Berbiguières

Berbiguières est une commune française située dans le département de la Dordogne, en région Nouvelle-Aquitaine. Autrefois nommée Berbière sur la carte de Cassini.

Berbiguières

Le village de Berbiguières.

Blason
Administration
Pays France
Région Nouvelle-Aquitaine
Département Dordogne
Arrondissement Sarlat-la-Canéda
Intercommunalité Communauté de communes Vallée de la Dordogne et Forêt Bessède
Maire
Mandat
Yves Lombart
2021-2026
Code postal 24220
Code commune 24036
Démographie
Gentilé Berbiguiérois
Population
municipale
176 hab. (2018 )
Densité 33 hab./km2
Géographie
Coordonnées 44° 50′ 08″ nord, 1° 02′ 36″ est
Altitude Min. 55 m
Max. 250 m
Superficie 5,35 km2
Unité urbaine Commune rurale
Aire d'attraction Commune hors attraction des villes
Élections
Départementales Canton de la Vallée Dordogne
Législatives Quatrième circonscription
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Nouvelle-Aquitaine
Berbiguières
Géolocalisation sur la carte : Dordogne
Berbiguières
Géolocalisation sur la carte : France
Berbiguières
Géolocalisation sur la carte : France
Berbiguières

    Géographie

    Généralités

    La commune est implantée dans le Périgord noir sur les rives de la Dordogne.

    Communes limitrophes

    Carte de Berbiguières et des communes avoisinantes en 2015.

    Berbiguières est limitrophe de six autres communes, dont Saint-Germain-de-Belvès au sud sur environ 220 mètres, et Coux et Bigaroque-Mouzens au nord-ouest, sur une centaine de mètres. Au sud, son territoire communal n'est éloigné que d'environ 150 mètres de celui de Cladech.

    Climat

    Le climat qui caractérise la commune est qualifié, en 2010, de « climat océanique altéré », selon la typologie des climats de la France qui compte alors huit grands types de climats en métropole[1]. En 2020, la commune ressort du même type de climat dans la classification établie par Météo-France, qui ne compte désormais, en première approche, que cinq grands types de climats en métropole. Il s’agit d’une zone de transition entre le climat océanique, le climat de montagne et le climat semi-continental. Les écarts de température entre hiver et été augmentent avec l'éloignement de la mer. La pluviométrie est plus faible qu'en bord de mer, sauf aux abords des reliefs[2].

    Les paramètres climatiques qui ont permis d’établir la typologie de 2010 comportent six variables pour les températures et huit pour les précipitations, dont les valeurs correspondent aux données mensuelles sur la normale 1971-2000[3]. Les sept principales variables caractérisant la commune sont présentées dans l'encadré ci-après.

    Paramètres climatiques communaux sur la période 1971-2000[1]

    • Moyenne annuelle de température : 12,8 °C
    • Nombre de jours avec une température inférieure à −5 °C : 2,4 j
    • Nombre de jours avec une température supérieure à 30 °C : 7,5 j
    • Amplitude thermique annuelle[Note 1] : 15 °C
    • Cumuls annuels de précipitation[Note 2] : 906 mm
    • Nombre de jours de précipitation en janvier : 12 j
    • Nombre de jours de précipitation en juillet : 6,8 j

    Avec le changement climatique, ces variables ont évolué. Une étude réalisée en 2014 par la Direction générale de l'Énergie et du Climat[5] complétée par des études régionales[6] prévoit en effet que la température moyenne devrait croître et la pluviométrie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations régionales. Ces changements peuvent être constatés sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Belves », sur la commune de Pays de Belvès, mise en service en 1988[7] et qui se trouve à km à vol d'oiseau[8],[Note 3], où la température moyenne annuelle est de 12,9 °C et la hauteur de précipitations de 895,6 mm pour la période 1981-2010[9]. Sur la station météorologique historique la plus proche, « Gourdon », sur la commune de Gourdon, dans le département du Lot, mise en service en 1961 et à 29 km[10], la température moyenne annuelle évolue de 12,4 °C pour la période 1971-2000[11], à 12,7 °C pour 1981-2010[12], puis à 13,1 °C pour 1991-2020[13].

    Urbanisme

    Typologie

    Berbiguières est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 4],[14],[15],[16]. La commune est en outre hors attraction des villes[17],[18].

    Occupation des sols

    Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).

