Berthe Bertsch

Berthe Bertsch est une pasteure d'Alsace, née le à Mittelwihr (Haut-Rhin) et décédée le à Strasbourg. Elle est la première femme à avoir été ordonnée pasteure au sein de l’Église réformée d'Alsace et de Lorraine, en 1930.

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Famille

Anne Berthe Bertsch est la fille d’un pasteur luthérien, Georges Bertsch (1874-1938). Ce-dernier a suivi des études de théologie à Strasbourg et Berlin, avant d’occuper des fonctions de vicaire à Printzheim puis Colmar ; des fonctions de pasteur à Mittelwihr puis Ribeauvillé ; et enfin des fonctions d’aumônier à Strasbourg[1].

Études

En 1920, Berthe Bertsch fait partie d'un groupe de quatre jeunes filles qui étudient la théologie à Strasbourg[2] Elle en est diplômée en 1928. Elle poursuit ensuite ses études à Genève par une dernière année de théologie. Durant toutes ses études, elle reçoit une formation identique à celle des hommes[1].

Carrière

Berthe Bertsche est ordonnée pasteure de l’Église réformée d'Alsace et de Lorraine le , au temple Saint-Étienne de Mulhouse, alors qu'elle a 26 ans. C’est la première femme ainsi ordonnée en France. Cette tolérance nouvelle de la part de l’Église réformée vient en partie de la pénurie pastorale au lendemain de la Grande Guerre[3],[4]. Toutefois, ce droit s’accompagne de certaines restrictions, dont l’obligation du célibat pour les femmes pasteures. Berthe Bertsch est contrainte de renoncer à ses fiançailles pour suivre sa vocation[1].

Elle effectue son vicariat à Mulhouse de 1929 à 1931, où elle semble être appréciée. Le président du consistoire de Mulhouse, dans une lettre de 1929 écrit que « L’impression qu’a fait Mlle Bertsch a été des plus favorables. […] Les sermons de Mlle Bertsch sont très logiques. Sa voix aussi porte bien… Elle fait aussi les casuels… Les visites à domicile, surtout chez les malades et les vieux, sont très appréciées… »[5].

Elle effectue un second vicariat à Bischwiller (Bas-Rhin). Puis elle rejoint la paroisse de Steinseltz où elle exerce pendant quarante et un ans[6]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, de 1939 à 1940, elle est détachée à Oradour-Saint-Genest, en Haute-Vienne, pour s’occuper des protestants alsaciens qui s’y étaient repliés, aidant ainsi la Résistance[7].

Berte Bertsch est titularisée en décembre 1938[1]. Sa carrière ne s’est pas déroulée sans critiques et regards hostiles de la part d’autres acteurs du monde protestant. Un exemple notable de cette hostilité est le rapport rendu par certains pasteurs avoisinants au moment de sa titularisation. Ce rapport cherchait à démontrer l’incapacité des femmes à occuper des telles fonctions, notamment à cause de leur faible résistance physique, de leurs émotions ou encore de leur célibat[1],[8].

Notes et références

  1. Patrick Cabanel, biographique des protestants français de 1787 à nos jours : Tome 1, A-C, , p.283
  2. Patrick Cabanel, Histoire des protestants en France, , p.1137
  3. « Les femmes pasteurs de 1900 à 1960 », sur Musée protestant (consulté le )
  4. Marie Lefebvre-Billiez, « Qui a été la première femme pasteure en France ? », Réforme, (lire en ligne)
  5. Recueil Officiel des Actes du Consistoire supérieur et du Directoire de l’Eglise de la confessions d’Augsbourg, , p.78-79.
  6. Corinne Bouchoux,, « Femmes protestantes au XIXe-XXe siècles », Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme français, vol. 146, (lire en ligne)
  7. Geneviève Poujol, Un féminisme sous tutelle, les protestantes françaises 1810-1960, , p.195
  8. Anne-Marie Heitz-Muller, « L’ouverture du ministère pastoral aux femmes dans les Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine », Revue d'Histoire et de Philosophie religieuses, vol. 83, no 3, , p. 301–323 (DOI 10.3406/rhpr.2003.1034, lire en ligne, consulté le )

Bibliographie

  • Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1, A-C, p. 283, éditions de Paris/Max Chaleil, 2015, XXVI-831 (ISBN 978-2846211901).
  • Patrick Cabanel, Histoire des protestants en France, p. 1137, Paris, Fayard, 2012,
  • Élisabeth Dufourcq, Histoire des chrétiennes. T.2 - De la découverte des Nouveaux Mondes, 2015, p. 601-602
  • Françoise Lautman, Ni Ève ni Marie : luttes et incertitudes des héritières de la Bible, 1998, p. 131-132
  • Geneviève Poujol, Un féminisme sous tutelle. Les protestantes françaises 1810-1960, p. 195, Paris, éditions de Paris/Max Chaleil, 2003, 286 p.

Annexe

Articles connexes

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