Bilan économique de la colonisation en Afrique

Le bilan économique de la colonisation en Afrique étudie les conséquences économiques de la colonisation du continent, qui s'étend de la fin du XIXe siècle à la deuxième moitié du XXe siècle. En l'espace d'une trentaine d'années de 1880 à 1914, le continent africain connaît des changements rapides et importants, consécutifs à la conquête de son territoire. La stabilisation des colonies se poursuit ensuite.

L’impact de la colonisation en Afrique est un sujet très controversé ; l'idée même qu'on puisse en tirer un bilan est elle-même sujette à débat. Quoiqu'il soit difficile d'imputer toutes les évolutions intervenues pendant cette période à la colonisation, l'Afrique est indéniablement transformée par ce phénomène.

Conséquences démographiques

Historique

L’estimation de la population africaine avant 1950 est un problème complexe en raison de l’absence de données fiables pendant la période coloniale et, plus encore, pendant la période précoloniale. Tous les chiffres avant 1950 sont des estimations basées sur des données plus ou moins lacunaires et sur des projections[1].

Il a longtemps été pensé que la densité de population africaine avant 1850 était faible comparativement aux autres continents et avait augmenté rapidement à partir du début de la colonisation au milieu du XIXe siècle. Certains chercheurs pensent aujourd'hui au contraire que la population était assez importante et que son taux de croissance était faible. De 140 millions d’individus en 1850 la population aurait peu varié jusqu’en 1920 puis elle aurait augmenté plus rapidement pour atteindre 280 millions en 1960 et 800 millions en 2000[1].

L'impact de l'esclavage en Afrique jusqu'en 1850 a été différent suivant les régions. Selon Patrick Manning, la croissance de la population africaine s'est globalement ralentie et dans les régions les plus touchées l'esclavage a entraîné le déclin de sous-populations[2],[3]. Toujours selon Patrick Manning, les taux de croissance relativement faibles au XIXe siècle et les estimations plus élevées de la taille de la population africaine à la période précoloniale impliquent que l'impact négatif de l'esclavage sur ces populations a été moins sévère que précédemment estimé[1]. La nature des populations victimes de l'esclavage souvent jeune et majoritairement des femmes permet d'expliquer l'impact sur la croissance des populations[4].

La fin du commerce des esclaves coïncide avec la conquête coloniale. Il est estimé que les régimes coloniaux, en particulier français et belge, ont provoqué des déclins de population, en grande partie à cause de la propagation de maladies, en particulier par les fonctionnaires coloniaux africains et européens[1]. « Entre 1880 et 1920 se produit une véritable récession démographique au plus fort de la colonisation[5] », « les deux ou trois premières décennies de l’ère coloniale (1880-1910 environ) […] provoquèrent […] une forte diminution de la population[notes 1]. » Dans certaines régions, comme les régions côtières, l'augmentation de la productivité a entraîné une augmentation de la croissance de la population. Lors de la période coloniale, les Africains ont connu des changements dramatiques de leurs conditions de vie, des taux de croissance accélérés, de brusques changements dans les modèles de migration et les débuts spectaculaire de l'urbanisation[1]. L'espérance de vie, bien que faible par rapport à celle des autres régions et changeant peut-être avec un certain retard, s'est néanmoins allongée de façon impressionnante. Entre 20 et 25 ans au début du XIXe siècle, l'espérance de vie à la naissance était passée à 35 ans en 1950[7]. Le régime colonial contribue cependant à réduire le taux de mortalité en important et appliquant des techniques modernes de lutte contre les épidémies, mais aussi en fondant un réseau de transports moderne qui permet d’acheminer les vivres jusqu’au zones de famine[8]. Pourtant, « au cours des années 1930, on comptait au Nigéria 12 hôpitaux réservés à 4 000 Européens, tandis que les 40 millions d’Africains ne disposaient que de 52 établissements hospitaliers[9] ». Il amorce également l'urbanisation de la population autour de centres de commerces, ce qui permet de gérer une population plus nombreuse.