    L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (49,5 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (48,5 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (44,1 %), zones agricoles hétérogènes (34,1 %), terres arables (13,4 %), eaux continentales[Note 5] (6,3 %), prairies (2 %)[19].

    L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].

    Prévention des risques

    À l'intérieur du département de la Dordogne, un plan de prévention du risque inondation (PPRI) a été approuvé en 2011 pour la Dordogne amont et ses rives, qui concerne donc la zone basse du territoire de Berbiguières[20],[21].

    Villages, hameaux et lieux-dits

    Outre le bourg de Berbiguières proprement dit, le territoire se compose d'autres villages ou hameaux, ainsi que de lieux-dits[22] :

    • l'Allée
    • les Bernissonnes
    • les Borgnes
    • la Borie Haute
    • la Buscadière
    • le Caillou
    • Capette
    • le Cazal
    • le Coutal
    • les Fallières
    • Farjanel
    • le Gaverdier
    • les Granges
    • le Guel
    • Lasserre
    • la Maison Rouge
    • le Montaud
    • la Mothe
    • Pech Gros
    • Pécharry
    • Péchaudier
    • le Queyrel
    • Trévis.

    Toponymie

    Le nom de la localité est attesté sous la forme Berbegeras (à comprendre Berbegueras) au XIIIe siècle[23], Berguiguieras en 1283.

    En occitan, la commune porte le nom de Berbiguièras[24]. Ce toponyme, en occitan, signifie les « Bergeries »[23].

    Histoire

    Histoire de Berbiguières[25]

    Du XIIe siècle à 1574 - la période Cladech, Castelnaud, Caumont.

    Au début du XIIe siècle, avant 1125, le « château » de Berbiguières, poste de défense avancé de Castelnaud, appartient à la famille de Cladech. C’est encore sans doute une simple tour de bois, mais elle est, dans les écrits, qualifiée de vetus castrum, ce qui témoigne de son ancienneté, tandis que « Castelnaud » serait le « château neuf ». L'Aquitaine appartient encore à la France. Pas pour longtemps car en 1152, Aliénor, répudiée par le roi Louis VII à qui elle n’a pas donné de fils, épousera Henri II Plantagenêt, futur roi d’Angleterre. Le Périgord fera partie de la dot : c’est le début d’une guerre de Cent Ans qui durera en réalité trois siècles.

    En ce temps, trois familles – les Cladech, les Veyrines et les Fréjac – se regroupent pour fortifier Castelnaud, afin de renforcer le contrepoids qu’il oppose à son rival Beynac, sur l’autre berge de la Dordogne. Désormais, leurs descendants seront seigneurs de Castelnaud. L’aîné en portera le nom, tandis que, pendant des siècles, la coutume voudra que le cadet des Castelnaud devienne seigneur de Berbiguières. À la même époque, Berbiguières remplace sa tour en bois par un donjon de pierre car la période est troublée.

    En 1214, sous le règne de Philippe Auguste, Simon de Montfort mène en Périgord une croisade contre les Albigeois et s’attaque aux « 4 Arches de Satan » : les châteaux de Domme et de Montfort sont rasés, les tours et les murailles de Beynac sont démantelées. Une garnison est installée à Castelnaud de Berbiguières, dont les seigneurs sont soupçonnés de sympathie cathare. En 1259, le traité de Paris partage le Périgord et le Quercy entre les rois de France (Saint-Louis) et d’Angleterre (Henri III). Les bastides sont alors fortifiées ou construites pour consolider les positions des deux partis.

    Les Seigneurs se succèdent quand, en 1328, Castelnaud tombe « de lance en quenouille » : c’est-à-dire que le dernier descendant des Castelnaud......est une descendante, Magne de Castelnaud. Il faut la marier au plus vite ! Elle a tout de même 40 ans quand, en 1368, sous le règne de Charles V, elle épouse Nompar Ier de Caumont, seigneur agenais de Caumont, qui devient ainsi Seigneur de Castelnaud, de Berbiguières et de ses six paroisses. On est en pleine guerre de Cent Ans. Alors que les Castelnaud ont toujours rendu hommage aux comtes de Périgord, donc au Roi de France, Nompar, lui, « tient pour l’anglois ».

