Bertha Mkhize

Bertha Mkhize, née le et morte le , est une enseignante sud-africaine d'origine zouloue, qui a obtenu l'émancipation comme femme seule pour exploiter une entreprise de son propre droit. Lorsque le gouvernement commence la mise en œuvre de l'apartheid à la fin des années 1940 et au début des années 1950, elle rejoint les syndicats et les organisations de femmes, dans les manifestations contre cette politique. Elle est arrêtée à deux reprises pour ces activités et inculpée, la deuxième fois, pour trahison, mais n'est pas reconnue coupable des faits reprochés. Mais elle est forcée d'abandonner son entreprise. Elle embrasse dans les années suivantes la doctrine Bahá'íe, prônant l'égalité entre tous les êtres humains.

Biographie

Nhlumba Bertha Mkhize est née le , à Embo, près de Umkomaas dans le sud de la province de KwaZulu-Natal, en Afrique du Sud. Vers l'âge de quatre ans, le père de Mkhize meurt et la famille déménage à Inanda, où elle s'est inscrite à l'école du séminaire. Après ses études au séminaire, elle poursuit à l'Ohlange High School[1],[2].

En 1907, Mkhize commence à enseigner au séminaire Inanda et y reste les quatre années suivantes. En parallèle, elle prend également des cours de couture. En 1909, elle était légalement émancipée, un processus qui l'oblige à comparaître devant un magistrat avec un document signé de ses tuteurs lui donnant le droit de mener ses affaires sans l'approbation de ses hommes de la famille. C'est une autorisation inhabituelle pour les femmes zouloues de l'époque et elle lui donne le droit de kraal, ou d'ouvrir sa propre affaire[3]. En 1911, elle quitte l'enseignement[2], et déménage à Durban avec son frère[1]. Elle continue à mener des actions d'alphabétisation, travaillant dans un centre pour enfants pendant vingt-cinq ans. Elle se prononce également contre les mesures oppressives utilisées à l'époque pour saper les droits des personnes noires, abattant par exemple leur bétail sous prétexte de combattre le typhus[3].

Elle rejoint le Congrès National Africain (Ligue féminine (ANCWL), s'implique aussi dans le combat pour les droits des femmes, et participe à ce titre à des marches en 1931 et de 1936. Elle adhère également au syndicat Industrial and Commercial Workers' Union participant aux campagnes contre les couvre-feux, les bas salaires, et d'autres restrictions. Au début des années 1950, une série de lois restrictives sont adoptées participant à une mise en place progressive de lois d'apartheid. Ces lois exigent notamment la circulation en zones urbaines. Dès 1950, des protestations contre ces nouvelles lois ont lieu. Elle mène les manifestations à Durban en . En 1952, elle rejoint environ cinq cents autres femmes pour défiler durant le conseil municipal de Durban dans le cadre de la campagne de défiance au gouvernement, et passe plusieurs mois en prison[4],[5].

Elle participe à la création de la Fédération des femmes sud-africaines (FEDSAW). Elle est l'une des femmes qui assistent à la première conférence en 1954 et est désignée comme l'une des vice-présidentes[1] avec Florence Matomela, Lillian Ngoyi, et Gladys Smith. Elles rédigent une Charte des Femmes, qui appelle à une émancipation universelle, indépendamment de la race, et à une égalité des chances dans les domaines des libertés civiles, des droits nationaux, de l'emploi et de rémunération[6]. Deux ans plus tard, Mkhize devient présidente de ANCWL[1] qui tient une manifestation de masse en pour montrer la force des femmes de l'opposition à une nouvelle mise en œuvre de femmes de voter les lois. Elle est arrêtée pour trahison dans le milieu de la nuit en , avec d'autres militantes comme Frances Baard, Helen Joseph, Lillian Ngoyi, et Annie Silinga. Elles sont accusées de complot en vue de renverser le gouvernement. Le procès dure quatre ans et demi, aboutissant à des verdicts de non-culpabilité pour les 156 femmes arrêtées lors de ce raid nocturne[1]. En 1958, elle découvre le bahaïsme et rejoint ce mouvement le . Le message de cette église lui semble en ligne avec ses propres convictions[3]. Elle tente de reprendre la gestion de son entreprise à Durban, mais en 1965, le conseil de la Ville de Durban force la fermeture de toutes les entreprises africaines[1]. Elle travaille activement dans le Natal et le Zoulouland, pour cette doctrine Bahá'íe, puis s'installe à Eshowe. Elle participe à la création de vingt-huit paroisses de cette église dans la région. En 1968, elle est élue en tant que délégué à l'assemblée bahaïste de l'Afrique du Sud et de l'Afrique de l'Ouest , durant un an. Elle traduit de nombreux textes de la foi en zoulou. Après neuf ans, sa santé commence à se dégrader en 1975. En 1978?, elle lègue sa maison au mouvement bahaïste et retourne à Inanda[3],[2].

Mkhize meurt le à Inanda. Une rue de Durban a été rebaptisée en son honneur en 2010[2]. Une sculpture grandeur nature de Mkhize est créée par Cristina Salvoldi et installée au monument du patrimoine national (National Heritage Monument) à Tshwane, près de Johannesbourg, en 2017[7].

Références

  1. (en) « Nhlumba Bertha Mkhize », South African History Online, (lire en ligne)
  2. (en) Andile Mnyandu, « Trailblazer in business, politics », Ezasegagasini Metro Gazette, , p. 3 (lire en ligne)
  3. (en) The Bahá'í World, vol. 18, Haifa, Israel, Baha'i World Centre, , 1015 p. (ISBN 0-85398-234-1, lire en ligne), « In Memoriam: Mkhize, Bertha », p. 773-774
  4. (en) « South Africa Armed Police Alerted as Non-Whites Prepare Defiance Acts », Newport Daily News, (lire en ligne)
  5. (en) Nelson Mandela, The Struggle Is My Life, Bombay, Inde, Popular Prakashan, , 282 p. (ISBN 978-81-7154-523-0, présentation en ligne)
  6. (en) « The turbulent 1950s-Women as defiant activists », South African History Online,
  7. (en) « Bertha Mkhize », sur NHMSA, The National Heritage Project Company (consulté le )
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