La population africaine en 1880 est estimée à 120 millions. Jusqu'en 1935, la progression démographique est estimée à 37,5 %, pour aboutir à une population de 165 millions de personnes.

En 1935, l’Afrique est sur le point de franchir le cap de l’accroissement démographique rapide. La population globale passe à 200 millions à la fin des années 1940 ; ce chiffre atteint 300 millions vers le milieu des années 1960, puis 400 millions au milieu des années 1970[10]. La colonisation semble avoir joué le rôle de catalyseur[11].

L'incidence économique tient au fait que, selon certains auteurs, une des principales raisons du sous-développement de l’Afrique serait l’explosion démographique[12], générée, à l'origine, par l’arrivée de la médecine occidentale[réf. souhaitée]. Même si l’Afrique connaît une chute de la mortalité infantile dès l'époque coloniale[notes 2], au début du XXIe siècle, elle n’a pas encore assuré sa transition démographique[14],[15] : « L'Afrique est un continent qui n'a pas encore véritablement entamé la dernière partie de sa transition démographique : la baisse de la fécondité - le nombre d'enfants par femme - n'a pas encore eu lieu[16]. » et sa croissance démographique est la plus élevée de la planète.

Cela n’est cependant qu'une forme de rattrapage[16] puisqu'en 2050 la population du continent retrouvera la proportion, environ un cinquième du total mondial qu'elle représentait au XVIe siècle avant les traumatismes démographiques de la traite négrière et de la colonisation[17],[notes 3].

Les guerres mondiales

Les deux guerres mondiales ont des effets démographiques et sociaux importants sur le continent africain. Lors de la Première Guerre mondiale, plus d’un million de soldats africains participent aux campagnes ou aux opérations militaires en Europe ; tous les pays africains sont impliqués. Des affrontements interviennent aussi sur le sol africain. Si l'Afrique dispose de peu de soldats de formation au début des hostilités, commence alors ce que le gouverneur français Angoulvant appelle une « véritable chasse à l’homme »[19], aussi qualifiée de nouvelle traite des Noirs[20].

Nombreux sont les hommes, femmes et enfants, recrutés, souvent de force, pour servir de porteurs et suppléer aux moyens dont disposent traditionnellement l’intendance pour ravitailler les armées, comme la route, le rail ou les animaux de charge. Plus de 150 000 soldats et porteurs perdent la vie au cours du premier conflit. Le nombre des blessés et mutilés est encore plus élevé. Le rapatriement des soldats est accompagné, en 1918-1919, par une épidémie de grippe qui touche tout le continent[notes 4].

La guerre ouvre de nouveaux horizons à de nombreux Africains, en particulier aux membres de l’élite cultivée[22]. Pour M. Perham, il est « difficile de surestimer l’effet produit sur les Africains, qui avaient été dans une grande mesure enfermés dans une relation bilatérale avec leurs maîtres européens, par le spectacle du dehors et la constatation qu’ils faisaient partie d’un continent et d’un monde[23]. » Dans nombre de régions d’Afrique, la guerre favorise sinon toujours l’éveil d’un mouvement nationaliste, du moins le développement d’une attitude plus critique de l’élite cultivée à l’égard du pouvoir colonial, et donc le développement d'une élite qui sera plus tard appelée à gouverner[24].

Nouvelles structures administratives

Les systèmes de gouvernement indigènes sont affaiblis par la colonisation, au profit de systèmes imposés artificiellement aux populations locales, déstructurant l'organisation sociale antérieure : « la notion de frontière dûment bornée [est] culturellement étrangère [à l'Afrique subsaharienne][25] », notamment dans les sociétés à « pouvoir diffus »[26] qui présentent un mode d'organisation sociale où le gouvernement n'est pas centralisé mais partagé[notes 5], où la terre n'est pas un bien que l'on possède[28] et pour lesquelles l'État-nation à l'occidental est un concept importé[29].