    Le Prince Noir, fils aîné du Roi d’Angleterre Édouard III et vainqueur de la bataille de Poitiers, gouverne l’Aquitaine et surveille ses intérêts : il a fait recenser la population du Périgord pour établir un « fouage », c’est-à-dire un impôt par feu, l’équivalent de nos foyers fiscaux. On sait ainsi qu’en 1365, Berbiguières comptait environ 310 habitants, ceux qui avaient survécu à la Grande Peste de 1348. Nompar Ier meurt vers 1400, laissant un fils, Guillaume-Raymond de Caumont, et une veuve. Pas pour longtemps car, en 1402, sous le règne de Charles VI, Magne, jeune veuve de 74 ans, est obligée d’épouser Pons de Beynac, pour mettre fin aux querelles unissant les deux châteaux (pour un temps seulement : ces mariages « de raison » ont été imposés à dix reprises, sans grand bénéfice pour la paix, semble-t-il. De ce remariage, elle n’a probablement pas eu d’enfant.

    Guillaume-Raymond, fils de Nompar Ier de Caumont et de Magne de Castelnaud a épousé Jeanne de Cardaillac. De leur union naît un fils aîné, Nompar II, qui sera donc seigneur de Castelnaud, et continuera d’être du parti anglais ; puis, en 1417, Brandelys de Caumont voit le jour. Cadet des Caumont-Castelnaud, il deviendra seigneur de Berbiguières, comme le veut la tradition. À la différence de son frère ainé, Brandelys fait sa soumission au Roi de France Charles VII, juste à temps, car la fin de la guerre de Cent Ans est proche. Il faut dire aussi que Brandelys est amoureux de Marguerite de Bretagne, venue en Périgord avec sa jeune sœur Waudru, dans les bagages de son oncle le Prince Jean de Bretagne, Comte de Penthièvre, devenu tout récemment, en 1434, comte de Périgord, et envoyé par Charles VII pour « bouter l’Anglois hors de France ».

    L’amour donne des forces et des ailes : Berbiguières est libéré le 17 octobre 1442, Castelnaud est démantelé en 1444 et, le 22 janvier de la même année, Brandelys épouse Marguerite de Bretagne, qui lui donnera deux fils : François, qui construira plus tard le château des Mirandes pour sa femme Claude de Cardaillac, puis Charles. Dans la foulée, la petite Waudru est mariée à l'âge de 12 ans au baron de Fumel.

    Au XIVe siècle, le château s’est étoffé : on a construit le corps de logis qui prolonge le donjon en direction du nord, percé de sa fenêtre géminée caractéristique, et le château est habité. Les travaux vont se poursuivre au XVe siècle, après la guerre de Cent Ans : avec la dot de Marguerite, Brandelys reconstruit Castelnaud, dont il a hérité, et embellit Berbiguières, en bâtissant la partie ouest du bâtiment central du château. Ces travaux seront poursuivis par son fils Charles. La guerre de Cent Ans, les bandes de brigands, les famines et les pestes ont fait dans la population d’énormes ravages : entre 1400 et 1500, 94 % des patronymes paysans ont disparu. Pour repeupler la campagne, Brandelys fait venir des familles de colons d’Auvergne et du Limousin.

    Brandelys, après avoir beaucoup œuvré pour Castelnaud et Berbiguières, décède en 1464 ou 1465, sous le règne de Louis XI. Il est inhumé à Belvès, comme tous les Caumont. Marguerite quitte ce monde 20 ans plus tard, en 1487 : elle est enterrée sous le maître autel de l’église primitive de Berbiguières, aujourd’hui enfouie sous les terrasses du château, nul ne sait exactement où. La chapelle Notre-Dame, dont la paroi latérale est encore visible, car incluse dans les murailles du château, le long du « Cami del Calhau » (aujourd’hui le « Chemin des Remparts ») n’est assurément pas l’église primitive : mesurant seulement 12 m de long, elle est beaucoup trop petite pour avoir accueilli les paroissiens de Berbiguières, si on la compare à l’église de Marnac (25 m) qui comptait à cette époque moins d’habitants (environ 200 en 1365) que Berbiguières (autour de 310 barbicariens).

    Après la guerre de Cent Ans, Berbiguières connaît plusieurs décennies de paix, au cours de laquelle les descendants de Brandelys se sont succédé comme seigneurs de Berbiguières. C’est Françoise de Caumont, dame de Berbiguières, qui hérite de la seigneurie en 1570. Elle épouse, en 1574, François de Coustin de Bourzolles, seigneur quercynois, protestant convaincu et futur conseiller du roi Henri IV. Ainsi s’achève la période « Cladech-Castelnaud-Caumont », qui aura duré environ 600 ans et commence, pour 150 ans, la période « Bourzolles ».

