Bataille de Möckern

La bataille de Möckern est un affrontement de la guerre de la Sixième Coalition qui se déroula le 5 avril 1813 à Möckern, en Prusse. Elle opposa les troupes françaises du général Eugène de Beauharnais à une armée russo-prussienne commandée par le général Pierre Wittgenstein. Les Alliés y remportèrent leur première grande victoire de la campagne contre un adversaire numériquement supérieur, ce qui renforça leur moral.

Bataille de Möckern
Combat de cavalerie à proximité de Zeddenick lors de la bataille de Möckern, le 5 avril 1813. Illustration de Richard Knötel.
Informations générales
Date 5 avril 1813
Lieu Möckern, près de Magdebourg, Prusse
Issue Victoire des Alliés
Belligérants
Empire français Royaume de Prusse
Empire russe
Commandants
Eugène de BeauharnaisPierre Wittgenstein
Forces en présence
~ 37 000 hommes~ 20 000 hommes
Pertes
900 à 2 200 tués, blessés ou prisonniers500 à 600 tués ou blessés

Sixième Coalition

Batailles

Campagne de Russie (1812)


Campagne d'Allemagne (1813)


Campagne de France (1814)


Campagne des Six-Jours :



Front italien :
Front des Pays-Bas :
Coordonnées 52° 08′ 26″ nord, 11° 57′ 09″ est
Géolocalisation sur la carte : Saxe-Anhalt
Géolocalisation sur la carte : Allemagne

Contexte

Après la désastreuse retraite de la Grande Armée en Russie, Napoléon retourna en France pour procéder à la levée de nouvelles troupes. Le maréchal Joachim Murat, qui avait pris le commandement des unités françaises demeurées en Europe centrale, tenta vainement de s'opposer à la progression de l'armée russe dans la campagne d'hiver en Prusse et Pologne. En février 1813, Murat, en mauvais termes avec l'Empereur, transmit le commandement à Eugène de Beauharnais et regagna ses possessions en Italie. La situation des Français continua de se dégrader et Eugène dut replier son front de la Vistule à l'Oder, avant d'évacuer Berlin au mois de mars pour se réfugier derrière le fleuve Elbe.

Pendant ce temps, les troupes russes pénétrèrent en Prusse et occupèrent le duché de Varsovie, un territoire sous protectorat français. Le 11 mars, elles firent leur entrée dans Berlin. Partout, la population allemande se souleva contre les occupants français, mais il fallut attendre le 16 mars 1813 pour que le gouvernement prussien déclare officiellement la guerre à la France, après la mobilisation de ses forces armées. Les troupes prussiennes et russes se préparèrent alors à marcher de concert sur la rive ouest de l'Elbe afin de libérer les États de la confédération du Rhin, alliés aux Français. De son côté, Napoléon fit parvenir ses instructions à Eugène dans lesquelles il l'exhortait à tenir la ligne de l'Elbe en lançant une offensive de petite envergure à l'est du fleuve, avec les moyens dont il disposait. Menacés de la sorte, les Alliés se verraient contraints de réagir, retardant d'autant le franchissement de l'axe stratégique Elbe-Saale, ce qui permettrait ainsi à Napoléon d'engager sa nouvelle armée dans la lutte. Le 9 mars 1813, ce dernier écrivit à Eugène[1] :

« S’il est une belle position, c’est celle en avant de Magdeburg, où vous menacez à chaque instant d’attaquer l’ennemi, et d’où vous l’attaquerez en effet s’il ne se présente pas en force […]. »

Le prince Eugène de Beauharnais, vice-roi d'Italie.

Quelques jours plus tard, il réitéra ses intentions dans une lettre adressée au général Lauriston, commandant le Ve corps, à qui il enjoignait de prendre des mesures offensives contre l'ennemi[1]. Le 21 mars, le prince Eugène positionna la plus grande partie de ses forces à l'est de Magdebourg, mais il préféra battre en retraite peu après. Napoléon l'ayant de nouveau encouragé à prendre les devants, Eugène s'établit finalement sur la ligne de l'Elbe le 1er avril[2].

À cette époque, Berlin était occupé par 13 000 soldats russes sous les ordres du comte Pierre Wittgenstein et par un corps de 10 000 Prussiens commandés par le général Ludwig Yorck. Plus en arrière, sur les rives de l'Oder, stationnaient également le corps du général Friedrich Wilhelm von Bülow (12 000 hommes) et la brigade de Ludwig von Borstell (5 000 hommes)[3]. Wittgenstein, qui exerçait le commandement en chef, donna l'ordre de se diriger au sud vers Roẞlau afin de traverser l'Elbe et de se réunir dans Leipzig avec l'armée du général Gebhard Leberecht von Blücher. La manœuvre des Alliés était en cours d'exécution lorsque la brigade Borstell, chargée de couvrir le flanc de l'armée en avant de Magdebourg, fut attaquée et repoussée le 2 avril par le Ve corps français de Lauriston. Le lendemain, le XIe corps français du général Paul Grenier et le corps de cavalerie du général Victor de Fay de Latour-Maubourg franchirent l'Elbe et refoulèrent les troupes de Borstell au-delà de Möckern. Wittengstein, qui jugeait possible une offensive française contre Berlin, interrompit sa marche sur la Saxe et ordonna à toutes les unités placées sous son commandement d'obliquer en direction de Magdebourg. La brigade Borstell, très en pointe du dispositif allié, reçut pour instruction d'éviter momentanément toute confrontation directe avec l'adversaire.