L'effet économique est que cela déstabilise aussi le système productif, ce qui conduit à la pauvreté, à la sous-alimentation, aux famines et aux épidémies[30].

Presque tous les États africains dans leurs frontières actuelles sont ainsi proclamés après des conquêtes, ainsi qu’après la déposition ou l’exil des dirigeants indigènes[31]. Ces frontières, établies pendant la période coloniale, sont peu modifiées après les indépendances[32],[notes 6], l'OUA, créée en 1963, les déclarant, dès ce moment, intangibles[32]. Il est possible de dire que ce découpage des frontières issu de la colonisation est un facteur d'instabilité institutionnelle interne pour nombre de pays africains[notes 7], notamment ceux où cohabitent différentes ethnies, dans des pays où l'administration coloniale s'appuyait sur (et favorisait) certaines ethnies pour gouverner[notes 8].

Infrastructures éducatives

Vers 1960, on compte deux millions d'enfants scolarisés en Afrique subsaharienne française et à Madagascar. Dans la seule Afrique subsaharienne, 16 000 écoles primaires et 350 établissements secondaires, collèges et lycées, fonctionnaient. 96 % des instituteurs étaient africains au moment de l'indépendance.

Cependant, la quantité des infrastructures éducatives ne renseigne pas sur leur qualité. D'après Denis Cogneau[36], les colonies britanniques affichaient une performance éducative supérieure aux autres colonies, dans le primaire et le secondaire. Le système français, malgré (ou de par) sa gratuité, ne permettait qu'à une élite de passer au secondaire. Le système britannique était basé sur un partenariat entre les missionnaires et le gouvernement, alors que les Belges et les Portugais comptaient seulement sur les missionnaires[36].

Le niveau de formation des ressources humaines joue dans la spécialisation économique africaine. En matière d'économie d'extraction, des ressources abondantes et une main-d'œuvre relativement peu qualifiée poussent à exporter des matériaux bruts ; c'est le cas aussi pour l'agriculture[notes 9],[38].

Infrastructures de transport et communication

« Pour les Africains, les premières manifestations de l’économie nouvelle se présentèrent sous forme de routes, de chemins de fer et de lignes télégraphiques. La construction de réseaux de transport et de communication préludait à la conquête : ils constituaient les moyens logistiques permettant de nouvelles agressions à partir des bases formées par les zones occupées. […] Toutefois, rares étaient les routes et les chemins de fer dont l'intérêt était exclusivement militaire ; les voies ferrées qui facilitaient la conquête servaient aussi à l'exploitation des arachides, du coton, etc[39]. »

Soulignant l'importance des infrastructures nécessaires au commerce, Henry Morton Stanley affirme que, « sans le chemin de fer, le Congo ne vaut pas un penny[40],[41] ».

Ce sont les populations autochtones qui fournissent la main d’œuvre :

« Les routes, les ports, les voies ferrées, par absence de matériel (on limitait au minimum l'achat de machines), ont été construits à la main par des hommes et des femmes. Celles-ci passaient des semaines et des mois à damer les routes comme le plancher de leur case. Le chemin de fer Congo-Océan et celui de Thiès-Kayes sont d'ailleurs jalonnés de cimetières. À défaut de prestataires, parfois en fuite, on mettait la main sur leurs femmes et leurs enfants, qui, en Afrique équatoriale, étaient entassés comme otages dans des camps de la mort, car les otages n'étaient pas nourris[42]. »

L'exemple français

En 1960, au moment des indépendances, la France avait construit 18 000 kilomètres de voies ferrées, 215 000 kilomètres de pistes principales utilisables en toutes saisons, plus de 50 000 kilomètres de routes bitumées. Ces chantiers ont eu un coût humain terrible tant les conditions de travail étaient dures. Elle laisse également 63 ports équipés et 196 aérodromes[43],[44].