    De 1574 à 1723 - l’ère des Bourzolles.

    Devenu seigneur de Berbiguières par son mariage avec Françoise de Caumont-Castelnaud, François de Coustin de Bourzolles, « le Grand Bourzolles », est un puissant féodal, à qui l’on donne du « Monseigneur ». Capitaine de 100 hommes d’armes, il sera conseiller-secrétaire du roi Henri IV. Comme beaucoup de nobles périgourdins, il est protestant, tandis que le reste de la population est catholique à plus de 90 %. La promulgation de l’Édit de Nantes par Henri IV, en 1598, instaure d’ailleurs une période de paix, dans laquelle les fidèles des deux religions jouissent des mêmes droits.

    François et Françoise ont un fils, qu'ils prénomment également François. Puis, Françoise décède, et le Grand Bourzolles épouse Louise de Vienne, double veuve de deux seigneurs allemands. Louise lui apporte une dot considérable grâce à laquelle il réalise, de 1608 à 1613, d’immenses travaux qui donnent au château sa forme définitive : le pavillon Est est construit, puis relié au corps central par le porche voûté, orné de quatre colonnes doriques et muni de niches permettant de monter commodément à cheval. Le plan du château est inspiré de celui de Saussignac, qui appartient au Duc de Caumont-Lauzun, son cousin. L’ensemble est de style Henri IV, avec un toit à double pente, « à la Mansart », couvert en lauzes. Une nouvelle cave est aménagée et pourvue de barriques neuves, car la vigne est en plein essor. Ces travaux sont réalisés par Henri Boyssou, de l’école saintongeaise ; ce maçon a, par la suite, reconstruit l’église de Domme, dans le même style.

    Louise de Vienne décède vers 1601, tandis que François attendra 1615 pour la rejoindre. Cette même année, François de Bourzolles de Caumont, fils du premier mariage, épouse Gabrielle d’Orléans. Acte incompréhensible en plein Édit de Nantes, il détruit, avec l’aide du seigneur de Bétou, un beau soir de 1623, l’église paroissiale de Berbiguières, maintenant enfouie sous les terrasses. Il aménage au château un temple protestant et un cimetière RPR, tandis que les infortunés catholiques doivent entendre la messe dans la petite chapelle Notre-Dame, rue del Cailhau.

    Ses petits-enfants, Jean et Jeanne de Bourzolles, devront, 100 ans plus tard, payer la casse. Jean est devenu seigneur de Berbiguières en 1682, soit trois ans avant la révocation de l'Édit de Nantes par Louis XIV. En raison des exactions de son grand-père, il est condamné en 1695 à verser 5 000 livres qu'il ne paye pas.

    En 1715 sa sœur, Jeanne de Coustin de Bourzolles, Demoiselle de Berbiguières, est sommée de se convertir : elle refuse, meurt, et son corps n’a jamais été retrouvé. Elle est donc jugée post mortem : le jugement stipule que la moitié de ses biens soit saisie et « que sa mémoire soit à jamais effacée ». C’est pourquoi l’une des ruelles du village porte désormais son nom. Pour couronner le tout, dans la nuit du 2 au 3 avril 1717, le feu prend au château, dont la destruction est presque totale : des lauzes sont projetées des toits, et l’on déplore deux morts. Le seigneur doit se réfugier dans le peuple : comble d’ironie, lui, protestant, il est recueilli par le curé catholique. Ces événements sonnent, après 800 ans, le glas de la seigneurie et marquent la fin de l’ère des Bourzolles : en 1723, le château et le domaine sont saisis, la seigneurie de Berbiguières éclate. Criblé de dettes, Jean de Bourzolles meurt en 1728.

    De 1723 à nos jours - les temps modernes.

    De la fin de la Seigneurie, en 1723, à nos jours, le château et le domaine de Berbiguières passent de mains en mains, sans rester très longtemps au même propriétaire : le temps des longues dynasties est terminé, et bientôt, les changements vont être rapides et profonds, au plan local comme au plan national. C’est d’abord à un certain Jean de Sauret, receveur à Sarlat, que reviennent les biens saisis à Jean de Bourzolles : pas pour longtemps, car il est saisi à son tour. En 1731 Arnaud Souc de Plancher, bourgeois de Périgueux, rachète le château et le domaine pour 120 000 livres. Pendant 50 ans, la famille Souc de Plancher va réaliser des travaux considérables, tant au château qu’au village.

