Benoîte Groult

Benoîte Groult [bənwat ɡʁult][1], née le à Paris et morte le à Hyères (Var)[2], est une journaliste, romancière et militante féministe française.

Pour les articles homonymes, voir Groult.

Benoîte Groult
Benoîte Groult en 2010.
Nom de naissance Benoîte Marie-Rose Nicole Groult
Naissance
Paris (France)
Décès
Hyères (Var, France)
Nationalité Française
Activité principale
Distinctions

Grand-officier de la Légion d’honneur (2016)

Grand-officier de l'ordre national du Mérite (2013)
Auteur
Langue d’écriture Français
Genres
Roman, essai, biographie

Œuvres principales

  • La part des choses (1972)
  • Ainsi soit-elle (1975)
  • Les vaisseaux du cœur (1988)

Biographie

Benoîte Marie Rose-Nicole Groult est la fille du styliste de meubles André Groult, renommé dans les années 1930, et de Nicole Poiret, dessinatrice de mode, sœur du grand couturier Paul Poiret et grande amie et amante pendant la Première Guerre mondiale de Marie Laurencin.

Dans son enfance, on l'appelle plutôt Rosie[3]. Sa sœur cadette Flora Groult est également écrivaine.

Benoîte Groult obtient une licence de lettres et enseigne au début de sa carrière au cours Bossuet.

Elle entre au Journal de la Radiodiffusion à la Libération et y reste jusqu'en 1953.

Elle collabore à diverses publications : ELLE, Parents, Marie Claire, etc.

Dès l'enfance, elle cultive le goût de l'écriture[4] mais c’est à l'âge mûr qu’elle se lance sur la scène littéraire, tout d'abord avec sa sœur Flora[5] : Journal à quatre mains (1958), roman d'inspiration autobiographique sur la période de l'Occupation[6], Le Féminin pluriel (1965), Il était deux fois (1967).

Elle est par la suite l'autrice de plusieurs best-sellers : La Part des choses (1972), Ainsi soit-elle (1975), Les Trois-Quarts du temps (1983), Les Vaisseaux du cœur (1988), La Touche étoile (2006) et Mon évasion[7] (2008).

Sa vie et son œuvre font d’elle un témoin privilégié des bouleversements sociaux dans les rapports entre hommes et femmes qui ont marqué le XXe siècle. Son féminisme, déclaré tardivement lui aussi, est une clé de lecture essentielle de son parcours, un identifiant de sa personnalité. Ainsi soit-elle (1975), essai féministe vendu à 1 million d'exemplaires[5], raconte sa conversion et présente à grands traits le féminisme de l'époque[8]. Elle est alors la première à dénoncer publiquement les mutilations génitales féminines[9]. L'ouvrage reste encore d'actualité[10], bien que les allégations dénigrant la condition féminine au Moyen Âge semblent devoir être fortement nuancées ou même totalement révisées, selon Martin Blais, médiéviste reconnu[11].

En 1978, avec Claude Servan-Schreiber, elle fonde le mensuel féministe F Magazine, dont elle rédige les éditoriaux.

Benoîte Groult en 1983.

De 1984 à 1986, elle assure la présidence de la Commission de terminologie pour la féminisation des noms de métiers, de grades et de fonctions[3], fondée par Yvette Roudy, alors ministre des Droits de la femme, où travaillent grammairiens, linguistes et écrivains (arrêté de féminisation publié au Journal officiel en mars 1986). À partir de 1982, elle est membre du jury Femina. Elle publie en 1986, pour la première fois, l'intégralité de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de 1791, rédigée par Olympe de Gouges[12].

Elle est membre du comité d'honneur de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD)[13] et livre sa philosophie de la vie et de la mort dans son roman La Touche étoile.

En 2011, Benoîte Groult fait don de ses archives à l'université d'Angers, au Centre des Archives du féminisme (BU Angers)[14].

Dans les dernières années de sa vie, elle est atteinte de la maladie d'Alzheimer[15],[16]. Sa fille, Blandine de Caunes, dans son livre La mère morte (Stock), raconte comment, le 20 juin 2016, un médecin belge et ami de famille arrive incognito à Hyères et fait, à sa mère de 96 ans, l’intraveineuse létale[17].

Vie privée

En 1944, Benoîte Groult épouse un étudiant en médecine, Pierre Heuyer, qui meurt quelques mois plus tard de la tuberculose[5].

En 1946, elle épouse Georges de Caunes, avec lequel elle a deux filles, Blandine (1946) attachée de presse chez Phébus et écrivaine, et Lison (1949) marqueteuse de paille[3]. Le couple divorce ensuite.