Une fois les institutions coloniales établies, les infrastructures de transport sont consacrées au transport de matières premières hors d'Afrique. Ainsi, le chemin de fer Abidjan-Niger est construit afin de transporter la main d'œuvre agricole depuis la Haute-Volta vers les plantations coloniales de la Côte d'Ivoire, et d'acheminer le minerai d'uranium prélevé au Niger vers le port d'Abidjan puis de là vers la France[réf. souhaitée] ; de même, le chemin de fer Congo-Océan est dévolu au transport minier[45] ; concernant sa construction durant le premier tiers du XXe siècle, des qualificatifs tels que « conditions de vie inhumaines », « effroyable consommateur de vies humaines » sont utilisés[46].

Importance des industries extractives exportatrices

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La colonisation accentue la spécialisation de l'Afrique dans les industries extractives tournées vers l'exportation, laquelle perdure aujourd'hui. Elle a pratiquement mis un terme au commerce interafricain, car l'activité économique et commerciales de chaque entité administrative était tournée vers la métropole.

L'activité économique des colonies est basée sur les ressources naturelles locales, ce qui signifie que les zones dépourvues de ces ressources sont totalement négligées.

L’économie coloniale néglige, voire décourage, l’industrialisation, la transformation des matières premières et des produits agricoles. Comme l’a souligné David Kenneth Fieldhouse (en), « il est probable qu’aucun gouvernement colonial n’avait de département de l’industrie avant 1945 »[47]. Des produits aussi simples et aussi essentiels que les allumettes, les bougies, les cigarettes, l’huile de cuisine et même le jus d’orange et de limette, qui auraient tous pu être fabriqués facilement en Afrique, sont importés. Conformément aux pratiques de l’économie coloniale capitaliste, toutes les colonies sont des marchés de consommation des produits manufacturés des métropoles et des producteurs de matières premières destinées à l’exportation.

Non seulement l’industrialisation est négligée, mais les industries et les activités artisanales de l’époque précoloniale sont détruites. L'Afrique post-coloniale est donc naturellement assujettie à la problématique des termes de l'échange.

Pour les économistes Acemoglu, Johnson et Robinson, les colonisateurs européens mettent en place les industries extractives les moins propices au développement local dans les pays les moins hospitaliers[48], c'est-à-dire dans les endroits où les taux de mortalité des colons sont plus élevés.

Un examen plus détaillé fait la distinction entre les colonies dites « de peuplement » et celles dites « d'exploitation »[49],[notes 10]. Les colonies d'exploitation, où la possession des terres reste africaine (Ghana, Ouganda…), permettent un meilleur partage des bénéfices d'exportation avec les Africains, tandis que les colonies de peuplement (Afrique du Sud, actuel Zimbawe…) connaissent une récession du niveau de vie des autochtones dans le courant du XXe siècle[51]. À l'inverse, c'est dans les colonies de peuplement, là où les Européens s'approprient les terres le plus largement, que se développe, le plus et le plus tôt, l’industrie[52], notamment grâce au coût « artificiellement » bas de la main-d'œuvre noire[53],[notes 11].

Débats

Un enrichissement des pays colonisateurs ?

La question de savoir dans quelle mesure la colonisation a bénéficié aux pays colonisateurs fait débat, ainsi que la possibilité même de dresser un tel bilan.

L'exemple français

Dans les années 1950, avant la décolonisation, apparaît l’expression « la Corrèze avant le Zambèze », aphorisme célèbre de la pensée dite « cartiériste », qui affirme que les colonies coûtent plus qu'elles ne rapportent[54],[55]. Plus tard, des auteurs comme Jacques Marseille et Bernard Lugan considèrent que la colonisation de l'Afrique a coûté aux pays colonisateurs beaucoup plus qu'elle n'a rapporté. Marseille chiffre à 70 milliards de francs-or (valeur 1913) le déficit global de la colonisation en Afrique, soit l'équivalent de trois fois le montant de l'aide Marshall pour la France[56].