    Le château avait été partiellement détruit par un incendie dans la nuit du 2 au 3 avril 1717 et Jean et Jeanne de Bourzolles, protestants ruinés, n’avaient certainement pas eu les moyens de le réparer. Or le château a été revendu « en fort bon état, composé de bâtiments neufs ou réparés à neuf » en 1792. C’est donc Souc de Plancher qui a réalisé la remise en état, notamment celle de la charpente et de la couverture, donnant à la toiture son aspect actuel. En même temps, la nouvelle église (l’église actuelle) est construite, de 1732 à 1736, par Pierre Mandral, dit « Francoeur », grâce à la contribution financière des syndics fabriciens, chargés des affaires de la paroisse, grâce aussi à l’argent saisi à Jean de Bourzolles. Elle est consacrée le 17 avril 1738.

    En 1741, Annet, fils d’Arnaud, qui succèdera à son père en 1745, achète pour 200 livres l’emplacement de l’église primitive, détruite en 1623 par François de Bourzolles : cette somme servira à réparer une cloche de la nouvelle église et en acheter une deuxième. Il récupère ainsi les matériaux de l’ancienne église : c’est de cette époque que datent la construction de la terrasse du château la plus basse, des remparts actuels bordant la rue « del Calhau », et l’ensevelissement de toutes les maisons situées entre les remparts actuels et la muraille originelle. Il est, aujourd’hui, très intéressant d’observer, en parcourant le Chemin des Remparts, l’extraordinaire variété des matériaux constituant la muraille, qui sont les vestiges de bâtiments détruits et réutilisés, ainsi que les nombreuses façades (dont celle de l’ancienne chapelle Notre-Dame), portes et fenêtres incluses maintenant dans le rempart.

    Annet est un bourgeois pieux et généreux : il lègue 4 000 livres pour aménager, dans les prisons de Périgueux, une séparation entre les hommes et les femmes, 4 000 livres à l’hôpital de Périgueux, et 1 200 livres pour faire faire des missions à Berbiguières et Marnac après sa mort (survenue en 1764, sans postérité). Les missions auront lieu en 1767 et 1772. C’est son frère, François-Jean-Baptiste, qui lui succède, et qui continue les legs : en 1778 il donne une maison à usage de presbytère, sur le chemin d’Allas, qui comprend deux chambres, caves, écurie, greniers, basse-cour et petit jardin (c’est la mairie actuelle). Il donne 340 livres pour la faire réparer. La même année, il donne 400 livres pour faire travailler les pauvres à restaurer la fontaine Saint-Denis et construire un lavoir neuf.

    En 1782 Jean-Joseph Souc de la Garélie succède à son cousin François-Jean-Baptiste. Habitant Paris, il se désintéresse totalement de Berbiguières et cherche à s’en débarrasser au plus vite, ce qui sera fait en 1792, après la Révolution. En effet, durant les années qui suivent la Révolution de 1789, de nombreux châteaux et domaines, abandonnés par les nobles ou saisis, sont à vendre comme biens nationaux.

    Arthur-Luc, marquis de Chevigné est le descendant d’une vieille famille établie en Bretagne depuis 1130. Il a épousé, en 1775, Élisabeth Leprestre de Neubourg : la cérémonie s’est déroulée au Château de Versailles, en présence du Roi Louis XVI et de Marie-Antoinette d'Autriche. De cette union naîtront quatre filles (Agathe, Aimée-Pétronille, Hortense et Ozithe) et, en 1796 un fils : Arthur.

    N'ayant pas émigré, Arthur-Luc est séduit par l’affiche très flatteuse vantant les qualités du « Superbe Domaine de Berbignières » (sic), consistant en « un vaste et magnifique Château en fort bon état, avec écurie voûtée d’un seul rang pour cinquante chevaux, terrasses, jardins, enclos, réservoir, pièces d’eau etc. Une maison de régisseur dans le bourg, une métairie dans le bourg, une petite maison de maître, une métairie de 220 quartonnées de terre, deux moulins avec port sur une rivière navigable, plus de 800 quartonnées de terre dans une plaine extrêmement fertile, des vignes considérables rapportant au moins 3 000 livres par an (les vins de Berbignières sont réputés les meilleurs de ceux connus sous le nom de vins de Dôme), bois considérables et très belle chasse. Tous les bâtiments sont neufs ou réparés à neuf. Les denrées peuvent être embarquées pour Bordeaux, Libourne, la Hollande etc. sur les bateaux appartenant au propriétaire. Le revenu global du Domaine est d’environ 20 000 livres, et peut être doublé en 8 ou 10 ans ».