En 1952, elle se remarie avec le romancier et journaliste Paul Guimard, avec lequel elle a une fille, Constance (1953)[5],[3].

Distinctions

Décorations

Honneurs

  • Citoyenne d'honneur de la ville de Roanne le 7 mars 2010.

Œuvres

  • Journal à quatre mains (1958), roman écrit avec sa sœur Flora Groult
  • Le Féminin pluriel (1965), roman écrit avec Flora Groult
  • Il était deux fois (1967), roman écrit avec Flora Groult
  • La Part des choses (1972), roman
  • Ainsi soit-elle (1975), essai sur la condition féminine, enregistrement sonore en 2004.
  • Le Féminisme au masculin (1977), essai sur les féministes
  • La Moitié de la terre (1981), essai
  • Les Trois Quarts du temps (1983), roman
  • Olympe de Gouges (1986), textes présentés par Benoîte Groult
  • Les Vaisseaux du cœur (1988), roman
  • Pauline Roland ou Comment la liberté vint aux femmes (1991), biographie
  • Cette mâle assurance (1994), essai sur la misogynie
  • Histoire d'une évasion (1997), essai autobiographique
  • La Touche étoile Grasset 2006. (ISBN 2246670314)
  • Mon évasion : autobiographie, Grasset 2008, enregistrement sonore en 2009. (ISBN 2246534828)
  • Romans, Paris, Grasset & Fasquelle (coll. «Bibliothèque Grasset») 2009. (ISBN 224675691X)
  • Ainsi soit Olympe de Gouges Grasset 2013. (ISBN 2246804132)
  • Journal d'Irlande: Carnets de pêche et d'amour, texte établi et préfacé par Blandine de Caunes, Grasset 2018. (ISBN 2246816874)

Benoîte Groult préparait un livre sur la pêche en bateau au large, passion qu'elle partageait avec Paul Guimard[24].

Hommages

Elle a fait l'objet de plusieurs films documentaires. Anne Lenfant lui a consacré Une chambre à elle : entretiens avec Benoîte Groult et Benoîte Groult ou Comment la liberté vint aux femmes, avec les témoignages de Josyane Savigneau, Paul Guimard et Yvette Roudy, édité en 2006 par Hors Champ Productions. En 2008, un volet de la série d'émissions documentaires « Empreinte », écrit par Marie Mitterrand et réalisé par Jean-Baptiste Martin, lui permet de porter un regard rétrospectif sur son parcours[25].

En 2013 paraît chez Grasset une bande dessinée intitulée Ainsi soit Benoîte Groult, par Catel[26].

Le 21 octobre 2016, le département de lettres de l'université d'Angers lui rend hommage lors d'une journée d'étude consacrée à l'édition. Une exposition intitulée « Mon Évasion, un manuscrit à partager » est inaugurée le même jour.

La salle audio-visuelle du Park Hotel de Hyères porte son nom.

La salle communale de Quimperlé porte son nom, anciennement Coat-Kaër.

Une des bibliothèques de la ville de Paris, située dans le 14e arrondissement, porte son nom. [27]