Jacques Marseille écrit cependant : « Mesurer combien l’empire colonial a coûté et rapporté à la France est donc une « opération » vaine qui s'inscrit surtout dans les combats idéologiques qu'a provoqués la décolonisation (Jacques Marseille[56], p. 12-13). » et Raymond Aron, quant à lui, pense que la question est indécidable car les dépenses et revenus retirés de la colonisation sont trop imbriqués. Pour lui, les « […] mêmes investissements […] opérés dans le territoire métropolitain ou dans des territoires qui ne sont pas sous la souveraineté française […] pourraient avoir des rendements égaux ou supérieurs[57]. » L'avantage principal que les métropoles retirent des colonies est le soutien à leurs zones monétaires, livre sterling pour les Anglais et franc-or pour les Français.

«  La […] difficulté quand on veut établir un bilan objectif est que dans la mesure où les colonies, les ex-colonies, les territoires de la Communauté sont imbriqués dans le système économique français, il devient presque impossible d'établir une discrimination entre l'avantage et le coût, le rendement et la charge. Dès l'instant où les territoires sont intégrés au système économique français, simultanément ils représentent pour l’État un certain nombre de milliards de dépenses inscrites au budget, pour des entreprises et des personnes privées un certain nombre de milliards, d'un montant assez analogue d'ailleurs, de revenus ou de commandes. »

 Raymond Aron[57]

Le bilan global pour les colonisés

La question de savoir si la colonisation a eu des effets globalement positifs ou négatifs sur l'économie africaine est un sujet débattu.

Walter Rodney estime que l'aventure coloniale fut l'une des sources du développement capitaliste européen et de la déchéance économique de l'Afrique[58] ; d'autres[59] considèrent aussi que « tous les progrès économiques réalisés pendant la période coloniale le furent à un prix élevé et injustifiable pour les Africains : travail forcé, travail migratoire (lesquels, déclare Davidson, « firent probablement plus pour démanteler les cultures et les économies précoloniales que presque tous les autres aspects de l’expérience coloniale réunis »), culture obligatoire de certaines plantes, saisie forcée des terres, déplacement de populations (avec comme conséquence la dislocation de la vie familiale), système des « passes », taux de mortalité élevé dans les mines et les plantations, brutalité avec laquelle les mouvements de résistance et de protestation provoqués par ces mesures furent réprimés, etc. […] la période coloniale a été une période d’exploitation économique impitoyable plutôt que de développement pour l’Afrique et […] l’impact du colonialisme sur l’Afrique dans le domaine économique est de loin le plus négatif de tous[60]. »

À l'inverse, certains économistes et historiens ont défendu le bilan économique de la colonisation, mais ce sont les moins nombreux[61]. Pour P.C. Lloyd, « les exportations de matières premières ont apporté une richesse considérable aux peuples d’Afrique occidentale ». Pour Lewis H. Gann et Peter Duignan, « le système impérial est l’un des plus puissants agents de diffusion culturelle de l’histoire de l’Afrique ; le crédit, ici, l’emporte de loin sur le débit »[62]. D. K. Fieldhouse est arrivé la même conclusion en 1981 : « II apparaît donc que le colonialisme ne mérite ni les louanges, ni les blâmes qu’on lui a souvent décernés ; s’il a fait relativement peu pour surmonter les causes de la pauvreté dans les colonies, ce n’est pas lui qui a créé cette pauvreté. L’empire a eu de très importants effets économiques, certains bons, d’autres mauvais[62] »