    Comment résister à une offre aussi alléchante ? Le domaine est estimé à plus de 500 000 livres. Arthur-Luc vend le château qu’il possède en Vendée et, sans même l’avoir vu, achète Berbiguières à Souc de la Garélie. C’est en prenant possession de son nouveau domaine qu’Arthur-Luc comprend que les biens sont loin d’avoir la valeur affichée, ni les terres de rendre ce que prétendait Souc de la Garélie. Criblé de dettes, presque ruiné, Arthur-Luc vivote : il exerce, aux alentours, des talents de guérisseur, parfois avec succès, mais sans se faire payer ; il entreprend des études de médecine et s’absente fréquemment de Berbiguières, dont il est pourtant le maire de 1812 jusqu’à sa mort. Il vend des métairies pour payer ses dettes et, à partir de 1818, loue les terres à Pierre Prat de Coustin-Bourzolles, qui vit à Mirabel. Il meurt en 1820, et sa femme Élisabeth en 1822, laissant à leurs enfants une demeure presque vide.

    Ce n’est pas le fils Arthur qui reprend le domaine, mais Pierre Prat de Coustin-Bourzolles, devenu son beau-frère par son mariage avec Aimée-Pétronille en 1823. Pierre Prat succède au marquis de Chevigné également comme maire, de 1824 à 1837. Arthur vit à Paris et donne, par lettre, ses instructions à son beau-frère pour des travaux au château, l’aménagement du domaine et, en 1828, un vaste projet de plantation de vignes nouvelles au Cazal. En 1830, il épouse Louise de Saisseval, dont il aura deux filles et un fils, Louis-Marie François-Xavier.

    En 1840 la route départementale D50 est en construction. Arthur intervient auprès des autorités pour en faire modifier le tracé, à ses frais : la route passera au pied de l’allée du château et non, comme prévu, dans le bourg. C’est à cette occasion que fut découvert, entre la carrière et le Picou, dans une parcelle de vigne au lieu-dit « Le Colombier », un colombarium du IIe ou IIIe siècle. Arthur meurt en 1879. Le domaine comprend encore de nombreuses métairies : le Cazal, le Guel, Farjanel, le Jardin, la Borie Basse, Caudefond, les Bornhes, et un droit de passage au Garrit.

    Le 24 juin 1944, de violents combats avaient opposé les Forces françaises de l'intérieur (FFI) de la région de Saint-Cyprien et la division SS Bode autour du pont du Garrit ; la Résistance avait fini par dynamiter l'ouvrage pour freiner l'avancée des troupes allemandes.

    Politique et administration

    Administration municipale

    La population de la commune étant comprise entre 100 et 499 habitants au recensement de 2017, onze conseillers municipaux ont été élus en 2020[26],[27].

    Liste des maires

    La mairie.
    Liste des maires successifs
    Période Identité Étiquette Qualité
    Les données manquantes sont à compléter.
             
    mars 1995   Claude Pasquet    
    mars 2001 mars 2008 Monique Kermarrec    
    mars 2008[28] avril 2021[29] José Chassériaud[Note 6] SE[30] puis PS[31] Professeur des écoles retraité
    avril 2021 juin 2021 Yves Lombart   Premier adjoint faisant fonctions de maire
    juin 2021[32] En cours Yves Lombart   Retraité du BTP

    Juridictions

    Dans le domaine judiciaire, Berbiguières relève[33] :

    Démographie

    Les habitants de Berbiguières se nomment les Berbiguiérois[34].

    L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[35]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[36].

    En 2018, la commune comptait 176 habitants[Note 7], en augmentation de 1,73 % par rapport à 2013 (Dordogne : −0,84 %, France hors Mayotte : +1,78 %).

    Évolution de la population  [modifier]
    1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
    486397406392397420438452416
    1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896
    411385384359368338314291266
    1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
    300281260251237203196215178
    1962 1968 1975 1982 1990 1999 2005 2010 2015
    182159160173181177181173176
    2018 - - - - - - - -
    176--------
    De 1962 à 1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale.
    (Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[37] puis Insee à partir de 2006[38].)
    Histogramme de l'évolution démographique

    Économie

    Emploi

    En 2015[39], parmi la population communale comprise entre 15 et 64 ans, les actifs représentent 65 personnes, soit 36,9 % de la population municipale. Le nombre de chômeurs (neuf) est inchangé par rapport à 2010 et le taux de chômage de cette population active s'établit à 13,8 %.