Dans la matinée du 4 avril, les soldats de Borstell se retirèrent à Gloine. Le corps de Bülow était à Ziesar, celui de Yorck à Zerbst et les unités russes du général Gregor Berg à Lietzo. Wittgenstein avait initialement prévu d'attendre un jour de plus pour rassembler ses troupes, afin d'être en mesure de déclencher le 6 avril une fausse attaque sur le front ennemi avec les troupes de Bülow et de Borstell, pendant que les régiments de Yorck et de Berg devaient déboucher sur le flanc par Gommern. Toutefois, lorsqu'il apprit le matin du 5 avril que les forces napoléoniennes se préparaient à se replier sur Magdebourg, il décida de passer immédiatement à l'offensive[4]. Le général russe ne disposait au total que de 20 050 hommes, un effectif très inférieur à celui des Français[5].

Déroulement de la bataille

Dans la matinée du 5 avril 1813, le dispositif français était le suivant : la division du général Joseph Lagrange, du Ve corps, forte d'environ 9 500 hommes et 16 canons, était postée sur l'aile droite à Wahlitz (de), avec des avant-postes à Gommern et Dannigkow (de) ; au centre, les trois divisions du XIe corps (environ 24 000 hommes, 46 canons) étaient déployées dans les villages de Karith (de), Nedlitz et Büden (de) pendant que la 1re division de cavalerie légère (800 hommes, six canons) stationnait à Zeddenick (de). Sur l'aile gauche, la division du Ve corps sous les ordres du général Nicolas Joseph Maison (5 000 hommes, 18 canons) occupait Woltersdorf (de). Une autre division du Ve corps, commandée par le général Donatien de Rochambeau, se trouvait à proximité tandis qu'une division de la Garde impériale menée par le général François Roguet était établie dans le village de Pechau (de), située dans une zone marécageuse à quelque distance de Magdebourg. De son côté, le Ier corps de cavalerie s'avança jusque sur les rives de l'Ehle (de), une petite rivière qui constituait un obstacle naturel pour un éventuel attaquant[6]. Des avant-postes étaient également déployés à Dannigkow et à Vehlitz, chacun des deux villages étant défendu par une compagnie d'infanterie[7]. Au total, les forces dont disposait le prince Eugène se montaient à 37 400 hommes[8].

Combats de Zeddenick

Le major von Platen au combat de Zeddenick. Illustration tirée d'un livre de 1864.

À 16 h, l'avant-garde du corps de Bülow, commandée par le général Adolf Friedrich von Oppen (de) (régiment de dragons de Platen, quatre escadrons de hussards — 1er et 2e régiments à deux escadrons chacun —, un bataillon de fusiliers et quelques cosaques) déboucha sur le champ de bataille et progressa en direction de Möckern. Les cosaques refoulèrent les avant-postes de la 1re division de cavalerie légère française derrière Zeddenick. Cette dernière alignait à ce moment le 7e régiment de chevau-légers lanciers, le 8e régiment de hussards et le 9e régiment de cavalerie polonaise ainsi que quelques éléments des 3e, 13e, 19e et 22e régiments de chasseurs à cheval. Cette force était soutenue par une batterie d'artillerie. Plus loin, trois bataillons d'infanterie étaient retranchés dans le village de Nedlitz, protégés en avant de leur position par un large fossé[9].

Les hussards prussiens et les dragons, conduits par le général von Oppen, se précipitèrent à l'attaque avec l'appui d'une demi-batterie d'artillerie. À l'issue d'un bref combat, les trois régiments français furent brisés et abandonnèrent le champ de bataille[10]. Un peu plus tard, ces mêmes régiments chargèrent les troupes de Borstell et de Berg à Vehlitz où ils furent finalement taillés en pièces. Le général von Oppen poursuivit les unités ennemies en fuite en direction de Nedlitz et ne s'en retourna à Zeddenick qu'à la nuit tombée[11].

Notes et références

  1. Yorck von Wartenburg 1901, p. 208.
  2. Friederich 1911, p. 202.
  3. Yorck von Wartenburg 1901, p. 210.
  4. Friederich 1911, p. 202 à 204.
  5. Prittwitz 1843, p. 338.
  6. Friederich 1911, p. 204.
  7. Charras 1867, p. 393.
  8. Prittwitz 1843, p. 337.
  9. Prittwitz 1843, p. 342.
  10. Droysen 1996, p. 234.
  11. Friederich 1911, p. 205.

Bibliographie

  • (de) Frank Bauer, Möckern 5. April 1813. Der erste Sieg preußisch-russischer Truppen, Potsdam, König und Vaterland, coll. « Kleine Reihe Geschichte der Befreiungskriege 1813–1815 » (no 5), .
  • (de) Frank Bauer, Die Gefechte bei Möckern am 5. April 1813. Siegreicher Auftakt der Verbündeten im Befreiungsjahr 1813, Potsdam, .
  • (de) Jean-Baptiste-Adolphe Charras, Geschichte des Krieges von 1813 in Deutschland, Leipzig, Verlag F.A. Brockhaus, .
  • (de) Johann Gustav Droysen, Yorck von Wartenburg, Essen, Emil Vollmer Verlag, (ISBN 3-88851-160-7).
  • (de) Friedrich Christoph Förster, Geschichte der Befreiungskriege 1813, 1814, 1815, vol. 1, Berlin, Verlag Gustav Hempel, .
  • (de) Rudolf Friederich, Die Befreiungskriege 1813–1815, vol. 1, Berlin, Verlag Ernst Siegfried Mittler & Sohn, .
  • (de) Karl Ludwig Wilhelm Ernst von Prittwitz, Beiträge zur Geschichte des Jahres 1813, vol. 1, Potsdam, Verlag von Ferdinand Riegel, .
  • (de) Yorck von Wartenburg, Napoleon als Feldherr, vol. 2, Berlin, Verlag Ernst Siegfried Mittler & Sohn, .
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