capitale battant ainsi son record de 1945 qui était de 31,6 °C[41].

Norvège

Le thermomètre grimpe jusqu'à 35,6 °C dans la ville de Laksfors, égalant le record national, tous mois confondu de 1970. Dans le sud de la Norvège, le thermomètre ne descend pas en dessous de 20 °C ; le pays connaît également des nuits plus chaudes que la normale[7].

Angleterre

L'Angleterre bat également son record national de température tous mois confondu, qui est de 38,7 °C dans la ville de Cambridge (l'ancien record était de 38,5 °C en 2003)[42].

Suède

C'est au nord du pays que la chaleur frappe : la ville de Markusvinsa enregistre une température de 34,8 °C, la plus haute de l'année dans le pays[7].

Suisse

4 jours[Quand ?] de canicule étaient prévus sur le pays, avec des zones en alerte orange canicule ; le thermomètre atteindrait jusqu'à 37 °C[43]. La température à Sion a atteint 38 °C au plus fort de la canicule le 24 juillet ainsi que 37 °C à Genève et 37,5 °C à Bâle le 25 juillet.

Conséquences sanitaires

En France, on note une augmentation du nombre de noyades et de coups de chaleur, notamment à Paris où un homme est tombé dans le coma[44].

Les deux canicules de l'été 2019 ont entraîné près de 1 500 décès soit dix fois moins que pendant la canicule de 2003[2].

Entre le 19 et le 27 juillet, une surmortalité a été enregistrée, avec 400 décès en plus des 2 296 attendus, notamment à Bruxelles, où Sciensano a enregistré jusqu'à 35% de décès supplémentaires[3].

Autres effets

Fonte des glaces au Groenland

La vague de chaleur qui a touché l'Europe atteint fin juillet le Groenland, entraînant une fonte des glaces d'une intensité exceptionnelle : 160 gigatonnes de glace fondent sur le continent, dépassant le record de 2012, ce qui équivaut à 60 millions de piscines olympiques[45]. En outre, durant la seule journée du 1er août, le Groenland perd 11 milliards de tonnes de banquise, ce qui équivaut à 4.4 millions de piscines olympiques[46], un record[47].

Réchauffement climatique

D'après deux études publiées fin juillet 2019 dans Nature et dans Nature Geoscience[35], juin 2019 a été qualifié de mois de juin le plus chaud jamais enregistré dans le monde, notamment en raison de la canicule exceptionnelle de juin en Europe[35]. La canicule de fin juillet aurait aussi été de 1,5 °C à 3 °C plus chaude à cause du réchauffement climatique induit par les humains selon les chercheurs du réseau World Weather Attribution[48]. Ces derniers estiment que, pour la France, la probabilité qu'un tel événement se produise a été multipliée par au moins dix.