Notes et références

Notes

  1. « Le nombre des habitants du Congo belge fut réduit de moitié pendant les quarante premières années de la domination coloniale, celui des Herero des quatre cinquièmes, celui des Nama de moitié et celui de la Libye d’environ 750 000[6]. »
  2. « […] la création, dès l'époque coloniale, des services de l'AMI (Assistance maternelle et infantile) finit par favoriser la baisse de la mortalité périnatale et infantile[13]. »
  3. « l'Afrique n'est en fait qu'en train de rattraper un retard démographique qu'elle avait lentement accumulé au cours des trois derniers siècles de traite et de colonisation. […] vers 1650 l'Afrique représentait alors 20 % de la population mondiale[18]. »
  4. « L'épidémie de grippe espagnole, importée d'Europe à l'issue de la guerre fut la plus grande catastrophe démographique à court terme connue de l'histoire du continent[21] »
  5. « Dans les sociétés à pouvoir diffus, les rôles politiques ne sont pas spécialisés : ils sont mêlés à divers autres rôles sociaux et, pour ainsi dire, dilués. Il n'y avait pas de gouvernants chez les Lobi de la Haute-Volta, mais certaines décisions souveraines étaient prises par le prêtre de la Terre, d'autres par les chefs de marchés, des différentes confréries ou par les prêtres des funérailles[27]. »
  6. « 87 % de la longueur de ces frontières, soit 70 000 km sur un total d’environ 80 000 km, [sont] directement hérités des partages coloniaux[33]. »
  7. « Le tracé des frontières, avalisé aux indépendances par l’Organisation de l’Unité Africaine, est donc une construction largement artificielle. Il en a résulté des conflits frontaliers[34] ».
  8. « quand ils n'ont pas été totalement brisés, les anciens dominants font tout pour restaurer leur autorité, car il en va de la survie de leurs peuples : d'où des troubles, des guerres, et parfois même des massacres comme au Nigeria, au Rwanda, à Madagascar, au Tchad, au Mali, au Niger, au Soudan, etc[35]. »
  9. « Nous avons vu que l’Afrique était riche en terres et pauvre en compétences par rapport aux autres régions. Elle affiche ainsi un ratio terres/compétences élevé. En comparant les régions au cours du temps, Wood et Mayer (2001) montrent que les pays présentant des ratios terres/compétences élevés tendent à exporter principalement des produits primaires[37] »
  10. « une distinction est faite entre colonies de peuplement — à savoir les contrées presque vides où les étrangers étaient largement majoritaires — et colonies dites d'« exploitation », dans lesquelles au contraire les colons formaient une minorité dominante[50] »
  11. Ce coût de main-d'œuvre sera aussi, paradoxalement, un frein ultérieur à ce même développement : « L’Afrique du Sud est restée le vaisseau amiral de l’industrie dans la région mais les possibilités d’expansion y ont été de plus en plus limitées en raison du prix élevé de la main-d’œuvre qualifiée dans une économie où seule une minorité de la population avait accès à l’éducation secondaire et aussi parce que les bas niveaux de salaire des Noirs limitaient la taille du marché des produits fabriqués en masse »[53]

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Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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  • Albert Adu Boahen (dir.), Histoire générale de l'Afrique, vol. 7 : L’Afrique sous domination coloniale, 1880-1935, UNESCO,
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  • Bernard Droz, « Regards sur la décolonisation de l’Afrique Noire », Labyrinthe, no 16, , p. 9 à 18 (lire en ligne)
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  • Gareth Austin, « Développement économique et legs coloniaux en Afrique », International Development Policy - Revue internationale de politique de développement, no 1, (DOI 10.4000/poldev.135, lire en ligne)
  • Perspectives économiques en Afrique 2013, BAFD, OCDE, PNUD (lire en ligne [PDF])
  • Hélène d'Almeida-Topor, L'Afrique du XXe siècle à nos jours, Armand Colin, coll. « U », , epub
  • Sylvie Brunel, L'Afrique est-elle si bien partie ?, Éditions sciences humaines, , 192 p., epub (ISBN 978-2361062170)
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