Notes et références

  1. Prononciation en français de France standardisé retranscrite selon la norme API.
  2. « La journaliste, écrivain et militante féministe française Benoîte Groult est décédée le 20 juin 2016 à Hyères dans le Var à l’âge de 96 ans », France Inter, 21 juin 2016.
  3. Josyane Savigneau, « Mort de Benoîte Groult, grande figure du féminisme », (consulté le ).
  4. "Allez vous brosser les dents et écrivez votre journal avant de vous coucher !" C'était un rite chaque soir, dans la famille Groult, Benoîte et Flora passèrent leur enfance, puis leur adolescence à noircir des cahiers de moleskine que leur mère rangeait en piles, dans des caisses. Télé 7 jours no 1131, semaine du 30 janvier au 5 février 1982, page 90 (article de Stéphane Epin)
  5. Pascale Frey, « Benoîte Groult : « Les femmes sont les grandes absentes de l'histoire », sur elle.fr, (consulté le ).
  6. Anne Losq, « L’impertinence délicieuse de deux sœurs sous l’Occupation », sur lestroiscoups.com, (consulté le )
  7. Anne Fulda, « Benoîte Groult, une féministe qui sait se tenir », sur LeFigaro.fr, .
  8. Marie Denis, « Benoîte Groult, Ainsi soit-elle, Paris, Grasset,1975 », Les Cahiers du GRIF, no 7, Dé-pro-ré créer, , p. 81-82 (lire en ligne).
  9. Didier Béatrice (dir.), Le dictionnaire universel des créatrices, tome 2, Paris, Belin, 2013.
  10. Baÿt-Darcourt, Célyne. Femmes d'exception. Paris, Tallandier : France-Info, 2012
  11. Martin Blais, Sacré Moyen-Âge!, Éditions Fides, 1997, et Bibliothèque québécoise, 2002 (225 p.)
  12. Nicole Pellegrin, « Les disparues de l’histoire », Le Monde diplomatique, (lire en ligne).
  13. Page « Comité d'honneur », sur le site de l'ADMD.
  14. Répertoire numérique détaillé du Centre des Archives du Féminisme (BU Angers) Fonds d'archives de Benoîte Groult, 31 AF et AFP, « Benoîte Groult fait don de ses archives à l'Université d'Angers », Le Point, 26 juin 2012
  15. Marie-Françoise Leclère, « Récit – L'Alzheimer de Benoîte Groult raconté par sa fille », Le Point, (lire en ligne)
  16. Stéphanie Janicot, « Blandine de Caunes, au nom des mères », La Croix, (lire en ligne)
  17. Jérôme Garcin, « « Elle nous a donné la vie, on lui a donné la mort » : Blandine de Caunes raconte son double deuil », L'Obs, (lire en ligne)
  18. Décret du 13 juillet 1994 portant promotion et nomination
  19. Décret du 2 avril 2010 portant promotion
  20. Décret du 25 mars 2016 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier
  21. Décret du 14 novembre 2013 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier
  22. Grande chancellerie de la légion d'honneur
  23. Décret du 14 mai 1998 portant promotion et nomination
  24. Entretien sur France Culture du 16 septembre 2013
  25. (fr) « Benoîte Groult, le temps d’apprendre à vivre» sur le site de France 5.
  26. ... Catel, Ainsi soit Benoîte Groult, B. Grasset, impr. 2013 (ISBN 978-2-246-78352-7 et 2-246-78352-6, OCLC 866826532, lire en ligne)
  27. « Bibliothèque Benoîte Groult », sur www.paris.fr (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Gontier, Fernande. Benoîte Groult. Paris : Klincksieck, 1978. (Femmes en littérature, Nos contemporaines; 1)
  • Garcin, Jérôme. Le Dictionnaire : littérature française contemporaine. Paris : F. Bourin, 1988
  • (en) Eva Martin Sartori et Dorothy Wynne Zimmerman. Éd. Fifty French Women Writers. New York : Greenwood Press, 1991
  • Colloque «Ainsi soit-elle, 25 ans après» (2000) Société des Gens de Lettres (Paris). Ainsi soient-elles : autour de Benoîte Groult : actes du colloque tenu à la Société des gens de lettres, juin 2000... / Josyane Savigneau, Élisabeth Badinter, Michelle Perrot... [et al]. Paris : B. Grasset, 2003
  • Garcin, Jérôme. Dictionnaire des écrivains contemporains de langue française : par eux-mêmes. [Paris] : Éd. Mille et une nuits, impr. 2004.
  • Rochefort, Florence. Femmes du XXIe siècle. Paris: éditions Aubanel, 2009 ; Entretien avec Benoîte Groult réalisé par Alexie Lorca.
  • Savigneau, Josyane, Deroudille, Clémentine, Roux, Sandrine et Keppy, Caroline. Benoîte Groult : une femme parmi les siennes(Multimédia support). Paris : Textuel, Bry-sur-Marne : Institut National de l'Audiovisuel, 2010. (La voix au chapitre) Livre + CD audio
  • Baÿt-Darcourt, Célyne. Femmes d'exception. Paris : Tallandier : France-Info, 2012
  • Sylvie Camet (dir.), Benoîte Groult. Le genre et le temps, 2016, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-5001-8).

Documentaires

  • Benoîte Groult, son évasion à Beg Roudou, documentaire de Dominique Thiéry (2018), France 5, collection documentaire "Une maison, un artiste"
  • Benoîte Groult, le temps d'apprendre à vivre, film documentaire de Marie Mitterrand et Jean-Baptiste Martin (2008), France 5, collection documentaire Empreintes ([Présentation du documentaire - Casadei], site du film)
  • Benoîte Groult, une chambre à elle, film d'Anne Lenfant (2006) site du film

Adaptations cinématographiques et théâtrales

  • Andrew Birkin, Les vaisseaux du cœur (1992)
  • Panchika Velez (metteuse en scène), Philippe Miquel (réal.), Journal à quatre mains (2010). Jouée au Théâtre de poche Montparnasse à partir de janvier 2009 et filmée en juin 2009
  • Christian Faure, 3 femmes en colère (2014), librement adapté de La touche étoile.

Article sur l'œuvre de Benoîte Groult

Liens externes

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