    Établissements

    Au , la commune compte treize établissements[40], dont quatre dans l'agriculture, la sylviculture ou la pêche, trois au niveau des commerces, transports ou services, trois dans la construction, et trois relatifs au secteur administratif, à l'enseignement, à la santé ou à l'action sociale[41].

    Culture locale et patrimoine

    Lieux et monuments

    • Château de Berbiguières, XIIe et XVe siècles, classé.
    • Église Saint-Denys, édifice entièrement rebâti en 1745 par le seigneur de l'endroit, en expiation  dit-on  de l'incendie de l'église par ses ancêtres, lors des guerres de religion. Restauration générale en 1806. Un mur de l'ancienne église, au pied du château, est encore visible, avec une baie et une porte aveugle, du XIIIe siècle[42].
    • Pont du Garrit de style Eiffel, symbolique du patrimoine industriel du XIXe siècle, a été construit entre 1892 et 1894, par les ateliers Hachette et Driout, une des plus grandes fonderies européennes. À l'époque, il permettait de relier l'activité industrielle de cimenterie ainsi que la production de tabac au village de Saint-Cyprien, situé sur la rive opposée. En juin 1944, les Allemands voulaient utiliser le pont pour remonter vers la Normandie. Les résistants voulaient gêner ce repli. Une stèle à leur mémoire a été inaugurée à l'issue de la reconstitution en 2014. Ce pont en métal est un symbole du combat de maquisards dans la région.

    Héraldique

    Blason
    Écartelé: aux 1) et 4) d'argent au lion de sable, couronné, lampassé et armé de gueules, aux 2) et 3) d'azur à trois léopards d'or, couronnés, lampassés et armés de gueules, rangés en pal[43].
    Détails
    Le statut officiel du blason reste à déterminer.

    Associations culturelles

    L'association du Pont du Garrit se mobilise pour préserver, réhabiliter et animer le patrimoine du Pont du Garrit, qui traverse la Dordogne, entre les communes de Berbiguières et de Saint-Cyprien, ainsi que son environnement. Elle est aidée par Georges Pernoud ou Francis Cabrel[réf. nécessaire].

    Voir aussi

    Bibliographie

    Articles connexes

    Liens externes

    Notes et références

    Notes et cartes

    • Notes
    1. L'amplitude thermique annuelle mesure la différence entre la température moyenne de juillet et celle de janvier. Cette variable est généralement reconnue comme critère de discrimination entre climats océaniques et continentaux.
    2. Une précipitation, en météorologie, est un ensemble organisé de particules d'eau liquide ou solide tombant en chute libre au sein de l'atmosphère. La quantité de précipitation atteignant une portion de surface terrestre donnée en un intervalle de temps donné est évaluée par la hauteur de précipitation, que mesurent les pluviomètres[4].
    3. La distance est calculée à vol d'oiseau entre la station météorologique proprement dite et le chef-lieu de commune.
    4. Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
    5. Les eaux continentales désignent toutes les eaux de surface, en général des eaux douces issues d'eau de pluie, qui se trouvent à l'intérieur des terres.
    6. Décédé en fonctions.
    7. Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2021, millésimée 2018, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2020, date de référence statistique : 1er janvier 2018.
    • Cartes
    1. IGN, « Évolution de l'occupation des sols de la commune sur cartes et photos aériennes anciennes. », sur remonterletemps.ign.fr (consulté le ). Pour comparer l'évolution entre deux dates, cliquer sur le bas de la ligne séparative verticale et la déplacer à droite ou à gauche. Pour comparer deux autres cartes, choisir les cartes dans les fenêtres en haut à gauche de l'écran.

