Sculpture en bronze

Une sculpture en bronze est obtenue à partir d'un modèle original en terre, en cire ou en plâtre qui est fondue en bronze à partir d'un moule. En sculpture, cette technique remonte à la plus haute Antiquité, depuis au moins le IIIe millénaire av. J.‑C..

L'Âge d'airain bronze original de Rodin (1875-1876)

La technique de base n'a pas changé à travers les siècles : après avoir modelé un objet en cire, on le recouvre d'un mélange à base d'argile, on le fait cuire, ce qui fait fondre la cire, puis on y coule l'alliage de bronze. Il ne reste qu'à briser le moule perdu de terre cuite pour voir apparaître l'objet.

Dans la sculpture occidentale, les techniques et les juridictions ont profondément évolué. Le savoir-faire des fondeurs justifie que les œuvres portent leur empreinte, à côté de la signature du sculpteur.

On distingue le bronze d'art (reproduction) du bronze original (sculpture authentique).

Technique

La technique décrite ci-dessous est issue des techniques et traditions du Burkina Faso.

Modelage de la cire

Modelage en cire et tiges de coulée.

Le modelage de la cire s'effectue à mains nues et à l'aide d'outils pour la sculpter. On peut la rendre plus ou moins malléable en la chauffant. Dès que le modèle présente une masse tant soit peu importante, on réalise un noyau en terre argileuse, plâtre, etc. Ceci permet d'éviter que des retraits et défauts apparaissent lors de la coulée de bronze. Le modelage de la cire offre la possibilité d'effectuer de petits détails jusqu'à un millimètre d'épaisseur.

Lorsque le modelage de la cire est effectué, il faut y ajouter une tige de coulée (1 à 2 cm de diamètre) qui sera découpée une fois le bronze coulé. On ajoute également des tiges de coulée entre les parties les plus éloignées pour permettre au métal, lors de la coulée de se distribuer jusqu'aux plus fines extrémités.

Préparation du moule

Préparation du crottin d'âne et de l'argile.

Dans la méthode traditionnelle burkinabé, le moule est élaboré en plusieurs fois. Le modèle en cire est recouvert d'une première fine couche d'argile.

Après séchage, plusieurs couches composées d'un mélange d'argile et de crottes d'âne séchées, appelés banko, viennent recouvrir la première. L'ensemble est ensuite renforcé à l'aide de tiges métalliques et de fil de fer lorsque la pièce est de grande dimension.

Séchage du moule

Dernière étape : séchage des moules.

La préparation du moule est une méthode longue, car chaque couche de banko doit être appliquée une fois que la couche précédente est bien sèche. Un séchage à l'abri du soleil permet au moule de ne pas fissurer.

Évacuation de la cire et cuisson du moule

Décirage des moules puis cuisson des moules.

Une fois que le moule est bien sec, il faut le placer dans un feu moyen, en commençant par chauffer l'orifice de sortie (tige de coulée) puis en chauffant et vidant progressivement vers l'arrière du moule. La cire peut être récupérée pour une réutilisation future. Lorsque le moule est vide, un bruit comparable à celle d'une cuisson signale que l'étape est terminée.

Le moule peut alors être cuit. Pour cela, il faut le placer dans un feu très fort, durant plusieurs heures pour le cuire, dans les braises. Cette cuisson permet de durcir le banko, et aussi de brûler les matières organiques (dont le crottin d'âne) du moule. Cette étape rend alors le moule poreux et l'air pourra circuler lors de la coulée de métal.

Coulage du métal

Coulée du bronze et refroidissement.

La méthode traditionnelle burkinabé de coulage de bronze utilise divers métaux récupérés (bronze, étain, cuivre, zinc). Le mélange est soigneusement préparé lors de la chauffe et porté à 1 200 °C. Lors des derniers instants de cuisson, le fondeur ajoute une poignée de charbon sur le haut du creuset, qu'il ôte ensuite juste avant de couler le métal.

Les moules sont alors disposés bien droit dans du sable (on les sort du feu qui les a cuits). Bien calés entre eux, on y verse le bronze liquide soit à l'aide d'une louche en fer, soit directement en versant le creuset dans l'orifice.

Destruction du moule et finitions

Une fois les coulées effectuées, on attend que les moules refroidissent pendant quelques heures, puis on peut les détruire pour faire apparaître la sculpture. Des petits manques peuvent être présents, si les tiges de coulées étaient mal réparties, si le moule a été mal réalisé ou si la coulée n'était pas réussie. On peut ensuite effectuer les finitions (polir, limer, poncer...).