Notes et références

  1. « 43,6 °C à Saint-Maur, 41, 9 °C à Orly : les records de température sont tombés dans le Val-de-Marne », (consulté le ).
  2. « Les canicules de l'été 2019 ont fait 1500 morts en France, soit dix fois moins qu'en 2003 », AFP, (lire en ligne, consulté le )
  3. « L'été 2019 a enregistré trois périodes de surmortalité », sur RTBF.be, (consulté le )
  4. Agence France-Presse, « Juillet 2019, le mois le plus chaud jamais mesuré dans le monde », La Presse, (lire en ligne, consulté le ).
  5. « La canicule sera-t-elle aussi forte que celle de juin ? », LCI (consulté le ).
  6. « Episode caniculaire exceptionnel du 22 au 26 juillet sur le nord du pays », Keraunos, (consulté le ).
  7. Agence France-Presse, « La canicule se déplace, les pays nordiques en surchauffe », La Presse, (lire en ligne, consulté le ).
  8. BFMTV, « Canicule: l'Italie et l'Espagne souffrent aussi de la chaleur », sur www.bfmtv.fr (consulté le ).
  9. FranceInfo, « Canicule : températures record également en Belgique et en Italie », sur www.francetvinfo.fr (consulté le ).
  10. (de) « DWD meldet mit 40,5 Grad neuen Temperaturrekord in Deutschland », finanznachrichten.de (consulté le ).
  11. (de) « Hitzewelle sorgt für neuen Temperaturrekord in Deutschland », welt.de (consulté le ).
  12. (de) « Saarbrücken heißester Ort in Deutschland », abendzeitung-muenchen.de (consulté le ).
  13. (de) « 42,6 Grad! Neuer Allzeitrekord in Deutschland » (consulté le ).
  14. (de) « Meteoalarm Europe » (consulté le ).
  15. « Alerte rouge aux fortes chaleurs activée en Belgique: de quoi s’agit-il? », Le Soir, (consulté le ).
  16. « Vague de chaleur: Angleur décroche le titre du record de chaleur avec 40,2 °C ; devenu vague de chaleur : nouveau record de température à Kleine Brogel avec 40,6 °C ; puis record de température battu en Belgique avec 40,7 °C à Beitem », sur RTBF Info, (consulté le ).
  17. « Record de température battu en Belgique avec 40,7 degrés à Beitem », sur RTBF Info, (consulté le ).
  18. Le Soir, « Vague de chaleur: nouveau record de température, l’alerte rouge prolongée jusqu’à dimanche », sur Le Soir (consulté le ).
  19. « Comment la presse parlait-elle de la canicule de 1947 ? », sur RTBF Info, (consulté le ).
  20. « Météo en Belgique - Les vagues de chaleur en Belgique depuis 1901 », sur www.meteobelgique.be (consulté le ).
  21. R. T. L. Newmedia, « Nouveau record belge BATTU: 40,6° enregistrés cet après-midi », sur RTL Info (consulté le ).
  22. « Record de température battu en Belgique avec 40,7 degrés à Beitem », sur rtbf.be, (consulté le ).
  23. « Un nouveau record de chaleur a été battu en Belgique », sur La Libre, (consulté le ).
  24. « Bilan de la vague de chaleur de juillet 2019 », sur meteobelgique.be (consulté le )
  25. « Canicule : 80 départements placés en vigilance orange, un record », (consulté le )
  26. BFMTV, « Canicule: 20 départements, dont Paris et toute l'Île-de-France, placés en vigilance rouge », sur bfmtv.com (consulté le )
  27. « Canicule: Avec 40,1 °C mardi, le record de chaleur a été battu à Rennes et en Bretagne », (consulté le ).
  28. « Canicule : records absolus de chaleur déjà battus », (consulté le ).
  29. « Canicule: ces villes qui ont battu leur record de température ce mercredi », (consulté le ).
  30. Météo-France, « 42,6 °C relevés @paris à 16h32, et la température pourrait encore augmenter #Canicule #vigilancerougepic.twitter.com/HkNPT5VssO », sur @meteofrance, 2019t07:43 (consulté le ).
  31. « Canicule: Paris pourrait battre son record historique de chaleur cette semaine », (consulté le ).
  32. « Des records de chaleur ont-ils été battus près de chez vous? », sur bfmtv.com, .
  33. « Le jour le plus chaud jamais enregistré ce jeudi 25 juillet 2019 - Actualités La Chaîne Météo », sur La Chaîne Météo (consulté le ).
  34. (en) Human contribution to the record-breaking July 2019 heatwave in Western Europe ; voir aussi le rapport complet (pdf, 1.7 MB)
  35. Sciences et Avenir, AFP, « Le changement climatique a joué un rôle dans l'intensité de la canicule de juillet 2019 », Sciences et Avenir, brève, (lire en ligne).
  36. « Canicule : le record estival de consommation d'électricité battu », sur lexpress.fr, .
  37. « Des canicules intenses mais un impact modéré », sur vie-publique.fr, .
  38. (en) Cordula Schnuer, « Luxembourg scorches on hottest day ever », sur luxtimes.lu, .
  39. La Presse.Ca, « Des records de chaleur battus en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne », sur La Presse.Ca (consulté le ).
  40. (nr) « Temperatuur door historische grens van 40°C », sur KNMI (consulté le ).
  41. « Groenland : chaleur et fonte de glace records », sur La Chaîne Météo (consulté le ).
  42. « Met Office confirms record-breaking heatwave temperature », (consulté le ).
  43. « La canicule de retour dès mardi et pour quatre jours sur la Suisse », (consulté le ).
  44. Elsa Mari, « Canicule : «Il y aura un avant et un après 2019» », sur Le Parisien, (consulté le )
  45. Matthieu Jublin, « La canicule n'a pas disparu : elle est en train de faire fondre le Groenland avec une intensité record », sur LCI, (consulté le ).
  46. « Groenland: les impressionnantes images de la fonte des glaces », sur BFMTV (consulté le ).
  47. « Au Groenland, 11 milliards de tonnes de glace ont fondu en 24 heures, un record », sur Le Dauphiné libéré (consulté le ).
  48. AFP, « Canicule de juillet: 1,5° à 3°C plus chaud à cause du réchauffement climatique », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
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