    Références

    1. Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI https://doi.org/10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
    2. « Le climat en France métropolitaine », sur http://www.meteofrance.fr/, (consulté le )
    3. « Définition d’une normale climatologique », sur http://www.meteofrance.fr/ (consulté le )
    4. Glossaire – Précipitation, Météo-France
    5. « Le climat de la France au XXIe siècle - Volume 4 - Scénarios régionalisés : édition 2014 pour la métropole et les régions d’outre-mer », sur https://www.ecologie.gouv.fr/ (consulté le ).
    6. [PDF]« Observatoire régional sur l'agriculture et le changement climatique (oracle) Nouvelle-Aquitaine », sur nouvelle-aquitaine.chambres-agriculture.fr, (consulté le )
    7. « Station Météo-France Belves - métadonnées », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le )
    8. « Orthodromie entre Berbiguières et Pays de Belvès », sur fr.distance.to (consulté le ).
    9. « Station Météo-France Belves - fiche climatologique - statistiques 1981-2010 et records », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le ).
    10. « Orthodromie entre Berbiguières et Gourdon », sur fr.distance.to (consulté le ).
    11. « Station météorologique de Gourdon - Normales pour la période 1971-2000 », sur https://www.infoclimat.fr/ (consulté le )
    12. « Station météorologique de Gourdon - Normales pour la période 1981-2010 », sur https://www.infoclimat.fr/ (consulté le )
    13. « Station météorologique de Gourdon - Normales pour la période 1991-2020 », sur https://www.infoclimat.fr/ (consulté le )
    14. « Typologie urbain / rural », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    15. « Commune rurale-définition », sur le site de l’Insee (consulté le ).
    16. « Comprendre la grille de densité », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    17. « Base des aires d'attraction des villes 2020. », sur insee.fr, (consulté le ).
    18. Marie-Pierre de Bellefon, Pascal Eusebio, Jocelyn Forest, Olivier Pégaz-Blanc et Raymond Warnod (Insee), « En France, neuf personnes sur dix vivent dans l’aire d’attraction d’une ville », sur insee.fr, (consulté le ).
    19. « CORINE Land Cover (CLC) - Répartition des superficies en 15 postes d'occupation des sols (métropole). », sur le site des données et études statistiques du ministère de la Transition écologique. (consulté le )
    20. PPR inondation - 24DDT20090002 - Dordogne Amont, DREAL Aquitaine, consulté le 13 février 2019.
    21. [PDF] Berbiguières - Plan de prévention du risque inondation p. 3, DREAL Aquitaine, consulté le 13 février 2019.
    22. « Berbiguières » sur Géoportail (consulté le 28 février 2021)..
    23. Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, vol. 2, p. 1332.
    24. Le nom occitan des communes du Périgord sur le site du Conseil général de la Dordogne, consulté le 6 février 2014.
    25. D'après les ouvrages de L.F. GIBERT, G. de la NAUVE et documents personnels. Compilation de Sylvie Chassériaud et Christian de Roton.
    26. Article L2121-2 du code général des collectivités territoriales, sur Légifrance, consulté le 28 août 2020.
    27. Résultats des élections municipales et communautaires 2020 sur le site du ministère de l'Intérieur, consulté le 22 octobre 2020.
    28. Union départementale des maires de la Dordogne, consultée le 13 août 2014.
    29. Léna Badin, « Le maire est décédé brutalement », Sud Ouest édition Dordogne, , p. 21.
    30. Voici vos 557 maires, supplément à Sud Ouest édition Dordogne du 3 avril 2008, p. 21.
    31. http://www.ps24.org/Les-elu-e-s-socialistes-en-Dordogne_a6.html ,
    32. « Le village a un nouveau maire », Sud Ouest édition Dordogne, , p. 26.
    33. « Annuaire des juridictions d'une commune », sur le site du ministère de la Justice (consulté le ).
    34. Nom des habitants des communes françaises sur le site habitants.fr, consulté le 4 décembre 2016.
    35. L'organisation du recensement, sur insee.fr.
    36. Calendrier départemental des recensements, sur insee.fr.
    37. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
    38. Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017 et 2018.
    39. Dossier complet - Commune de Berbiguières (24036) - Activités, emploi et chômage - tableaux EMP T2 et EMP T4 sur le site de l'Insee, consulté le 11 août 2018.
    40. « Établissement - Définition », sur Insee (consulté le ).
    41. Dossier complet - Commune de Berbiguières (24036) - Établissements actifs par secteur d'activité - tableau CEN T1 sur le site de l'Insee, consulté le 11 août 2018.
    42. Jean Secret, « Les églises du canton de Saint-Cyprien », dans Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 1976, 4e livraison, p. 237 (lire en ligne)
    43. http://armorialdefrance.fr/page_blason.php?ville=1515
    • Portail de la Dordogne
    • Portail des communes de France
    Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.