Patines

Les patines nécessitent un grand savoir-faire. La sculpture obtenue après la coulée est généralement de couleur jaune doré. Selon l'effet que l'on veut obtenir on peut appliquer différents produits pour oxyder le métal. Il faut alors chauffer la sculpture dans un feu doux, appliquer les mélanges et laisser agir (d'une heure jusqu'à plusieurs jours). Lorsque la couleur de la patine souhaitée est atteinte, on stoppe l'oxydation avec de la cire (cire pour meubles).

Différents produits sont utilisés pour les patines, par exemple :

Une sculpture réalisée en bronze, avec une patine à base d'acide nitrique.

Illustrations

Réglementation française

Les bronzes originaux : définitions.

Si l'argile est le matériau le plus à même de reproduire en trois dimensions la pensée et gestes d'un artiste, le bronze (un alliage de cuivre à 80 % et d'étain, de plomb ou d'aluminium, etc.) se prête le mieux (sans être le seul) à l'édition quasi parfaite de l’œuvre originelle pouvant être ainsi multipliée. Après beaucoup d’excès pendant le début du XXe siècle et à partir de 1968, une réglementation a été édictée en droit français, pour limiter les éditions, et tenter d’imposer la numérotation des épreuves[1].

Bronze original

Un bronze est dit "original" c'est-à-dire "authentique" s’il est tiré d’après une œuvre originale faite en plâtre, en terre ou en cire, par l’artiste, et sous son contrôle direct ou de ses ayants droit. Par exemple pour le Musée Rodin qui a hérité du droit moral et des moules de l’artiste, et qui effectue des tirages de très bonne qualité en respectant le nombre prévu par la loi[2].

Les tirages doivent être numérotés sur la terrasse du bronze, à côté de la signature de l'artiste et de l'estampille du fondeur. Les tirages ne doivent pas dépasser huit exemplaires, auxquels on admet quatre exemplaires supplémentaires en épreuves d’artiste numérotées de I à IV et annotées EA, soit un total de douze. Les tirages annotés HC pour « Hors-Commerce » ne sont pas vendables.

Les bronzes d'art

On appelle « bronze d'art » les copies sans numérotation. On distingue  :

Reproduction

Le surtirage consiste à tirer des épreuves supplémentaires (parfois en grand nombre) sans numérotation. Tous les surmoulages, copies et reproductions doivent faire apparaître la mention « reproduction » sur la terrasse à côté de la signature de l'artiste[3]. Par exemple, le musée Rodin qui a hérité du droit moral de l'artiste, effectue des reproductions en résine patinée à échelle réduite, la mention « reproduction » apparaît.

Contrefaçon

Le surmoulage consiste à tirer une épreuve à partir d’un bronze authentique. L’épreuve est plus petite dans ses dimensions du fait du retrait du métal lors du refroidissement, et sa finition est moins précise. C'est la technique généralement utilisée par les faussaires, comme le montre l'affaire Guy Hain.

Si l'artiste de son vivant a interdit la reproduction (affaire dite de La Vague de Camille Claudel[4]), ou a demandé la destruction de ses moules (affaire Pompon[5]) et que ses ayants droit passent outre, les œuvres ainsi éditées sont considérées comme des contrefaçons ou des reproductions illégales par les tribunaux au nom du droit moral de l'artiste, droit au respect de son nom, de la qualité de son œuvre, perpétuel, inaliénable et imprescriptible[6]. Un procès ouvert en 2012 doit statuer sur les sculptures de Degas éditées post-mortem[7].

Notes et références

  1. L’article R 122-3 du Code de la Propriété Intellectuelle
  2. prévue par le décret no 93-163 du 2 février 1993, décret relatif au musée Rodin version consolidée au 7 décembre 2005 au terme duquel les éditions originales du musée Rodin sont limitées à 12, numérotées de 1/8 à 8/8 et de I/IV à IV/IV, y compris les éditions originales existantes.
  3. Décret no 81-255 du 3 mars 1981 publié au JO.
  4. [PDF] « Tirages posthumes, surmoulage et droit au respect de l'œuvre : La Vague de Camille Claudel », étude de cas du 10 juillet 2016, en ligne.
  5. Le cas du Pompon est particulièrement intéressant puisque l'œuvre était bien un original, mais édité post-mortem. Pompon avait précisé dans ses volontés express qu'il souhaitait qu'aucun bronze ne soit édité après sa mort d'après les moules originaux qu'il n'avait, cependant, pas détruit : volonté que son exécutaire testamentaire ne respecta pas. Ainsi l'œuvre éditée il y a presque 80 ans dans les moules de l'artiste a été déclarée « contrefaite en esprit » au nom du testament de Pompon… presque 80 ans plus tard en 2014... – dans Réalités nouvelles, article en ligne.
  6. L’article L 121-1 du Code de la Propriété Intellectuelle
  7. [PDF] Walter F. Mairbaum, « Plaster Authentification », étude de cas.

Articles connexes

Liens externes

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